Bonjour, j'ai écrit récemment le tout premier texte que je compte présenter à un concours et j'aimerais beaucoup avoir des retours sur celui-ci, des remarques constructives pour permettre une évolution dudit écrit. Merci à vous si vous prenez le temps de tout lire et de donner une critique !
Au fait, le thème du roman est libre et le texte est très cliché. Je n'ai pas trop cherché à trouver quelque chose sortant de l'ordinaire, j'ai préféré me concentrer sur les techniques d'écriture !
Just so you know
Te souviens-tu encore de ces douces après-midi que nous avons passées tous les deux ? Ces moments de notre enfance lointaine, lorsque nous étions toujours baignés dans l'innocence et la douceur de ce monde. Moi, je m'en souviens comme si c'était hier. Tu sais, je chéris ces souvenirs autant que la prunelle de mes yeux, et, je dirais même, bien plus encore. Je me souviens du son de ton rire cristallin qui résonnait dans la forêt pendant que nous faisions des cabanes ou que nous ramions sur le petit lac. Tout était alors si calme, si tranquille dans nos jeunes vies. Peut-être que pour toi aussi, cette période est la meilleure de ta vie. En tout cas, pour moi, elle l'est et le restera jusqu'à la fin.
Te souviens-tu de la manière dont nous nous sommes rencontrés ? Moi, lorsque je me remémore ce souvenir, je ne peux empêcher un sourire doux et nostalgique de se glisser sur mes lèvres, et un petit pincement au cœur me crispe toujours. C'était dans la grande forêt qui borde et entoure les châteaux de nos familles respectives, cette forêt où personne n'est censé pénétrer. Je me souviens m'être enfuie du château après une nouvelle crise de fureur de notre mère à ma sœur aînée et moi. Étant la cadette, je n'étais pas réellement considérée, étant donné que je n'étais pas l'héritière de la famille, alors, je jouissais d'une douce liberté que mon cœur d'enfant chérissait. Et, triste et lassée par la violence des propos que ma mère avait déversés, j'avais fui et m'étais réfugié dans la Grande Forêt. Tout le monde m'avait toujours dit qu'elle était enchantée, et que, tout humain au cœur impur y pénétrant serait instantanément foudroyé par un terrible maléfice qui le tuerait bien vite. Je n'avais pas peur. À vrai dire, fuir les tensions du château me comblait entièrement, forêt enchantée ou non.
J'ai marché un moment sur des sentiers imaginaires, des sentiers que je m'étais tracée, espérant retrouver mon chemin facilement. Bien entendu, je me suis perdue. Mais je n'avais pas vraiment peur, à dire vrai. Peut-être était-ce mon insouciance enfantine ou bien le fait que cette forêt emplissait mon cœur d'une douce chaleur, mais je ne pleurais pas, continuant de me créer ma route en fredonnant une comptine apprise par mon aînée. Je crois que ce sont tes sanglots qui m'ont menée à toi.
Il commençait à faire sombre, non pas à cause de l'heure qui se faisait tardive, mais à cause de la densité des beaux arbres qui ne cessait de croître au fur et à mesure que je m'enfonçais dans cet endroit. Quand des sons étouffés me sont parvenus, j'ai avancé courageusement pour en trouver la source, jusqu'à tomber sur toi.
Tu étais recroquevillé sur ton petit corps d'enfant, sanglotant lentement sans te soucier de ce qui t'entourait. Cette vision me fit mal au coeur, je me souviens encore du pincement que j'ai ressenti à la poitrine en cet instant. Ne voulant pas te laisser ainsi et souhaitant surtout découvrir qui d'autre que moi s'était aventuré dans cette forêt que l'on ne devait habituellement approcher, j'ai déposé une main sur ton épaule, te faisant sursauter. Je crois que ce fut l'intense profondeur de tes yeux bleus qui me fit chavirer en premier. Une sensation que je jugeais étrange m'avait traversé le cœur à une vitesse folle et, sans que cela ne m'inquiète pour autant, je me suis demandée de quoi il pouvait s'agir. Aujourd'hui, cette question me fait sourire. J'étais naïve, naïve et innocente. Je ne connaissais rien à la vie. Alors je ne m'en suis pas trop soucié, et je me suis accroupie à tes côtés pour te réconforter.
Je me souviens, ta voix était toute tremblante et, pour un petit garçon, elle était d'une douceur à couper le souffle. Je crois que si tu n'étais pas en train de pleurer, j'aurais immédiatement manifesté à quel point je la trouvais belle ! Tout comme tes yeux, d'ailleurs... Et ton visage, aussi ! Tes cheveux ébènes avaient l'air d'une douceur à couper le souffle, et tes mains recroquevillées avaient l'air chaudes et réconfortantes. Immédiatement, je me suis mise à tout aimer de toi, de ton être, de ta voix, tout, je t'aimais tant en seulement quelques secondes... Mais tu pleurais alors, je fis abstraction des battements rapides de mon cœur pour te consoler comme je le pouvais.
Ça n'était pas facile, je dois bien l'avouer... j'avais l'habitude d'être consolée par ma grande sœur et, je crois bien qu'il s'agissait de la première fois que je devais, à mon tour, réconforter quelqu'un. Enfin, après tout, je n'avais que six ans. Je n'avais pas connu grand chose ! Mais j'ai fait les mêmes choses que mon aînée faisait, posant des mains chaleureuses sur tes épaules, te prenant dans mes bras et te berçant en chantonnant doucement la comptine qu'elle me fredonnait jusqu'à ce que tu te calmes. Aujourd'hui, avoir fait cela me semble complètement idiot et dangereux. Je ne savais pas qui tu étais, je n'avais que six ans, et j'étais perdue dans une forêt que même les adultes si puissants redoutaient. Mais je ne regrette rien ! Vraiment rien ! Je bénis les dieux de m'avoir fait cadeau de cette insouciance à l'enfance. Sans elle, je ne t'aurais pas rencontré.
Quand ta respiration s'est faite plus calme, je me suis décollée de toi. Nous nous sommes regardés dans les yeux quelques instants, un instant qui me parut figé dans le temps. C'était fou mais, avec toi, j'avais l'impression d'être dans un autre monde, un monde où ce n'était que toi et moi, que nos âmes d'enfants, que nos yeux innocents qui, dans la langueur de l'automne, se détaillaient, se cherchaient discrètement et sournoisement. Je crois que le battement irrégulier de mon cœur que je sentais résonner dans tout mon être me restera après même ma disparition de ce bas monde.
Balbutiant, tu m'as remerciée après cette phase qui nous transporta. Alors, les jambes tremblant un petit peu, je me suis assise à tes côtés pour discuter et te demander qui tu étais. Nous nous sommes découvert, ce jour-là. Contrairement à ce que j'avais imaginé, tu ne t'étais pas perdu dans cette immense forêt. Au contraire, tu la connaissais comme ta propre poche, la arpentant chaque jours depuis que tu savais te tenir sur tes jambes et avancer. Tu pleurais parce qu'une fois de plus, ton père t'avait forcé à quitter le château pour chasser du gibier dans cet endroit pour, comme il le disait, "devenir un homme". Tu n'aimais pas ça, chasser. Faire du mal aux animaux te débectait, te répugnait plus que tout. Mais tu n'avais pas le choix, ton père était un homme violent qui croyait ardemment en ses méthodes d'éducation et qui n'hésitait pas à te frapper quand cela était nécessaire. Lorsque j'ai entendu cela, je me souviens avoir frissonné. Finalement, je ne me portais pas si mal avec ma mère tyrannique ! En te disant cela, tu as ri. Ton rire avait inondé la pénombre de la forêt comme une véritable lumière et, rapidement, je t'ai rejoint dans cette effusion de joie.
J'étais une enfant intelligente. J'ai immédiatement compris que tu venais du château de l'autre côté de la forêt, celui de nos ennemis et rivaux depuis toujours. J'ai aussi vite compris que tu n'étais autre que le fils du seigneur qui régissait cette famille adverse, que tu en étais l'héritier, qu'un jour, tu deviendrais l'ennemi des miens. Mais je m'en fichais. Rien ne comptait plus autre que toi. Je continuais donc de t'écouter, de discuter et de rire avec toi. Ce que je me sentais bien, tu n'imagines même pas !
Lorsque le ciel a laissé éclater la rougeur de son crépuscule, tu m'as doucement raccompagnée jusqu'à l'orée de la forêt où se trouvait mon château avant de me sourire et de ma saluer, me promettant de m'attendre au même endroit tous les jours. Tu avais un sourire éclatant collé au visage, tu semblais si heureux que mon cœur se gonfla violemment d'une joie que je peinais à contenir. Avec un sourire niais et béat, je suis retournée au château, sans même prendre en compte les remontrances de ma nourrice quant à mon absence inquiétante.
Je n'étais pas une enfant aimée. Ma mère était devenue folle à ma naissance alors que celui qui aurait dû être mon jumeau avait péri à l'accouchement. Mon père, fou amoureux de ma mère et détruit de la voir dans cet état, se mit à me haïr, pensant que tous ces malheurs étaient de ma faute. Le nombre de fois où il m'a de lui même adressé la parole doivent se compter sur une main, je pense. Au début, j'avoue que cela m'attristait fort. Mais, quand je t'ai rencontré, cela a bien changé. J'étais une enfant mal aimée, négligée, rejetée et, en tant que telle, la liberté que je possédais était d'une intensité folle. J'aurais pu disparaître un mois que cela n'aurait inquiété personne ! Hormis ma grande sœur adorée et ma pauvre nourrice auprès de laquelle j'aurais voulu m'excuser pour toutes les inquiétudes que j'ai pu lui causer. Enfin, il n'en est malheureusement plus temps...
Le fait de ne pas être aimée était en fait un énorme avantage. Tous les jours, après mes cours du matin et mes cours d'entraînement à la magie avec les maîtres du château, je me faufilais en vitesse en direction de l'orée de la forêt où, tous les jours, tu m'attendais, fredonnant la comptine que j'avais chantée pour te consoler lors de notre rencontre, et jouant avec les belles fleurs qui longeaient les bois. J'adorais te contempler créer de magnifiques bouquets ou de beaux colliers floraux que tu m'enfilais toujours avec tendresse autour du cou. Lorsque tu faisais cela, je me sentais importante à tes yeux, tu sais. C'était étrange, peu de gens semblaient me considérer comme toi tu me considérais. Je crois bien que tu étais le seul, en dehors de ma sœur et de ma nourrice. Cela te rendait plus encore spécial à mes yeux. Parce que je l'étais moi-même aux tiens.
Et ainsi, nous avons passé notre temps ensemble durant de longues années. Enfin, je dis longues mais, maintenant, je trouve que tout cela est passé si vite... j'avais l'impression d'être coupée du monde, avec toi. Tu sais, j'ai très vite identifié la nature des sentiments que je ressentais à ton égard. Il ne m'a fallu qu'un tout petit mois, rien de plus. Je te l'avais dit si facilement, si naturellement ! Tu étais devenu tout rouge à ce moment. J'en ris encore malgré toutes ces années ! Et tu me boudes toujours lorsque, un sourire amusé aux lèvres, je te remémore cet instant. Je crois me souvenir que suite à cette annonce, tu as bafouillé un moment ! Timide comme tu étais, ça ne m'étonne guère, après tout. Mais tu as accepté d'être "mon amoureux" comme je te qualifiais à cet âge innocent. Je t'aimais tant, tu n'imagines pas...
Tous les deux, nous passions une partie de nos journées ensembles à, pour la plupart du temps, nous entraîner à la magie, chose qui opposait nos familles et que nous aimions tant. C'était amusant, je me souviens que tu as souvent fini trempé en essayant de manipuler ta magie de l'eau. Je ne pouvais cesser de rire en voyant ta mine déconfite, mais je venais chaque fois t'apporter mon aide en te réchauffant grâce à ma magie de feu. L'été, la glace que tu manipulais nous refroidissait terriblement bien et l'hiver, lorsque des tempêtes de neige se mettaient à souffler, je créais toujours de petits abris de terre où je faisais brûler un feu qui nous réchauffait doucement. Ces instants me paraissent si lointains... Nous étions si insouciants, à l'époque, tout nous semblait possible tant que nous étions ensembles.
Nous avons bien grandi, tous les deux. Notre premier baiser fut accidentel, et malgré mon habituel détachement et mon manque de gêne, je n'avais pu prononcer la moindre parole tant mon cœur tambourinait, et, il me sembla que mes joues devinrent aussi rouges que le feu que je manipulais. Il en était de même de ton côté. Pour autant, nous avons recommencé. Le contact doux et sucré des lèvres de l'autre réchauffait nos jeune cœur. Ces instants étaient... magiques. Non, même "magie" est un euphémisme pour décrire ce que je ressentais. Rien sur Terre ou dans les Cieux ne le peut, pas même l'imaginaire des Hommes.
Te souviens-tu des après-midi que nous passions à rire en fredonnant des chansons ? Ou lorsque tu me jouais de délicieux morceaux de musique avec la petite mandoline que ta mère t'avait offerte ? J'adorais tant tout cela, tous ces moments avec toi. Ces instants figés dans le temps qui, paradoxalement, se sont écoulés à une vitesse vertigineuse. Je donnerais tant pour retourner à ces jours perdus, tu n'imagines même pas. Sacrifier mon âme ne me fait pas frémir. Je souffre, la nostalgie me sert tant le cœur, tu sais. Pourquoi n'avons nous pas pu vivre heureux ? Pourquoi n'avons nous pas pu nous marier dans la petite clairière de la forêt quand nous serions adultes, comme nous l'avions prévu ? Pourquoi le sort en a-t-il décidé ainsi ? Pourquoi le destin a-t-il tant craché son venin sur notre amour si pur ? Pourquoi donc ?