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Politique

Sujet : La Boétie - Résumé de "Le Discours de la servitutde volontaire"
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Appiodici_bis
Niveau 29
26 juin 2017 à 00:35:58

J'ai retrouvé ça dans mes résumés de livre que j'ai fais durant mon bachelier et je me suis dis que ça pourrait vous intéresser car le sujet est directement politique (ou plutôt de l'ordre de la philosophie politique). C'est un livre célèbre et qui intéresse tout bord politique [[sticker:p/1kkr]] Tchao les morveux [[sticker:p/1kkn]]

Lien en PDF du livre : http://classiques.uqac.ca/classiques/la_boetie_etienne_de/discours_de_la_servitude/discours_servitude_volontaire.pdf

1) Introduction :

Rédigé en 1549 et publié en 1576, le Discours de la servitude volontaire prend le contrepied de l’œuvre de Machiavel Le Prince, écrite en 1513 et dédiée à Laurent de Médicis, seigneur de Florence. Il s’agit là d’un ouvrage qui prodigue des conseils politiques au Prince afin que ce dernier gouverne avec efficacité, gouvernance qui peut, par exemple, prendre la forme de la tyrannie. La Boétie, au contraire, remet en cause la légitimité des puissants dont la domination sur le peuple ne repose, selon lui, sur rien de légitime. En portant un regard neuf sur la relation dominant/dominé, le jeune auteur soutient une thèse originale : la puissance du tyran repose exclusivement sur le consentement populaire. Une fois que le peuple refuse cette puissance, le pouvoir du tyran s’écroule.
La question que se pose donc La Boétie est de savoir pour quelles raisons des hommes acceptent de servir sans se révolter. Comment se fait-il qu’un seul puisse commander à tous ? Qu’est-ce qui fait qu’un peuple puisse être l’instrument de son propre esclavage ?

Les régimes sont fondés sur la peur, laquelle sert à dissimuler l’absence de légitimité des gouvernants. Ainsi, le peuple s’auto-soumet aux pouvoirs en place, par simple habitude, par récurrence historique.
Etienne de la Boétie peut certainement être considéré comme le père de la désobéissance non-violente (ou pacifiste). La question centrale posée dans le Discours est : Comment la liberté des peuples peut-elle se retourner contre elle-même ? Comment une liberté peut-elle s’aliéner ? L’une des idées phares de La Boétie est que le renversement des régimes est essentiellement psychologique : le peuple doit arrêter de se croire inférieur à son gouvernement. Cette thématique de la liberté retournée influencera beaucoup Rousseau dans le Contrat Social ou encore Sartre dont la thèse sur la mauvaise foi est l’équivalent ontologique.
L’auteur remet en question la légitimité d’une autorité sur un peuple. Le paradoxe du titre indique l’interrogation philosophique de l’auteur sur la raison pour laquelle le peuple se soumet à l’autorité « volontairement ». La question générale de l’œuvre étant : Pourquoi tant d’hommes endurent un tyran qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ?
Dans ce réquisitoire contre l’absolutisme, La Boétie s’interroge sur le paradoxe de la servitude volontaire, sur l’origine du tyran et sur la question de la liberté. Il écrit ce texte dans un contexte politique troublé, son œuvre s’inscrit dans le courant humaniste du 16e siècle.
Ce texte consiste en un court réquisitoire contre l'absolutisme qui étonne par son érudition et par sa profondeur, alors qu'il a été rédigé par un jeune homme d'à peine dix-huit ans. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaie d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport « domination-servitude »).

2) Déroulement du livre :

Le livre n’est pas composé de chapitres, tous les thèmes de livre se recoupent dans un petit traité de 50 pages. On remarque quand même que certaines pages sont concentrées plus sur certains thèmes. L’auteur utilise de nombreux exemples pour illustrer ses thèses qui sont souvent issus du monde de l’Antiquité grecque et ses mythes. Il faut lire le livre d’une traite pour en comprendre les idées globales.

3) Concepts, thèmes et explications :

1) Le paradoxe de la servitude volontaire :

Le paradoxe repose sur le fait qu’il peut y avoir une servitude volontaire, en effet ces deux termes peuvent paraître opposés à première vue. Il cherche dans le début de son ouvrage notamment à expliquer pourquoi des hommes se soumettent volontairement à un tyran quelque conque alors qu’il pourrait en être autrement. Il se pose la question de la liberté chez les sujets privés en rapport avec leurs dominants ! C’est un ouvrage qui tente de répondre à cette question de philosophie politique en proposant des idées de cause de cette servitude de millions d’hommes envers un seul homme et il propose aussi des solutions afin d’en sortir. Le peuple consent à son propre mal alors que ce peuple est composé de millions d’hommes ! Le tyran lui est seul et pourtant des millions d’hommes se soumettent à un seul homme alors qu’ils pourraient gagner leur liberté selon La Boétie en refusant de servir. C’est une thèse forte et pacifique qu’il propose. Les êtres soumis doivent juste avoir la volonté d’être libres, le tyran est seul et il ne possède pas la force de s’opposer à la masse. Il ne tient que parce que le peuple semble consentir à son mal qui le met en servitude. C’est ça le paradoxe de la servitude volontaire. Si le peuple agirait, il pourrait s’en libérer.

2) La donnée naturelle de la liberté et l’invalidation de la naturalité de la servitude :

Pour La Boétie, la liberté est quelque chose d’innée, elle est naturelle et le désir d’être libre est une donnée que possèdent tous les hommes ainsi que tous les animaux. L’auteur montre par des exemples d’animaux cherchant leur liberté que c’est applicable pour les hommes également. La liberté est saine et elle est innée lorsqu’on comprend sa valeur. Il faut se poser la question de philosophie politique de savoir comme ce désir basique a été pervertie et corrompue par le régime en place qui maintient les hommes en servitude. La servitude est donc un état contingent issu d’une histoire qui a permis de mettre en place des habitudes et un système dominant-dominés. Ce serait une domination originale, un arrachement inaugural du désir de la liberté à la mémoire des hommes afin de le remplacer par l’amour de la servitude. L’habitude et ce facteur inaugural sont deux causes que donne La Boétie pour expliquer ce paradoxe de la servitude volontaire. La Boétie considère donc le passage de la liberté à la servitude « sans nécessité » et affirme que la division de la société entre ceux qui commandent et ceux qui obéissent est « accidentelle ». Ce qui est désigné ici, c'est bien ce moment historique de la naissance de l'Histoire, cette rupture fatale que constitue dans l’histoire de l’humanité la naissance de l’État. Or, celle-ci est contingente, et non pas inévitable. Certains anarchistes reprennent La Boétie notamment pour cette raison. L’état de nature voudrait donc que les sociétés soient « égalitaires » où personne ne pourrait détenir du pouvoir sur les autres. C’est-à-dire le contraire de la servitude que connaissent les peuples. La première cause de la servitude est donc l'oubli de la liberté, et la coutume de vivre dans une société hiérarchisée où règne la domination des uns sur les autres. L’homme est dénaturé dans sa propre nature par cette domination et ce renoncement de la liberté est durable. Un exemple que donne La Boétie pour montrer que la liberté est plus forte que la servitude, c’est l’exemple des Vénitiens qu’il considère comme un peuple libre et l’exemple de la guerre entre les Grecs et les Perses où les Grecs moins nombreux vainquirent car leurs désirs de liberté étaient présents. L’éducation et l’habitue nous font comme oublier notre désir de la liberté, on ne peut pas regretter ce qu’on a jamais connu hors on naît souvent dans un pays tyrannique.

L’homme est libre par nature. Mais nous ne savons plus reconnaître notre bien ni ce qui nous est naturel. L’homme subit son sort au lieu d’inventer ses conditions d’existence. La preuve qu’en donne La Boétie est immédiate et sans recours : les individus « mieux nés » n’oublient jamais que cette liberté est leur, même si la société dans laquelle ils vivent néglige et occulte ce droit naturel. A l’opposé, il suffit que les hommes n’aient jamais connu cette liberté pour que la force de l’habitude les empêche effectivement d’opter pour elle en toute franchise. La liberté est toujours un risque, et la condition de servitude ressemble à l’absurde désir d’échapper à sa propre liberté. Telle est la raison qui conduit l’insensé à préférer son esclavage, telle est l’ambivalence d’un comportement politique dont la finalité demeure mystérieuse aux yeux du sujet qui agit.

3) Les trois types de tyrans :

Peu importe les trois types de tyrans qui sont possibles pour La Boétie, les résultats sont souvent les mêmes. Que ce soit un souverain élu par le vote démocratique, un militaire qui règne par les armes ou bien un tyran qui règne par les lois de l’hérédité. Ces trois types de tyran sont semblables sur les conséquences.

4) Le savoir comme secours à la liberté et les subterfuges des tyrans :

Pour La Boétie, des passages expliquent que l’amour de la liberté peut venir même dans un pays tyrannique avec le savoir et la sagesse. Il ne faut pas être ignorant sur le monde, sur le présent et le futur mais il faut étudier et devenir sage afin de découvrir la liberté. Il faut garder l’esprit libre afin de comprendre que la liberté est un bien véritable. L’ignorance est un fléau qu’il faut combattre pour lui car c’est l’ignorance qui est un facteur qui permet d’aimer sa propre condition de servitude. Le savoir permettrait aussi de ne pas tomber dans les discours faciles qu’usent les tyrans pour maintenir leurs dominations contre la liberté, les discours mais aussi l’utilisation de divertissements pour endormir les masses. La Boétie explique que les tyrans tout au long de l’Histoire ont toujours su utiliser intelligemment divers divertissements afin d’occuper le peuple. C’est une sorte de subterfuge qui peut nous faire penser à l’opium du peuple. Le tyran use et abuse de l’ignorance de son peuple, il se proclame descendant d’un Dieu ou d’une religion afin d’avoir une autorité légitime. D’autres tyrans ne se montrent jamais en public afin d’avoir une aura mystérieuse de surhomme, ça permet de légitimer leur propre pouvoir.

5) La chaîne de domination et la notion d’amitié :

La Boétie explique que le tyran pour se maintenir utilise une chaîne de domination notamment l’armée avec les différents grades militaires qui lui permettent d’assouvir tous ses désirs personnels. Il y a donc une chaîne de servitude qui se fait dans lequel le peuple sert des millions de petits bras, qui ceux-ci servent d’autre plus en haut jusqu’à remonter au tyran lui-même qu’ils les plient tous à leurs désirs. Ils se soumettent contre des biens, contre de la reconnaissance, ils sont dans la servitude pour gagner quelques graines de plus que les autres. Et La Boétie constate que ces gens sont encore moins libres que les autres, ils dépendent entièrement du bon vouloir du tyran qui souvent les écrasent par après si ils ne le satisfont pas assez. On ne peut pas vraiment être l’ami d’un tyran, ça s’est souvent retourné contre lui car personne n’aime véritablement un tyran et lui n’est pas capable d’aimer. Les personnes mauvaises pour lui ne peuvent qu’être complices et non véritablement ami car l’amitié ne peut se faire qu’entre véritables personnes bien selon lui, des personnes fidèles, constantes et surtout un pied d’égalité. Le tyran lui est toujours au-dessus dans la relation. Il ne peut pas avoir d’amitié entre personnes mauvaises !

4) Biographie de l’auteur :

Étienne de La Boétie est un écrivain humaniste et un poète français, né le 1er novembre 1530 à Sarlat et mort le 18 août 1563 à Germignan, dans la commune du Taillan-Médoc, près de Bordeaux. Il est issu d’un milieu aisé et cultivé il est attiré, à l’instar de nombreux jeunes nobles et bourgeois de son temps, par l’étude des civilisations grecque et romaine, auxquelles d’ailleurs il fait très souvent référence dans son ouvrage. C’était un traducteur de nombreux auteurs de l’antiquité, auteur de sonnets galants, en effet Il rédige vingt-neuf sonnets amoureux et devient plus tard, le traducteur des ouvrages de Plutarque, Virgile et L'Arioste. Il intègre dès l’âge de 23 ans, après des études de Droits, le parlement de Bordeaux et participera par la suite, en tant que médiateur, aux négociations entre Catholiques et Protestants durant les guerres de religion. Marié avec Marguerite de Carle, la veuve du frère de son ami Michel de Montaigne, il meurt de dysenterie ou de peste en 1563. Il meurt seulement à l’âge de 32 ans. Il n’avait que 18 ans quand il a rédigé sa grande œuvre.
La Boétie est célèbre pour son Discours de la servitude volontaire qu’il rédige lors qu’il a 18 ans. Il fut l'ami intime de Montaigne qui lui rendit hommage dans ses Essais étant fort proche de lui.

LeChienDiogene
Niveau 7
26 juin 2017 à 00:59:28

ton résumé est plus long que l'oeuvre :hap:

-Lindle-
Niveau 10
26 juin 2017 à 01:03:57

Le 26 juin 2017 à 00:59:28 LeChienDiogene a écrit :
ton résumé est plus long que l'oeuvre :hap:

Quand même :hap:

Toutefois même si c'est peut-être pas volontaire je viens de voir qu'il y a actuellement pas mal d'interprétations et d'actualisations possibles, c'est intéressant :oui:

LeChienDiogene
Niveau 7
26 juin 2017 à 01:13:16

Sinon, La Boétie étant le meilleur ami de Montaigne, on sait d’emblée qu'on a affaire à quelqu'un de bien.

Appiodici_bis
Niveau 29
26 juin 2017 à 01:16:25

Le résumé fait ici présent fait 4 pages alors que le livre fait plus de 50 pages alors non il n'est pas plus long [[sticker:p/1jnh]]

Minarchist
Niveau 9
26 juin 2017 à 01:23:28

ATTENTI0N ATTENTI0N, APPI0 A LU UN LIVRE, IL EST D0NC CULTIVE ET IL VEUT LE FAIRE SAV0IR

Appiodici_bis
Niveau 29
26 juin 2017 à 01:24:57

Le 26 juin 2017 à 01:23:28 Minarchist a écrit :
ATTENTI0N ATTENTI0N, APPI0 A LU UN LIVRE, IL EST D0NC CULTIVE ET IL VEUT LE FAIRE SAV0IR

[[sticker:p/1kku]]

J'ai lu ET resumé, double travail mon cher [[sticker:p/1kkq]]

LeChienDiogene
Niveau 7
26 juin 2017 à 02:58:00

Le 26 juin 2017 à 01:16:25 appiodici_bis a écrit :
Le résumé fait ici présent fait 4 pages alors que le livre fait plus de 50 pages alors non il n'est pas plus long [[sticker:p/1jnh]]

Chez moi le bouquin fait 30 pages pas 50
Sinon merci pour le résumé, c'est intéressant :)

InfernoCrusader
Niveau 6
26 juin 2017 à 10:17:58

Merci Appio, j'ai acheté une mauvaise version en vieux français :malade: incompréhensible

Du coup je rentabilise [[sticker:p/1ljr]]

Appiodici_bis
Niveau 29
26 juin 2017 à 13:18:12

De rien [[sticker:p/1lm9]]

Le 26 juin 2017 à 02:58:00 LeChienDiogene a écrit :

Le 26 juin 2017 à 01:16:25 appiodici_bis a écrit :
Le résumé fait ici présent fait 4 pages alors que le livre fait plus de 50 pages alors non il n'est pas plus long [[sticker:p/1jnh]]

Chez moi le bouquin fait 30 pages pas 50
Sinon merci pour le résumé, c'est intéressant :)

Alors c'est une version en format A4 ^^

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Sujet : La Boétie - Résumé de "Le Discours de la servitutde volontaire"
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