Que reste-t-il du marxisme ? État des lieux et réflexion sur l’avenir
Karl Marx a été indéniablement l’un des personnage les influents du 19ème siècle. Son nom reste associé à une œuvre gigantesque, et son héritage est aujourd’hui encore disputé. Le communisme, qui est au cœur de son œuvre, semble n’être plus qu’un lointain projet : « plus personne n’y croit ».
Le problème est que, ce qui a fait émerger le communisme – à savoir le capitalisme – n’a pas disparu.
Il ne s’agit pas de débattre des idées d’un homme. La question du communisme se pose dans le monde réel, dans le monde présent.
« Les conceptions théoriques des communistes ne reposent nullement sur des idées, des principes inventés ou découverts par tel ou tel réformateur du monde.
Elles ne sont que l'expression générale des conditions réelles d'une lutte de classes existante, d'un mouvement historique qui s'opère sous nos yeux. »1
C’est donc de cette question qu’il s’agit de débattre, des « conditions réelles » et du « mouvement historique ». Est-ce qu’on a « sous nos yeux » un début de quelque chose qui justifierait encore l’idée du communisme.
Car l’idée a été testée. Et tout le monde dit que ça n’a pas marché (si tout le monde le dit, c’est que c’est vrai...).
Mais depuis la crise de 2008, le capitalisme connaît de graves difficultés. On le ressort à chaque crise, Marx est là, comme un spectre qui hante toujours le monde, et il n’est pas prêt de nous quitter !
1- L’œuvre de Marx
Quand on demande si Marx est toujours d’actualité, il faudrait d’abord se mettre d’accord. De quoi parle-t-on ? Marx a écrit sur beaucoup de sujets : philosophie, économie, histoire, politique et actualité de son époque, etc.
Difficile de tout mettre dans le même sac. Difficile de mettre la même date de péremption sur chacune de ses phrases.
Sa philosophie par exemple, qui associe le matérialisme et emprunte à Hegel la dialectique, ne peut pas être « périmée ». Ce serait supposer que chaque année on fasse des « progrès » en philosophie. Pourtant, depuis la Grèce antique, ce sont toujours les mêmes débats et les mêmes idées qui sont simplement approfondis. Il n’y a pas eu de « gagnant » et de « perdant ». Ce n’est pas celui qui crie ou qui a le plus de fans qui a raison.
Qu’une vision du monde soit passée de mode ne veut pas dire qu’elle était fausse. L’avis du plus grand nombre ou des « grandes personnes » n’y change rien.
La question de savoir ce qui est vrai ou faux ne dépend pas de ce qu’en pensent les gens,. Ça ne dépend pas non plus des « experts » en la matière. On se souvient des « experts » de l’époque de Galilée…
Le « bon sens », ce serait de dire que le marxisme est dépassé et bon à jeter aux oubliettes. Mais le « bon sens » nous disait Hegel, ce ne sont au fond rien d’autre que les préjugés d’une époque.
Se sortir de ces préjugés, ça demande des efforts. Ce sera pour certains insurmontable. Pour certains, il vaut mieux se complaire dans les « évidences ». « Évidemment le communisme est mort ». « Évidemment ça n’a pas marché », « Évidemment le capitalisme est indépassable », « Évidemment ». Chacun donc jugera s’il vaut la peine de réfléchir, ou s’il est plus « confortable » de répéter les « évidences », et de s’y tenir. C’est plus facile, et c’est moins risqué.
Beaucoup d’écrits de Marx sont liés à son époque. Il est évident qu’on ne peut pas transposer chacune de ses phrases dans le présent.
La question, c’est donc de faire la distinction entre ce qui a du sens aujourd’hui et ce qui n’en a plus. C’est précisément cela dont nous allons parler.