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Cinéma

Sujet : Bang Gang - Eva Husson
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Melaine
Niveau 10
13 janvier 2016 à 17:34:44

:d) Titre complet : Bang Gang (une histoire d'amour moderne)
:d) Réalisatrice : Eva Husson
:d) Pays : France
:d) Date de sortie : 13 janvier 2016
:d) Genre : Drame
:d) Durée : 1h38
:d) Casting : Finnegan Oldfield, Marylin Lima, Lorenzo Lefèbvre, Daisy Broom
:d) Synopsis : Les faubourgs aisés d’une ville sur la côte atlantique. George, jolie jeune fille de 16 ans, tombe amoureuse d’Alex. Pour attirer son attention, elle lance un jeu collectif où sa bande d’amis va découvrir, tester et repousser les limites de leur sexualité. Au milieu des scandales et de l’effondrement de leur système de valeurs, chacun gère cette période intense de manière radicalement différente.

Melaine
Niveau 10
13 janvier 2016 à 18:46:28

Si les bandes-annonces franchement ratées m'avaient un peu refroidies, j'avais tout de même envie de voir Bang Gang, car la jeunesse perdue au cinéma, c'est quelque chose qui me parle énormément. Puis sa réputation naissance de film sulfureux avait attisé ma curiosité. Le moins qu'on puisse dire, c'est que je ne regrette pas ma décision ! J'ai pris la claque la plus inattendue de ma vie.

Bon déjà, ce n'est pas aussi sulfureux qu'on le dit. Certes il y a beaucoup de sexe, mais, si c'est loin d'être prude, on ne tombe pas dans le voyeurisme non plus. Eva Husson a fait preuve d'une vraie finesse à ce niveau-là, tirant le meilleur de ses différentes influences. Les plus évidentes, ce sont Larry Clark et Harmony Korine, deux cinéastes underground obsédés par la fièvre adolescente. Eva Husson les aime, et ça se voit. De la manière de filmer les corps à la Ken Park à l'utilisation de la musique électronique façon Spring Breakers (la B.O. est exceptionnelle d'ailleurs), elle n'hésite pas à s'inspirer de ce que ses aînés ont accompli avant elle. Elle va aussi chercher du côté de Gus Van Sant, avec des plans sur le ciel ou sur la déambulation d'un jeune vu de dos. Puis on sent également un vrai amour de la Nouvelle Vague. Il y a des références à Godard dans la façon de parler de Laetitia ainsi que dans quelques phrases intelligemment prononcées par Gabriel. Mais la jeune réalisatrice a suffisamment de personnalité pour s'affranchir de toutes ses influences et créer une oeuvre possédant sa propre identité.

Cette identité, Bang Gang la trouve dans ses personnages, déjà. Alex, George, Gabriel et Laetitia. Ils ont tout pour être méprisables, mais Eva Husson, en les filmant avec tendresse et subtilité, parvient à les rendre attachants, et chaque acteur campe si bien son rôle qu'on a l'impression d'y être, ça sonne vrai. Tout au long du récit, on passe dans l'un à l'autre. Ça bascule et rebascule sans arrêt, sans jamais perdre le spectateur. Pas vraiment de héros donc, le personnage principal ici, c'est l'adolescence. Ce parti pris est d'ailleurs accentué par le fait qu'on voit relativement peu les familles. On pourrait reprocher aux parents d'être un peu archétypaux, mais ce n'est en fait jamais dérangeant, car les lycéens eux-même s'occupent de les caricaturer. Les adultes sont beaucoup plus présents dans la dernière partie du film. Ils représentent les balanciers qui vont faire la leçon à ces jeunes stupides.

Certains vont taxer le film de moralisateur, mais c'est ne pas comprendre Bang Gang que de dire ça. Car jamais Eva Husson ne juge ses personnages. Elle les traite même avec beaucoup de douceur. Le seul jugement vient des parents, mais ont-ils raisons ? Ont-ils tort ? Le film n'apporte pas de réponses à ces questions, et ne souhaite pas en apporter. Jamais non plus on tente de nous donner les raisons d'un tel déraillement. Comme dans Elephant (toute proportion gardée, car ce n'est pas le même degré de gravité), on se contente d'exposer les faits. En revanche, ce que n'avait pas fait Gus Van Sant, c'est montrer les conséquences des événements. Eva Husson s'y essaie, et ça fonctionne à merveille, puisque ce sont les regrets de George ou Gabriel qui vont permettre à ces personnages de devenir équilibrés et attachants. Elle aurait pu se contenter de regarder cette ivresse de la jeunesse sombrer dans l'excès, façon Spring Breakers, mais elle préfère terminer son film sur une touche d'optimisme, nous rappelant que l'adolescence est une période de construction plus que de destruction.

AndrzejZulawski
Niveau 7
13 janvier 2016 à 20:14:03

encore un film de pd hahahahahahahahahhahahahahahahahahahhahahahahahahahahahahah

non srx jdevais aller le voir, je viendrai sobre :):))::))::)

Codel
Niveau 15
13 janvier 2016 à 21:53:03

Comme toi j'y suis allé, mais je m'attendais à une "merde", y allant donc plus pour ce côté sulfureux. :hap: Et finalement, c'est la deuxième claque que je prends à deux mois d'intervalle de films français, avec Les Cowboys.

Comme tu le dis, sans tomber dans le voyeurisme, c'est un film touchant avec des personnages parfaitement attachants et justement joués. Des personnages qui se permettent même une très jolie évolution au cours du film, certains rôles s'inversant pratiquement (Laetitia/George), ou mûrissant.

J'ai également apprécié le parti pris de se focaliser sur les adolescents, s'éloignant des parents, et par conséquent, de personnages qui auraient pu être complètement insupportables avec leurs parents. C'est d'ailleurs même le parfait opposé, assez étonnant dans ce genre de films. Sans être niais, la relation des ados avec leurs parents ne s'impose pas à l'écran, mais sert le récit (je pense à Gabriel surtout).

Petit point négatif tout de même, l'actrice jouant Laetitia m'a laissé perplexe, elle ne dégage pas grand chose si ce n'est de la monotonie. Son personnage en reste toutefois d'une certaine façon attachant, comme les trois autres.

Et pour finir sur une note positive, comme le film, j'approuve, comme toi, cette absence de jugement des jeunes dont fait preuve Eva Husson. Très appréciable, on les voit se construire, faire des erreurs, les corriger, grandir. Bref, un très beau film français pour commencer l'année !

Codel
Niveau 15
13 janvier 2016 à 22:02:16

Ah oui et je me trompe peut-être, mais j'y ai trouvé une petite inspiration de Terrence Mallick pour certains partis pris : les voix off, la caméra-personnage pour certaines scènes (plus d'immersion), ou les scènes avec l'action et les voix en différés (le moment entre Gabriel et George par exemple).

M'enfin, pardonnez mon inculture si cela viendrait plutôt d'un autre auteur, auquel cas, si vous avez d'autres idées, je serais ravi d'en apprendre plus (ou même si vous n'êtes tout simplement pas d'accord avec moi du coup).

-veloutou-
Niveau 13
13 janvier 2016 à 22:29:19

Est-ce que c'est aussi cliché que le dernier Larry Clark ? Je n'aime pas ces portraits de jeunesse perdue qui se découvre "vulgairement" et du coup j'hésite à aller le voir :s

Melaine
Niveau 10
13 janvier 2016 à 22:31:29

Terrence Malick je ne sais pas... Ca me semble quand même assez éloigné, je pense plutôt que la voix off c'est une inspiration de Spring Breakers (qui lui-même s'inspire de Malick pour le coup). Enfin de toute façon il y a beaucoup d'influences dans ce film ! Et pour la "caméra-personnage" c'est clairement Gus Van Sant pour le coup. D'ailleurs il y a toute une séquence pendant laquelle on voit Alex de dos déambuler à la GVS jusqu'à la piscine.

Tu as vu des films de Larry Clark Codel ?

En tout cas je suis super content que ça t'ait plu ! En plus d'avoir été une claque sur le coup, le film mûrit vraiment bien dans mon esprit. J'ai notamment en tête le personnage de George. Tellement belle, tellement arrogante, mais tellement touchante... :coeur:

Et je suis assez d'accord concernant Laetitia, enfin c'est surtout sa voix qui m'a dérangé. Je pense que c'est un parti pris de la réalisatrice, mais je ne le comprend pas. Après son personnage reste intéressant donc ça passe !

Codel
Niveau 15
13 janvier 2016 à 22:43:21

Ah ouais j'étais un peu à côté de la plaque pour l'inspiration, n'ayant vu ni Spring Breakers, et seulement Milk de GVS. J'ai pas l'air con là. :noel: Après je pensais surtout à Knight of Cups (étant donné que c'est le seul que j'ai vu, mais j'ai présumé peut-être un peu trop vite que ses autres films y ressemblent dans le format), je suis peut-être totalement à côté de la plaque mais c'est bizarrement le film auquel j'ai pensé quand je voyais certaines scènes d'intimité entre les personnages (surtout la scène entre Gabriel et George du coup) : plusieurs plans qui s'enchaînent doucement, la voix off, les mouvements de caméra. Mais bon je dis sans doute des conneries ou j'ai simplement eu une vision étrange de ces passages.

Et je n'ai vu que Ken Park (pour ça que je le cite seulement, j'ai vu Bully mais il y a trop longtemps pour m'en rappeler dans les détails) de Larry Clark. Il faut que je rattrape ça d'ailleurs, ça fait un moment que je voulais voir plus de sa filmo.

Et oui George est vraiment un personnage super attachant. Ce n'est pas pour rien que le réalisateur s'est particulièrement intéressé à elle d'ailleurs. En revanche je ne la trouve pas particulièrement arrogante, en tout cas par rapport aux autres personnages principaux, mais belle et touchante, tout à fait. C'est même le personnage qui évolue le plus dans le film, avec Gabriel.

Concernant Laetitia, voilà c'est ça, c'est sa voix qui dérange. Elle parle d'une façon totalement monotone tout au long du film, c'est assez étrange.

Harron
Niveau 10
13 janvier 2016 à 22:46:04

T'as pas l'air con, Korine est un énorme fan de Malick et s'en inspire très nettement. Il reprends souvent les procédés caractéristiques de Malick, il ne les utilise pas comme lui mais revendique clairement un emprunt de ses tics et procédés.

Codel
Niveau 15
13 janvier 2016 à 22:49:53

Je vais tenter de le voir prochainement alors le Spring Breakers. :oui: Mon dernier post m'a fait réaliser à quel point j'étais en retard sur tous ces réalisateurs. Et Bang Gang m'a encore plus donné envie de m'y ré-intéresser du coup.

Merci à vous deux pour ces éclaircissements. Je vais m'intéresser de plus près à tout ça.

Harron
Niveau 10
13 janvier 2016 à 22:56:20

J'avais fait un topic sur Korine, dans lequel je parlais un peu de sa filmo : https://m.jeuxvideo.com/forums/1-26-9146759-1-0-1-0-harmony-korine.htm si ça peut t'aider à choisir ! Parce que si Spring Breakers est celui dans lequel ses inspirations sont les plus visibles, commencer par Gummo c'est bien aussi :hap:

Codel
Niveau 15
13 janvier 2016 à 23:31:59

Ok, je vais peut-être faire ça alors !

Melaine
Niveau 10
14 janvier 2016 à 02:11:03

Moi j'ai commencé par Spring Breakers et j'avais adoré (puis je l'ai revu, re-revu et re-re-revu depuis et c'est devenu l'un de mes films préférés, si ce n'est mon préféré :o)) ), mais Gummo c'est bien aussi, même si pour le coup ça s'éloigne pas mal de Bang Gang.

Melaine
Niveau 10
23 janvier 2016 à 14:13:12

Encore une fois totalement à côté de la plaque... :sleep:

En plus il dit qu'elle n'aime pas la Nouvelle Vague alors qu'elle n'a jamais dit ça. :hap:

(bon il n'a tout de même pas tort quand il dit que ça ne reflète pas forcément la jeunesse actuelle)

https://www.youtube.com/watch?v=XuLbCwxCU6M

SnakePlisken59
Niveau 10
23 janvier 2016 à 14:26:39

En même temps, aucun film ne reflète la jeunesse, juste une partie d'elle :hap: .

AndrzejZulawski
Niveau 7
23 janvier 2016 à 14:29:50

Bien sûr que si ! Les Choristes ça représente parfaitement la jeunesse ! Les Goonies aussi !

Codel
Niveau 15
23 janvier 2016 à 14:58:33

Le 23 janvier 2016 à 14:17:55 Snakier a écrit :
Ça ne reflète clairement la jeunesse actuelle. La seule chose que ça reflète c'est une certaine frange de la population jeune

Il faut arrêter de croire 2 minutes que la jeunesse c'est le passage obligé de personnes en quêtes d'identité qui vont boire, se droguer, se filmer faire des partouzes pour se sentir exister. Ça n'est pas vrai.

Personne n'a dit ça non plus. L'intérêt du film repose également dans le fait de ne pas juger ces jeunes qui cherchent à se construire. Qu'ils boivent, baisent, se droguent ou pas, là n'est pas la question, tous les jeunes font des erreurs. Alors clairement je ne me suis pas retrouvé chez ces jeunes, mais le fait de faire se détruire et se reconstruire, c'est quelque chose que je trouve intéressant et qui a une portée assez universelle, quelque soit l'erreur dont il s'agit.

SnakePlisken59
Niveau 10
23 janvier 2016 à 15:21:20

Le 23 janvier 2016 à 14:40:10 Snakier a écrit :
SnakePlisken59
23 janvier 2016 à 14:26:39
Alerte
En même temps, aucun film ne reflète la jeunesse, juste une partie d'elle :hap: .

Ce qui m'agace un peu c'est que les films dont on entend le plus parler ne traite la plupart du temps qu'une seule frange de cette jeunesse j'ai l'impression

Bah c'est ce qu'il y a mieux à faire, se concentrer sur certains plutôt que de s'éparpiller quitte à ne rien approfondir.

SnakePlisken59
Niveau 10
23 janvier 2016 à 15:45:40

C'est quoi alors ? Parce que tu dis que ça t'énerves que ça se concentre sur une partie de la jeunesse, ce à quoi je réponds :(

Codel
Niveau 15
23 janvier 2016 à 16:05:34

Le 23 janvier 2016 à 15:41:51 Snakier a écrit :

Bah c'est ce qu'il y a mieux à faire, se concentrer sur certains plutôt que de s'éparpiller quitte à ne rien approfondir.

J'ai pas dit le contraire, ça n'est pas mon propos

Codel > Je ne faisais que répondre à la parenthèse de Melaine, sur le fait d'émettre un doute quant à la représentation de la jeunesse, donc bon.

Ah mince j'ai cru que le premier post d'aujourd'hui était de toi, et que tu critiquais donc le film plus généralement. Au temps pour moi (m'enfin ce qui n'empêche pas mon post d'exprimer ma pensée finalement contre celle de Durendal).

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Sujet : Bang Gang - Eva Husson
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