Salut à tous, j'aimerais vous partager une petite nouvelle écrite suite à une blague avec des potes
Elle commence par : C'est l'histoire d'un homme qui tient un parapluie... et elle est à péter de rire
L'homme au parapluie
Ce fut par un bel-après-midi que cette histoire commença. Mon coucher avait été bercé par le lever du jour et cela devait faire dix bonnes heures que j'assiégeais mon lit. Comment savoir alors si la journée fut belle ? Quelque chose venait de s'écraser sur mon crâne, me permettant ainsi de me lever titubant et d'admirer la lumière du soleil qui m'agressait les pupilles. C'était en fait mon téléphone qui avait chu de l'étagère – si c'est ainsi qu'on peut appeler une planche attachée au mur par quelques morceaux de ruban adhésif- pour venir m'embrasser le front. Il se trouve que j'avais reçu tellement de messages que les vibrations de mon cellulaire qui n'avaient pas su me tirer de mon sommeil réussirent à faire voyager celui-ci jusqu'au précipice menant à ma tête. Cinquante-sept messages. Je fus étonné que mon « étagère » n'eut pas cédé.
Cinquante-sept messages. Quelque chose d'extraordinaire avait dû se passer. J'entrepris donc de lire ces écrits en commençant par le premier qui était sous mes yeux :
Tu connais l'histoire de l'homme au parapluie ?
Je décelai en cette question un arrière-goût de blague Carambar et décidai donc de ne pas en faire une priorité en passant à la suite de la messagerie.
Tu connais l'histoire de l'homme au parapluie ?
Tu connais l'histoire de l'homme au parapluie ?
Tu connais l'histoire de l'homme au parapluie ?
Mais merde, ils étaient tous étaient identiques. Je commençais à me dire qu'elle devait être énorme cette blague.
Néanmoins, un message sortait du lot. C'était mon pote Antoine qui au lieu de répéter cette question qui tendait à me rendre fou m'avait écrit :
Je vais boire un café au tabac en face de chez moi avec Jordi à 16h, viens on t'a pas vu depuis trois jours.
Il disait vrai, je n'étais pas sorti de chez moi depuis plus de soixante-douze heures. Je briserais donc mon jeûne d'air frais pour rejoindre Antoine et Jordi autour d'un café dégueulasse à six euros, ainsi je pourrais leur demander qui est cet homme au parapluie.
Seize heure donc. Je me visualisais le trajet : Le bar est à deux kilomètres de chez moi à vol d'oiseau, je n'ai pas de voiture, pas d'argent pour le métro, j'ai la tête dans le cul, le cul dans le pyjama et il est 15h45. Je suis large.
Sur le chemin, j'entendais par plusieurs fois des gens rirent aux éclats. Étrange dans une ville où on vous dévisage lorsque vous dites bonjour, mais j'étais pressé alors je n'y prêtais pas attention.
C'est ainsi que j'arrivai à destination à seize heure pétante, heure indiquée par ma montre qui en avait une de retard. Malgré tout, mes camarades répondaient présents, ayant troqué leur café pour une bière.
« Bah Roro, t'as eu le temps d'être en retard ! » ; « Tu t'es encore évanoui en lâchant tout sur un porno Brésilien ? » me saluèrent-ils amicalement.
Assis avec eux à écouter leurs conneries pendant quinze minutes , je vins finalement au sujet qui m'intéressais :
« J'ai reçu une cinquantaine de fois le même message de contacts différents, ils me demandaient si je connaissais l'histoire d'un mec avec un parapluie » et au moment même où je finis ma phrase, les clients, le barman et même les passants dans la rue, tous explosèrent de rire. Jordi était par terre et Antoine se retenait explicitement de glousser avec un sourire hilare. J'étais le seul ahuri à ne rien comprendre.
« Je peux savoir ce qui est drôle ? » lançai-je plein d'incompréhension.
Antoine qui était le seul qui tenait encore debout me fit en reprenant son souffle régulièrement pour ne pas sombrer avec les autres :
« Elle est juste énorme, ça te fait pas rire toi ? Je savais que t'avais un balais dans le cul mais...
-Je connais juste pas la suite de l'histoire, dis-moi ce qui se passe après ! »
-T'as déjà dû l'entendre c'est pas possible, tout le monde la raconte depuis ce matin.
-Non je l'ai pas entendue, je dormais comme un connard !
-Bah attends je te la fais : c'est l'histoire d'un gars avec son... parapluie... »
Une deuxième vague de hurlements surgit et Antoine se fit emporté. Des sourires inhumains déchiraient le visage des gens dont le rire commençait à se déformer. Effrayé, je suis parti en courant en marchant sur des corps qui se roulaient par terre. Des corps désarticulés dont le cri résonnait dans l'atmosphère, voilà comment étaient alors peuplées les rues. Je fuyais. Seul, désorienté et désespéré. La pluie vint orné cette ambiance indescriptible. Je m'arrêtai net lorsque je perçus au loin une procession de corps s'enchevêtrer les uns les autres, en hurlant d'un rire méphistophélique. Paralysé, je ne pouvais que fixer cette masse proliférer vers moi qui bientôt m'emporterait avec elle. J'avais l'impression qu'elle m'hypnotisait. Mais quelque chose me fit sortir de ma léthargie. Une voiture noire et anguleuse venait de déraper en demi-tour à côté de moi, en ouvrant une portière pour m'inviter à monter. Je ne savais pas quel sombre coup de trafalgar s'avançait là, mais je n'avais pas le choix : je sautai dans le véhicule pour que celui-ci fende l'air une seconde plus tard.
Je respirai bruyamment sur le siège passager, ne pouvant simplement pas émettre d'autre son. Le chauffeur portait un imperméable et un chapeau, mais surtout, son visage était tapis dans l'ombre. Je n'entendais que les gouttes de pluie qui se fracassaient sur le pare-brise. J'arrivai à discerner qu'on montait sur une colline à l'écart de la ville. Lorsque je trouvai enfin la force de parler, je fis, fébrilement :
« Où allons-nous ? »
Ce à quoi il répondit :
« Nous sommes arrivés » et la voiture s'arrêta.
J'ouvris la portière pour me rendre compte que nous étions effectivement au sommet d'une colline, celle-ci donnait sur la ville. Cette ville, je ne pouvais que la scruter. Elle était recouverte d'une masse de corps difformes émettant un rire lointain et étouffé. Bouche bée, tremblant, je me tournai vers le seul homme que je pouvais encore considéré comme un être humain. Celui-ci tenait un parapluie.
« N'est-ce pas là une histoire tordante ? »