Chapitre 1
La séance de cinéma venait de terminer. Thomas était invité en tant que journaliste a assister à la séance, pour réaliser une critique du film. Les acteurs principaux ainsi que les acteurs venaient de monter sur scène, raconter le déroulement du tournage, en introduisant quelques petites anecdotes essayant de montrer la bonne entente au sein de l’équipe et puis ils répondirent tous aux questions avant de repartir. Le film était étonnamment bon pour un film français, les critiques le considéraient un peu comme le nouveau « 28 jours plus tard » français et bien évidemment, ils essayaient de créer de l’engouement et la promotion devenait juste énervante. Sans compter que le film était en plein cœur de l’actualité et les gens ne voulaient pas voir un film de zombies alors que l’actualité était suffisamment déprimante comme ça et qu’il n’y avait quasiment plus d’espoir de retour à la normal.
Lors du buffet, Thomas intercepta le réalisateur et l’interviewa à une table. Tous deux s’étaient servis une bière et une assiette avec de la paella.
-Pourquoi n’avoir pas renoncé à sortir ce film alors qu’il est malheureusement ancré dans l’actualité ? Demanda Thomas
-Je vais vous dire un petit truc, mon pote, commença l’homme. Les films français qui sortent actuellement traitent précisément d’un sujet actuel et mon film a été tourné avant, c’est juste un hasard du calendrier, c’est tout. Et je ne voulais pas l’annuler pour la simple et bonne raison que j’estime que les gens ont le droit de voir un bon film avant que tout ne parte en couille.
Thomas prenait des notes.
-Vous croyez vraiment que les spectateurs ont besoins de voir un film où le principal protagoniste voit ses proches mourir dans d’atroces souffrances, surtout à l’heure actuelle ?
-Je sais très bien que ce genre de film n’est absolument pas adapté à la situation et je m’attends pas non plus à battre des records au box-office mais c’est mon troisième film, des fans l’attendaient et je le sort pour eux.
-Vous allez faire quoi si la situation dégénère en France ?
-Je ne veux pas jouer aux démagos, mais je vais rester ici et survivre comme les autres. Je vous le dis sincèrement. Je viens d’un milieu modeste, comme vous devez sans doute le savoir, et je vais simplement rejoindre mes parents. De toute façon, je redeviendrais un inconnu et ma situation sociale ne vaudra plus rien donc autant renoncer directement à mes privilèges et commencer à s’habituer à revivre comme j’ai déjà vécu par le passé.
-Donc, vous n’allez pas vous réfugier quelques part comme ont commencé déjà le faire vos amis, comme James Cameron ?
-Nous n’avons pas cette culture de l’apocalypse et du survivalisme comme l’ont les Américains. On profite de l’instant et on vit au jour le jour. Donc si demain il y avait la fin du monde, on aurait droit certainement à de violents scènes de pillages car les gens ne font pas de réserves. Ce serait la loi du plus fort, comme partout, certes, mais ce serait encore plus violents qu’ailleurs je penses.
Le journaliste voulu lui poser une dernière question quand soudain, son portable se mit à sonner. Le réalisateur s’excusa et partit, le téléphone à l’oreille. Thomas termina son assiette et puis quitta la salle de ciné. Tout était normal dehors, personnes ne semblaient stressé. Cela était assez étrange car depuis quelques semaines, il y avait une épidémie assez mystérieuse en Russie et le pays était entièrement placé sous quarantaine. Les seules images qui en provenaient étaient prises par des hélicoptères.
L’armée occupait la Place Rouge et il y avait d’étranges formes humaines qui titubaient dans les rues moscovites et qui tombaient dès qu’une balle les atteignaient en pleines têtes. Il y avait à la télé des flashs spéciaux incessants et les réseaux sociaux pullulaient de vidéos, d’articles et posts en tout genres montrant ce qui se passaient là bas. Sans compter les articles religieux où les auteurs faisaient des parallèles douteux entre la Bible et l’actualité, ce qui rendaient les choses encore plus malsaines. Il avait vite fait le tour d’internet et il rédigea son article sur son PC. Le réalisateur était un vrai connard selon lui, il n’avait jamais aimé ses films et il avait envie de le descendre dans son article, sauf que rétrospectivement il avait vraiment aimé le film et le trouvait beaucoup plus intéressant que les derniers films zombies proposés à l’heure actuelle. Il est vrai que c’était plus des séries qui traitaient de sujet mais c’était pour lui un des rares bons films qu’il avait vu.
C’était une de ses passions de regarder des films. Thomas en avait énormément de DVD, de VHS qui dataient de son enfance et des Blue-Ray de vieux films. Il avait même des films en double. Très facilement, une étagère complète était dédiée à cet univers, le reste c’était ses bouquins qu’il lisait pendant ses pauses repas ou dans le métro pour rentrer chez lui. Ce qui se passait en Russie était pour lui ce qu’il appelait un « cauchemar éveillé » et il savait très bien que c’était la triste réalité et que rien ne pourrait l’en sortir.
Le lendemain matin, quand il arriva à la rédaction, il remarqua que tout semblait s’être figé.