Art

J'aime bien le peu que j'ai lu ( Le Baiser au lépreux, La Robe Prétexte, La Rencontre avec Barrès ) mais j'entends souvent qu'il serait un auteur pour notaires, pour petit bourgeois catholiques bien loin des préoccupations d'auteurs plus engagés.

J'ai glané ces critiques dans différentes préfaces d'autres auteurs catholiques peut-être plus mystiques.

Même Barrès semblait apprécier Mauriac pour sa naïveté, dans son écriture, ses thèmes, qui lui rappelait son défunt neveu.

Y a-t'il une oeuvre de lui qui permettrait selon vous de balayer toutes ces critiques du revers de la main? L'oeuvre de la maturité?

Le 13 septembre 2019 à 18:48:23 SainteVolupte a écrit :
J'aime bien le peu que j'ai lu ( Le Baiser au lépreux, La Robe Prétexte, La Rencontre avec Barrès ) mais j'entends souvent qu'il serait un auteur pour notaires, pour petit bourgeois catholiques bien loin des préoccupations d'auteurs plus engagés.

J'ai glané ces critiques dans différentes préfaces d'autres auteurs catholiques peut-être plus mystiques.

Même Barrès semblait apprécier Mauriac pour sa naïveté, dans son écriture, ses thèmes, qui lui rappelait son défunt neveu.

Y a-t'il une oeuvre de lui qui permettrait selon vous de balayer toutes ces critiques du revers de la main? L'oeuvre de la maturité?

Thérèse Desqueyroux. Du Réalisme cruel. L’histoire d’une empoisonneuse qui, après son procès, retourne chez son mari qui a survécu.
Une bonne partie se passe dans le train du retour.

Dans le même ordre d'idée et à peu près à la même époque, Julien Green a écrit de grands romans (Adrienne Mesurat et Leviathan notamment).

T'en lis un c'est vraiment sympa. A la fin du livre, t'as épuisé le sujet.

Merci, j'ai pas encore lu Thérèse Desqueyroux, il m'attirait pas spécialement mais c'est vrai que je devrais lui laisser une chance.
J'ai justement commandé Leviathan de Green à l'instant

Le 13 septembre 2019 à 19:36:41 YourHostGuru a écrit :
T'en lis un c'est vraiment sympa. A la fin du livre, t'as épuisé le sujet.

Ouais effectivement je vois un peu c'que tu veux dire.

Parmi ceux que j'ai lus, Le sagouin m'a semblé le plus réussi, parce que j'ai senti une espèce d'émotion rentrée qui était absente des autres, y compris les autobiographies (Un adolescent d'autrefois, Nouveaux mémoires intérieurs), et parce que la fin offre une pathétique fusion de la nature et de l'homme, un peu comme du Hugo intime.

Son poème le sang d'Atys, sur lequel il a travaillé des années, est illisible pour moi.
On dit du bien de son bloc-note, mais ça n'a plus vraiment d’intérêt aujourd'hui.

Tout compte fait, c'est vraiment un auteur mineur et pas très sympathique, sauf pour son côté lettré inconditionnel.

Je ne sais plus qui disait de Mauriac qu'il était un «écrivain régionaliste», je trouve ça assez juste, mais ce n'est pas péjoratif selon moi ; Frédéric Mistral l'était aussi et c'est ce qui fit son originalité

Faulkner était régionaliste aussi. Même s’il a inventé des noms de villes etc., on sait très bien que c’est calqué sur le lieu où il a passé toute sa vie.
C’est la plume qui fait sortir le roman du terroir. C’est la différence entre Pagnol et Giono.

Le régionalisme apparaît en tant que catégorie que parce que la centralisation sur Paris en France est tellement forte qu'on ressent encore le besoin de définir la littérature de la capitale comme la littérature standard ou par défaut, mais l'appellation a moins de sens transposée sur un pays-continent. Pas dans la même définition tout du moins.

Après chez un Pagnol, c'est typiquement la surabondance de clichés connotatifs de sa région usés jusqu'à la corde qui étouffe complètement le projet littéraire à mon avis, et c'est vrai que chez Mauriac on retrouve pas mal de ça. A la suite de ta quarantième description de pins sataniques t'en peux plus de la Gironde maudite.

Oui mais Pagnol sans cette surabondance de «peuchère» et de provençal, ne serait pas Pagnol. Il faut le lire et le prendre comme il est ; même quand il fait je-ne-sais-combien de fois la blague sur le cocufiage d'Escartefigue. Cela reste drôle, car c'est tellement Marseille !

Le 19 septembre 2019 à 22:57:15 Pediculose a écrit :
Je ne sais plus qui disait de Mauriac qu'il était un «écrivain régionaliste», je trouve ça assez juste, mais ce n'est pas péjoratif selon moi ; Frédéric Mistral l'était aussi et c'est ce qui fit son originalité

Mistral c'est magnifique, j'avais un peu touché à ses poèmes pour le mémoire que je n'ai jamais terminé.

Le 19 septembre 2019 à 20:38:26 Godchot a écrit :
Parmi ceux que j'ai lus, Le sagouin m'a semblé le plus réussi, parce que j'ai senti une espèce d'émotion rentrée qui était absente des autres, y compris les autobiographies (Un adolescent d'autrefois, Nouveaux mémoires intérieurs), et parce que la fin offre une pathétique fusion de la nature et de l'homme, un peu comme du Hugo intime.

Son poème le sang d'Atys, sur lequel il a travaillé des années, est illisible pour moi.
On dit du bien de son bloc-note, mais ça n'a plus vraiment d’intérêt aujourd'hui.

Tout compte fait, c'est vraiment un auteur mineur et pas très sympathique, sauf pour son côté lettré inconditionnel.

Qu'est ce que tu entends par "pas très sympathique" ?