Hein ? Adachi quoi ? C’est qui celui-là ? Je ne le connais pas. Voici sûrement vos premières réactions à la lecture du titre de ce topic (si l’on accepte le fait que vous l’ayez remarqué – cela va de soit). En réalité, Mitsuru Adachi est un mangaka japonais (quasi-pléonasme) qui naquit le 09 février 1951 à Isezaki (allez savoir où ça se trouve). Artiste de renom, il est surtout reconnu dans le milieu du manga pour ses célèbres séries telles que Touch (Théo ou la batte de la victoire en France), Rough, Katsu ou encore H2 (entre autres). Eclipsé par les « monstres » de la discipline tel Toriyama, Adachi réussit pourtant à trouver un public assez conséquent, notamment grâce à sa série la plus célèbre, la plus aboutie, la plus touchante, à savoir Touch. Le schéma narratif d’Adachi est assez classique, en général il axe son histoire autour d’un couple dont la relation est repoussée de manière sempiternelle, avec un groupe de personnages qui gravitent autour – souvent dans le but de faire prendre conscience aux deux personnages qu’ils s’aiment. Et ce, par tous les moyens. Cela dit, dans Touch, c’est diffèrent, et l’histoire est bien plus sombre qu’elle n’en a l’air.
Bien, après ce préambule, passons aux choses sérieuses. Le véritable fil d’ariane de ce topic n’est pas Adachi, mais plutôt son œuvre que je citais quelques lignes plus haut.
Touch est un manga apparu pour la première fois en prépublication dans le magazine « Shonen Sunday » entre 1981 et 1987, il se verra par la suite édité en manga de 26 volumes – que vous devriez courir vous procurer car actuellement publié par Glénat chez nous.
L’histoire apparaît quelconque ; Tetsuya (Théo en Français) et Kazuya ( Kim) sont deux frères jumeaux que tout sépare : Le premier est fainéant, cynique, caustique, tire au flanc et très désorganisé, tandis que le second est gentil, attentionné, admiré des garçons et aimé des filles et surtout, surtout, c’est un as du base ball . Les deux frères ont pour voisine Minami (Debby), une fille qui naquit à peu près à la même période qu’eux. Amis d’enfance, l’histoire s’ouvre lors de leur dernière année au collège. Kazuya va intégrer l’équipe du lycée de Meisei, dans l’optique de réaliser le rêve qu’il a en commun avec Minami : Jouer la finale de base ball au stade Koshien. Jusque là, rien de spécial à dénoter, on devine aisément un triangle amoureux qui s’installe, et on pense être tombé sur un ersatz de Max & Compagnie ou encore de Juliette de je t’aime, or non.
Tout d’abord, au fil des épisodes / chapitres du manga, on en apprend plus sur les personnages du triangle. Si Kazuya confirme son image d’élève modèle, sérieux, sage, la version masculine de Minami en quelque sorte, Tetsuya nous prouve qu’il est bien plus complexe et profond que l’on ne pouvait s’imaginer, et on a vite fait de délaisser Kazuya pour s’identifier à son frère. L’auteur nous montre souvent des souvenirs d’enfance des trois amis, et l’on comprend facilement que Tetsuya a toujours été le plus intrepide, le plus courageux, le plus doué également, mais qu’il finissait par se lasser vite, et de tout. Toute l’histoire est axée autour des états d’âme de Tetsuya & de Minami. En effet, si les jumeaux sont tous deux amoureux de Minami, cette dernière semble secrètement amoureuse du frère incapable, car elle seule (enfin, si l’on exepte Kazuya & Harada (Adrien) – le meilleur ami de Tetsuya) sait ce qu’il vaut réellement, et qu’il a tendance à s’effacer au profit de son frère.
Ce qui va suivre relève du spoil, donc si vous ne connaissez pas le manga, abstenez-vous. Si, à contrario, vous le connaissez déjà, vous savez de quoi je vais parler. Enfin, si vous n’en avez rien à foutre et que vous lisez quand même, je vous remercie de votre sollicitude.
Spoiler :
Je disais plus haut que cette histoire, en apparence superficielle, était extrêmement complexe, car au bout d’un moment, alors que Tetsuya décide enfin de s’opposer à son frère afin de conquérir le cœur de Minami, et lorsque l’on comprend enfin que cette dernière aime Tetsuya, Adachi nous gifle littéralement avec un événement que nul n’aurait pu prévoir : Le jour de la finale, Kazuya décède, renversé par une voiture, alors qu’il se rendait au stade. Et de là part la véritable intrigue, car ne l’oubliez pas, le manga a pour axiome les états d’âmes de Minami et Tetsuya, ce dernier avait enfin décidé de rivaliser avec son frère, mais voilà qu’il décède. Que faire ?
Vous le voyez, si l’on gratte le vernis, on découvre une œuvre riche, complexe, mélancolique, riche en émotions et pourtant très drôle, avec des personnages attachants et une constante évolution des tempéraments.
Bon, je vais m’arrêter là pour le moment, je reviendrai plus tard pour exposer une analyse un tantinet plus profonde des personnages, de leur relation et surtout, pourquoi depuis le début Minami aime Tetsuya. Oui, ça me fait plaisir de le dire.