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Sujet : Critique de la Démocratie à partir des arguments de Tocqueville
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Francocuck
Niveau 7
17 juillet 2019 à 20:50:27

D'avance, bonne lecture

Alexis de Tocqueville nous décrit dans son livre de la Démocratie en Amérique (1840) le fonctionnement de la Démocratie aux Etats-Unis d’Amérique en cette première moitié du XIXe siècle. Ce qui est intéressant c’est que nous pouvons extrapoler ses critiques pour analyser notre modèle actuel.

La République contemporaine instaure un nouvel ordre où la sphère politique ne se confond pas avec le peuple. J’en prends pour exemple la France notamment la Ve République. Nous demandons au peuple français de choisir un candidat avec un programme préétabli. Finalement le citoyen est assez démuni quant aux choix qu’il doit faire. Car il doit choisir entre un programme libéral, un programme communiste, un programme social-libéral ou un programme, disons national. Il n’a pas le choix sur les détails du programme, il doit choisir un ensemble censé être cohérent.

Mais aux Etats-Unis du début du XIXe siècle, on peut voir que le fonctionnement républicain se rapproche très fortement du fonctionnement de la Démocratie. Les élus sont choisis par le peuple pour des durées très courtes, on ne nous parle pas d’école comme il peut exister en France tels que L’ENA, Sciences Po qui enlèvent toute possibilité au citoyen lambda de devenir élu, excepté maire de petite commune. Les Américains de cette époque sont impliqués politiquement notamment au travers d’association qui remplace d’une certaine manière les corporations d’anciens régimes.

Mais aux Etats-Unis du début du XIXe siècle, on peut voir que le fonctionnement républicain se rapproche très fortement du fonctionnement de la Démocratie. Les élus sont choisis par le peuple pour des durées très courtes, on ne nous parle pas d’école comme il peut exister en France tels que L’ENA, Sciences Po qui enlèvent toute possibilité au citoyen lambda de devenir élu, excepté maire de petite commune. Les Américains de cette époque sont impliqués politiquement notamment au travers d’association qui remplace d’une certaine manière les corporations d’anciens régimes.

Avant d’aller plus loin, il nous faut définir ce que Tocqueville entend par Démocratie, Egalité et Liberté. La Démocratie est un « état social », ce n’est pas un régime particulier, il se caractérise par le principe égalitaire. L’égalité se caractérise par le fait que tous les hommes ont le même poids politique et peuvent participer de la même manière. La liberté est plutôt ici un degré à atteindre, j’entends par là qu’il y a divers degrés de servitude que le citoyen peut accepter dans une Démocratie. La liberté étant plutôt associée aux Indiens dans son livre, Indiens qui sont vu comme des sauvages.

Nous allons voir que la majorité peut exercer un pouvoir tyrannique sur le peuple tout entier, que l’égalité si louangée peut amener de nouveaux troubles et que l’individualisme est un nouveau problème posé dans une Démocratie.

Plan :
I - La tyrannie de la majorité et sa métamorphose
II - La valeur égalité à l'origine de certains troubles
III - L'individualisme et la passivité des foules

I - La tyrannie de la majorité et sa métamorphose

La Démocratie établit comme grand principe l’égalité en réaction à la société aristocratique qui fonctionnait par caste non perméable. A mesure que la Démocratie nivelle la population par le haut, mais aussi par le bas, toute personne étant égale à toutes les autres préférera écouter l’opinion publique plutôt qu’une seule personne. Le citoyen va préférer entendre l’avis de la majorité plutôt que l’avis d’une personne qui pourtant pourrait être experte en ce sujet. Et je souhaiterais rajouter que l’opinion se fait facilement influencer par les sentiments, le pathos. Notamment sur des sujets très complexes qui demandent un recul et une réflexion telle que l’immigration, les questions sociétales, ou même la politique en général. Quand vous entendez des journalistes, politiques qui utilisent un registre misérable comme « les pauvres », « souffrance », « démuni » vous êtes face à une tentative de vous apitoyer.

La tyrannie de la majorité vient du fait que les élections démocratiques doivent recueillir 50 % + 1 voix des électeurs votants. C’est la première des faiblesses de la démocratie, elle fragilise la possibilité de remettre en question n’importe quelles décisions, car l’on s’opposerait alors à plus nombreux que soi et donc à plus fort que soi. Et on peut donc voir l’apparition de ce que les sociologues nomment « Pensée de groupe ». Les personnes ayant une opinion minoritaire vont se taire face à la majorité pour se conformer au groupe. C’est un grand ennemi de la pluralité des opinions. Le groupe, majoritaire se sentant en supériorité va réprimer la « dissidence ».

En point négatif, je dirais qu’Alexis de Tocqueville oublie de parler de l’importance de la presse et des médias bien qu’à cette époque il n’en existait pas beaucoup. Nous voyons bien que les médias influencent grandement l’opinion. Je prends pour exemple l’élection de notre président actuel Emmanuel Macron qui a fait la une de dizaines de magazines avant son élection. Nous avons aussi dans nos Républiques contemporaines le sondage, qui souvent a une valeur auto réalisatrice. J’entends par là qu’un sondage va fortement influencer le vote des électeurs, la prédiction va en fait influencer l’électorat à calquer son action sur cette prédiction. Mais j’aurais aussi pu parler de l’élection de Donald Trump qui a posé des problèmes au niveau des publicités sur Facebook.

Le risque de tyrannie de la majorité qui peut encore se voir en politique a laissé la place à la tyrannie de la minorité bruyante dans les autres endroits de la société notamment les réseaux sociaux. Un cas pour illustrer ma pensée, la marque Oasis a récemment organisé un concours sur Twitter où les participants devaient donner le nom de leur ville. Le 18-25 a réussi à faire gagner la ville d’Issou, se rendant compte que c’était le 18-25, des personnes, une poignée, ont réussi à force de chantage aux racismes et autres mots en — isme à évincer ladite ville. Nous arrivons là à quelque chose d’intéressant, ces personnes, moralisatrices, grégaires sont d’excellents consommateurs, très sensibles à la publicité ciblée (Spotify et sa playlist LGBT, Netflix, Disney, etc.). Ainsi donc, une minorité agissante, utilisant les valeurs démocratiques (le racisme ne peut pas être toléré dans une société se basant sur l’égalité entre les personnes) à son avantage peut faire pencher la décision en sa faveur face à une majorité ce qui est très inquiétant pour la suite.

II- La valeur égalité à l’origine de certains troubles

Ce nivellement par le haut ou par le bas nous vient d’une valeur fondamentale qui est sur chacune de nos mairies françaises, l’égalité. Tocqueville regarde avec nostalgie l’ancien régime, car il y avait des personnes fort brillantes qui se démarquaient du reste de la population. Mais il y avait aussi des personnes médiocres, car la société aristocratique n’avait pas cet aiguillon que l’on nomme égalité. Tandis que la Démocratie va faire en sorte que tous les citoyens soient égaux, en droits et en devoirs, mais à terme égaux en capacité, en réflexion ce qui peut poser des problèmes. La société aristocratique va perpétuer une classe de dominant qui recevra la meilleure éducation et sera plus éclairée que les autres. A mon sens il y a nécessité d’avoir une certaine élite intellectuelle qui se différencie de la masse par sa capacité de réflexion, d’autocritique ce que le peuple ne peut pas faire. Mais je ne suis pas pour le rétablissement de caste qui nuit fortement à la cohésion sociale. La balance entre les deux est l’éducation pour tout ce que la République essaie de faire tant bien que mal.

L’égalité, selon Tocqueville, est aussi responsable de l’individualisme. En effet, comme tous les citoyens sont égaux, aucun ne se différencie de la masse. Cela amène sournoisement les citoyens à s’éloigner les uns des autres. Pourquoi ?

Dans l’ancien régime pour se faire entendre par les gouvernants il fallait se faire appuyer par sa caste, c’est-à-dire sa classe, en France nous en avions trois que l’on pourrait encore subdiviser : le tiers Etat/la noblesse/le clergé. Or, comme dans une Démocratie tous les citoyens sont égaux, ils ne vont pas rechercher le support de leurs concitoyens puisqu’ils n’ont plus rien en commun. Dans l’ancien régime, ils partageaient des peines, des souffrances, ils partageaient le poids qu’avait la classe supérieure. Comme il n’y avait que très peu de perméabilité entre les classes, ils partageaient aussi des liens familiaux. Je pense que pour des personnes du XXIe siècle il nous est très difficile de comprendre ce que c’est qu’appartenir à une classe et côtoyer tous les jours des classes supérieures ou inférieures. Je ne dis pas qu’il n’existe plus de classe notamment dirigeante, mais très souvent elles n’ont plus besoin de se côtoyer. Au Moyen-Age le seigneur protégeait les serfs attachés à sa terre, il les côtoyait et les voyait tous les jours. A la Renaissance et durant le siècle des Lumières, les nobles côtoyaient les serviteurs. Aujourd’hui, nous ne voyons pas les 1 % les plus riches puisqu’ils n’habitent pas aux mêmes endroits que nous, leurs enfants ne vont pas dans les mêmes écoles ni les mêmes Universités.

On pourrait me rétorquer que les prolétaires se font aussi oppresser par les capitalistes, les bourgeois et qu’ils pourraient avoir une conscience de classe. Nous voyons bien, aujourd’hui, que les prolétaires sont complètement divisées. Durkheim nous dirait que c’est à cause de la division du travail qui éloigne les travailleurs qui se spécialisent, on passe d’une communauté où tout le monde se côtoie à une société régie par des échanges marchands. Ils n’ont plus le même vocabulaire, les mêmes habitudes, les mêmes consommations. Je rejoindrais en partie Durkheim sur ce thème, mais j’ajouterais qu’un prolétaire peut devenir responsable, avec l’ancienneté, des formations, des promotions et donc il n’est pas éternellement rattaché à cette classe. C’est peut-être une explication de pourquoi les prolétaires ne sont pas forcément solidaires en tant que classe. Il y a toujours un espoir d’appartenir à la classe moyenne.

Mais il faut quand même ajouter que Tocqueville nous parle d’association. En effet les citoyens américains aiment se retrouver dans des associations, cela leur permet d’être impliqués dans la vie politique américaine. Il existe toutes sortes d’associations, marchandes, industrielles, regroupement spirituel. Mais l’on est quand même loin d’une conscience de classe ou de caste. Disons que c’est l’équivalent en moins puissant, c’est-à-dire que le pouvoir de coercition sur la société est beaucoup moins grand. Rappelons que nous sommes avant les grandes familles comme les Rockefeller, Morgan qui elles pourront influencer la société.

Nous avons dit que l’égalité était à l’origine des troubles que connaît la Démocratie, nous avons expliqué qu’il n’y avait plus de caste à cause de l’égalité et que donc les citoyens s’éloignaient les uns des autres. Nous allons maintenant voir que l’égalité amène à l’individualisme et à la passivité.

Francocuck
Niveau 7
17 juillet 2019 à 20:50:51

III – L’individualisme et la passivité des foules

Tocqueville avait peur que les citoyens américains, et les citoyens en général, se désintéressent de la vie politique et donc laisse la place à une nouvelle classe, la classe politique. C’est ce que nous avons actuellement, les gens se désintéressent de la politique, pour de multiples raisons. En effet selon lui les associations permettaient aux citoyens de s’inscrire dans la vie politique. Mais il y avait aussi une menace qui planait au-dessus d’eux, l’égalité. Comme nous l’avons dit, l’égalité va conduire à un éloignement des citoyens entre eux qui vont se trouver tous indifférents. Ce qui va conduire à ce que chaque citoyen se retranche sur lui-même.

Ainsi, Tocqueville imagine une société démocratique qui tend vers le despotisme. Cette société serait un Etat surpuissant entretenant les citoyens, leur donnant des loisirs, leur donnant de quoi manger, de quoi vivre. Cet Etat serait tellement puissant que les citoyens préféreraient retomber à l’Etat d’enfants plutôt que de vivre en dehors de la puissance étatique. Finalement Tocqueville nous parle là d’un Etat contrôlant toute la société dans lequel il ne serait pas possible d’en sortir. Voici un extrait de la Quatrième partie du livre II, Chapitre VI sur « Quelle espèce de despotisme les nations démocratiques ont à craindre » :

« Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort point il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, cas les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assuré leurs besoins, facilitent leur plaisir, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divisent leur héritage ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ? »

Tocqueville nous parle d’un Etat qu’aujourd’hui on qualifierait de totalitaire, mais cet Etat, malheureusement, se rapproche assez bien de notre société contemporaine, marchande où le plaisir est devenu la recherche d’une majorité d’entre nous. Nous sommes encouragés à jouir sans limites. Néanmoins cela a plus à voir avec l’immixtion de l’économique dans le politique plutôt que la Démocratie elle-même. Même si on peut reprocher à la Démocratie d’être assez faible face aux pouvoirs économiques. Nous voyons aussi l’émergence de personnes que nous nommons « adulescent », ils sont l’émanation de ce dont Tocqueville parle dans le passage « fixer irrévocablement dans l’enfance ». Ces personnes ne vivent que pour jouir, se réjouir, ils ne veulent pas être embêté par des contraintes qu’elles soient administratives, recherche de travail, fonder une famille, se marier.

Concernant ces minorités bruyantes dont j’ai parlé plus tôt, je pense que l’individualisme est la cause de la passivité de la majorité. C’est un comportement de foule qui n’agit pas, qui reste passive, laissant hurler ces énergumènes. Nous sommes devenus indifférents de ceux qui nous entoure, que nous côtoyons aux quotidiens, ce sont les autres. Nous ne partageons plus rien en commun.

A partir de ce que je présente, on pourrait penser que Tocqueville, descendant d’une lignée noble, en veut à la Démocratie et à la République notamment à cause de la Révolution française. Assurément que non, il regrette que la République française ait et le peuple en général, cet héritage révolutionnaire, ce désir ardent de révolution. La République, la Démocratie ont été arrachées s​acre bleuemment ainsi que les nouvelles libertés. Contrairement aux Etats-Unis d’Amérique qui eux aussi se sont fondés sur une Révolution, mais qui dès leur genèse se sont constitués en République avec comme principe fondateur la liberté et l’égalité.

Il me semble nécessaire aujourd’hui d’avoir un regard critique sur la démocratie et ses dérives. Car on nous présente la République française comme éternelle, mais n’oublions pas qu’elle n’a jamais réussi à rester notre mode de gouvernance sur un siècle consécutif. Tout régime peut se faire renverser. Tocqueville développe des thèses très diverses tout le long de ses deux ouvrages consacrés aux Etats-Unis d’Amérique et je ne me suis intéressé qu’à celles développées autour d’une critique de la Démocratie. Et finalement ces thèses tournent aussi autour d’une critique des valeurs que la Démocratie véhicule avec elle et de ses dérives.

Sources :
- https://www.liberation.fr/france/2012/04/20/les-sondages-influencent-le-vote_813221
- http://www.mediamento.com/actualites120420.html
- Tocqueville, de la Démocratie en Amérique, choix de textes, introduction, notes, bibliographie et glossaire par Philippe Raynaud aux éditions Flammarion

PS : Bien entendu je suis preneur de toute remarque pouvant améliorer ce texte, notamment la partie où je parle de Durkheim, j'ai cité de tête et cela peut être incorrect. Sur la passivité des foules j'aurais pu citer Gustave Le Bon si j'avais lu son livre :hap: et je suis preneur de tout travaux mettant à jour sa théorie de la psychologie des foules.

J'essaiera de faire le même travail à partir du livre Dictateur et Roi, dont je vous laisse chercher l'auteur, qui livre aussi pas mal d'argument contre la démocratie et notre République (la IIIème dans le livre).

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
17 juillet 2019 à 21:45:44

Liste des idées clés:

1. Risque d'une substitution d'un choix guidé par la raison par un choix guidé par l'émotion.
2. L'opinion majoritaire risque de devenir la pensée incontestable.
3. Les médias surdéterminent le résultat des élections de par leur présentation partial des candidats.
4. Le risque de l'instauration de l'hégémonie de la pensée majoritaire se transformerait finalement en risque de l'instauration de l'hégémonie de pensées minoritaires.
5. Le peuple n'est pas capable d'auto-critique.
6. L'égalité sous tendue par la démocratie détruirait tout sentiment d'appartenance à un groupe social.
7. La démocratie conduit tout un chacun à faire valoir ses désirs, instaurant une société de la jouissance perpétuelle, où la frustration et l'auto-limitation des désirs cesserait d'exister, induisant le risque d’émergence d'un souverain ôtant toute liberté au peuple en contrepartie d'une jouissance perpétuelle.

Merci pour le partage.

Personnellement je ne suis pas du tout convaincu par les arguments, excepté le 3, le reste ne pouvant s'expliquer par la démocratie selon moi mais devant au contraire s'expliquer par les aspects non-démocratiques de notre société. D'ailleurs le point 3 ne fait que souligner cet élément ; l'élection n'est pas démocratique.

1. L'émotion ne doit pas être un repoussoir en politique, la raison ne se justifie pas par elle même, en dernier ressort elle se doit de servir les émotions puisqu'on gouverne, on s'organise, pour les personnes, pas pour les choses. C'est le bien commun, le bien du plus grand nombre, qu'il convient de chercher, or le bien s'identifie à un ressentit subjectif. On ne peut pas affirmer faire le bien de quelqu'un si on fait naître chez lui des émotions et sensations négatives, voilà ce que j'essaye de dire.
Le règne de la raison, c'est trop souvent le règne de la politique antipathique et des décisions politiques injustes, justifiées par des artefacts naturalisant le social tels les "loi de l'économie".

2. La démocratie suppose l'égalité citoyenne, l'égalité politique, or l’instauration d'une pensée unique est donc la négation de la démocratie puisqu'elle suppose l'asservissement de la minorité. Cet asservissement ne peut que résulter d'une inégalité politique, il n'y a pas de rapport de domination dans l'égalité, dans s'il s'établit un règne de la pensée unique, celle-ci ne peut qu'être le résultat des aspects non-démocratique de la société et non de la démocratie.

4. Idem.

5. Non. Mon contre argument n'a pas besoin d'être justifié, puisque tel que tu présentes l'argument 5 de Tocqueville il ne l'est pas non plus. Pourquoi donc le peuple ne serait pas plus capable d'auto-critique que n'importe laquelle de ses partie ? D'ailleurs postuler qu'une partie du peuple est capable d'autocritique, c'est déjà postuler que la peuple est capable d'autocritique. Seulement pourquoi donc la majorité du peuple serait dénué d'une telle capacité ?

6. La "conscience de classe" n'a jamais été très développée même dans les sociétés de caste. Expliquer que c'est la démocratie qui divise car elle nous rend tous autonomes, c'est sous tendre que les régimes non-démocratique unifient le peuple, or le pouvoir dans de tels régimes ne fait que diviser pour contrôler sa contestation, et lorsqu'il rassemble le peuple, c'est contre une tête de turque car on renforce mieux un groupe en focalisant les tension interne vers un élément externe ou marginalisé.

7. Pour moi le narcissisme contemporain est peut-être un fait social réel, mais il n'est pas l'effet de la démocratie, il est l'effet du capitalisme. Donc encore une fois d'un aspect non-démocratique de notre société.

Pseudo supprimé
Niveau 10
18 juillet 2019 à 18:58:04

Mis en favori pour lecture ultérieure :-)))

Francocuck
Niveau 7
18 juillet 2019 à 23:00:43

Le 17 juillet 2019 à 21:45:44 CHAT0N_BARBARE a écrit :

1. L'émotion ne doit pas être un repoussoir en politique, la raison ne se justifie pas par elle même, en dernier ressort elle se doit de servir les émotions puisqu'on gouverne, on s'organise, pour les personnes, pas pour les choses. C'est le bien commun, le bien du plus grand nombre, qu'il convient de chercher, or le bien s'identifie à un ressentit subjectif. On ne peut pas affirmer faire le bien de quelqu'un si on fait naître chez lui des émotions et sensations négatives, voilà ce que j'essaye de dire.
Le règne de la raison, c'est trop souvent le règne de la politique antipathique et des décisions politiques injustes, justifiées par des artefacts naturalisant le social tels les "loi de l'économie".

L’émotion est à mon sens quelque chose de très dangereux en politique et dans la gestion d’un Etat. Cela peut justifier des politiques qui justement ne satisferont pas le bien commun. Utiliser la peur, la pitié, la tristesse, la colère de la foule pour convaincre son auditoire et par extension ses électeurs est le propre de la Démagogie. Je te rejoins sur le fait que c’est le bien commun que tout dirigeant doit rechercher, d’une part parce que cela lui permettra de se faire réélire dans une République/Démocratie (il y a donc une pensée égoïste derrière) mais aussi par envie de rendre son pays pérenne. Le bien commun je l’entends au niveau national mais je ne suis pas sûr que tu l’entendes à cette échelle.

Au règne de la raison qui peut, comme tu l’as dit, tomber dans des calculs purement économiques j’opposerais le règne de la mesure, de la pesée des aspects négatifs et positifs. Oui dans une décision politique il faut prendre en compte les aspects économiques mais pas seulement, les aspects sociétaux, écologiques et tant d’autres vont aussi entrer en ligne de compte. L’émotion va influencer de manière irrationnelle en bien ou en mal la personne.

2. La démocratie suppose l'égalité citoyenne, l'égalité politique, or l’instauration d'une pensée unique est donc la négation de la démocratie puisqu'elle suppose l'asservissement de la minorité. Cet asservissement ne peut que résulter d'une inégalité politique, il n'y a pas de rapport de domination dans l'égalité, dans s'il s'établit un règne de la pensée unique, celle-ci ne peut qu'être le résultat des aspects non-démocratique de la société et non de la démocratie.

Et si la pensée unique s’instaure d’elle-même, progressivement à travers les citoyens. Si on part du principe que les citoyens sont eux-mêmes la source de cette pensée unique, sans qu’il y ait besoin d’intervention de l’Etat. Si on a ce phénomène de pensée de groupe qui s’instaure par lui-même. Peut-on dire que c’est antidémocratique ?

Le danger de la pensée unique est qu’il peut venir des citoyens et c’est un aspect de la démocratie, c’est une de ses limites. Le phénomène de pensée de groupe, d’instauration d’une pensée unique peut très bien se construire dans un environnement démocratique où toutes les personnes sont à égalité.

4. Idem.

Idem c’est-à-dire que tu pars du principe que c’est un aspect non démocratique ?

Je reformulerais ton postulat de départ :
Le risque de la tyrannie de la majorité qui briderait les idées adverses se transformerait en risque que les minorités agissantes, du fait de l’inaction de la majorité, installerais une hégémonie.

Je dirais qu’il y a plusieurs origines :

- d’une part le fait que l’égalitarisme laisse la possibilité de parler, à tous. Ainsi les personnes ayant le plus de force de persuasion, en utilisant la démagogie par exemple, auront exactement le même temps de parole et la même possibilité de parler que les autres. Et pourtant, en étant plus persuasif ils auront plus de chance de faire passer leur idée aux plus grands mondes. Mais ici, dans l’exemple cité on a une minorité qui fait du chantage à partir des valeurs démocratiques. Ces personnes utilisent le principe d’égalité pour discréditer un groupe aux yeux des autres et le principe de liberté. Mais ce n’est pas le fond du problème.

- il faut aussi s’intéresser à la partie économique et médiatique. Les idées populaires pour les politiques et les médias sont progressistes, même si ces idées sont minoritaires dans la société. Ces idées, sont en plus de cela propagé par des personnes extrêmement sensibles à la publicité ciblé, comme je l’ai fait remarquer. Les marques l’ont bien compris et elle exploite le filon en mettant des photos reprenant le drapeau LGBT par exemple. C’est véritablement une mode.

Donc nous avons une minorité qui exploite les idées de base de la Démocratie pour promouvoir son idéologie et en plus de cela, elle profite de l’apathie de la majorité et de la publicité des médias/entreprises pour sa promotion. Et c'est aussi dû à l'inaction de la majorité, individualiste, repliée sur elle-même qui laisse les minorités agissantes, agir justement.

5. Non. Mon contre argument n'a pas besoin d'être justifié, puisque tel que tu présentes l'argument 5 de Tocqueville il ne l'est pas non plus. Pourquoi donc le peuple ne serait pas plus capable d'auto-critique que n'importe laquelle de ses partie ? D'ailleurs postuler qu'une partie du peuple est capable d'autocritique, c'est déjà postuler que la peuple est capable d'autocritique. Seulement pourquoi donc la majorité du peuple serait dénué d'une telle capacité ?

Attention quand je parle de manque d’autocritique du peuple, c’est moi qui parle, pas Tocqueville. Mais je me rends compte que je ne me suis pas bien exprimé ici. La démocratie a une capacité de nivellement de la population, pas le haut et par le bas selon les individus. Quand on est dans une foule, égalitaire, où tout le monde peut s’exprimer, où tout le monde se ressemble, où en plus de cela on a un danger de la tyrannie de la majorité, le risque est l’absence d’autocritique.

Alors que si on a une société aristocratique, où les uns reçoivent la meilleure éducation et les autres rien, on aura inévitablement une classe plus érudite que l’autre. Je parlais ici d’un passage où Tocqueville regarde avec nostalgie les personnes qui étaient alors de sa caste. La majorité d’un peuple, fondue dans la masse n’est pas capable d’autocritique à cause d’instincts grégaire et de tyrannie de la majorité.

6. La "conscience de classe" n'a jamais été très développée même dans les sociétés de caste. Expliquer que c'est la démocratie qui divise car elle nous rend tous autonomes, c'est sous tendre que les régimes non-démocratique unifient le peuple, or le pouvoir dans de tels régimes ne fait que diviser pour contrôler sa contestation, et lorsqu'il rassemble le peuple, c'est contre une tête de turque car on renforce mieux un groupe en focalisant les tension interne vers un élément externe ou marginalisé.

Je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis. Je pense qu’une personne appartenant à une corporation était beaucoup plus proche de ses semblables qu’une personne syndiqué des autres membres de son syndicat. Parce qu’à l’époque de l’Ancien Régime, il y avait une idée de classe très développé. Combien de fois les bourgeois de Paris se sont alliés pour obtenir plus de liberté économique. Je pense par exemple au cas d’Etienne Marcel qui a voulu instaurer un contrôle de la monarchie et une plus grande liberté des villes face au futur Charles V quand Jean Le Bon était prisonnier à Londres. La classe bourgeoise avait déjà bien conscience d’elle-même. Les corporations qui unissent les travailleurs dans la vie courante, le travail sont des sociétés dans la société. Chaque profession avait sa corporation et on avait même des métiers héréditaires comme celui de bourreau par exemple.

Le régime aristocratique ne rassemblait pas le peuple dans son ensemble puisque l’égalité n’existait pas. Mais il rassemblait ou plutôt forçait à se rassembler les personnes suivant leur caste. Le peuple pouvait aussi se rassembler contre le pouvoir à cause de l’impôts, comme le cas des bonnets rouges et de la révolte des papiers timbrés.

7. Pour moi le narcissisme contemporain est peut-être un fait social réel, mais il n'est pas l'effet de la démocratie, il est l'effet du capitalisme. Donc encore une fois d'un aspect non-démocratique de notre société.

Je suis d'accord sur la responsabilité du capitalisme dans l'individualisme. Mais la partie théorique du capitalisme n'est elle pas démocratique ?
Quand on parts d'un modèle de CCP, on a bien un marché atomisé où il y autant de vendeurs que d'acheteur, où personne ne peut influencer les prix. Pour moi on est face à une forme démocratique.

Francocuck
Niveau 7
18 juillet 2019 à 23:02:53

Le 18 juillet 2019 à 18:58:04 dembele89 a écrit :
Mis en favori pour lecture ultérieure :-)))

Bonne lecture :oui:

Pimpin112
Niveau 10
23 juillet 2019 à 01:25:02

1. Risque d'une substitution d'un choix guidé par la raison par un choix guidé par l'émotion.

Les autres régimes ne font pas mieux. C'est le fait de débattre et de se confronter qui permet de faire des choix "plus" "raisonnables", donc c'est davantage de démocratie et plutôt moins de démagogues à élire ou au pouvoir.

2. L'opinion majoritaire risque de devenir la pensée incontestable.

Elle l'est déjà, mais ça reste moins pire qu'ailleurs.

3. Les médias surdéterminent le résultat des élections de par leur présentation partial des candidats.

Moui, pas chez les gens bien informés sur leur sujet, pas chez les gens politiquement engagés, pas vraiment chez les marginaux ou les gens qui se méfient des médias, ton entourage a plus d'influence, donc ne surdétermine pas, mais influence.

4. Le risque de l'instauration de l'hégémonie de la pensée majoritaire se transformerait finalement en risque de l'instauration de l'hégémonie de pensées minoritaires.

Je comprends pas trop comment, donc je lirai.

5. Le peuple n'est pas capable d'auto-critique.

LOL, pas moins que qui que ce soit alors.

6. L'égalité sous tendue par la démocratie détruirait tout sentiment d'appartenance à un groupe social.

Le fameux paradoxe (qui est d'ailleurs plutôt observable sur la panique morale que représente le racisme (je dis pas qu'il est une substance légitime ou qu'on ne peut agir dessus, on peut, mais sans sombrer dans l'hystérie (les nazis sont dans nos rues) alors que nous sommes dans des sociétés biens moins atteintes et que ce dernier est un enjeu de société), je pensai plutôt que l'idée était que la passion pour l'égalité marchait sur les libertés publiques chez Tocville.

7. La démocratie conduit tout un chacun à faire valoir ses désirs, instaurant une société de la jouissance perpétuelle, où la frustration et l'auto-limitation des désirs cesserait d'exister, induisant le risque d’émergence d'un souverain ôtant toute liberté au peuple en contrepartie d'une jouissance perpétuelle.

Ce que ce dernier ne pourra jamais garantir. Oui, la jouissance ce doit être perpétuelle, ça ne signifie pas qu'il n'y a pas d'auto limitation, suffit d'ailleurs d'observer les sociétés les plus démocratiques au Nord de l'Europe.

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Sujet : Critique de la Démocratie à partir des arguments de Tocqueville
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