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Politique

Sujet : Les avantages politiques de la democratie
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CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
13 septembre 2019 à 14:30:21

L'histoire des États du monde entier est jalonnée de coups d'États, de clans en lutte pour la mainmise sur le pouvoir central. Qu'on se souvienne, en France, des différentes familles qui se sont passées le pouvoir central. Charolingiens, Mérovingiens, Capétiens, Valois, Bourbons... L'histoire des dynasties françaises est inintéressante car beaucoup trop sinueuse ; et si ce n'est le nom de grands monarques qui ont réussi à stabiliser leur pouvoir comme Charlemagne, Louis XIV, ou encore Napoléon, personne ne s'ennuie à retenir le nom de tous ceux qui se sont cédés la couronne de France, tant ils sont nombreux.

Une rupture a lieu lors du renversement de la monarchie et de l'établissement de la République. Le pouvoir n'est alors plus donné à qui sait l'arracher, il est donné à qui sait le mieux le réclamer. La République place le chef de l'administration sous tutelle de ceux qu'il administre. Elle crée un lien d'interdépendance.
C'est cela la grande avancée politique de la République. Et aujourd'hui, quiconque fomenterait un coup d'État, aurait moins de légitimité que celui qui est élu, et, sans légitimité, aurait incroyablement plus de difficulté à se faire obéir.

Pourtant il ne faut pas être dupe non plus. La République met certes le chef de l'Etat sous tutelle des citoyens, mais la capacité de ceux ci à choisir leur chef est entravée par le processus électoral, qui tend à être kleptocratique. De ce fait, les figures capables de concourir à la fonction de président de la République ne sont pas bien nombreuses. Demain, nous savons déjà qu'un citoyen inconnu du grand public et sans assise dans les cercles du pouvoir, ne sera pas élu président. Les élections sont en quelques sortes déjà courues avant d'être jouées. Si nous ne savons pas les noms de ceux qui présideront, nous savons d'où ils viendront, nous pouvons prédire leur étiquette politique également.

Et c'est ce caractère kleptocratique de la République qui invite certains États totalitaires à se dissimuler sous un voile républicain. Ainsi en est-il par exemple de l'Algérie, qui a vu le président Bouteflika élu en 1999 avec 74% des voix, reconduit en 2004 avec 85% des voix, puis à nouveau en 2009 avec 90% des voix, alors même que la constitution interdisait un troisième mandat. Puis élu en 2014 avec 81% des voix, avant de démissionner en 2019 sous la pression des manifestations populaires. Pourtant c'est toujours l'État profond Algérien qui tient le pouvoir, avec à son sommet l'armée.
On peut également prendre l'exemple du président de Djibouti, élu en 1999, puis réélu en 2016 avec 87% des voix, n'hésite pas à empêcher toute forme de contestation en limitant la liberté de la presse et en chassant l'opposition.
Le cas de la Russie est tout aussi éclairant. Une république ne peut exister que si le système électoral est équitable, c'est à dire que si la liberté de la presse est garantit une couverture égalitaire des propositions de chaque candidats aux élections, mais également la délivrance d'une information non biaisée à la population. Cette liberté n'est possible que si le pouvoir médiatique est indépendant des autres pouvoir, et n'est pas à la botte d'intérêt privés.

Ainsi, plus de démocratie, c'est à dire la recherche de plus d'équité dans le processus électoral, mais également la lutte contre la collusion entre les pouvoirs administratifs, législatifs, judiciaires, bancaires, industriels et médiatiques, c'est à dire la lutte contre la corruption, est toujours un mieux vers lequel il faut chercher à tendre. Cette démocratie est autant garante de la stabilité du régime face aux luttes entre différents clans pour la mainmise sur le pouvoir, que de l'utilisation du pouvoir à des fins de soumission à l'intérêt de tous.

On peut alors voir d'un mauvais œil la concentration des richesses qui a cour ces dernières décennies dans les républiques des pays occidentaux.
Voici la croissance auxquels ont été confrontées les populations des pays occidentaux selon leur niveau de vie entre 1980 et 2016 :
https://www.noelshack.com/2019-37-5-1568374273-figure-212.png
Ce graphique n'est pas le signe d'une politique allant dans le sens des intérêts de tous. On voit bien que les intérêts des plus puissants sont favorisés. Ceci devrait amener chacun d'entre nous à remettre en cause les défaillances de nos républiques. La concentration des médias dans les mains d'une poignée d'industriels ultra-riches n'est pas signe de bonne santé d'une nation. Le renforcement des flux entre administration publique et entreprises privées, aussi appelé pantoufflage, ne l'est pas plus. La loi organique de 2016 contraignants les élus à rendre publics leurs parainages pour les fameuses 500 signatures requise pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle va dans le mauvais sens car elle augmente le risque de pression sur les élus afin d'obstruer le parrainnage de tel ou tel candidat. La loi des 500 parainages elle même est une loi kleptocratique. Il en va de même de la loi du 25 avril 2016 introduisant une modification des contraintes de médiatisation de l'élection présidentielle. Là où les candidats les plus modestes bénéficiaient d'un temps de parole égal à celui des favoris pendant un mois, ils n'y auront droit désormais que pendant 15 jours seulement.
On pourrait aligner les exemple du mauvais sens dans lequel se dirige la République française. Pourtant, si ce n'est pour une oligarchie qui détient déjà le pouvoir mais se voit encore trop contraintes par des institutions mettant leur arbitraire sous contrôle d'instances indépendantes, nous avons tous à perdre de cette politique.

Francocuck
Niveau 7
13 septembre 2019 à 18:40:54

L'histoire des États du monde entier est jalonnée de coups d'États, de clans en lutte pour la mainmise sur le pouvoir central. Qu'on se souvienne, en France, des différentes familles qui se sont passées le pouvoir central. Charolingiens, Mérovingiens, Capétiens, Valois, Bourbons... L'histoire des dynasties françaises est inintéressante car beaucoup trop sinueuse ; et si ce n'est le nom de grands monarques qui ont réussi à stabiliser leur pouvoir comme Charlemagne, Louis XIV, ou encore Napoléon, personne ne s'ennuie à retenir le nom de tous ceux qui se sont cédés la couronne de France, tant ils sont nombreux.

Au début je croyais que tu essayais de provoquer, mais en fait c'est juste de l'ignorance et de l'inculture. Les Capétiens ont gouvernés notre pays sans interruption de 987 à 1792. Il faudra attendre l'instauration de la IIème République pour ne plus avoir de descendants d'Hugues Capet sur le trône (que les Républicains ont brûlés d'ailleurs). Les Valois, Bourbons ne sont que des branches de cette immense famille qui nous a donné 37 rois. Je peux comprendre que l'on ne soit pas attiré par l'Histoire de son pays mais de là à la qualifier d'inintéressante c'est assez choquant et insultant. N'importe qui connaît Louis XIV, Saint Louis, Henri IV, François Ier contrairement à Mac-Mahon, Dalladier ou Perrier, pourtant ces personnes ont gouvernés la France bien plus tard. Nos Rois ont laissés des traces dans l'histoire de notre pays et de l'Europe contrairement à ces personnes élus pour 7 ans. Ce n'est pas ennuyant d'apprendre l'histoire de son pays et de ses dirigeants. Nous avons hérités de ce pays, il a été modelé par des centaines de génération et surtout par la volonté des puissants. Et oui, je fais le lien entre l'histoire de nos dirigeants et l'histoire de notre pays car bien souvent elle fut liée.

Une rupture a lieu lors du renversement de la monarchie et de l'établissement de la République. Le pouvoir n'est alors plus donné à qui sait l'arracher, il est donné à qui sait le mieux le réclamer. La République place le chef de l'administration sous tutelle de ceux qu'il administre. Elle crée un lien d'interdépendance.

C'est cela la grande avancée politique de la République. Et aujourd'hui, quiconque fomenterait un coup d'État, aurait moins de légitimité que celui qui est élu, et, sans légitimité, aurait incroyablement plus de difficulté à se faire obéir.

Au contraire les Bourgeois l'ont bien arrachés ce pouvoir, au mains de l'aristocratie, dans le sang. Les Rois qui héritaient de la couronne ne l'arrachaient pas, il recevait le trône de France car la race des bourbons était élu par Dieu. Je suis conscient que cela dépasse nos considérations contemporaine, surtout pour des athées et que nous ne pouvons comprendre ces époques. Il a bien fallu une guerre civile pour l'instaurer cette République. Concernant la légitimité, on peut quand même se poser la question si une personne élu par 51% des suffrages exprimés est légitime pour diriger tout le reste de la population (votant et non votant inclus). Il me semble que les élections telles qu'elles sont organisés dans notre pays pose de grave problème. D'ailleurs nos dirigeants ont du mal a se faire obéir, j'en prend pour preuve les grèves actuelles dans la région parisienne à cause de la réforme des retraites. La RATP n'accepte pas cette réforme, elle n'accepte pas les ordres du Président de la République et de son gouvernement.

Pourtant il ne faut pas être dupe non plus. La République met certes le chef de l'Etat sous tutelle des citoyens, mais la capacité de ceux ci à choisir leur chef est entravée par le processus électoral, qui tend à être kleptocratique. De ce fait, les figures capables de concourir à la fonction de président de la République ne sont pas bien nombreuses. Demain, nous savons déjà qu'un citoyen inconnu du grand public et sans assise dans les cercles du pouvoir, ne sera pas élu président. Les élections sont en quelques sortes déjà courues avant d'être jouées. Si nous ne savons pas les noms de ceux qui présideront, nous savons d'où ils viendront, nous pouvons prédire leur étiquette politique également.

J'aurais plutôt dit oligarchique mais je comprend le sens. Par contre le chef de l'Etat est inattaquable judiciairement parlant, je ne vois pas trop en quoi il serait sous tutelle des citoyens. On peut envisager un certain poids moral sur la conscience du Président lorsqu'il fait une action qui va à l'encontre de ses électeurs mais je ne pense pas que cela aille plus loin, au pire il ne sera pas réélu. La Vème République est assez permissive au niveau des capacités d'action du Président.
Je ne joue pas à Mme Irma concernant l'étiquette politique, mais on peut facilement prévoir que notre futur président ou présidente sera issu de Science Po et également de l'ENA. Il y a de grande chance qu'il appartienne à une classe aisée et qu'il en soit issus également.

Et c'est ce caractère kleptocratique de la République qui invite certains États totalitaires à se dissimuler sous un voile républicain. Ainsi en est-il par exemple de l'Algérie, qui a vu le président Bouteflika élu en 1999 avec 74% des voix, reconduit en 2004 avec 85% des voix, puis à nouveau en 2009 avec 90% des voix, alors même que la constitution interdisait un troisième mandat. Puis élu en 2014 avec 81% des voix, avant de démissionner en 2019 sous la pression des manifestations populaires. Pourtant c'est toujours l'État profond Algérien qui tient le pouvoir, avec à son sommet l'armée.

On peut également prendre l'exemple du président de Djibouti, élu en 1999, puis réélu en 2016 avec 87% des voix, n'hésite pas à empêcher toute forme de contestation en limitant la liberté de la presse et en chassant l'opposition.
Le cas de la Russie est tout aussi éclairant. Une république ne peut exister que si le système électoral est équitable, c'est à dire que si la liberté de la presse est garantit une couverture égalitaire des propositions de chaque candidats aux élections, mais également la délivrance d'une information non biaisée à la population. Cette liberté n'est possible que si le pouvoir médiatique est indépendant des autres pouvoir, et n'est pas à la botte d'intérêt privés.

Je ne crois pas que les valeurs de la République que l'on transfigure par magie en « Démocratie » soient universelles et doivent être exportés. Si on prend le cas de l'Algérie, c'est un pays qui fonctionne de manière clanique et historiquement tribale, on ne peut pas comprendre en tant qu'Européen ce que c'est. De même que dans certains pays d'Afrique, les dirigeants feront du népotisme et mettront des personnes de leurs ethnie aux postes importants. Cela vient de la construction de ces pays, de l'héritage que nous leur avons laissé. C'est d'ailleurs flagrant, à chaque fois ce sont des jeunes occidentalisés qui réclament ces idées de « Démocratie », montrant bien qu'il y a un écart entre la population traditionnel et la jeunesse occidentalisée. Et le problème c'est que depuis Napoléon nous n'avons aucune autres manières d'apporter ces idées qu'en faisant la guerre. Et d'ailleurs, nous ne devrions pas intervenir dans ces pays pour changer de régime à notre convenance, c'est de l'impérialisme.

Chaton_barbare, nos médias français sont possédés par 38 sociétés/Etats/Personnes privés (si j'ai bien compté). Source : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
Et le plus souvent ces médias ne subsistent que grâce aux aides de l'Etat. Il y a eu des scandales quant à la prépondérance de l'image d'Emmanuel Macron juste avant les élections de 2017 par exemple. Il y a des interactions entre les médias, les entreprises industriels, les Etats. Je ne crois pas que nous sommes en état de donner des leçons aux autres. Mais c'est un idéal à rechercher. En soit cela n'est pas dérangeant d'avoir des médias de gauche, de droite, et des extrêmes, l'important est qu'il faut avoir connaissance de la ligne de pensée de la rédaction, ce qui n'est pas affiché. Les médias se présentent tous comme objectif avec leur vérificateur de fait ("fact checker" pour les anglophiles) comme le Décodeur du monde, ce qui n'est pas le cas. La solution serait que le programme soit présenté par le candidat ou un média affilié au candidat pour que l'on ait la version orignal. Malheureusement j'ai l'impression que nous avions plus de pluralité en 1910 qu'aujourd'hui. On pouvait acheter l'Humanité, le Temps, l'Action Française, la Lanterne.

Ainsi, plus de démocratie, c'est à dire la recherche de plus d'équité dans le processus électoral, mais également la lutte contre la collusion entre les pouvoirs administratifs, législatifs, judiciaires, bancaires, industriels et médiatiques, c'est à dire la lutte contre la corruption, est toujours un mieux vers lequel il faut chercher à tendre. Cette démocratie est autant garante de la stabilité du régime face aux luttes entre différents clans pour la mainmise sur le pouvoir, que de l'utilisation du pouvoir à des fins de soumission à l'intérêt de tous.

Je suis d'accord avec cela.

Pour le reste de ton topic, je suis globalement d'accord avec toi.

CHAT0N_BARBARE
Niveau 10
14 septembre 2019 à 20:18:23

Le 13 septembre 2019 à 18:40:54 Francocuck a écrit :

L'histoire des États du monde entier est jalonnée de coups d'États, de clans en lutte pour la mainmise sur le pouvoir central. Qu'on se souvienne, en France, des différentes familles qui se sont passées le pouvoir central. Charolingiens, Mérovingiens, Capétiens, Valois, Bourbons... L'histoire des dynasties françaises est inintéressante car beaucoup trop sinueuse ; et si ce n'est le nom de grands monarques qui ont réussi à stabiliser leur pouvoir comme Charlemagne, Louis XIV, ou encore Napoléon, personne ne s'ennuie à retenir le nom de tous ceux qui se sont cédés la couronne de France, tant ils sont nombreux.

Au début je croyais que tu essayais de provoquer, mais en fait c'est juste de l'ignorance et de l'inculture. Les Capétiens ont gouvernés notre pays sans interruption de 987 à 1792. Il faudra attendre l'instauration de la IIème République pour ne plus avoir de descendants d'Hugues Capet sur le trône (que les Républicains ont brûlés d'ailleurs). Les Valois, Bourbons ne sont que des branches de cette immense famille qui nous a donné 37 rois. Je peux comprendre que l'on ne soit pas attiré par l'Histoire de son pays mais de là à la qualifier d'inintéressante c'est assez choquant et insultant. N'importe qui connaît Louis XIV, Saint Louis, Henri IV, François Ier contrairement à Mac-Mahon, Dalladier ou Perrier, pourtant ces personnes ont gouvernés la France bien plus tard. Nos Rois ont laissés des traces dans l'histoire de notre pays et de l'Europe contrairement à ces personnes élus pour 7 ans. Ce n'est pas ennuyant d'apprendre l'histoire de son pays et de ses dirigeants. Nous avons hérités de ce pays, il a été modelé par des centaines de génération et surtout par la volonté des puissants. Et oui, je fais le lien entre l'histoire de nos dirigeants et l'histoire de notre pays car bien souvent elle fut liée.

Tu fustige ces personnes élues pour 7 ans, mais rares sont les rois à avoir eu une telle longévité.
Non ce n'est pas ennuyeux d'apprendre l'histoire de son pays si elle est racontée par un bon pédagogue, mais elle est bien loin de se réduire à l'histoire de ses dirigeants, et ceux ci ont trop longtemps eu les honneurs, il est temps de rétablir un peu de justice en ce domaine. L'histoire dynastique n'a littéralement aucun intérêt. Je n'y vois qu'ennuie. Ce n'est pas volontairement que je blesse le passionné d'histoire dynastique que tu sembles être, mais c'est volontairement que je provoque. On a assez de ces Stéphane Bern, Laurent Deutsch &co.

Une rupture a lieu lors du renversement de la monarchie et de l'établissement de la République. Le pouvoir n'est alors plus donné à qui sait l'arracher, il est donné à qui sait le mieux le réclamer. La République place le chef de l'administration sous tutelle de ceux qu'il administre. Elle crée un lien d'interdépendance.

C'est cela la grande avancée politique de la République. Et aujourd'hui, quiconque fomenterait un coup d'État, aurait moins de légitimité que celui qui est élu, et, sans légitimité, aurait incroyablement plus de difficulté à se faire obéir.

Au contraire les Bourgeois l'ont bien arrachés ce pouvoir, au mains de l'aristocratie, dans le sang. Les Rois qui héritaient de la couronne ne l'arrachaient pas, il recevait le trône de France car la race des bourbons était élu par Dieu. Je suis conscient que cela dépasse nos considérations contemporaine, surtout pour des athées et que nous ne pouvons comprendre ces époques. Il a bien fallu une guerre civile pour l'instaurer cette République. Concernant la légitimité, on peut quand même se poser la question si une personne élu par 51% des suffrages exprimés est légitime pour diriger tout le reste de la population (votant et non votant inclus). Il me semble que les élections telles qu'elles sont organisés dans notre pays pose de grave problème. D'ailleurs nos dirigeants ont du mal a se faire obéir, j'en prend pour preuve les grèves actuelles dans la région parisienne à cause de la réforme des retraites. La RATP n'accepte pas cette réforme, elle n'accepte pas les ordres du Président de la République et de son gouvernement.

Aucun dirigeant n'a jamais gouverné sans résistance, et si un président est élu a une courte majorité, il a toujours plus de légitimité qu'une personne non élue.

Bien sûr dans mon message je dresse un portrait idyllique de la République, avant de revenir dessus. En réalité je ne suis personnellement pas favorable au système électoral.

La République a fait couler presque autant de sang que la monarchie.

Pourtant il ne faut pas être dupe non plus. La République met certes le chef de l'Etat sous tutelle des citoyens, mais la capacité de ceux ci à choisir leur chef est entravée par le processus électoral, qui tend à être kleptocratique. De ce fait, les figures capables de concourir à la fonction de président de la République ne sont pas bien nombreuses. Demain, nous savons déjà qu'un citoyen inconnu du grand public et sans assise dans les cercles du pouvoir, ne sera pas élu président. Les élections sont en quelques sortes déjà courues avant d'être jouées. Si nous ne savons pas les noms de ceux qui présideront, nous savons d'où ils viendront, nous pouvons prédire leur étiquette politique également.

J'aurais plutôt dit oligarchique mais je comprend le sens. Par contre le chef de l'Etat est inattaquable judiciairement parlant, je ne vois pas trop en quoi il serait sous tutelle des citoyens. On peut envisager un certain poids moral sur la conscience du Président lorsqu'il fait une action qui va à l'encontre de ses électeurs mais je ne pense pas que cela aille plus loin, au pire il ne sera pas réélu. La Vème République est assez permissive au niveau des capacités d'action du Président.
Je ne joue pas à Mme Irma concernant l'étiquette politique, mais on peut facilement prévoir que notre futur président ou présidente sera issu de Science Po et également de l'ENA. Il y a de grande chance qu'il appartienne à une classe aisée et qu'il en soit issus également.

Le président est sous tutelle des citoyens pour accéder à cette fonction, une fois qu'il y est, il est en route libre.
Je suis tout aussi critique que toi sur ce point, mais là où j'ai la sensation que tu prends cela comme un argument en défaveur de la République, de mon côté je le prend comme un argument en faveur d'une république qui tende vers plus de démocratie.

Et c'est ce caractère kleptocratique de la République qui invite certains États totalitaires à se dissimuler sous un voile républicain. Ainsi en est-il par exemple de l'Algérie, qui a vu le président Bouteflika élu en 1999 avec 74% des voix, reconduit en 2004 avec 85% des voix, puis à nouveau en 2009 avec 90% des voix, alors même que la constitution interdisait un troisième mandat. Puis élu en 2014 avec 81% des voix, avant de démissionner en 2019 sous la pression des manifestations populaires. Pourtant c'est toujours l'État profond Algérien qui tient le pouvoir, avec à son sommet l'armée.

On peut également prendre l'exemple du président de Djibouti, élu en 1999, puis réélu en 2016 avec 87% des voix, n'hésite pas à empêcher toute forme de contestation en limitant la liberté de la presse et en chassant l'opposition.
Le cas de la Russie est tout aussi éclairant. Une république ne peut exister que si le système électoral est équitable, c'est à dire que si la liberté de la presse est garantit une couverture égalitaire des propositions de chaque candidats aux élections, mais également la délivrance d'une information non biaisée à la population. Cette liberté n'est possible que si le pouvoir médiatique est indépendant des autres pouvoir, et n'est pas à la botte d'intérêt privés.

Je ne crois pas que les valeurs de la République que l'on transfigure par magie en « Démocratie » soient universelles et doivent être exportés. Si on prend le cas de l'Algérie, c'est un pays qui fonctionne de manière clanique et historiquement tribale, on ne peut pas comprendre en tant qu'Européen ce que c'est. De même que dans certains pays d'Afrique, les dirigeants feront du népotisme et mettront des personnes de leurs ethnie aux postes importants. Cela vient de la construction de ces pays, de l'héritage que nous leur avons laissé. C'est d'ailleurs flagrant, à chaque fois ce sont des jeunes occidentalisés qui réclament ces idées de « Démocratie », montrant bien qu'il y a un écart entre la population traditionnel et la jeunesse occidentalisée. Et le problème c'est que depuis Napoléon nous n'avons aucune autres manières d'apporter ces idées qu'en faisant la guerre. Et d'ailleurs, nous ne devrions pas intervenir dans ces pays pour changer de régime à notre convenance, c'est de l'impérialisme.

On aurait tord de penser que le pouvoir a un jour fonctionné autrement que de manière clanique. C'est justement ce que je dénonce. Et si c'est aujourd'hui moins prononcé dans les pays occidentaux que dans le reste du monde, nous ne dérogeons toujours pas à cette règle. C'est grâce à un équilibre des pouvoirs plus prononcé qu'ailleurs, que nos sociétés sont réputées pour le degré de liberté qu'elles accordent à leurs citoyens. Cependant cet équilibre des pouvoir est récent, et il a moins souvent été concédé par la persuasion moral de ceux qui le détenaient que pas la force réunie, de ceux qui n'en avaient séparément aucun.

Chaton_barbare, nos médias français sont possédés par 38 sociétés/Etats/Personnes privés (si j'ai bien compté). Source : https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA
Et le plus souvent ces médias ne subsistent que grâce aux aides de l'Etat. Il y a eu des scandales quant à la prépondérance de l'image d'Emmanuel Macron juste avant les élections de 2017 par exemple. Il y a des interactions entre les médias, les entreprises industriels, les Etats. Je ne crois pas que nous sommes en état de donner des leçons aux autres. Mais c'est un idéal à rechercher. En soit cela n'est pas dérangeant d'avoir des médias de gauche, de droite, et des extrêmes, l'important est qu'il faut avoir connaissance de la ligne de pensée de la rédaction, ce qui n'est pas affiché. Les médias se présentent tous comme objectif avec leur vérificateur de fait ("fact checker" pour les anglophiles) comme le Décodeur du monde, ce qui n'est pas le cas. La solution serait que le programme soit présenté par le candidat ou un média affilié au candidat pour que l'on ait la version orignal. Malheureusement j'ai l'impression que nous avions plus de pluralité en 1910 qu'aujourd'hui. On pouvait acheter l'Humanité, le Temps, l'Action Française, la Lanterne.

Oui, après bien sûr il ne suffit pas d'avoir une ligne éditoriale assumée publiquement, il faut également un équilibre médiatique permettant de diffuser des opinions réellement contradictoires, afin de laisser chacun trancher en conscience de cause.

Ainsi, plus de démocratie, c'est à dire la recherche de plus d'équité dans le processus électoral, mais également la lutte contre la collusion entre les pouvoirs administratifs, législatifs, judiciaires, bancaires, industriels et médiatiques, c'est à dire la lutte contre la corruption, est toujours un mieux vers lequel il faut chercher à tendre. Cette démocratie est autant garante de la stabilité du régime face aux luttes entre différents clans pour la mainmise sur le pouvoir, que de l'utilisation du pouvoir à des fins de soumission à l'intérêt de tous.

Je suis d'accord avec cela.

Pour le reste de ton topic, je suis globalement d'accord avec toi.

Finalement on semble partager un avis similaire alors :-)

Minotaure_54
Niveau 10
14 septembre 2019 à 20:38:07

La vraie démocratie c'est l'autogestion.
Les représentants usurperont toujours le pouvoir au peuple.

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Sujet : Les avantages politiques de la democratie
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