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Sujet : [Nouvelle Policier/Drame] Mourir 2 Fois
1
-Guigs-
Niveau 6
02 mars 2017 à 13:39:00

Bonjour à tous,
Vous trouverez ici les "brouillons" de mes chapitres de 2e roman
Merci pour votre lecture
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Chapitre 1

Par où je commence ?
Comment je commence ?
Et même pourquoi ou pour qui je commence ?
Ça fait trois fois que j’efface ces premières lignes et que je les récris. Qu’est-ce que ça changera de toute façon ?
On dit qu’écrire c’est répondre à un besoin. J’espère que c’est vrai car j’ai besoin d’exorciser certaines choses, et d’en expliquer d’autres.
Par où je commence ?
Par la salle d’attente du docteur Petit.
Une douleur chronique, des sensations étranges, quelques examens complémentaires. Trois fois rien, juste pour confirmer que tout va pour le mieux.
Perdu, ou plutôt gagné vu que j’ai, en quelques sortes, tiré le gros lot. J’étais confiant en rentrant dans le cabinet, la tronche du médecin m’a fait viré au livide. A la fin de sa première phrase mes oreilles bourdonnaient tellement que je me serais cru au Hellfest à côté des enceintes.
Pas de cancer non, cela aurait été trop simple et potentiellement soignable. Au lieu de cela, elle m’a annoncée une maladie génétique, j’avoue ne pas avoir retenu le nom, pourquoi faire ? Ça ne se soigne pas et je n’écris pas un épisode de Docteur House. J’aurais pourtant préféré un lupus en conclusion d’un diagnostic différentiel mêlant professionnalisme, vannes et problèmes personnels. Ou Scrubs à la limite, plus marrant, jamais très grave et assister à un sermon de Cox en vrai aurait pu valoir le détour.
Pour en revenir à la maladie : mortelle bien sûr, durée de vie estimée : 6 à 8 mois. En général les médecins ne se ratent pas sur le restant à vivre. Ils devraient être plus considérés comme des thanatologues que comme des docteurs en médecine vu la précision de leurs prédictions.
Vous feriez quoi avec, en moyenne, 7 mois à vivre ? Moi j’ai fait ce que tout le monde fait ou presque en pareille occasion (je me suis documenté après coup) : rien. J’ai accusé le coup, fait semblant d’y croire, accepter une carte de psy pour le soutien psychologique, pour me retrouver déambulant dans la rue (après avoir payé mes 29€ de consultation tout de même, un condamné devant s’acquitter de ses frais avant de mourir) en ayant l’impression d’être sorti d’une salle de ciné. Mais non ce n’était pas un mauvais film français mais bien ma vie ou ce qu’il en reste.
N’y voyez aucun signe dans ce palindrome horaire mais ce n’est que vers 21h12 que j’ai commencé à réaliser. J’ai pleuré toute la nuit, et le lendemain je suis parti bosser. Je me nomme Stéphane Vounier au fait.

Chapitre 2

Je m’appelle Olivier Kermin, et ça fait 10 minutes. 10 minutes, à peu près, que je cherche une belle manière de commencer ce journal. Une belle punchline pour une belle intro, vu que la conclusion est déjà connue et que je ne suis pas sûr d’être en mesure de l’écrire moi-même, car voyez-vous je vais décéder sous peu.
Plus que six mois, à peu près, à patienter. Une maladie mortelle mais un truc original attention. Pas un petit cancer dont tu meurs après six mois de traitements intensifs en ayant l’air d’y croire. Une maladie rare, génétique. Bien heureux, pour une fois, de n’avoir ni enfants, ni frères, ni sœurs. Quant à mes parents : adoptifs. Complétons la fiche signalétique : cadre dans une société de service informatique.
Ma première décision suite à cette nouvelle ? Donner mes DVD de Dr House.
Ma seconde : Contacter tout ce que je pouvais d’amis pour une grosse soirée. Je me suis creusé la tête pour trouver comment leur annoncer. Un par un ? Magistralement ? Y-a-t-il seulement une bonne manière de le faire ?
Nous savons tous la difficulté de réunir une trentaine de trentenaire (pure coïncidence) pour une soirée : entre les fatigués du taf, les enfants à garder, les promesses de nouvelles conquêtes ou les visites de famille … Il a fallu que j’insiste lourdement pour qu’ils fassent l’effort et décommandent ce qu’ils avaient déjà prévu, que je fasse miroiter une annonce importante.
J’ai fait les choses en grand, je ne suis pas un manche en cuisine mais vivant seul j’ai rarement l’occasion de me motiver à sortir plats et recettes plus compliquées que les spaghettis au pesto.
Il y a une chanson d’Aston Villa (le groupe de rock Français, pas le club de football) Slowfood, qui m’a toujours mis l’eau à la bouche. Je m’étais juré de l’utiliser pour un repas de réveillon. Vu que niveau timing on risque d’être un peu court, c’est l’occasion ou jamais. Pour les paroles ça donne ça (merci Internet)
Pascaline d'omble chevalier, fine escalope pochée dans une infusion d'herbes fraîches, au poivre de Madagascar. Gelée au vin de paille, bouquet d'écrevisses liées d'un sabayon au cédrat. Millefeuille croustillant au château Climace 1995, pressé de chou, cœur de bœuf, et chair de tourteaux assaisonné d'un beurre fondu, cerfeuil et miel d'arbousier, une déclinaison d'asperges vertes et blanches. Pigeon Gaultier rôti entier, puis terminés à l'étouffé dans un poivron rouge, galette d'oignons cebettes aux fruits sec, miroir cassili de vin, échalotes confites et trait de chocolat amer.
Les poissons bleus : Pavé de boni, cuits en cocotte, terminé dans un jus de Lisay au Vadouvert, escabette de sardines à l'aubergine, poêlée de thon rouge, lié d'un suc de crevettes grises, pissaladière d'anchois frais, au pool de chou.
Les langoustines: Trois préparations de langoustines bretonnes grillées, terre de sienne, en tartare et en mousseline, infusion de crustacés aux girolles liées au caroube, salade de morgiboule, tuile, amandes et citron vert
La charcuterie fine : Ballottine de fois de canard aux graines de moutarde, râpée de chorizo, pâté de veau truffé, chiffonnade de poirées rouges, bouillon cultivateur belota tartinée d'une pâte de figues au Xérès, lomo portugais, coppa corse, et oreilles craquantes de cochon, tarte fine au lard colonna, tomates et poires sèches au romarin, boudin noir maison à la cannelle.
Le biscuit soufflé à la vanille : vanille de Tahiti, cascade napolitaine, spirale de caramel à l'angélique, petit biscuit tiède
Le homard en trois services, petit homard bleu, poché au moment, puis simplement enrobé d'un beurre noisette, gingembre et citron bergamote, boconcini, haricots, viande et pinces, en salpicon, consommé glacé à l'amande verte, foccachia couraillée.
Le bar : Bar de ligne cuit entier en papillote au citron de menton, jus de cuisson « Jodhpur » à l'orge perlé, pulpe glacée de pommes vertes, coriandre fraîche et coco râpé
Le biscuit soufflé à la chartreuse : Liqueur verte des pères chartreux, chartreuse jaune, paillettes et en gelée. Trois petites pâtisseries célestes : un sacristain, une religieuse, un capucin.
Accompagné du double d’alcool nécessaire pour trente comas éthyliques.
Au fait ? Pourquoi je vous impose ma prose ? Une idée de mon psy. Il parait que ça va m’aider à ne pas péter un plomb trop vite. Autant laisser une trace de qui j’étais, au moins pour les trente amis.
Mais avant la fête, le boulot, j’aurais pu annoncer ma démission via la lettre recommandée d’usage, mais ça aurait manqué de panache, et puis une occasion comme celle-ci ne risquait pas de se présenter à nouveau. Sauf si on croit en la réincarnation bien sûr.
Une société de service informatique, ça cherche à rendre service en se mettant au service de son client. Dans mon cas une grosse société du Cac40. Elle nous donne beaucoup de devoirs et peu de droits et comme l’univers aime l’équilibre, on lui donne l’exact inverse. Bon, nous ne sommes pas philanthropes non plus, on ne fait pas ça pour la beauté du geste. Mais je ne sais pas pourquoi, je n’ai jamais rencontré de client pleinement heureux de travailler avec nous. Je pense que l’être humain préfère l’autarcie.
Alors, lors de la grande messe mensuelle, théâtre habituel des plus belles séances d’autocongratulation et, au passage, de la signature de la facture, lorsque j’ai dû parler de l’avancement des projets en cours, il se peut que j’ai un tantinet balancé que j’attendais depuis un an et demi, les plannings, documentations, validations des procédures et autres livrables et que le défaut de management de leur côté commençait à peser lourdement. Tout cela aurait pu passer sans mon dernier slide Powerpoint affichant une photo des toilettes une énième fois bouchées (mais tout de même utilisées) avec la mention : Pour Avoir une petite idée du sérieux d’une entreprise, visiter ses W.C
Stupéfaction et mutisme, regards plongeants vers la table des deux côtés. Balbutiements et début d’explications foireuses du côté de mon management coupées par l’annonce de ma démission. Et je parti tel un prince fier de sa propre magnanimité après avoir épargné des condamnés à mort.
Un remake de « au revoir, au revoir président. »
J’ai fait un dernier détour par mon bureau, tandis que mes responsables tentaient de rattraper ce qui pouvait l’être. J’ai prévenu mes proches collègues en leur rappelant de ne pas manquer ma petite soirée. Suis allé voir les plus casse-couilles, pour qu’enfin quelqu’un leur dise à quel point ils l’étaient (vu qu’en général personne ne leur dit de peur de les rendre encore pire) et ai joué un remake de mon départ princier.

-Guigs-
Niveau 6
06 mars 2017 à 14:25:32

Chapitre 3

Putain mais pourquoi je suis parti bosser ? Je vais mourir putain ! Bon comme tout le monde, mais plus vite que la plupart.
Classer des dossiers papier à raison de 8h/jour à mesure qu’ils sont demandés et rendus par les juristes … Dans dix ans mon métier aura lui aussi disparu, mon successeur remplacé par un bras mécanique piloté par une application qui bug.
Putain de boulot No Brain, répétitif au possible qui t’empêche de réfléchir à quoique ce soit. On pourrait croire l’inverse, pas de réflexion donc dérivation des fonctions cognitives vers des sujets plus intéressants. Ben mon cul !
La première semaine à la limite. Arrive très vite la démotivation suivie de la démoralisation et suivant votre caractère : résignation, dépression ou rienAfoutration.
J’écris ces lignes durant ma pause de 10h et je viens de réaliser que je suis en train de perdre le peu de temps qu’il me reste. Bon tentons d’optimiser ce peu de temps justement.
Je ne sais pas ce que je vais en faire, mais je vais avoir besoin de thunes ça c’est sûr. Allez direction RH !
Pleurer est un talent, émouvoir peut être un métier. Ça me rappelle un bouquin que j’ai lu étant môme, le premier qui m’a donné envie de lire autre chose que des Tintin et des Spiderman. « Au Bonheur des Ogres » de D.PENNAC : l’histoire de Benjamin Malaussene, salarié pour encaisser les plaintes des clients du grand magasin qui l’emploie. S’il chialait assez, le client retirait sa plainte et il était payé. Ben va falloir s’en inspirer pour repartir avec une rupture conventionnelle et un chèque intéressant. Mais ce talent je ne l'ai pas et pour la première fois de ma vie professionnelle j'envisage d'aller voir notre syndicat pour un coup de main. Je suis un français moyen, je ne me syndicalise pas, je rie d'eux ou les conspue (surtout durant les grèves) mais dès que j'en ai besoin je rampe à leur bureau.
Et Michel le syndiqué aux trois lettres m'écoute, l’œil endormi, la face léthargique, et les lèvres prêtes à ronfler. Lorsque je termine mon histoire (très courte) il ne réagit pas. Ma mort semble être d'un ennui …
Je me prépare à l'insulter comme il se doit lorsqu'il se redresse vers moi. Me regarde dans les yeux et pars dans un monologue sur la lutte des classes où chaque phrase le réveille un peu plus. Il m'explique que ce qui me tue c'est l'oppression, que ma maladie n'est que conséquence de l'asservissement du petit peuple que je représente. Il s'illumine à l'évocation de Marx et Engels. Il rajeuni de 50 ans (alors qu'il n'en a pas 40) se remémorant un printemps 68 qu'il n'a connu que dans les livres et les tracts. Il parle de ma condition, me promet le combat et la victoire. Il détaille ma vie dans la société, détaillant les victoires obtenues et les échecs qu'on m'a collé injustement sur le dos. Harcèlement moral, ambiance délétère maintenue à dessin entre les employés. Immaturité et tyrannie du management m'ayant poussé à la porte de la dépression à de multiples reprises. Rabaissement ininterrompu de mon faible ego (sic).
Seul petit bémol, je ne me reconnais absolument pas dans son récit. Il attendait un prétexte pour en faire un cheval de bataille, il est en train d'harnacher un poney d'une armure de guerre.
Bah, si son imagination, sa démagogie et son sophisme peuvent m'avoir deux, trois chèques vacances en plus, allons-y ! Je veux bien être en première ligne pour une fois. Napoléon nous voilà ! Espérons que le bureau des ressources humaines sera Austerlitz et non Waterloo.
Mon Michel est remonté comme en 1936 (période qu'il n'a bien évidement pas connue non plus) lors des grèves pour l’obtention des premiers congés payés. Pas de préparation, trop longtemps qu'il est sur le banc de touche de la revendication. Les RH on y va maintenant !
Je frappe trois fois à la porte, comme au théâtre. Première erreur, ça va se voir que je sur-joue … quoique je vais mourir, j’ai même un mot du docteur ! Comment je pourrais sur-jouer ? Et puis à coté de Michel je suis sûr de faire sobre.
On investit le bureau et Michel dégaine, calme toi mon grand tu en vas pas tenir 5 minutes. Je le calme un peu et expose le thème principal sans donner la cause (garder des cartouches pour le débat, jouons-là stratégique). La gentille RRH me regarde médusée et appelle mon responsable. Michel s'emporte un peu l’accusant de jouer la montre, de noyer le poisson. Mais non c'est la procédure classique, il est normal que …
Alors on se pose et on boit un petit café en attendant dans le silence.
Je me suis toujours demandé si certains métiers pouvaient avoir une cohérence physique dans leurs recrues. A-t-on déjà vu une esthéticienne moche ? De mémoire d'homme non. Il doit y avoir un certain darwinisme dans les métiers, une sélection naturelle, cela reviendrait à aller voir un médecin toujours malade ou un garagiste dont la voiture est en panne constamment. Ça n'aurait pas de sens. Et bien à mon moyen étonnement, les RH c'est pareil, dans toutes les boites où j'ai fait, ne serait-ce qu'un entretien d'embauche, toutes les membres des RH étaient des femmes fort charmantes (pour ne pas dire plus). Jamais d'hommes, jamais de repoussoirs. Je veux bien être chanceux (mouais en fait non) mais à ce niveau statistique … Et Brigitte, que nous avons en face de nous, bien qu'ayant un prénom ayant dépassé la date de péremption, ne déroge pas à la règle. Et Michel, tout syndicaliste qu'il est, n'en étant pas moins homme, commence à s'en souvenir.
« Sympa tes bracelets »
C'est vrai qu'ils sont sympas, de grands bracelets en métal clair, peut-être de l'argent ou du …
« Un cadeau peut être ? »
Oui peut être, joli cadeau ceci dit, j'imagine que Michel veut lui faire comprendre qu'un tel bracelet elle ne pourrait se l'acheter seule, qu'elle est donc de notre côté, nous petit peuple qui formons le …
« Un amant sans doute »
Ami, il a voulu dire ami et sa langue à fourch..
« Tu dois avoir un lit à barreau chez toi »
Euh, alors là j'ai beau avoir vu tous les épisodes de Sherlock, le lien n'est pas des plus ...
« Pour t’enchaîner, je suis sûr qu'avec des bracelets comme ça tu dois aimer être menottée »
Deux visages médusés regardent l'avatar du prolétariat digresser sur son phantasme de la lutte des classes. Non il n'a pas voulu dire ami du tout en fait.
Regard vers la RH qui me regarde puis regarde Michel pour revenir vers moi. J'y suis pour rien choupette. Choupette qui semble être prise de légers tremblements dans les avant-bras. Ça va partir et ça va pas être bon pour moi non plus. Alors j'interviens. Tu aimes ça les monologues et les discours engagés, tu vas être servi mon bonhomme. Moi aussi je peux broder sur le machisme et le sexisme, opposer la lutte des sexes à la lutte des classes tout en ne m'étant jamais intéressé à la condition féminine dans la société (déjà du mal à trouver la place de ma propre condition). Je flirte avec l'impolitesse quand je le compare à un phacochère dans son placard qu'il s'est construit lui-même à grand coups d'idées toutes faites qu'il a apprises lors des manifestions bi annuelles entre République et Bastille. Résultat Michel regarde ses godasses, esquisse un début d'excuse, puis se casse avec une rapidité qu'on n'aurait pu lui soupçonner, nous laissant Brigitte, toujours médusée, et moi essoufflé de cette tirade.
Résultat, pas de responsable, j'expose mon problème, ma maladie, Brigitte compatis, en pleure presque et me promet des congés payés jusqu'à la fin de ma vie, avec un petit bonus se comptant en mois de salaire.
Merci Michel

Chapitre 4

Ils vont venir, pas tous mais au moins les principaux. Vont rester chez eux les conjoints et conjointes trop fatigués pour faire le déplacement « et puis demain y a cours de yoga aquatique / maman qui vient / jour de marché » (entourez la bonne solution). Je m'affaire aux derniers préparatifs, surtout la gestion de l'alcool (une facture terrible !) lorsque le téléphone sonne : les désistements de dernière minute, qui arrivent toujours mais qu'on ne souhaite pas voir arriver. Je me surprends à m'entendre les supplier de venir en argumentant sur l'importance vitale (ahahah) de la soirée, qu'elle se doit d'être festive, qu'elle ne peut l'être sans eux, que tous seront là, même ceux qu'ils apprécient moins, mais que j'ai besoin de leur présence. Alors ils acceptent, un peu à contrecœur, en grognant, mais ils viendront. S'ils savaient … Bah ! Ils sauront bientôt.
J'ai prévenu les voisins, gentil geste de ma part, quand on sait à quel point ils peuvent être casse-couilles imprévisiblement.
Chers, très chers voisins
C'est avec une joie certaine et une émotion particulière que je vous annonce, par la présente, qu'une grosse soirée est en cours de préparation. Point de pendaison de crémaillère puisque je suis parmi vous depuis quelques temps déjà, et que cette pauvre crémaillère n'a pas pu être pendu (manque de place et plafond un peu bas) mais bien écartelée, éviscérée et autres joyeusetés qui nous sont, à l'époque, passées par la tête.
La date fixée à ce jour est vendredi prochain. Je me permets de vous prévenir car le niveau sonore risque d'être un tantinet plus élevé qu'a l'accoutumé au niveau de l'appartement soit 4e étage 2e gauche.
Si le niveau en question est insupportable ou que l'envie vous prend, vous pouvez toujours venir boire un verre.
Dernière petite précision, la soirée est costumée (nous n'allons pas réellement costumer la soirée, ce sont les gens qui le seront, bref …) n'ayez pas peur si, dans les parties communes, vous croisez des êtres étrangement vêtus à une heure plus ou moins avancée de la même soirée.

Le carnage est prévu pour 20h. A 20h10 les premiers arrivent, ils n'ont pas le temps de s’asseoir qu'ils ont déjà un shot derrière la cravate et un cocktail dans la main.
C'est amusant de voir à quel point tous les groupes d'amis peuvent se ressembler. Nous avons tous des amis en couple (Clark Kent et Loïs Lane) qui, estimant avoir réussi leur vie, se répandent en conseils sur la vie des autres. Conseils qui consistent souvent à « faire comme eux. »
Vient ensuite le couple construit sur un idéal physique (Le pompier en uniforme et sa danseuse du ventre). Il voulait une grande brune, elle un mec sportif et donc baraqué (oui apparemment ça va forcément de pair). Voilà fin de la liste des atomes crochus se décrochant peu à peu, surtout à mesure que d'autres sportifs ou grandes brunes passent à proximité.
Nous évoquerons aussi le couple trop heureux de tout (Batman et la schtroumpfette ), ils sont heureux et ça dégouline de guimauve, tout n'est que joie et bonheur même les petits tracas sont des occasions de renforcer cette utopie. En trois mots comme en cent, ils sont chiants. Rien n'existe en dehors de ce système autarcique.
Et puis il y a leurs variantes en couple ou célibataires : les aigris, les libidineux, les timides, les asexués, les refoulés, les pleins d'espoir et les blasés : Cendrillon, Clark Kent (oui un second, il faut bien avouer que le costume est facile à faire), Scream, le vampire, le prêtre, le braqueur et le flic, Bob L'éponge, Elvira, le zombie et la chasseuse de zombies.
Mais sur le moment je m'en fous, ils peuvent avoir tous les défauts du monde, je les aime ces petits cons et je redoute de plus en plus de leur annoncer. Mais quel autre choix ?
Nous sommes repus, la musique nous assourdit et nous fait parler fort, à moins que ne soit l'alcool. Et alors que je me dis que je vais laisser filer, le prêtre coupe le son et se retourne vers moi, verre levé
« Alors ! C'est quoi cette nouvelle mon grand ?»
Ben tu vois mon père, le grand là il se ratatine. Le pire dans les annonces, c'est quand le moment nous est imposé. Mais bon je les ai fait venir, je peux pas leur vendre une promotion, encore moins une démission, tous les regards sont sur moi, tous appellent à la révélation.
Alors révélation il y aura, je pose mon verre, arrête d’enlacer cendrillon et cesse de me rêver en cordonnier. Et je leur dit, tel qu'on me l'a annoncé ou presque. Que ces baisses de formes, ces piques de fatigue, n'en étaient pas. Que la vie me fuit, que ça peut paraître bizarre cette impudeur, mais comme je n'en ai pas vu certains depuis un an, statistiquement ça pourrait être notre dernier soir ensemble. J'ai imaginé ce moment cent fois depuis que je sais, mais la seule réponse que j'obtiens est celle à laquelle je n'avais pas songé : le silence, total, absolu. Incrédulité, stupeur ou traumatisme ?
C'est le pompier qui émet les premiers décibels : « C'est une blague ?»
Je sais que je n’ai pas d'humour mon grand, mais quitte à faire une blague je t'aurais fait un bon vieux monsieur et madame LALALALALALA ont deux enfants. J'ai jamais aimé l'humour sur la mort des autres, alors la mienne tu imagines bien. Encore que ...
Scream enlève son masque, cendrillon sanglote, la danseuse du ventre vomit par la fenêtre (alcool ou choc ?) et les autres restent prostrés ne sachant pas quoi dire. Je reprends mon verre, le vide, et vais consoler cendrillon. On m'entoure, on m'encercle, on m'étreint, et les pleurs tombent les uns après les autres, comme des dominos. Ça va aller les gens, ça va aller
Batman s'y met : « tu vas faire quoi ? » regards désapprobateur d'une bonne moitié des convives, pas conne ta question Bruce, alors je rebondis avant que tu te fasses casser le dos une seconde fois. A la vérité j'en sais rien. Le diagnostic est définitif oui oui second Clark. Non je n'ai pas consulté d'autres spécialistes ni demandé de second avis non monsieur l'agent. Non ça ne se guérit pas non, sinon je n'aurais pas six mois à vivre cher Comte Dracula.
Je remets la musique, plus doucement, me ressers un verre et le drame devient débat. Comme si j'avais dit que le pire Alien était le 2, ou que Star Wars était une série de films bien moisie. On me prend la parole, on ne me la rend pas, on tente de me raisonner, que les erreurs arrivent. J'argumente sur la perte de temps, disant que de toute façon on saura bien vite si le diagnostic était le bon. La question étant : comment occuper au mieux ces six mois.
Bob l'éponge a la proposition la plus séduisante : « Voyage, si tu restes ici, tu vas cocher les jours sur un calendrier de la poste, on va venir te voir tellement souvent que tu auras l'impression d'être un mourant à qui on rends visite sur son lit de mort, ok tu vas t'éloigner de nous et effectivement on risque de te voir encore une fois ou deux … mais on s'en fout un peu de nous non, ce qui compte c'est toi »
Le reste de la soirée : alcool, discussions, sanglots, trois propositions de sessions de sexe intensif et encore un peu de vomi.

-Guigs-
Niveau 6
11 avril 2017 à 01:59:49

Chapitre 5

Le programme était clair et bien établi : me bourrer la gueule, payer quelques verres, m'en faire payer quelques-uns, si possible plus. Vomir, oui à un moment il aurait bien fallu. Aurait car rien ne se passe jamais comme prévu. La faute aux gens.
Une fois le premier rhum envoyé et l’excitation retombée, retour à la réalité. Au bar, deux gros beaufs qui rotent leurs bières à la face du monde. Partout ailleurs, une armée de téléphones portables, ça pianote, ça fait glisser son doigt, ça prend en photo ses cocktails et la pompe à bière, mais ça ne parle pas, ça ne décolle pas le regard de son maudit écran, ça ne boit même pas putain. Dans un bar un vendredi soir PUTAIN ! On s'en fout de ce que tu bois, de ce que tu manges, de tes photos de pied à la piscine ou à la plage, le monde n'est pas un vieux fétichiste se paluchant sur ton ego. Arrête de prendre ta vie en photo et vie là ! Et puis d'abord, entre nous, entre toi et moi, t'en fait quoi de tes photos là ? Sérieusement ? Non parce que, déjà quand j'étais môme, les soirées séances diapo ça me gavait, alors que tu les imposes directement au visionnage sur les réseaux sociaux en imaginant qu'on puisse kiffer … Mais, bon tu as raison ça rompt la monotonie des résultats de tests que tu infliges à tes contacts : quelle princesse es-tu ? Avec quel acteur pourrais-tu te marier et autres quel est ton niveau de stress ?
Putain tu veux savoir où il en est mon niveau de stress ? J'ai envie de tuer, il faudrait un permis pour vivre, ou plutôt enfanter. En ce moment précis je suis le baron de la haine, le prince de la malveillance et aussi l’empereur du ressentiment.
Alors je passe mon énervement à enchaîner les shots seuls, et je les observe. Certains solitaires jouent à Tinder comme on joue à Candy Crush, mais en général l'absence d'énergie vitale les caractérise. Elle ne les habite pas, elle va me quitter. Où va-t-elle ? Où est-elle ?
Je louche sur le portable de ma charmante voisine, jolis yeux, jolies formes et un vendredi soir parisien vers 22h12 elle est sûr le site de Carrefour Market. L’ennui nous pousse à consommer pour remplir les vi(e)des.
Bon moi-même, avec mon bloc note et mon stylo je ne dois pas les faire rêver non plus, et je vais aussi sur la toile pour chercher la définition de tel ou tel mot pour être sûr de bien l'employer. Mais putain (oui ça fait beaucoup de putains depuis le début) je ne suis pas en train de comparer le prix des sets de table sur Carrefour Market ! Serveur un autre shot !
Ok je noircis le trait, il y a bien des groupes d'amis, des couples un peu moins greffés à leurs portables. Mais putain vous êtes jeunes (pas tous), vous êtes beaux (pas tous non plus) profitez de cet infini temps vous restant.
Ah ça s'anime ! Les couples se recomposent. Mouais vu les expressions de visage gênées, les regards détaillant plafond, sol ou cadres sur les murs, ça sent bon le (les) premier rendez-vous. Même choisir une table est un défi, une décision stratégique qui affectera, semble-t-il, le reste de la soirée. C'est bon on y est, reste le choix de la place, aucun des deux ne veut prendre le risque de s'octroyer la banquette au détriment de l'autre. Honnêtement, en d'autres circonstances j'aurais pu trouver ça mignon et pas pathétique.
C'est vers 00h43 que ma soirée a basculée. J'étais parti m'en griller une dehors comme on dit, quand, en revenant, un petit groupe gentiment à me squatter ma place, place qui devrait, pour le commun des mortels, être analysée comme étant occupée, puisque se trouvent, devant mon tabouret de bar : bloc-note, stylo et téléphone portable (la peur du vol ne m'habite plus trop depuis mon dernier rendez-vous médical)
Ne désirant pas interagir plus que ça avec mes contemporains, je tente, avec succès, de m'insérer entre eux et le bar, m'asseyant sur mon tabouret à moitié défoncé. Et là le plus surfer des trois, par la blondeur de ses cheveux s'exprimant dans un parfait anglais :
« What a moron »
Surenchère : « Never seen such a dumbass »
Signifiant, pour les non anglophones, qu'ils estiment que je viens de leur subtiliser la place désirée à leur nez et à leur barbe. Je me retourne alors, tentant, via un mime bien trouvé, de lui faire remarquer, qu'il n'avait sans doute pas vu que la place était déjà prise. Peine perdue, ils en rajoutent : « Such a dickhead ! »
Je me décide alors à rompre la glace nous séparant
« Hey assholes, do you really think you're the only ones to speak English ? »
Ouvrant ainsi un débat sur le défaut principal du touriste : croire qu'on est le seul à parler sa langue maternelle dans un pays étranger. Le second, hérité du premier, étant de parler très fort, tout le temps.
« That's my chair » Oui je ne savais pas comment dire tabouret sur le moment, ça se dit stool)
« Can't you see my phone, sons of whore?»
Leur faisant ainsi remarquer mes affaires restées sur le bar, résultant en des coups d'œil des uns et des autres vers le dit bar. Et au moment où la situation allait se régler à l’amiable, le plus surfer des trois, par la taille, empêcha un de ses potes d'esquisser le début d'une excuse.
« Who's the whore? »
« Your mom, are you deaf or what? »
Lui signifiant ainsi que, oui il avait bien entendu et que je m’inquiétais pour son audition. La première baffe m'a surpris, je suis bien resté quatre secondes à réaliser, dans le silence qui venait de prendre possession du bar. Le temps que le videur fasse le chemin vers nous, j’eus le temps de le surprendre moi aussi en infligeant à ses gonades une douleur intense à l'aide de mon genou et en me jetant sur le moins surfeur des trois, par la masse musculaire.
Tout cela se fini comme il se doit, en cellule de dégrisement. Car oui il n'y a que dans les films où après une bagarre, les gens rentrent chez eux comme si de rien n'était.

Chapitre 6

Weezer : Heart Songs
Le lendemain matin après-midi en tentant de faire retrouver à mon appartement un visage … d’appartement digne de ce nom (non ça ne s’est pas terminée en orgie et oui j’ai dormi seul), j’ai eu une petite idée venant de mon menu Aston Villa : Illustrer mon humeur du moment par une chanson. Mettre en tête de chapitre le nom du groupe et de la chanson qui définit le mieux cet épisode de ma vie. Histoire de tenter ainsi d’en faire saisir toutes les nuances, les intonations à mon lecteur. Une bande son à écouter en me lisant en quelques sortes.
Ça n’est pas grand-chose mais ayant une culture musicale dans la moyenne, je me dis que ça peut être amusant de réfléchir à un morceau. Cela pourra être l’occasion de découvrir des artistes ou d’aller vers des styles qui ne sont pas forcément les miens (il serait temps).
Je ne reviens pas sur mes chapitres précédents pour marquer l’évolution. Pas de retour arrière, on va de l’avant. Ou du moins on va tenter vu la gueule de bois que j’ai. Pas que j’ai la tête dans mon fondement. Non … en fait j’ai la tête dans le cul … de quelqu’un d’autre, qui doit être assez loin maintenant.
Bon … que faire ? Je ne vais pas perdre une journée à comater dans mon canapé à manger des Häagen-Dazs (encore que) tout en regardant un programme de télé-réalité. D’un autre coté il pleut. Oui tout mon récit ne sera pas débordant d’énergie et d’aventures extraordinaires.
Une expo ! En voilà une bonne idée ! Jamais fait non plus, en fait je me demande si j’ai déjà fait des trucs dans ma vie. A la porte de Versailles un mec expose ses sculptures gigantesques en Lego. Ça peut être pas mal, jamais été un grand fan des Lego (j’étais plus Gi Joe) mais ça peut être pas mal. Un coup de métro et de tram plus tard, me voilà devant des statues de briques emboîtables en plastique. Créations originales ou recréations le mec a abattu un boulot de titan.

Au prix de la brique, je me demande combien lui a couté une seule de ses œuvres. Non je ne ferais pas de jeu de mots avec brique.
Est-ce de l’art d’ailleurs ou juste une activité de construction de maniaco-dépressif hyperactif ? (Oxymore ?) Qu’est-ce que l’art ?
Je vais laisser les terminales répondre à cette question, mais je ne peux m’empêcher d’y revenir en voyant tous ces enfants qu’on a emmenés voir l’exposition et qui, de l’excitation, sont passés à l’ennui en découvrant que non ils n’allaient pas jouer avec des Lego mais juste regarder des créations parfois lourdes de sens.
Rassurons-nous, une boutique clos cette exposition pour que l’excitation retrouvée incite les parents à débourser quelques dizaines d’euros de plus calmant ainsi l’ardeur de leurs bambins. Cercle vertueux du commerce !
Passons à autre chose, l'après-midi est encore jeune : que n'ai-je pas fait ? Que n'ai-je pas vu ? L'opéra Garnier, le seul le vrai d'après ma voisine réac du premier étage. C'est ainsi que je déboule dans l'avenue de l'opéra, mon regard ne s'est déscotché de ce sublime édifice qu'en passant à côté d'une agence de voyage. Je me suis remémoré le conseil de Bob l'éponge, parti à la découverte du monde. Ok Bob mais où ? Mes réseaux sociaux sont tellement inondés de photos de vacances de Bali, Thaïlande, Australie, Pérou que j'ai l'impression d'y être allé plusieurs fois. C'est à peu près au même moment que je découvre que l'arrondissement est à forte consonance japonaise. Le XIII a ses chinois, le XVIII ses maghrébins, le X ses africains : Paris est une ville cosmopolite mais ses quartiers ne sont pas miscibles. Fort de cette découverte (oui on découvre des choses sur sa ville même après 10 ans et c'est tant mieux) je passe d’épiceries japonaises, dont je repars avec des sacs pleins de je-ne-sais-quoi, en devantures de restaurants de ramen. Je m'arrête pour manger des plats dont je n'avais aucune idée de l'existence en me disant que je vais avoir besoin d'une tenue de savant fou pour tenter de cuisiner le contenu de mes sacs.
Le Japon, pourquoi pas, seuls les otakus et les geeks parlent d'y aller. Et pourquoi ? Les jeux vidéo, les mangas et les soubrettes. Un tantinet réducteur. L'agence de voyage sur laquelle je jette mon dévolu est un temple de la branchitude. Trois étages, des sofas, une ambiance cosy, une assistante en tailleur qui t'amène café et macaron. Et moi avec mes sacs en plastique, ma tronche de fatigué de la veille, au milieu de ce qui pourrait être un bar lounge à la nuit tombée. Une autre assistante en tailleur me fait patienter alors que ses collègues sont disponibles. Apparemment une assistante par région du monde.
Lorsqu'elle me reçoit à son bureau, je me retrouve con ne sachant quoi lui dire. Je lui explique que je veux découvrir le japon mais que je n'ai pas la moindre idée de quoi faire, où aller, que voir ?
Elle sourit.
Sur le quand en revanche, j'ai une réponse, le plus vite possible, j'ai moult choses à voir, à découvrir et peu de temps pour le faire. Un peu gênée elle ose quand même me demander pourquoi ? Inconsciemment elle a peur de la réponse, une empathique … ma veine. Je lui réponds que je suis cosmonaute et que je vais bientôt partir sur Mars et le voyage risque d'être long, très long.
Elle se marre franchement.
Elle me propose un parcours de trois semaines Fukuoka, Saga, Beppu, Hiroshima, Noshima, Naruto, Okayama, Kyoto, Nara, Kobe, Tokyo. Que des noms qui ne m'évoquent rien ou tellement peu: le plan est parfait ! Bien que le coin semble être une merveille de beauté naturelle, elle hésite à me proposer Fukushima, depuis avril 2011 la destination n'est pas des plus prisées. Vu mon état de santé, je m’apprête à lui dire que ça n'a rien de rebutant et je me ravise me disant que trois semaines c'est déjà pas mal et que j'ai d'autres choses à voir que le Japon : Bali, Thaïlande, Australie, Pérou.

-Guigs-
Niveau 6
26 avril 2017 à 15:58:03

Chapitre 7

Vous avez déjà fait une garde à vue ? Moi non plus jusqu’à ce jour. J'écrivais cellule de dégrisement mais il y a eu des étapes avant, déjà dix bonnes minutes pour sortir du bar histoire de faire le tri entre moi et les surfers d'un côté et les gentils clients qui ont tenté de nous séparer de l'autre. Invectives des barmaids, videurs et clients, deux ou trois refus d'obtempérer à la limite de la rébellion envers nos amis des forces de l'ordre et nous voilà en route pour l’hôpital, il paraît que c'est la procédure.
Mon alcoolémie ayant été jugée comme légère, je me suis, à ce moment-là, retrouvé dépossédé de tout ce qui pouvait me permettre de me pendre (lacets, ceinture etc), comme si j'allais devancer l'appel de la faucheuse, et en cellule de dégrisement en plus. C'est sympa une cellule comme endroit, si on aime le froid (carrelage à tous les niveaux) le monochrome (gris urbain) et la poésie moderne offerte par des nike les keufs qui parsèment çà et là l'endroit de leur orthographe approximative.
On m'a filé une brique de jus de fruit et c'est parti pour une nuit de folie. Impossible de dormir : lit à moitié pété et hurlements de mes voisins de cellules. Certains en voulant aux gardiens, d'autres à leurs femmes et certains à dieu (crescendo de bouc émissairisation). J'ai tenté de faire le point et me suis dit assez vite que comme occupation de fin de vie on pouvait faire mieux et plus utile. Toutes les deux heures un flic passait nous voir histoire de vérifier notre état de santé et d’alcoolémie. Au troisième voyage, il m'a fait sortir, histoire de prendre ma déposition et de me notifier le début de ma garde à vue. J'ai aimé sortir de la chambre froide, j'ai moins aimé le fait de me retrouver menotté à un banc. En face de moi, un type lui aussi soumis au même traitement. Il m'a dévisagé et commencé à me parler
« T'es là pourquoi ? »
Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? Me suis-je dit.
« Tu t’appelles comment ? »
« Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? » lui ai-je dit
« Oh moi ce que j'en dis, c'est plus pour passer le temps »
Ok il est pas bourré, ce n’est pas un dingue, faisons la causette alors
Moi : Stéphane
Lui : Quoi ?
Moi : Tu me demandais mon nom, c'est Stéphane.
Lui : T'es là pourquoi ?
Moi : T'es flic
Lui : ...
Moi : Sarcasme, trait d'humour
Lui : ...
Moi : J'ai agressé deux cons dans un bar
Lui : On devrait être décoré pour ça !
Moi : (sourire en coin) Et toi ?
Lui : Mon nom où ma raison d'être là ?
Moi : Comme tu veux, je pense que j'aurais oublié les deux avant la fin de la matinée, c'est plus pour faire passer le temps
Lui : (sourire en coin) Ça fait trois heures que je refuse de donner mon nom aux flics, apparemment je suis là pour, je cite : Participation à un rassemblent non autorisé après somations de dispersion.
Moi : Oh merde un activiste politique !
Lui : Ça te pose un problème ?
Moi : Sauf ton respect, pour moi vous êtes à mettre dans le même sac que les intégristes religieux : démagogie, vision naïve et étriquée du monde constituent la base de votre discours
Lui : ...
Moi : Ah là je t'ai vexé
Lui : Et te faire bouffer par le monde t'en a pas marre ? Tu as sûrement un patron qui te prends pour son esclave, un propriétaire qui te prends pour sa vache à lait. C'est à cause de mecs comme toi que le monde ne s'arrange pas. Putain de mouton
Moi : Au moins tu es d'accord sur un point avec le Général
Lui : Le général ?
Moi : De Gaulle
Lui : Putain de fasciste.
Moi : Je te taquine, le prends pas mal José.
Lui : Hein ?
Moi : Tu me donnes pas ton nom, excuse-moi de t'en donner un.
Lui : Fais le malin, tu n'es qu'un crétin utile au pouvoir crypto-fasciste que tu soutiens par ton inaction
Moi : Joli, il t'aura fallu mois de deux minutes pour enchaîner tes poncifs habituels
Lui : Mais bon sang, ouvre les yeux. Dans ce monde, c'est quoi ton projet de vie ?
Moi : Mourir
Lui : ...
Moi : Les gens meurent, c'est ce qu'ils font de mieux, moi je suis tellement bon que je le fais plus vite.
Lui : Alors rends toi utile, aide les autres, milite, apporte, partage. Ce que nous faisons pour nous même disparaît avec nous. Ce que nous faisons pour les autres est immortel et demeure
Moi : Mouais, c’est joli c’est de toi ?
Lui : Albert Paine, mais c’est pas le sujet Putain ! Y'a pas suffisamment d'enculés sur Terre pour que tu te bouges le cul à penser aux autres ?
Moi : Quand bien même, les enculés seront toujours là, c'est pas en collant des rustines qu'on répare un pneu crevé.
Lui : Alors tu proposes quoi toi qui est si malin ? On peut pas taper à la source des problèmes directement, nous devons unir les forces pour ...
Moi : Stop je t’arrête, et d'une ton discours je le connais par-cœur, et de deux je m'en tape
Fin de l'échange, il est resté à ronger son frein en me toisant par moments, m'ignorant par d'autres. Un flic s'est pointé pour m'emmener signer ma déposition. Début de la chance ou pas, mes deux amis anglophones n'ont pas souhaité porter plainte, ce qui constitue une véritable surprise pour le coup. Rappel à la loi, amende réduite car premier délit, si si premier délit, pour de vrai, merci et bonne journée monsieur.

Chapitre 8
Infectious Groove : Violent & Funky
Je n'ai jamais été un grand utilisateur des transports en commun, un certain écœurement né d'une trop grande utilisation de ceux-ci quand j'étais môme sûrement. Mon métier, ou ex-métier m'envoyant à droite, à gauche et le plus souvent loin, j'utilisais surtout ma bagnole. La joie de la solitude, d'un relatif confort, de la musique à fond et des embouteillages. Mais depuis peu je les utilise beaucoup plus, les redécouvre en quelques sortes. Enfin redécouvrir est un bien grand mot, c'est un peu comme un épisode des feux de l'amour, tu ne regardes pas pendant vingt ans, il te faut deux minutes pour reprendre le fil ou tu l'avais laissé.
Mais tout de même une petite réflexion que je me suis faite : avec l'arrivée des smartphones, les wagons de métro/tram sont devenus des cabines téléphoniques. Les gens n'en ont plus rien à foutre de rien. La discrétion ? Une vertu d'un autre siècle (littéralement). Ils étalent leur vie avec une nonchalance, une impudeur qui n'ont d'égales que leur impolitesse et leur manque de savoir vivre.
Big Brother ? Ne pas s'en inquiéter, l'être humain se flique lui-même. Un exemple ? Je n'ai que l'embarras du choix mais le plus amusant reste peut être cet homme qui est monté en même temps que moi à la sortie du parc des expositions de la porte de Versailles. Grand, longiligne, barbe poivre et (surtout) sel impeccable, costume sur mesure, chech couleur sable et … kit main libre. A peine installé dans une des rares places libres, il a dégainé ses bras et via moult gestuelles et intonations forcées pour tenter d'expliquer à son correspondant sa vision d'un vernissage à venir. Et quand j'écris qu'il parlait fort je n'exagère pas : mes propres écouteurs peinant à couvrir son verbiage.
Je n'ai pas pu m’empêcher de sourire, le cliché de l'artiste parisien comme on l'imagine outre-périph. Mais de toute évidence j'étais le seul dont il avait réussi à capter l'intention. Ou bien mes compagnons de voyages feignaient de ne pas le voir, ou bien, ayant plus d'expérience que moi dans les transports en commun, ils se sont habitués, dressés par l'incivilité de tous (et potentiellement de la leur).
J'en ai eu marre de ce rustre, j'ai décidé qu'il allait prendre pour les autres, surtout lorsque je me suis rendu compte qu'il était en fait accompagné par une demoiselle qui tenait un certain nombre de documents et qu'elle était debout devant lui, pendant que lui, assis, écrivait sur un paperboard imaginaire. Cuistre, malotru et pédant, tout ce que j'aime dans la race humaine (avec d'autres trucs dont j'espère ne pas avoir à vous parler plus tard)
Je me suis approché lentement et, discrètement, ai commencé à finir ses phrases à voix haute
« Il faut que tu comprennes, que c'est un cheminement de vie, une recherche personnelle vis à vis de lui-même »
Chuchotant : en même temps si c'est personnel, c'est sûrement vis à vis de lui même
« Les pieds, dans son œuvre, représentent l'ancrage »
Marmonnant : Il s'est pas foulé … le pied … excellent, non parce que je fais des jeux de mots aussi …
« Alors que les mains symbolisent l 'échange »
Murmurant : Un peu comme ma bite
A ce moment-là j'ai vu que j'avais accroché l’attention de sa … collègue ? Stagiaire ? Porteuse ? Légèrement outrée, pas vraiment amusée ainsi que de deux, trois autres voisins légèrement plus amusés eux.
« Il voit les choses via un prisme distordant qui lui permet d'exprimer les tabous que nous avons en nous, et dans un monde où tout va vite où on est entourés d'objets, dans une société de consommation»
Discutant avec lui : Tu te rends compte que ta phrase ne veut pas dire grand-chose au final ?
C'est à ce moment que j'ai franchement capté son attention et qu'il s'est arrêté de gesticuler comme un italien au salon de l'auto (oui c'est peu xénophobe) mais il a tout de même réussi à finir la dite phrase :
«Et c'est pour cela qu'il fait des photos de bovins »
M'approchant du micro pour parler avec son interlocuteur : Attendez, vous vous prenez la tête pour des photographies de vaches ?
« Des mises en scènes photographiques, des œuvres complexes mêlant modèles humains et bovins tendant à nous faire prendre conscience de la futilité du monde contemporain »
« Et donc vous collez une gonzesse, sûrement à poil sur une vache pour dénoncer une futilité que toi même, depuis dix bonnes minutes tu incarnes dans toute sa splendeur et sa magnificence ? Sérieusement ?»
« Du nu, monsieur, du nu pas à poil ! »
« Pardonne l’offense, mais si tu veux un symbole de la futilité, prends un selfie »
J'aurais aimé ajouter une vanne sur son métier de critique d'art/galeriste, mais : et d'une on lui avait sûrement déjà faite et de deux il était temps pour moi de descendre.
J'ai recommencé cet exercice assez amusant à plusieurs reprises, notamment sur une pimbêche de lycéenne qui expliquait à un camarade trop timide pour contre argumenter, que en se baissant elle montait son centre de gravité. Je lui ai donné un petit court de physique/mathématique en 30 sec, ça m'a fait plaisir. Bizarrement je ne me suis jamais fait (trop) insulter ni même cassé la gueule jusqu'à maintenant, pourvu que ça dure.
Je deviens un petit con, tout dans la provoc et j'adore ça.

-Guigs-
Niveau 6
09 mai 2017 à 15:15:06

Chapitre 9

Se rendre utile … cette idée me trotte dans la tête depuis que j'ai quitté le commissariat hier. Avec le peu de temps qu'il me reste comment faire quelque-chose d'utile, et puis pourquoi d'abord ? Pourquoi je ne passerais pas le temps qu'il me reste à m'occuper de moi. Le cynisme a souvent, et continue d'ailleurs, dicté mes choix, mes relations avec les autres, bref ma vie. Et qu'est ce qu'un cynique mourant pourrais bien faire.

Distribuer de la bouffe aux restos du cœur ou à la soupe populaire ?

Toute aide est sûrement appréciable, mais pas sûr que ça compte assez. Ils ont les mains pour le faire, leur vrai problème c'est plus les dons et la nourriture. Non il faut quelque- chose avec un impact beaucoup plus fort.

Militer pour Greenpeace ou une autre association dans le même genre ? Même problème, ils n'ont pas besoin d'un gars en fin de vie en plus. Cent, mille gars en plus oui, mais un …

Qu'est ce que je pourrais faire qui aurai un impact ? Léguer le peux que j'ai à un SDF ou une famille dans le besoin, oui, encore que, avec ce que je possède ils vont pas faire un an, mais ça serait déjà ça.

Poussons le raisonnement, sur ce mode, qu'est ce qu'un mourant peut faire qu'un valide ne peut pas forcement se permettre. Donner tout ce qu'il a, d'accord, mais encore ? De quoi n'ai je pas besoin, ou de quoi je n'ai plus peur à mon niveau ? Des conséquences surtout … Encore que les conséquences d'aider quelqu'un sont plutôt bonnes en général. Quoique si tu aides beaucoup de gens, y a toujours des mecs pour venir te les briser. Mais je vais pas me transformer en abbé Pierre en 2 semaines, le chrono tourne contre moi.

Et si …. et si je m'occupais de ces empêcheurs de faire le bien rond justement. S'ils sont un problème, éliminons le problème. Je ne suis pas un hacker, je ne vais pas pouvoir les pirater, les faire chanter, il faudrait quelque-chose de plus radical. Les éliminer tout simplement. J'ai beau vouloir me débarrasser de mon cynisme pour e dernières mois, je n'y vois que des avantages : je n'ai pas peur d'y laisser ma peu, je n'ai pas peur de finir en prison non plus. En imaginant que je me fasse attraper, le temps que le procès commence j'aurais déjà passé l'arme à gauche. Et puis ce ne sont pas les cibles qui manquent, dealers, proxénètes, hommes d'affaire véreux, corrompus, si je suis en panne d'inspiration je n'aurais qu'à lire le journal.

Journal, ouais d'ailleurs on va un peu te transformer toi aussi. On verra ça au prochain chapitre.

Bon reste le plus important : comment me fournir en arme ? Je vais pas attaquer es cibles au couteau ou au fleuret. Je me vois mal envoyer un message à mes cibles du style : Je vous défie en duel demain à l'aube ...

Il paraît que c'est facile de se fournir une arme en banlieue, on va vérifier les dires de BFMTV

Chapitre 10

LCD Soundsystem : New York I Love You

De ma fenêtre j'ai vu sur mes voisins
Petite rue petits immeubles bien rapprochés
Je me surprends à les surprendre dans leur quotidien

C'est un soir, en rédigeant ce chapitre, que ça m'a pris. J'allais écrire une page sur mes préparatifs au voyage, moi qui ne suis jamais parti plus loin que les Pyrénées orientales, mais j'avais du mal a trouver cela intéressant ... même pour moi. Alors pour vous ....

Une histoire de valises que l'on achète et qu'on rempli ... et puis je les ai vus s'agiter dans leur quotidien, lumières allumées j'étais comme au cinéma. J'ai éteint les miennes et ai commencé à les observer.

Je ne suis pas un voyeur. Des fois j'entends mes.voisins copuler et cela n'a rien d'excitant
Et puis ça ne dure jamais très longtemps

Alors pourquoi ?

Je me suis moi aussi posé la question.

Curiosité envers leurs vies ?
Curiosité envers la vie du voyeur ?

Mais d'autres questions, d'autres raisons me sont venues et j'ai répété l'expérience à plusieurs reprises. Pour quelles raisons ?

Pour savoir ce que je vais raté dans ma vie.
Je m'installe avec un papier et un crayon, j'attends que les lumières s'allument et je note succinctement ce qu'ils font. Je voyage dans leurs vies

Je les vois donner à manger à leurs bébés.
Jouer avec leurs enfants.
Regarder la télé.
Faire la cuisine et recevoir leur invités
Fumer leurs clopes à la fenêtre.
Installer un frigo ou monter un nouveau meuble Ikéa. J'ai presque envie de les aider.

Parfois eux aussi me regardent pendant que je fais mes cartons et valises, réflexe visuel plus que curiosité. Des fois je crois même qu'il me prennent en flagrant délit.

La soirée avançant, les lumières s'éteignent mettant fin à un spectacle assez peu divertissant, Hasard de l'architecture je suis du coté de leur salon/cuisine.

Au premier soir la curiosité
Au second soir une certaine impatience de découvrir quelque-chose de nouveau
Au troisième soir l'ennui et le désintéressement le plus total.
Voyeur ça ne s’improvise pas et ça ne me passionne décidément pas

Se savoir mourant c'est aussi pouvoir faire une synthèse de sa vie. Faire un bilan définitif de son vivant.

C'est donc ça la vie que je vais manquer ?
Ça serait ça le bonheur du couple, de la vie de famille ?

C'est à ça qu'on comprends que le bonheur n'est pas une quantité observable.
Il se ressent, se vit tout simplement et de là où je suis je ne fais qu'imaginer ce qu'il peut être

Chacun son bonheur.

C'est à ça qu'on comprends que le bonheur n'est pas une quantité quantifiable. Les leurs comme les miens sont simples mais différents.

Jusqu'à maintenant j'ai trouvé le mien dans les aventures sans lendemain, dans les couples sans avenir (même si j'ai mis du mien pour qu'ils en aient un) et, j'espère maintenant, dans les voyages lointains
De toutes façons il ne me reste pas beaucoup de temps pour autre chose, ni beaucoup d'autres options

-Guigs-
Niveau 6
20 juin 2017 à 14:44:31

Chapitre 11
Journal de guerre : Entrée 1

Je pars en guerre c'est décidé. Mais je suis seul et ni équipé ni entraîné. D'ailleurs commencer une entrée de ce journal par "Journal de guerre" montre peut être une certaine naïveté mais aussi une certaine motivation. Au pire je le ferais évoluer
Obtenir une licence de tir me prendra trop de temps mais, m'étant renseigné, certains stands font des sessions d'initiations. En prenant un pack premium 3 heures ça devrait aller. Après tout j'étais fortiche au tir à la carabine dans les fêtes foraines, je dois avoir de bons restes.
Non le vrai problème c'est bien l'équipement.
J'ai jeté mon dévolu sur une cité dont j'ai trouvé le nom très guilleret et qui a beaucoup fait parler d'elle depuis les années 90 : Les tarterêts à Evry. J'ai su que j'étais sur la bonne voie lorsque mon RER s'est arrêté à la station Bras de fer (ambiance ...)
Pour la suite de l'ambiance rien que du très attendu : De la pelouse mal entretenue, des bâtiments rénovés de plus de quinze étages, tandis que d'autres ont été démolis histoire d’aérer le tout. En entrant dans la téci, j'aperçois au loin une voiture de police équipée d'un pare-buffle. Le climat est calme, ce genre de calme très artificiel, je me sens épié. Simple paranoïa ?
Réponse rapide, deux mecs encapuchonnés viennent vers moi, pour moi.
« T'es qui toi ? »
« T'es pas d'ici, tu viens voir qui ? »
Je leur réponds que je suis personne d’intéressant, et que je viens voir personne en particulier. Faut dire qu'au niveau vestimentaire je fais pas vraiment couleur locale, j'ai été prévoyant, mon portefeuille est vide de billets et de cartes.
« Ouais genre t'es un touriste en fait »
« Ouais mec c'est chelou de venir ici sans chercher quelqu'un ou quelque-chose »
Je rétorque que je n'avais pas dit que je ne cherchais rien. Je pique la curiosité de ces deux jeunes adultes dont les poils mal rasés se battent pour le contrôle de leur visage avec leur reste de duvet.
« Ouais ben tu vas venir avec nous gars »
Pile ou face ? Je m'en vais négocier ou me faire dépouiller ?
Ils m’emmènent sur le vestige d'un immeuble détruit des années auparavant mais dont la surface n'a pas été encore réutilisée : peu de passage, belle vue sur l'ensemble, on voit les autres arriver de loin et on peut s'échapper dans toutes les directions. Très bien pour eux si la voiture de flics de tout à l'heure décide de faire un détour par là. Moins bien pour moi vu que de deux, mon comité d'accueil passe à sept.
Un gars un peu plus âgé que les autres, se tenant pile au centre du groupe prends la parole, les autres m'encerclent
« C'est qui lui ? »
« Un touriste » lui répond un de mes accompagnateurs.
« Un schmitt ? Pourquoi tu m'ramène un schmitt ? »
« Je ne suis ... «
« Ta gueule toi, on t'a pas parlé »
Un autre prends la parole « C'est ptetre une poucave ou un scribe ? »
Le seigneur regarde son vassal, puis se rapproche de moi, tête à tête, tête contre tête
« T'as pas la tronche d'un journaleux, Vide tes poches »
N'ayant rien à cacher ni rien de précieux je m'exécute : portefeuille, vieux portable à l'écran fissuré, pass' Navigo et c'est tout.
« Mouais, tu veux quoi en vrai ? »
« Une arme. »
Ils en restent tous pantois. Ils s'attendaient surement à ce que je leur demande du shit, Raté les gars.
« Mec soit t'es un indic, soit t'es un putain de touriste en vrai. »
« Clair tu t'es cru au Texas ou quoi ? »
« C'est pas le far west ici, faut arrêter de regarder la télé. »
La prise de parole successive de différents membres du groupe me laisse à penser qu'ils ont déjà joué ce numéro ou qu'ils l'ont bien répété.
« Tire-toi le touriste, y a rien pour toi ici. J'ai bien enregistré ta face, j'te revois, j'te fume. BOUGE ! »
Et le voilà jetant au loin et dans des directions différentes tout ce qu'il m'avait pris. Les autres se marrent grassement.
« Ramasse esclave. »
Bon ok échec total.
Je repasse par le Bras de fer, j'hésite à prendre une photo pour la postérité, une dizaine de jeunes montent et font les fiers, invectivent les voyageurs dont moi, l'absence de réponse me semble la meilleur stratégie, ils se marrent, se foutent de nous et se calment.
De retour chez moi : Que fais je ?
Je peux toujours espérer me faire des contacts au stand de tir et de fil en aiguille ... non perte de temps.
Je me penche sur Google, je tape des mots comme arme à feu, achat, glock, Uzi, sans permis etc etc. Tous les modèles que m'ont appris l’actualité et le cinéma. Je tombe sur des sites officiels. Je vais de pages Facebook d’armurerie US en forums plus ou moins sérieux où des mecs demandent si, et je cite tel quel "Est ce ke cé possibl d'avoir un Ak pour pa cher ?"
Et puis je tombe, au bout de plusieurs heures à zoner dans des forums suisses. Sur des annonces qui me font tiquer, des mecs vendent de la main à la main des armes des deux guerres mondiales ainsi que des armes plus récentes. Pour les contacter : un simple e-mail qui m'a tout l'air d'être temporaire.
Vais-je tomber sur un piège ou sur mon futur sponsor ?
Envoyons des mails on verra bien.
Merci Google.

Chapitre 12
Radiohead : 2+2=5

Il est temps que je parte, que je me change les idées autant que possible. Ces derniers jours ont été assez pénibles, entre crises de pleurs envers l'injustice qui est mienne, accès de colère envers les vivants, excès de déprime. J'ai voulu me changer les idées, aller au cinéma, peine perdue : crise d'angoisse. Mon cœur s'est emballé, impossible de me calmer. Je suis sorti en plein milieu de la séance en emmerdant comme il se doit la moitié de ma rangée. J'ai filé au PC Sécurité qui a appelé le SAMU, résultat : 2h d'attente pendant que je peinais à retrouver mon souffle, me demandant même si je n’allais pas caner là tout de suite dans un cinéma parisien.
Je suis rentré chez moi, ai annulé le SAMU en leur mentant, disant que tout allait bien et j'ai fini la nuit recroquevillé sur moi-même dans un coin de mon appartement. Je me suis réveillé au même endroit, à peu près dans la même position vers quatre heures du mat. Le zombi que j'étais s'est levé et a fini sa nuit dans son lit.
Depuis je tente de rester occupé en permanence, ce n'est ni évident ni très reposant, en plus en écrivant ces lignes qui étaient sensées m’exorciser je me remémore jusque dans ma chair ces moments. J'approche de la quarantaine, j'ai des micros douleurs ou gènes un peu partout, à chaque fois je ne peux m’empêcher de penser que la maladie vient prendre son dû plus vite que prévu.
Jeux à la con, vidéos insipides sur Youtube, livres déjà lus une dizaine de fois, balades dans des quartiers qui n'ont rien à montrer tout y passe.
Mais ça y est le jour du départ est enfin arrivé. Première destination le Japon donc, Tokyo pour faire original, avec escale à Séoul. N'étant pas un familier des aéroports je me suis pointé quatre heures en avance, résultat : je me fais chier à Roissy, en priant que les films dans l'avion soient à minima divertissants.
J'ai bien fait de ne pas être père, je vois des enfants courir partout, en mode freestyle, ils ne sont pas gérés, ça crie, ça hurle, ça piaille, en face de moi une gamine debout sur le siège de la salle d'attente sautille tranquillement. La mère tente de la raisonner, elle s'en carre. Alors sa gentille et responsable maman, abat sa dernière carte :
« Calme toi ou le monsieur en face va s'énerver »
Oui elle parle de moi la mère modèle. A-t-elle fait exprès de le dire assez fort pour que j'entende? S’attend-elle à ce que je joue le jeu pour l'aider à gérer sa môme ? Que faire dans une telle situation ? Si vous voulez mon avis il n'y a qu'une option envisageable.
Je me suis levé, ai regardé la gamine droit dans les yeux et en lui faisant le plus beau sourire dont j'étais capable : « Continue de sauter c'est rigolo », et je me suis barré en entendant la mère commencer à s'offusquer à plein poumons. Connasse
Mais, ça a eu le mérite de me faire sourire, et pas que moi à la vue des mines rigolardes des gens ayant perçu la scène.
Le vol ? Un navet, deux films déjà vus et une bonne surprise, des coréens bien dégueus et bruyants, qui applaudissent lors des atterrissages et décollages réussis et qui font une OPA sur la bouffe supplémentaire lors du vol.
Un aéroport de Séoul d'une propreté proverbiale, un temple à sept heures du mat, car pas encore ouvert au public. Mais des gens qui crachent partout qui vous bousculent dans un aéroport pourtant vide. Un second vol un peu plus agité (une heure et demie de vol, une heure et demie de trous d'air) et l'arrivée à Tokyo, enfin.
Tokyo et son métro imbitable au premier regard et pourtant plus simple que celui de Paris au final. J'ai pris cinq minutes pour moi, pour réaliser que j'étais arrivé. Pour en prendre pleinement conscience et commencer déjà à en profiter.
PUTAIN J'Y SUIS !
Ok maintenant l'auberge de jeunesse et … dormir, putain ouais dormir.

-Guigs-
Niveau 6
22 juin 2017 à 13:38:45

Chapitre 13
Journal de guerre : Entrée 2

Un aller-retour en train dans la journée voilà ce que ça m'a coûté pour récupérer un Sig Sauer P226, petit mais charmant. J'ai même réussi à négocier les munitions dont le vendeur n'avait plus besoin.
La douane ne m'a posé aucun problème, ils m'ont laissé passer sans me faire ouvrir le moindre sac. Ma tronche décontractée avec un Toblerone à la main a dû jouer.
Les entraînements au stand de tir ont débuté, je ne suis pas un tireur d'élite mais ça va : je tire dans la cible.
Du coup ... c'est bien gentil mais par qui je commence ? Cette question m’obsède et la réponse n'est pas simple. Un ministre corrompu ? Je ne commencerai pas par le plus simple
Un pédophile ? Il doit être sous surveillance.
Commençons petit bras histoire de se faire la main pour ensuite monter en puissance. C'est ce que font les tueurs en série il parait, du moins d'après les séries policières de seconde partie de soirée.
Putain je vais devenir serial killer ...
Bon n'y pensons pas trop revenons-en à la cible : La psy auto proclamée de mon ex ? Elle m'a coûté ou sauvé du mariage. Ce qui n'est peut-être pas une mauvaise chose mais vu la secte qu'elle s'est créée autour d'elle, elle a dû en bousiller des vies avec sa philo de bar à ongles. Bah après tout c'est leur problème pas le mien. Si ça leur apporte du réconfort que de se faire manipuler et être abreuvés de non-sens ...
Le problème du choix est bien plus ardu qu'il n'y parait en fait. Se pose toujours la question de l'innocence la cible.
Quoique en balançant une bombe dans la tour d'argent je devrais bien me faire deux ou trois enculés facile mais il y a les autres. Il va me falloir être plus chirurgical que cela pour éviter les collatérales.
Pourquoi chercher loin ?
C'est un secret de polichinelle que la voisine du 2e se fait mettre sur la gueule par son beauf de mec. Aucune plainte, syndrome de Stockholm à tous les étages et chutes dans l'escalier pour justifier tous les hématomes. Heureusement que les femmes ne peuvent souffrir d’hémophilie.

Ok j'ai la cible, reste la méthode

Si je me contente de toquer à sa porte ... sa victime de femme risque de me reconnaître et de s'interposer ... c'est pas trop le but de l'opération.
Il sort peu : merci le chômage, la télé et bobonne. Piéger les escaliers n'est donc pas envisageable
Bon ok ... on va toquer à sa porte quand sa femme sera sortie. Le planning d'un conjoint martyrisé est souvent réglé comme du papier à musique.
Je pourrais attaquer à l'arme blanche mais je risque un combat inutile, et donc des cris, et donc alerter le voisinage. L'arme à feu évite le combat mais pas le bruit, je vais devoir commencer par me fabriquer un silencieux (non fourni). C'est décidément magique Internet, j'ai trouvé un Do It Yourself expliquant comment faire et ça ne m'aura coûté que des tubes de PVC, une perceuse et deux trois autres bricoles.
Il m'a fallu tester mon bricolage, les forêts franciliennes se sont prêtées au jeu, m'offrant une tranquillité et une sérénité à peine rêvées. Le résultat est ... satisfaisant. Quand vous regarderez un film avec des tueurs équipés de silencieux qui font pfiou pfiou, dites-vous que vous êtes dans de la science-fiction. Un silencieux, même officiel, atténue le son, mais ne rends pas votre tir "silencieux". Mais ça devrait suffire.
Voilà le plus dur est à faire : franchir le pas, passer à l'acte. Assis dans mon couloir, la tête appuyée sur ma porte d'entrée j'attends le moment où elle descendra les escaliers.
Pour tuer le temps, avant de tuer quelqu'un, et pour ne pas trop stresser je me répète ce que je dois faire, telle une check-list :
1. Ouvrir doucement la porte.
2. Monter discrètement l'étage.
3. Frapper gentiment à la porte et ne pas répondre s'il demande qui c'est.
4. Patienter et scruter pour voir si un voisin n'arrive pas ou ne pique pas une crise de curiosité.
5. Attendre qu'il ait ouvert la porte en grand et tirer, la tête si possible.
6. Redescendre vite mais discrètement.
7. Attendre la venue de la police et faire l'étonné, sans sur jouer.
8. Ne pas présenter mes condoléances.
Oh Putain elle arrive, je reconnais sa démarche si particulière de petite femme tiraillée entre sa volonté de fuir et son "devoir" de revenir vite : Un pas en avant, deux pas en arrière en quelques sortes.
C'est bon, elle a franchi la porte de l'immeuble, je me précipite à ma fenêtre pour vérifier qu'elle en va pas me taper un demi-tour aussi inattendu qu’inapproprié.
C'est bon, je dois y aller et vite, aller bouge, c'est maintenant ou jamais, si je ne le fais pas aujourd'hui je me trouverais toujours une excuse.
J'ouvre doucement ma porte, je ne la referme pas vraiment.
J'ai mes clefs ? Oui j'ai mes clefs.
Je monte discrètement l'étage.
Aucune porte ne s'ouvre.
Je frappe gentiment à sa porte.
Et j'attends,... j'attends ... j'attends ... putain qu'est-ce que tu fous gros porc ... patience ... patience
Je refrappe, ... j'attends, ... ça bouge dedans, toujours pas de mouvement aux autres étages.
Putain et si ses voisins de paliers regardent dans leur judas ? J'y ai pas pensé, et j'ai pas le visage masqué, putain merde, je fais quoi ?
La porte s'ouvre en grand, il bougonne et commence à m'insulter pensant que je suis sa connasse de femme.
Tire, mais putain tire connard, il te regarde, commence à demander ce que tu veux
Je sors le flingue maladroitement de mon hoodie, manquant de casser mon silencieux bricolé.
Il le voit, ouvre grand sa gueule laissant tomber sa gitane, il va se mettre à gueuler, il va se putain de mettre à putain de gueuler ! TIRE ABRUTI
Et je tire, une première fois, ça gicle, comme dans un film de Tarantino.
Merde, je panique, je tire une seconde fois, je me retiens de le faire une troisième, je me souviens que toujours d'après Les Experts, ça peut faire la différence entre un crime passionnel et un délit qui a mal tourné.
Il tombe lourdement, il n'est pas encore mort, il tente de parler, je crois comprendre "pourquoi ?"
Casse-toi.
Pas de raisons particulières mec, il me fallait un sale type, y'en a plein et c'est tombé sur toi
CASSE-TOI COUILLON !
Je redescends, ... un peu vite, ma porte est toujours entrebâillée, je la referme doucement, sans bruit.
Je me fous à poil, je colle mes fringues dans un sac plastique qui passe. J'irais cramer ça cette nuit,
Et je l'entends, elle est rentrée chez elle et elle crie dans l'escalier, elle appelle au secours, mais personne ne semble répondre.
Y vais-je ?
Non, déjà je suis à poil et en plus ça ne ferait qu'attirer l'attention sur moi.
Elle crie de toutes ses forces, elle pleure.
Comment justifier que je ne l'ai pas entendu ?
Des portes s'ouvrent, je ne serais pas le premier, alors j'y vais aussi, en caleçon, ils sont trois autour d'elles venant d'autant d'apparts, elle est couchée sur lui. Son regard fixant le plafond. Il est bien mort.
Putain j'ai tué quelqu'un, je l'ai fait ... je l'ai fait ...

Chapitre 14
Pony Pony Run Run : Hey You
J'ai atterri à Tokyo.
C'est un homme fatigué par les 13 heures de vol, déboussolé par le décalage horaire et dépaysé qui écrit ces lignes.
J'avais entendu des histoires sur ce pays. Par exemple que s'orienter dans les rues ou les transports était impossible en raison des kanjis/hiragana/katagana (l'écriture japonaise quoi ...) apparemment le tourisme est passé par là car les noms de rues ou de stations de trains sont sous-titrées. Et c'est tant mieux car demandé son chemin est un ... sketch.
On pourrait croire que "grâce" à la défaite de 1945, et la présence accrue des américains sur son sol, le japonais est bilingue et parle parfaitement anglais. Il n'en est rien. Les plus jeunes sûrement, mais les gens de mon âge ... oh putain même les français parlent mieux anglais.
Par contre le japonais est poli, très (trop ?) et serviable, très (trop ?) et j'ai dû en arriver à faire semblant de savoir où j'allais pour ne pas être agressé par une horde de bons samaritains prêts à m'emmener là où ils pensaient que je voulais aller alors que ... non.
Et où voulais-je aller me demanderez-vous, plein de curiosité que vous êtes ?
Alors, par où commencer ?
Déambulez dans les rues principales et vous aurez l'impression d'être dans n'importe quelle grande ville occidentale, la propreté en plus. Tournez dans première petite rue et découvrez un paysage de manga : Petites maisons de plein pied bordées de plantes, petits immeubles à l'architecture contemporaine si caractéristique.

Mon premier conseil de voyageur : apprenez à lever la tête.

Un peu de géographie : Deux fois la population de la France pour 60% de la superficie, à laquelle il faut ôter toutes les régions montagneuses inhabitables (ou si peu). Du coup les japonais jouent à Tetris (jeu russe pour rappel) et pour trouver ton restaurant il faut parfois chercher dans les étages entres les boutiques de prêt à porter, de lingerie et de jouets.
C'est triste à écrire mais mon premier achat fût un donuts chez le bien nommé Mr Donuts. En continuant de zoner je suis tombé sur un temple dans le quartier de Asakusa.
Tomber est le terme adéquat. J'étais à faire du lèche-vitrine, commençant à lever la tête pour découvrir ce que chaque immeuble pouvait me proposer quand j’aperçus ce qui semblait être un parc publique, et en un sens je ne m'étais pas trompé car il s'agissait du parc du temple d'Asakusa. Je découvris alors une large allée bordée d'échoppes en phase de montage (j'apprendrai plus tard qu'il s'agissait d'une mise en place pour un festival traditionnel). Pagode, statues, tout y était. Premier contact avec le japon médiéval, première d'une longue série de claques et prise de conscience que le Japon ne serait qu'une incessante fusion entre modernité et tradition.
Le temple trônait (je ne vois pas de meilleur verbe pour décrire sa majesté) au sein d'une large place. Son intérieur était visible de l'extérieur mais interdit au publique, je contemplai quelques instances les objets cérémonieux qui étaient exposés, tout en dorure et finesse.
Je fini ma visite en me laissant aller à la divination : Pour 100 yens, je pu secouer des baguettes qui m’envoyèrent vers un petit papier sensé me donner mon avenir (on ne sait jamais, des fois que j'en ai un au final).

Je vous laisse vous faire un avis par vous-même :

Be Careful in what they say when they are drinking
You had better get in touch with and associate with your superior, otherwise something bad will happen to you
If you are obedient to your master your wish will come true
Gradually you will be happy with a wide acquaintance
Your wish will not be realized, the patient will not get well so soon, but escape death The lost article will be found The person you are waiting for will come soon Building a new house or moving is not so good It is no good to make a trip Marriage and employment are not good

Soyez prudent dans ce qu'ils disent quand ils boivent.
Vous feriez mieux de rentrer en contact avec et vous associer avec votre supérieur, sinon quelque chose de mauvais va se passer pour vous.
Si vous êtes obéissants à votre maître votre souhait va se réaliser.
Peu à peu, vous serez heureux avec une large connaissance.
Votre souhait ne sera pas réalisée, le patient n'ira pas mieux sous peu mais échappera à la mort (je peux être le patient ?).
L'article perdu sera trouvé, La personne que vous attendez viendra bientôt. Construire une nouvelle maison ou déménager n'est pas si bon. Ce n'est pas bon de voyager (trop tard !).
Mariage et Emploi ne sont pas bons (tu m'étonnes !).

En ayant ris de certains de ces auspices, et m'étant interrogé sur certains autres, je finis ma journée dans un Kaiten Sushi, restaurant où les plats défilent devant vous et où vous payez en fonction du nombre et de la couleur des assiettes.

Repu, je réussi à trouver mon hôtel, ma chambre et ZZZzzzzZZZ

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Sujet : [Nouvelle Policier/Drame] Mourir 2 Fois
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