Dans un recoin de la grange étoilée du monde
Mugissait le Typhon sous un arbre noirci
Calciné jadis par le dieu du paradis
Vainqueur des primitifs, dictateur de la ronde
Gaïa, où Typhon oublié dans les tréfonds
Depuis lustres, gémit et rumine une complainte,
Une vengeance - lupercales d'une rouge teinte -
Se saigne jour et nuit et enfante dragons,
En vu d'une vaste remontée fulgurante,
D'une marche contre le divin triomphante!
Bien loin des entrailles, à la surface de la Terre,
Sur un sol aride, les bêtes ne paissent plus,
Les rivières à vide, les poissons ne nagent plus,
Le ciel couleur craie, les volatiles, pauvres hères,
Se brûlent les ailes et s'effondrent dans la boue,
Dans le marasme des mammifères et des hommes,
Au gibet sans paradis des êtres difformes
Ou informes, indistincts dans ce trou des tabous
Où toutes les ignominies semblent avoir cours
- Là, père et fils morts sur une étreinte d'amour.
Typhon, pauvre enfant de quatre-cent siècles d'ans,
Ne sait rien de la chute du vivant, ignore
Même la mort de Jéhovah, et depuis lors,
Rêve sans fin l'effondrement du firmament.