Se connecter

Savoir & Culture

Politique

Sujet : L'autorité et la démocratie
1
CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
21 mars 2019 à 13:09:50

L’autorité se légitime comme telle, elle légitime la capacité qui la définit comme autorité, capacité d’administrer les comportements de ses subordonnés, en apparaissant aux yeux de ceux qu’elle subordonne tout à la fois comme plus juste, moins gouvernée par un instinct égoïste ou clanique, et plus intelligente, plus efficiente, plus capable d’organiser la société selon un optimum garantissant à l’ensemble de ses subordonnés une position meilleure que celle qu’ils ne pourraient attendre sans elle.

L’autorité a donc besoin de paraître juste et intelligente, mais dès lors qu’elle l’est réellement, elle ne peut pas tolérer l’injustice qui fonde sa supériorité, elle doit chercher à compenser l’avantage qu’elle possède sur ses subordonnées en leur transmettant sa sensibilité particulière pour la justice et son degré d’intelligence supérieur, sans quoi elle serait mut par un principe de conservation incompatible avec le désintérêt pour toute situation de privilège, qui constitue le principe de justice.

Pour conserver son privilège malgré la supercherie qu’elle constitue lorsqu'elle est mut par un principe egoïste, outre d’user de la force, elle a donc besoin de faire paraître ses subordonnés comme moins intelligents et plus égoïstes. Plus bête, au sens littéral du terme, plus animal, plus sauvage et barbare. Elle justifie la hiérarchie sociale par la hiérarchie biologique, certains sont naturellement moins intelligents (enfants, racisés, femmes, pauvres, handicapés, …).
Et alors qu’elle justifie sa position de pouvoir par l’inégalité naturelle des hommes, elle explique qu’il y a des hommes qui sont plus humains que d’autres. Les plus en bas de la hiérarchie naturelle, les moins dotés en humanité, en intelligence et en moralité, sont les plus en bas de la hiérarchie sociale, et ce principe a deux causes. La première a été explicité, les subordonnés le sont car ils sont plus sauvages, mais alors qu’ils sont plus sauvages ils sont moins humains et ne méritent pas d’être traités d’égal à égal avec ceux qui sont plus humains qu’eux.

L’autorité n’a donc pas besoin d’être réellement juste, de réellement administrer la société de façon égalitaire, elle n’a plus besoin que de se faire paraître pour plus intelligente, et pour ce faire, elle doit diffuser l’idée que sans elle, les subordonnés deviendront maîtres, faisant basculer la société dans un état anarchique, gouverné par des sauvages, induisant une société chaotique, en guerre civile.

L’autorité se légitime donc du simple fait qu’elle garantit une soi-disant paix. Une paix injuste, mais une paix plus juste que la guerre. A ce stade de légitimité acquise, l’autorité n’a plus besoin de prendre la forme démocratique, de garantir l’égalité et de lutter contre l’inégalité des hommes, qui est essentialisée, naturalisée, admise comme une nécessité.

Bref, moins l’idée qu’il existerait une inégalité naturelle entre les hommes est admise, plus les inégalités apparaissent comme construites, circonstancielles, accidentelles, contextuelles, plus la caractéristique de « semblables » est partagée entre les hommes d’une même société, plus l’autorité a besoin de prendre des formes démocratiques, de légitimer son existence par la défense d’un principe de justice.

Autorité et démocratie, voilà qui pourrait paraître être un oxymore, seulement l’autorité dans une société démocratique se légitime justement par sa fonction qui est d’harmoniser la société selon un optimum. En dehors de sa capacité à faire éclore un tel optimum, elle perd toute légitimité. Pour lutter contre les usages arbitraires de l’autorité, les sociétés démocratiques soumettent l’autorité elle-même à des principes procéduraux la contraignant à faire démonstration continue de son efficacité, elle est soumise à la validation de ceux qu’elle administre. L’institution administrative rend des comptes à ceux qu’elle administre.

 

A chaque fois que l'on pense le fonctionnement de l'autorité, on doit penser à la particularité qui fonde l'intérêt personnelle de ceux qui occupent des fonctions de pouvoir, intérêt de conservation; et on doit voir dans leur tentative de naturaliser les inégalités, de les faire passer pour nécessaire, une tentative de se soustraire aux principes qui régulent son arbitraire.
Plus cette attention, cette suspicion même, portée à l'autorité sera relâchée, plus la démocratie sera instable et risquera de basculer vers un régime autoritaire.

BALAVO_RESIDU
Niveau 8
21 mars 2019 à 13:35:03

La démocratie ça a toujours été non pas la majorité mais la plus majeure des minorités

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
25 mars 2019 à 16:13:26

La démocratie c'est surtout cette idée bien particulière de la justice, cet idéal d'universel, d'égalité de tous les hommes quel-qu’ils soient. Le parlementarisme, le respect de l'opinion majoritaire, etc, ne sont que des manifestations particulières et partielles des systèmes qui s'habillent des valeurs démocratiques.

Donc non la démocratie ce n'est pas la plus majeure des minorités comme tu dis.

1
Sujet : L'autorité et la démocratie
   Retour haut de page
Consulter la version web de cette page