La décroissance fait peur aux gens parce que cela renvoie à l’idée de déclin. Je crois surtout que nous avons besoin de changer de paradigme et de culture. J’entends par là que nous sommes désormais bien trop libéraux et donc trop individualistes. Les gens croient aveuglément que l’Etat doit en faire le moins possible pour que le système capitaliste fonctionne correctement. En réalité, il n’en est rien. Le marché se substitue naturellement au pouvoir décisionnel démocratique: le pouvoir n’appartient plus vraiment au peuple mais à la finance. Ce sont les intérêts financiers qui priment en Europe. A cela s’ajoute le fait que l’Europe confisque le pouvoir aux Etats et appartient aux lobbys. Je ne suis pas d’extrême-droite mais il faut dire ce qui est, l’Europe telle qu’elle est doit soit disparaître, soit être profondément réformée.
Autre problème: les politiciens sont des acteurs et des manipulateurs de premier ordre. Ils sont vraiment extrêmement forts quand il s’agit de faire croire qu’ils sont calés. Evidemment, les citoyens ordinaires n’ont pas que ça à faire de s’intéresser aux faits de société, ils sont donc aisément manipulables. Le politicien est pourtant inutile à l’échelle nationale. Tout ce dont un pays a besoin, c’est d’experts capables de mettre au point un ensemble de scénarios possibles à moyen-long terme. Les citoyens n’auraient qu’à choisir parmi ces scénarios et tous auraient alors un objectif commun, celui de faire se réaliser ce scénario. Les élections elles-mêmes sont théoriquement inutiles à l’echelle nationale: elles ralentissent complètement le pays et l’empêchent d’adopter une ligne droite. C’est d’ailleurs pour cela que les dictatures s’en sortent mieux.
Le scénario ne suffit malheureusement pas. Il faut aussi un principe fondateur, similaire à ce que l’on peut voir dans la declaration des droits de l’homme et du citoyen. Les lumières sont tellement loin... je me demande si elles pourraient sauver ce monde de son nouvel obscurantisme. Enfin je m’égare, il faut faire en sorte que l’on ne puisse pas nuire de quelque façon que ce soit à l’environnement. Il convient de vivre en symbiose avec celui-ci et de préserver l’équilibre des écosystèmes afin d’en extraire de la valeur de façon respectueuse et soutenable.
Une fois ce grand principe accepté, il faut se mettre d’accord sur la démographie. En France, nous ne faisons pas beaucoup d’enfants et c’est tant mieux. Nous n’aurons pas besoin d’accueillir qui que ce soit à l’avenir car notre objectif ne sera pas la croissance mais une vie confortable et heureuse au cours de laquelle chacun peut s’amuser et se développer tant que cela n’enfreint pas le grand principe vu précedemment. Toutefois, le nombre de réfugiés va aller en augmentant, de même que la part des étrangers dans le pays. Les pays du sud seront invivables à moyen-long terme, s’ils ne le sont pas déjà, c’est assez logique qu’ils viennent chez nous. Comment les accueillir? C’est difficile mais pas impossible.
La solution, c’est de vivre mieux. Ca ne veut pas dire, comme certains le pensent peut-être, consommer plus, partir plus loin et plus longtemps en voyage, faire encore plus la fête,...non. Vivre mieux, c’est faire primer la qualité sur la quantité. C’est aller à rebours du productivisme et du consumérisme. Je suis désolé mais Jean-Baptiste Say se trompait lorsqu’il écrisait que les ressources sont illimitées. Elles sont limitées et il faut en faire bon usage. Cela ne signifie pas la fin de l’industrie, qui est malgré tout utile dans un certain nombre de cas. Cela signifie surtout l’avénement de la communauté.
La communauté est un ensemble de personnes qui partagent des valeurs et vivent dans un même lieu géographique. Ils n’ont individuellement pas grand chose et en même temps, collectivement, ils ont conscience que tout leur appartient. Ils peuvent emprunter des livres, des outils, des vélos, des films, des instruments, etc... le partage est au centre de l’expérience et permet l’abondance: lorsqu’ils sont ensemble, les hommes sont plus forts et peuvent donc se procurer des biens de meilleure qualité. Bien organisés, ils font en sorte que ces biens soient mis au service du bien commun autant que faire se peut. La communauté est certes une contrainte, mais c’est un moyen de faire renaître les traditions et le vivre-ensemble. Dans ce cadre, les fêtes sont peut-être plus nombreuses et de meilleure qualité que dans la société d’aujourd’hui.
Au dessus de la communauté, il y a le village. Il réunit plusieurs communautés qui peuvent bénéficier des services présents en son coeur.
Au dessus du village, il y a la ville. Les villes sont reliées par des voies ferrées. Les bus et les vélos parcourent la ville.
C’est l’électrique qui alimente les machines. Il est produit par du nucléaire et ensuite par de l’hydrolique, du thermique, du solaire et de l’éolien. La consommation doit être drastiquement diminuée, d’où la fin du véhicule individuel. Même le solaire et l’éolien polluent donc il ne faut pas en abuser.
Il faut utiliser le moins possible d’énergie et donc privilégier des alternatives peut-être plus lentes mais propres.
Le traitement des eaux usées pourrait être fait avec des vers de terre par exemple.
L’agriculture doit revenir sur le devant de la scène et se désindustrialiser en partie. Exit Monsanto-Bayer (vade retro satanas), les terres arables doivent être revitalisées. La permaculture demande beaucoup de main d’oeuvre mais elle permet d’avoir de bons rendements. Si l’on couple permaculture et communauté, on se retrouve avec une société d’abondance soutenable.
La défense et la santé doivent toujours être gérés par l’Etat. La recherche et développement doit continuer mais il faut qu’elle aille dans le sens du bien commun. L’Etat doit être plus ferme envers les traîtres et envers ceux qui ne respectent pas la loi. On peut imaginer des prisons d’un nouveau genre: qu’elles soient productives par exemple.
Aujourd’hui, l’Etat recrute ses fonctionnaires grâce à des concours. Si ce sont des experts qui sont à la tête de l’Etat, alors une partie de la R&D consiste à faire fonctionner le système. Ici, le marché comme l’emploi est contrôlé par l’Etat. Quel que soit l’emploi que l’on veut exercer, il faut passer un concours. Selon les besoins du pays et selon les décisions démocratiques à l’échelle locale, il peut arriver que des postes soient créés et que d’autres soient supprimés. L’Etat doit permettre une reconversion la plus rapide possible.
Les salaires dépendent directement du niveau de formation, de la difficulté du travail, de sa pénibilité et de son utilité. Ainsi, un haut-fonctionnaire expert doit toucher le meilleur salaire. En revanche, les moins qualifiés seront les moins bien lotis. C’est déjà le cas aujourd’hui.
Il est important pour l’ordre social qu’il n’y ait pas de soupçons de corruption. Il faut donc que les salaires soient connus de tous.
Le but n’est pas de faire disparaître les inégalités mais de les limiter. Le peuple se réapproprie le pouvoir et en même temps ce n’est pas du communisme puisque les services et les biens de consommation demeurent payants. Les plus riches auront simplement accès à de meilleurs biens et à des services de meilleure qualité et en plus grand nombre. Les moins riches pourront profiter de l’entraide inhérente à la vie en communauté.
Bref, c’est mon utopie. Tout porte à croire que l’avenir sera dystopique car rien ne va changer. L’individualisme et le consumérisme vont continuer. Les gens ignoreront ce qu’ils ne peuvent changer, ils s’évaderont en regardant un film ou en lisant un livre. Dans cette histoire, tout est tragique et dans un sens, c’est ce qui fait sa beauté.
Je suis vraiment curieux de voir se dérouler le probable dernier siècle de notre civilisation! 
Je n’ai pas mis de sources pour étayer mes propos. Après si on s’intéresse au sujet on peut aller voir les chaines youtube Thinkerview et Atterrissage. Sur facebook, jankovici (pour l’energie), the shift project, adrastia. Sur les low-tech, Bihouix. Sur l’effondrement, Pablo Servigne. Sur la convivialité, Ivan Illich.
J'ai déjà posté mon questionnaire sur le forum Sondages, mais je me suis dit que sur ce forum aussi il devait y avoir forcément quelques personnes qui connaissent le sujet et qui pourraient même approuver ce concept, vu que la décroissance se revendique comme la seule solution pour sauver l'environnement. 
