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Philosophie

Sujet : Husserl - L'idée de la phénoménologie
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courtial
Niveau 8
11 janvier 2013 à 13:32:41

Je vais poster à intervalles irréguliers un résumé analytique et synthétique de chaque leçon – le texte en compte cinq, le tout accompagné d’un commentaire critique. Mon premier objectif est de rester fidèle à la pensée du Maître, le second est de la rendre abordable sans sacrifier la rigueur terminologique sur l’autel de l’accessibilité outrancière. Dans le souci constant de respecter ces deux principes, je me suis cependant permis de sauter les passages qui ne participent pas directement à la compréhension globale du texte.

Partant du principe que la philosophie – et la phénoménologie peut-être plus encore – relève plus de l’expérience vécue que de la seule conceptualisation, j’ai tenté de donner à mon texte une forme qui vous invite à vivre ce que l’auteur propose, expérience qui va donner sens à cela qui est dit.

Le résumé analytique reprend chaque point développé par l’auteur ; le résumé synthétique seulement l’idée principale autour de laquelle s’articule toutes les autres. Je me suis permis d’insérer entre crochets des notes personnelles qui simplifieront sans doute la compréhension d’une phrase, partie de phrase ou d’un concept. Les citations sont entre guillemets.

Il peut arriver que je fasse référence à un autre texte de Husserl, dans ce cas ce texte sera toujours mentionné dans le corps de texte.

Cet exercice m’a demandé temps et travail, en tant que lecteurs ne pensez pas pouvoir en faire l’économie.

Résumé analytique

L’auteur distingue science naturelle et science philosophique ; la première trouve son origine dans l’attitude d’esprit naturelle, la seconde dans l’attitude d’esprit philosophique. Dans l’attitude d’esprit naturelle, les choses sont là pour moi ; leur présence, leur existence, la possibilité de leur connaissance va pour moi de soi. C’est sur cette base que se sont développées les sciences naturelles. [Comme le souligne Ricoeur dans les Idées directrice, il est important de signaler que la signification radicale de l’attitude naturelle n’apparait clairement qu’une fois la réduction opérée, réduction dont nous verrons les prémices dans une leçon suivante]

L’attitude d’esprit philosophique met en évidence un problème qui restait comme oublié dans l’attitude d’esprit naturelle, celui de la possibilité même de la connaissance [Husserl expose ici le problème épistémologique classique qui est au fondement de la phénoménologie ; ce qui pose problème, c’est la corrélation entre la connaissance et la chose]. « Or, dit Husserl, comment maintenant la connaissance peut-elle s’assurer de son accord avec les objets connus, comment peut-elle sortir au-delà d’elle-même et atteindre avec sureté ses objets ? Le présence des objets de connaissance dans la connaissance, qui, pour la pensée naturelle, va de soi, devient une énigme ».

Comment en effet être assuré que mon vécu de conscience [vécu de conscience se réfère ici à la composante noétique du couple noético-noématique, c'est-à-dire aux actes de conscience eux-mêmes et non aux objets] se rapporte effectivement à un objet ? Ne sont-ils pas que de simples vécus subjectifs ? « D’où sais-je, moi qui connais, et d’où puis-je jamais savoir avec certitude, que ce ne sont pas seulement mes vécus, ces actes de connaître, qui existent, mais aussi ce qu’ils connaissant – d’où sais-je qu’il y a même quoi que ce soit qui puisse être opposé à la connaissance comme son objet ? » [C’est donc le solipsisme qui est ici envisagé, tout ne serait alors que phénomène pour moi, pur vécu subjectif, incapable d’atteindre une quelconque objectivité]

Dans l’attitude d’esprit philosophique, tout se trouve donc frappé du sceau du problématique. « La possibilité de la connaissance devient partout une énigme ».

À titre programmatique, Husserl affirme que la tâche de la théorie de la connaissance sera, par l’étude de l’essence [terme technique, sa pleine compréhension est à ce stade impossible] de la connaissance, de résoudre le problème de la corrélation entre la connaissance et son objet.

Seule une telle critique de la connaissance nous permettra d’interpréter justement les résultats des sciences de la nature concernant l’être [être signifie ici tout ce qui est ou existe véritablement].

La phénoménologie a donc pour tâche « d’élucider l’essence de la connaissance et de l’objet de connaissance » pour résoudre le problème épistémologique, devenant ainsi la science de l’être au sens absolu. Elle est avant tout « une méthode et une attitude de pensée : l’attitude de pensée spécifiquement philosophique et la méthode spécifiquement philosophique ».

Résumé synthétique

Husserl expose le problème épistémologique fondamental, celui de l’accord entre la connaissance et la chose. Problème abordé par les sciences naturelles mais contre lequel elles ont achoppé. Mise en évidence d’une nouvelle méthode et d’une nouvelle attitude de pensée qui se distingue radicalement de la méthode et de l’attitude de pensée naturelle.

Commentaire

L’important ici est de saisir le problème fondamental exposé par Husserl et la radicale nouveauté de l’attitude philosophique par rapport à l’attitude naturelle. Première leçon, elle ne prendra pleinement son sens que dans son articulation avec les quatre suivantes. Il subsiste des termes techniques non définis, peu importe, saisir l’idée centrale de cette première leçon ne nécessite pas de développements supplémentaires.

courtial
Niveau 8
11 janvier 2013 à 13:34:40

s'articulent*

Il subsiste quelques fautes, d'avance je m'en excuse.

LizzieMcGuire
Niveau 10
11 janvier 2013 à 17:52:53

Résumé clair et concis, je te remercie Courtial. J'en aurai grand besoin cette année pour mon thème de philo qui est "La Métaphysique" :rouge:

Si j'ai bien compris, dans cette leçon il explique son projet, et plus largement la révolution philosophique entreprise par la phénoménologie, puis dans les leçons suivantes il va entrer dans le vif du sujet ?

courtial
Niveau 8
11 janvier 2013 à 18:07:13

On peut voir ça comme ça.

durzo-blint
Niveau 7
12 janvier 2013 à 13:13:10

Merci, c'est sympa de prendre du temps pour cette explication :-)

courtial
Niveau 8
12 janvier 2013 à 14:00:18

Je le fais pour moi avant tout. Mais cela ne vous servira que très peu si ça ne vous motive pas à aller vous même dans le texte.

LizzieMcGuire
Niveau 10
12 janvier 2013 à 23:22:37

J'ai déjà le nez dans beaucoup de livres en ce moment, et ton résumé pourrait me permettre d'éviter une lecture fastidieuse, et d'avoir un résumé clair et ordonné du propos d'Husserl (qui marque quand même un tournant dans la pensée philosophique et la façon d'appréhender le réel).

Dommage que tu persistes à te faire passer pour un troll ou un égoïste, accepte d'être altruiste :noel:

courtial
Niveau 8
12 janvier 2013 à 23:36:13

Ma bienveillance est exclusive et ne va qu'à ceux que j'estime, que j'aime et qui sont proches de moi.

Hélas un résumé, même exhaustif, cache souvent l'essentiel.

LizzieMcGuire
Niveau 10
12 janvier 2013 à 23:42:12

L'essentiel est présent, dans ton résumé. Je ne demande une connaissance approfondie, seulement pouvoir appréhender sa pensée. Ce sera toujours plus enrichissant qu'un livre de Philo.

courtial
Niveau 8
12 janvier 2013 à 23:52:55

Comment ça plus enrichissant qu'un livre de philo ?

L'essentiel j'ai essayé de le rendre, mais je m'y suis très mal pris. En philosophie, et contre les quelques apprentis deleuzien présents sur ce forum, l'essentiel n'est pas dans le concept, ni même dans le texte. C'est toujours du non dit, de l'indicible ; c'est ce qui nous fait adhérer à telle ou telle pensée plutôt qu'à une autre.

LizzieMcGuire
Niveau 10
12 janvier 2013 à 23:55:32

Je parlais de livres de philo généralistes tentant de restituer plus ou moins fidèlement la pensée d'Husserl... ce que tu dis est intéressant mais moi par exemple j'ai besoin de concepts bien établis qu'ensuite je m'approprie selon mon adhésion à telle ou telle pensée.

LizzieMcGuire
Niveau 10
23 février 2013 à 16:12:32

Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ? :-p

courtial
Niveau 8
23 février 2013 à 16:37:22

Ça arrivera.

inutilemaster
Niveau 5
23 février 2013 à 18:08:26

Je préfère ça perso :d) http://www.image-noelshack-com-cass.fr.st?calcaire-calcaire-calcaire-calcaire-calcaire-micro-calcaire.jpg :hap:

courtial
Niveau 8
17 juillet 2013 à 23:39:51

Deuxième méditation bientôt.

Ouep, je fais du teasing.

toitoine5
Niveau 10
03 juin 2018 à 20:08:38

Je suis entrain de lire méditation cartésiennes de Husserl et Je ne parviens pas a faire clairement la différence entre cogito et cogitata. Wiki dit cogitata est la forme verbale de cogitatus qui est lui-même le participe passé de cogito. Cogito c'est l' ego cogito de Descartes "le "je pense" ou le ego cogito sum " je pense donc je suis" mais là avec cogitata je suis a la pêche

toitoine5
Niveau 10
24 mars 2019 à 21:36:41

J'ai depuis terminé méditations cartésiennes depuis un bon moment. "Cogitata"c'est l'objet de la pensée. Un livre que je vous conseille vivement d'ailleurs.

SergentPoivre
Niveau 10
25 mars 2019 à 09:19:27

Je crois que c'est le karma.

Je relis le seul cours de philo que j'ai eu à l'unif. Le prof présentait les courants principaux.

La phénoménologie et la dialectique m'intéressent. Surtout le premier courant car le maître zen du dojo a commencé à s'intéresser au zen en demandant à Caycedo (créateur de la sophrologie) ce qui lui permettrait d'approfondir la phénoménologie. Caycedo lui a dit "si tu veux te plonger dans de la pure phénoménologie, fais du zen". :( Et c'est vrai qu'en relisant les descriptions, c'est intéressant de revenir à la base, au sans concept et d'essayer de définir l'objet ou la chose, en mêlant en même temps l'empirique et le subjectif (c'est bien ça ?!).

Tu conseilles quoi pour commencer la phénoménologie ? Certains mettent jusqu'à Aristote (!!), puis Descartes, Kant, Hegel puis Husserl mais en général on dit go Husserl avec Méditation cartésienne direct.

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