Comme d'habitude, le gros du travail doit résider dans la définition des mots. Comment définir la vérité? Comment définir l'évidence?
L'évidence, c'est ce qui semble (au moins a priori) le plus facile à définir : Nous paraît évident ce qui nous vient à l'esprit immédiatement, sans effort de notre part pour la justifier. Ce mot "évident" est étymologiquement lié au mot "voir", ce qui nous laisserait penser que pour nos ancêtres, ce qui était évident était ce qui pouvait être vu, observé directement.
Quel lien avec la vérité? Cela dépend de la définition qu'on lui accorde. Une première définition à débattre serait de dire que la vérité ne réside que dans ce que l'on peut observer empiriquement. A ce sujet, tu pourras lire la discussion d'ici : https://m.jeuxvideo.com/forums/42-68-53522697-1-0-1-0-le-scepticisme-radical.htm
Avec cette définition, une première réponse à la problématique semble s'imposer : Si la vérité, autant que l'évidence, réside dans ce que je peux observer, il nous paraîtrait logique de répondre "oui" à la question posée. Pourtant, hier encore, j'ai montré une fameuse vidéo à mes élèves où était faite l'expérience de faire tomber une boule de Bowling en même temps qu'une plume dans une chambre à vide. La vérité était que ces deux objets sont tombés à la même vitesse. Etait-ce une évidence? Pour moi oui, pour mes élèves non vu qu'ils avaient tous prévus que la boule devance la plume.
Pourquoi était-ce une évidence pour moi et pas pour eux? J'avais une connaissance supplémentaire par rapport à eux : la mécanique de Newton. S'ensuit un nouvel essai de définition de la vérité : La vérité réside dans les sciences (voir là encore la discussion du forum que j'ai déjà mentionnée).
Mais avec cette définition, il semble que nous pouvons au contraire apporter une réponse négative à la question, car si la vérité se cache dans les sciences, et si la vérité s'imposait comme une évidence, alors nous aurions bien du mal à comprendre pourquoi l'enseignement et l'acquisition du savoir scientifique est si catastrophique. Ainsi, Henri Poincaré s'interrogeait dans son oeuvre Science & méthode :
Si les mathématiques n'invoquent que les règles de la logique, celles qui sont acceptées par tous les esprits bien faits ; si leur évidence est fondée sur des principes qui sont communs à tous les hommes et que nul ne saurait nier sans être fou, comment se fait-il qu'il y ait tant de personnes qui y soient totalement réfractaires?
Voila déjà quelques éléments de réponse à développer, avec deux axes principaux : La vérité comme ce qu'on peut observer empiriquement ou comme ce qu'on peut établir scientifiquement. On pourra apporter d'autres visions de la vérité et affiner celle de l'évidence.
