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Sujet : Besoin d'avis sur mon exercice d'écriture
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SuzyBannion
Niveau 10
06 juillet 2018 à 17:49:45

Bonsoir, je viens d'écrire ce petit texte en deux heures. C'est la première fois que j'écris sérieusement disons et j'ai définitivement besoin d'avis constructifs. J'ai déjà posté sur la 18-25 et me suis fait défoncé donc ne vous gênez pas pour vous en donner à cœur joie. Merci :hap:

Le sang perlait sur les stries de son cuir. Goutte par goutte. Son index se posa sur l’une d’elle. Son pouce s’en rapprocha, tentant vainement de serrer entre ces deux doigts écorchés la plus belle des billes, la plus fragile. La perle de sang explosa sous la pression. Les traits irréguliers gravés dans sa peau se retrouvaient inondés, noyées, comme une vallée sèche condamnée à se gorger de la première plaie d’un Dieu vengeur. Le derme vivant respirait ce doux gout de fer avec appétit.
              La pièce était sombre. Un léger halo de lumière surgissait de manière fébrile d’une minuscule ouverture creusée à la perceuse au mur. Les murs de béton ne bénéficiaient  aucunement de cette minuscule éclaircie. Saul songeait à sa prison de dalle, la tête plongée dans ses bras. Si ces quatre murs étaient un crâne, il aurait été celui de Saint Aubert, percé d’un trou. Saul aimait à se replonger dans ce souvenir lointain de la visite du mont Saint-Michel. L’histoire de cet homme qui dormait sur ses deux oreilles lorsque l’archange céleste lui imposa dans ses songes un labeur aussi rude que merveilleux. Il n’eut fallu qu’un touché du doigt pour dissiper ses doutes. Une minuscule ouverture qui fit pénétrer la lumière dans son crâne, transcendant le doute en foi. Du plus lointain qu’il se souvienne, Saul, lui n’avait pas de foi. Il détestait ce crâne. Lorsqu’à l’âge de huit ans il vit les restes marqués d’une mutilation soit disant Céleste d’Aubert, il aurait voulu toucher comme Saint Thomas. Scruter les sillons tracés par ce qu’il pensait être un vilebrequin par un de ces hommes de foi nécessiteux de prouver à tout le monde la véracité d’une légende qui se suffisait à elle-même. Il aurait aimé prouver au monde entier que cette preuve fumante ne soit que factice. Saul aurait préféré que le doute se suffit à lui-même. Qu’aucune preuve matérielle ne vienne gâcher la magnificence esthétique de ce mythe biblique. Il aurait préféré le crâne n’existât plus. Qu’il n’existât pas. Que le doute fut permis. Que le doigt ne soit jamais posé. Alors parfois Saul, rentrant dans cette antichambre sombre se surprenait à boucher ce trou de l’intérieur. D’un doigt fait de chair, de veines, de sang, et non de mythe, il s’amusait à faire disparaître cet éclat de lumière comme l’on bouche le trou d’une serrure lorsque nous nous sentons épié depuis cette dernière. L’obscurité était pour lui aussi admirable que le doute. Elle était selon lui le vecteur de toute imagination ; or, Saul ne pouvait penser vivre sans imagination.
              Il distinguait à peine les murs décharnés. Une masse informe semblait être disposée sur le côté gauche de la pièce. Saul savait qu’il s’agissait de son lit. Du moins il en était quasiment certains. Il n’avait jamais cherché à percevoir son lit comme étant un objet matériel fini. Lorsqu’il s’allongeait sur la chose, il pouvait sentir ses doigts effleurer une matière qu’il apparentait à de la mousse. Peut-être était-ce du latex ? De la laine ? Le simple fait de douter de la composition même de ce qu’il touchait lui procurait un bonheur insoupçonné. Ce lit était pour lui, composé, non pas de matériaux mais de rêves. Ces derniers constituaient la majeure partie de son passetemps lorsqu’il ne travaillait pas à les reconstituer.
              Saul était écrivain. Non pas de ceux qui le font par passion, par impulsion créatrice. Saul écrivait pour vivre. Il détestait ce qu’il appelait avec dédain son métier. Écrire était pour lui une épreuve des plus difficiles. Mettre des mots sur des songes, des doutes, était une épreuve de chaque jour. Il détestait avoir à dépecer leur moelle en les réduisant à des mots. Ces mêmes mots condamnés à la finitude par leur étymologie même et leur définition. Certains auteurs avaient bien essayé de se débarrasser de leur signification pour leur faire atteindre la transcendance ; mais ces entreprises étaient des plus médiocres pour Saul. Il éprouvait une certaine tendresse pour Mallarmé qu’il avait lu plus jeune, une tendresse pour l’homme, non l’écrivain. L’écriture était son châtiment, celui d’un rêveur qui ne sait et ne peut rien faire d’autre.
              Saul s’avança alors vers sa machine à rêve. La forme avait vaguement l’air d’un matelas, la douceur de la sensation de repos en moins. Dans l’obscurité aveuglante, on pouvait distinguer que la chose était mouchetée de masses sombres et luisantes. De petites tâches parfois humides, parfois sèches semblaient tapisser son dessus.  Certaines de ces tâches paraissaient plus anciennes que d’autres. Plus vivantes. Elles augmentaient en nombre, en taille, en puissance évocatrice régulièrement. Parfois, l’humidité qu’elles causaient le sortait de son sommeil, l’empêchant d’arriver au bout du rêve qu’il était en train de vivre. Alors une rage infinie s’emparait de son être. Il frappait, frappait, frappait, frappait les murs de son crâne de béton jusqu’à ce que la douleur et l’humidité poisseuse de ce qui s'apparentait à du sang dans l'obscurité, recouvre ses phalanges, ses mains, ses bras, ses murs. C’est de cela qu’il eut peur et s’apprêta à vérifier que tout était bien sec. Il s’allongea. Fermer les yeux était pour lui aussi naturel que de les ouvrir tant sa vue était plongée dans l’obscurité continuellement. Il se mit sur le dos, croisa les bras sur son ventre et se mit à songer. Cette nuit, il ne rêva pas pour la troisième fois consécutive.

Pseudo supprimé
Niveau 10
08 juillet 2018 à 18:16:28

Je te up frère, et invite mes kheys a lire ton essaie.

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Sujet : Besoin d'avis sur mon exercice d'écriture
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