Plutôt que de faire une fiche sur un ou plusieurs manhua peu connus, autant les regrouper dans un sujet dédié à l'autrice.
Jae Liu est une architecte, professeure d'université et illustratrice chinoise vivant à Pékin. On ne trouve que peu de renseignements à son sujet, hormis des goûts personnels et autres centres d'intérêt partagés sur son blog.
Voici quelques-unes de ses productions :
Liens externes :
- Weibo : https://m.weibo.cn/u/1674174804
- Instagram : https://www.instagram.com/jaeliu/
- Deviantart : https://www.deviantart.com/gunnmgally/gallery/all
- Blogger : https://jaeliucomic.blogspot.com/
Elle compte actuellement deux web-manhua à son actif : Beloved (ou Qin Ai Di L), et Mia: Neverland Above the Clouds.
Beloved (Qin Ai Di L)
Genres : Drame, Romance, Yuri.
Publication : 7 février au 21 août 2016.
Nombre de chapitres : 16 (+ 2 extras).
SYNOPSIS
Le Dr. Wei, jeune femme de trente-quatre ans, est particulièrement confuse après avoir découvert qu'elle a couché avec une fille de seize ans et décide donc de tirer un trait sur celle-ci. Cependant, éviter la jeune fille n'est pas aussi facile qu'elle ne le pensait...
(Rappel : L'âge du consentement sexuel est fixé à 14 ans en Chine.)
AVIS PERSONNEL
Wei Wei, une ophtalmologiste de 34 ans, est dans un endroit gay friendly lorsqu'elle remarque, assise au comptoir, une jeune fille en larmes esquissant malgré tout un sourire. Une approche, un verre offert et les deux se retrouvent rapidement dans une chambre à partager un moment d'intimité. Ce que le médecin n'imagine pas — et ne découvre que le lendemain matin —, c'est que la jolie Ding Yi avec qui elle vient de passer la nuit n'est pas la jeune étudiante qu'elle imaginait, mais une lycéenne de 16 ans. Malgré elle, et nonobstant cette situation problématique s’il en est, des liens se tisseront entre les deux protagonistes lors d'une seconde rencontre fortuite, et la plus âgée trouvera chez sa prochaine une fille aimante et souhaitant être aimée en retour. Outre le jeune âge de son amante et les mystères qui l’entourent, cela fera avant tout resurgir d'anciens traumatismes chez Wei Wei. Beaucoup de questions émergeront au cours du récit, des questions entourant cette relation inconfortable aux yeux de la société, par sa nature homosexuelle ainsi qu'une différence d’âge que l'on ne peut ignorer.
Bien que le profil dressé soit celui d'une femme de carrière, Wei Wei conserve les traits maladroits et anxieux de l'adolescente encore persécutée par les vicissitudes de la vie ainsi que ses antécédents amoureux. La trentenaire est finalement celle qui paraît être la plus indécise, la plus inexpérimentée dans sa manière d’aborder une relation sentimentale, celle dont le comportement est velléitaire plus qu’autre chose. Ding Yi pour sa part, à défaut d'avoir de l'expérience, compense ce manque par une plénitude existentielle et émotionnelle, une assurance à toute épreuve, des intentions innocentes et préservées de l’hypocrisie des adultes qui l'entourent. Alors que ceux-ci reculent, se cachent, refoulent leur véritable nature pour se protéger ou s'inscrire dans la norme, elle prendra au dépourvu sa partenaire en osant, par exemple, lui faire des déclarations au milieu d'une rue bondée.
Sans en dévoiler plus que je ne l'ai déjà fait, l'histoire ne cherche pas à révolutionner le genre, mais la relation entre Wei Wei et Ding Yi mérite vraiment que l'on s'y intéresse tant elle sonne juste, tant elle est abordée avec habileté et tire son épingle du jeu grâce au coup de pinceau unique de Jae Liu.
En effet, l'autrice utilise l'aquarelle, si au début certaines planches témoignent d’un style parfois brouillon, force est de constater que ce dernier s’affine au fil des chapitres. La liberté offerte par le format du Webtoon permet au trait de Jae Liu de prendre une tournure presque filmique à mesure de scrolling, notamment grâce à des plans serrés, l’absence de bords (à lire sur fond blanc !) permettant de réaliser de subtiles transitions, mais aussi de libérer les émotions des personnages et suggérer des scènes explicites avec une justesse extraordinaire. De sibyllins dialogues ne sont pas toujours nécessaires pour faire ressentir le poids des sentiments, il arrive que les mots deviennent anecdotiques, dès lors l’amour est dépeint à travers l'expression du corps, puissante et sensuelle.
Parce qu'il faut bien émettre un reproche, l'histoire est un peu précipitée sur sa fin, elle aurait mérité d’être développée plus en profondeur. Il aurait également fallu sonder le personnage de Ding Yi et étoffer son background, bien qu'il soit possible de deviner certains éléments la concernant. J'ai cru comprendre que tout ceci fut étroitement lié à un changement politique en Chine, les autorités chinoises ayant élargi le régime de censure sur Internet afin de supprimer les informations politiquement sensibles et les contenus jugés « vulgaires ». Néanmoins, si vous êtes intéressé par le genre ou si cela titille votre curiosité, c'est à mon sens une expérience qui mérite le coup d'œil, d'autant plus que cette relation, compte tenu du contexte socioculturel, dépasse le cadre la romance fictionnelle.
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Mia: Neverland Above the Clouds
Type : Shōnen.
Genres : Drame, Fantasy, Mystère, Surnaturel.
Publication : 20 septembre au 25 octobre 2017.
Nombre de chapitres : 6.
SYNOPSIS
Dans une ville où les adultes se comportent comme des robots, Mia se sent claustrophobe. Pendant ce temps, on observe une recrudescence de l'enlèvement d'enfants. Un jour, Mia croise le chemin d'un jeune homme nommé Joema. Chez lui, elle rencontrera fées et enfants aux visages expressifs. Sont-ils des hologrammes produits par sa machine ? Mia apprendra, à mesure que les Corbeaux aux yeux rouges approchent, que l'amitié avec Joema a un prix...
<s>AVIS PERSONNEL</s> Rubrique « Un peu la flemme, mais c'est censé vous donner envie ! »
Je serai plus succinct que pour le premier manhua, cela dit l'œuvre est sans doute plus accessible et vaut tout autant le détour. Cette fois, on s'éloigne complètement des codes propres au Yuri.
Dès les premières planches on réalise que Mia est un enfant en décalage avec le cadre dans lequel elle évolue. Les autres enfants de son âge ont perdu leur sourire, les adultes et parents qui les accompagnent arborent un sourire factice, malhonnête, un regard vide dont on dit pourtant que les yeux sont le miroir de l'âme... Des automates tenant par la main des enfants dont le regard est porté vers le bas. On sent évidemment que quelque chose ne va pas, le climat est délétère, la presse relaie le récent enlèvement d'un enfant s'ajoutant à une longue liste de 15 portés disparus désormais, d'autre part la ville est caractérisée par des teintes sombres, les corbeaux y ont élu domicile et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on ne s'y sent pas en sécurité.
Très rapidement, Mia va rencontrer un certain Joema alors qu’elle s’était attirée des problèmes à la suite d’un vol au supermarché. Ce dernier en prendra la responsabilité et, au fil de nouvelles rencontres dans ce même supermarché, se verra accueillir l'orpheline dans sa demeure, un observatoire reculé, lieu pour le moins… singulier. Alors que l'imperméable rouge vif de la jeune fille constituait le seul élément tranchant avec la palette de couleurs froides en milieu urbain, Jeoma forme lui aussi un contraste de par son tempérament et son expressivité.
Force est de constater que le style est sensiblement différent de celui de son premier manhua, tant sur le fond que sur la forme. Jae Liu revient à un format plus classique (ici des pages, contre un découpage en strips et l'absence de bords pour Beloved), elle s'essaie à un autre genre, et comme si cela ne suffisait pas elle opte également pour un coup de crayon plus détaillé, une gamme de couleurs plus étendue, un tout autre style qui atteste des capacités de l'autrice ayant bien des cordes à son arc, ce qui n'est pas pour me déplaire.
L'histoire est relativement courte et ne totalise que 6 chapitres. Elle constitue une sorte de thriller haletant, plongé au cœur d'une dystopie à laquelle se mêleront des éléments surnaturels. Le rythme est globalement maîtrisé et la dimension fantastique donne lieu à des instants grandioses tant c'est réussi sur le plan artistique. Le rendu est enchanteur, haut en couleur, tout droit sorti d'un rêve lorsque Mia n'arpente pas de sombres ruelles par un temps pluvieux.
Un intrigant mystère plane tout au long du récit qui finira par révéler ses enjeux sans nécessairement apporter une réponse à chacune de nos questions.
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Je vous laisse découvrir le reste, ainsi que les superbes doubles-pages.
J'ose espérer voir Jae Liu plancher sur un projet plus important encore, plus long, plus ambitieux. J'ai vraiment été agréablement surpris par ses deux propositions, et si ce topic permet au moins à l'un d'entre vous de découvrir l'artiste alors c'est l'essentiel.
Je suis moins fan du découpage inhérent à ce média et je me méfie un peu du scénario mais 16 et 6 chapitres c'est vraiment pas long donc je testerais. Merci di topic 
