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Ecriture

Sujet : [Recueil de poèmes] Les Grotesques
1
shayde09
Niveau 13
08 janvier 2020 à 13:52:00

Vers divers

L

J'ai longtemps méprisé le poète et ses vers.
L'amour est ineffable, et c'est un sacrilège,
Pensais-je, de lui faire un si verbeux cortège.
Ah, Musset, quel ennui ! Tu aimes de travers.

J’éconduis Érato tel un anachorète,
Mais qu’elle appelle Éros et je m’avoue vaincu :
L’amour reste sans mots tant qu’il n’est pas vécu ;
Dès qu’il est connu, oh ! la plume ne s’arrête !

Sans doute, même, les mots ne suffiront pas
Pour décrire ce cœur inquiété de ses pas…
La voilà, petit cœur, L est là, mais silence !

Carpe diem et carpe amorem, voilà tout !
Maintenant qu’L est là, savourons sa présence :
Sans poètes, sans vers, ne pensons plus qu’à L.


Les Sans-Yeux

Je suis le Torturé, descendant du Retors,
J’aime les corps vautrés et le mal qui dévore
Des catins édentées, des bouchers aux doigts tors ;
Mon étreinte est tout sexe, ô luxe carnivore !

Vous ne me voyez pas ? Idiots sans pareils,
Je darde sur vous tous mes yeux noirs de corneille :
Sous leur bouillante nuit où sombrent les soleils,
La Sainteté se tait et la Bête s’éveille !

… Vous ne me voyez pas ? … Voyez-vous l’Éternel ? …
Pauvre aïeul. Ignoré toi aussi. Infidèles !
Le nom de Jéhovah et celui d’Azazel
Deviennent-ils trop grands pour vos pauvres cervelles ?

Alors dormez, enfants. Tous les esprits sont morts.
Vos âmes ne sont plus que de vides amphores
Où ne coule plus rien, pas même le Remords,
Et vous errez sans yeux au pied des Sémaphores.


Cindy

The moon has a strange look tonight.

Look at me, Narraboth, look at me.
Ah! Thou knowest that thou wilt do what I ask of thee.

Dansez pour moi, Cindy, si triste est cette nuit.
Dehors les chiens sont rois, ici vous êtes reine,
Dansez pour un déchu d’une époque lointaine…
(Vêtu d'ombre et d'exil, tous les anges m’ont nui.)

Dansez pour moi, Cindy, car je suis Antipas,
Vous êtes Salomé ; rendez ma Galilée,
Et puis ma Samarie, et toute ma Judée :
Ce monde me revient quand brillent vos appas.

Regardez-moi, Cindy. Ne voyez-vous mes sous ?
Ils pleurent de ma main, ces grands rêves dissous ;
Allez-vous donc danser autour de cette barre,

Me faire un peu plaisir, juste le temps d’un soir ?
Le diable à mes côtés souriant vient s’asseoir…
Ne pourrai-je jamais quitter ce temps barbare ?


Soleil d’eau

Elle avait
Caché dans son cou délicat
Un petit soleil d’eau pâle
Qui naissait à peine et
Semblait se noyer

Il ondulait quand elle dansait
Au son gai d’un shamisen
Et pétillait quand elle chantait
Innocent astre frais
Sur une peau couleur de lait

Je l’ai senti frémir
Je l’ai senti revivre
Et je le sens encore
Après cinq cent mille ans
Trembler craintivement
Dans un recoin de peau


Silences

Dans la cacophonie
De cette vile nuit
Quelqu’un s’ôta la vie
Priez priez pour lui

Instant de décision quelque part dans la brume :
Un philosophe empoigne un innocent poignard
Pour tracer un seul trait, sa seule œuvre posthume,
Que potasse bientôt un savant charognard.

Un fil –
Et une vie
Qui s’effile sans bruit
Dans le flux éternel
Du silence des nuits


La forêt

Une forêt bat dans mon cœur –
C’est là qu’habite une araignée,
Mais je n’en ai jamais eu peur
Depuis qu’elle s’est installée ;
Bien qu’elle puisse m’entraver,
Son métier n’est pas de tuer.

Une forêt bat dans mon cœur –
C’est là qu’habite un rouge-gorge,
Qui me protège de l’horreur
Dont la forêt la nuit regorge ;
Oh ! le chant puissant !
L’araignée fuit en l’entendant.

Une forêt bat dans mon cœur –
Pouvez-vous tendre votre oreille ?
Entendrez-vous l’autre chanteur
Dans ma forêt qui ne sommeille ?
Si beau, son chant,
Près de l’étang…
Et avec lui la nuit s’embrase,
L’abîme appelle, ô sombre extase !

Il ne chante pas fort
Mais quand il sort
Impossible de faire taire
Le ténébreux lépidoptère

shayde09
Niveau 13
08 janvier 2020 à 13:53:10


Vers pyrrhoniens

Préhension

J’ai saisi
Des choses
Enfin je crois
De légères vagues
Sur le sable de ma conscience
Qui m’ont effleuré
Avant de repartir
En laissant
Quelques
Traces


Je l’aime

Elle passait l’aspirateur en me regardant
Sur le canapé
Et elle semblait me dire
De ses yeux las et beaux
« Bouge-toi le cul »
Alors je me lève
Et l’embrasse
Et m’active


Seuls avec tous

En vérité
Nous parlons toujours tout seuls
Mais la politesse ou les circonstances nous obligent parfois
À laisser les autres entendre nos paroles
Notamment lorsqu’elles les concernent


Suprématie

E il naufragar m'è dolce in questo mare.

Mortelle aux yeux de lune à qui cède ma loi,
Tes trop puissants regards contrôlent les marées
De mon cœur qui se lève et… Me noie ? Moi, son roi ?
Et ce naufrage est doux ? Que… Vite, se barrer !


Fib félin

Un
Chat
Né chat
Parle chat
Pense et bouge chat
Craintif, câlin jusqu’à la fin.


L’ange muet

Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme.

Matthieu 15:11

Le silence est le majordome de ton âme.
Ne le crains pas, ni ne le blâme,
Car tes mots laissent derrière eux des saletés
(Au point parfois de dégoûter),
Dans ton esprit ainsi que dans celui des autres.
Lumière, oubli, pardon passent dans son balai :
Regarde-le, ce doux apôtre,
Invite-le, ce vieux valet.

Shanti

Pour les bêtes sauvages
la nuit brûle d’un feu clair
nous y voyons si peu

Collé à la vitre
j’essaie d’écouter les réverbères
en discussion avec les flaques d’eau

Quelques chansons frappent à ma porte
et lente mon oreille du poids de ses années
tristesse bonheur envie colère
de potentiels colocataires
(mais de quoi rêvent les chatons ?
sur le coussin las
ils dorment en forme de croix)

Plus un bruit dehors et plus un bruit dedans
rien que les chatons qui tètent le Léthé
aux mamelles roses
et Marie ô Jésus n’avait pas plus de grâce
quand on la peignit blanche en train de t’allaiter

Leur mère est une chatte noire au cri de lumière
ses yeux sourient quand ils se ferment doucement
son sang sauvage ne bout plus
il n’y a que le lait
calme et chaud
et le silence qui ronronne

Face au miroir un vieux singe me regarde

Je tends l'oreille vers l'intérieur et cela fait
longtemps que je n’entends plus les échos
des violences premières
moi qui n’ai pas su retenir
les yeux les mains les souvenirs
voici que je bois seul à la source du temps
(l’oubli au moins ne m’a pas oublié)

La télé ronfle dans le noir
elle parlait de souffrance tout à l’heure
et de mort
mais la douleur hélas ne m’est plus rien
je sais l’art de tresser les désespoirs

Dans une chambre
que fais je - ?
au milieu des vêtements (tout aussi nus que moi)
je m’abandonne et mirlitonne

Un chaton deux chatons trois chatons
shanti shanti shanti 

Haïkus

Le jour sort de scène,
Un entracte avant la nuit ;
Dieu sort ses pinceaux.

Jogging en été :
Synchronisation des cœurs,
Pulsation des feuilles.

Fuite d’hirondelles,
Une balance vacille ;
Toi, reste à l’affût.

Rayon de réveil,
Le jour entre sans frapper ;
Encor cinq minutes !

shayde09
Niveau 13
08 janvier 2020 à 13:53:50

Vers chrétiens

Chant pour les damnés

Their song was partial, but the harmony
(What could it less when spirits immortal sing?)
Suspended hell…

Envolé, sens, envolé, pouvoir,
Envolés, bataillons de lumière,
Envolés chance et rêves du soir,
Bien trop tôt, toujours – on désespère.

Et puis vient cet étrange plaisir,
Alors qu’espoir et fortune sombrent ;
Il est encor temps de se ravir,
Ma voix monte au-dessus des décombres.

Malgré mes erreurs, mes errements,
Je ne tremble plus face à l’aurore ;
Que vienne le Jour du Jugement !
Je suis damné, mais je chante encore.


Le serment du veilleur

Seigneur, je ne peux pas sauver le monde,
Les racines du mal sont beaucoup trop profondes,
Seigneur, je ne peux pas sauver le monde.

Seigneur, je ne suis pas un grand héros,
Juste l’ombre d’un rêve et un futur tas d’os,
Seigneur, je ne suis pas un grand héros.

Seigneur, je ne peux pas changer les hommes,
Le rêve est criminel qui veut refaire Rome,
Seigneur, je ne peux pas changer les hommes.

Seigneur, je ne suis pas un grand rêveur,
Juste un pauvre animal qui souffre avec lenteur,
Seigneur, je ne suis pas un grand rêveur.

Je ne crois plus aux antiques chimères.
Je ne veux plus qu’aimer Votre lumière,
Qui toujours luit au milieu de la nuit
Et que je veux porter, sans faire un bruit.

Que je sois un berger de Votre étoile,
Pour éclairer et dissiper les voiles.
Que je sois un veilleur de Votre feu,
Pour dégeler le cœur des malheureux.

Faites de mon âme un grand feu de fête,
Pour réchauffer et protéger des bêtes !
Seigneur, Maître du vin, Maître du chant,
Faites de mon âme un grand feu de camp !

Je raviverai le cœur de mes frères.
Je chercherai les fragments de lumière.
Je m’oublierai dans le céleste feu.
J’abriterai le grand festin de Dieu.


Prière

Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j'ôterai de votre corps le cœur de pierre, et je vous donnerai un coeur de chair.

Ézéchiel, 36 : 26

(Note: "Abmaveth" veut dire "père de la mort" en hébreu)

Colère : feu noir de glace,
Cloaque, marais du cœur,
Tours brûlant dans le brouillard –
Je sais. J’ai senti. J’ai vu.
Vu les yeux voilés de flammes,
Vu les statues pourrissantes
Dans le jardin des ténèbres.
Je sais les sinistres rois,
Détrônés à Ton côté.

Profonde gît Ta lumière,
Abmaveth, et oublié
Ton amour, Ton sacrifice
Doré aux couleurs de l’aube.
Le ciel, blanc ou noir, est vide,
Une toile pour nos peurs ;
Trop proches de nous la brume,
Les vapeurs d’esprits fumants,
Les rêves déchus des hommes.

Est-ce la tienne, ô Papa ?
Cette terre dure et morte,
Calcinée de cauchemars ?
Des mains ridées ont jadis
Ecrit un conte, des voix
Ridées l’ont jadis prêché :
Tu serais venu sur Terre
Faire ton Dieu… Je souris.
Existes-tu ? Dieu seul sait.

Les vents soufflent. La pluie tombe.
La bâche de la nuit couvre
Bâtiments et cœurs de pierre.
Que faisons-nous, sœurs et frères ?
Vivrons-nous donc solitaires ?
Oublierons-nous les oiseaux
De l’aurore ? À Dieu ne plaise.
Seigneur, Amour,
Dans la nuit de feu,
Sauve-nous du mal.

Ichthus

Oublie la pure vie, ô mon âme revêche,
Ce chant d’oiseau de givre embrasant le Buisson.
Chute comme Jonas, car toute âme qui pèche
Finira par pêcher un célèbre poisson.


Fantasmagories

non frustra dici potest omne peccatum esse mendacium

Le murmure de Dieu n'atteignait mes tympans. Des mouches bourdonnaient dans mon crâne
funèbre, le son me consumait sous ma peau de ténèbres… Seul, j'enviais la mue du
lumineux serpent.

L’Enfer n’est qu’un grand bruit
|ses ondes des barreaux|,
Où se perdit l'égo
qui s'y perdra encor,
Fuyant musique et forme
au chaos qui s'enor-
-gueillit face au Seigneur de ses simples haros.

Ton aubade est légère, ô Toi qui fis le jour,
Et pourtant plus réelle et ô combien plus belle
Que les cris décharnés de mon âme rebelle !

Hébété de stupeur, j’étais aveugle et sourd ; car le fruit défendu est une fausse oronge,
et l’on sort du péché comme l’on sort d’un songe.

----------

J’ai tellement péché que c’était irréel.
Les étoiles fuyaient
comme un troupeau de zèbres,
Et je me dévorais
sous le feu des ténèbres –
Érysichthon damné par un rêve mortel.

J’étais comme Ixion dans sa luxure vaine ;
Les frissons de l’Enfer parcouraient tout mon corps,
Quand délirant tout seul d’une extase de mort, je connus que la Pomme est hallucinogène.

Ton Étoile est lointaine, ô Toi qui fis le jour,
Et sa faible lumière est-elle plus réelle
Que les âcres vapeurs tournant dans ma ruelle ?

Qu’importe – même en songe il faut croire en l’amour.
Si le fruit défendu est une fausse oronge, nous y renoncerons pour un plus vrai mensonge.

---------

Beau cauchemar ! Mauvais songe providentiel !
Les étoiles m’ont fui – lucioles effrayées
Par l’infernale faim d’infâmes araignées
Qui tissaient de leurs rets mon rêve mange-ciel…

« Tout péché est mensonge », écrit saint Augustin,
« Une drogue mortelle éternellement vaine,
Un fruit rempli de fiel, un hallucinogène,
Une très fausse oronge, un très vide festin ! »

Ton Étoile est lointaine, ô Toi qui fis le jour…
Qu’importe si l’éclat de sa brève lumière
N’est que l’illusion d’une douce prière :

J’ai su que même en songe il faut croître en amour.
Puisses-Tu, ô Seigneur, habitant ma misère,
Aimer à travers moi les pécheurs de la terre !


Anathema Sit

La messe est dite, enfin ! Mes brebis sont parties.
Plus d’une heure passée à les bercer du Ciel,
Répéter le Credo pour ne pas qu’ils oublient
Quoi rêver en ce monde au parfum trop mortel ;
Ils sont tous obsédés par les Béatitudes,
Rabbi. Ton corps, ton corps meurtri, n’est qu’un vaisseau
Pour les conduire saufs au-delà du tombeau…
Nous sommes tous deux seuls – joignons nos solitudes.

Ah ! le silence ici caille comme le lait,
Doux Christ. Tu sais, tout à l’heure j’ai voulu rire :
Aucun ne te connaît comme je te connais.
Ton sang n’est à leurs yeux qu’une encre pour écrire
Leur partition d’orgueil où tout finira bien ;
Mais moi j’ai bu ton sang comme une bière amère,
Ivre de ton martyre atroce et solitaire,
Car je sais ton secret – et tu connais le mien !

Tu ne reviendras pas juger toutes ces ouailles
Que tu ne peux entendre et que tu ne peux voir.
La mort n’aura pas d’yeux lors de nos retrouvailles,
Ô mon beau fou. Nos vies sont les éclairs d’un soir…
Ta foudre pénétra mes entrailles nocturnes,
Et malgré la terreur de ton tragique sort,
J’ai su l’amour vaincu plus riche que la mort,
Ô toi tendre héraut des gloires taciturnes !


Les Météores

Il existe un lieu en Grèce,
Non loin de Kalambaka ;
Les Météores s’y dressent,
Vers le ciel, vers l’au-delà.

Dieux déchus d’un autre temps,
Pétrifiés, tours de silence :
Sont-ce les anciens Titans,
Délivrés de l’existence ?

Parmi leur étrange faune,
On y croise des chrétiens,
Habitants de saintes zones
Nichées au bord des ravins.

Ciselés par l’érosion,
Ces pitons semblent nos âmes :
Une sublime ablation
Forgea leur céleste flamme.

Il existe un lieu en Grèce
Non loin de Kalambaka ;
Les Météores s’y dressent
Vers le ciel, vers l’au-delà.

shayde09
Niveau 13
08 janvier 2020 à 13:54:23

Vers pour la route

Mousse

Ô mousse de la bière, ô mousse de la mer,
Ô mousse de la rage et de la mâle envie :
Comme mille béliers se ruant vers l’éther,
Vous êtes les aînées de l’imprudente Vie !

Et les mousseux troupeaux et l’apprenti marin,
Propulsés des lointains par l’Obscur Pulvérin
Vers l’horizon doré qui déjà les enivre,
Ont ceci en commun : c’est la hâte de vivre !

J’ai vu le velours vert, la toison d’émeraude
Se moquer de la mort, et sur les tombes chaudes
Faire éclater la vie à la face des cieux…
Je t’ai connu, ô Monde, et sais que tu n’es vieux

Que pour le philosophe et l’austère savant !
Qui donc t’a comparé à une triste horloge ?
Qu’il fréquente la mousse, il comprendra l’éloge ;
Ça grouille et ça frémit ! L’Univers est vivant… Il déborde !


Le dernier fils (pastiche d’une vieille légende)

Je suis le dernier fils, le frère mal-aimé,
Conçu pour les allocs lors d’une nuit d’automne ;
Qui eût cru que j’irais, moi le grand malfamé,
Par un étrange amour sacrifier ma personne ?

Mon idiote de sœur épouse un étranger,
Mais ma mère prend peur et voit qu’on l’abandonne.
Si même sa petite ose déménager,
Qui donc l’assistera dans sa vieillesse atone ?

Elle nous réunit juste avant de manger,
Exigeant un serment pour qu’on la lui redonne
Quand viendra son hiver qui doit nous obliger.
« Alors ? Qui parmi vous ira chercher Sharon ? »

Mes frères un par un cherchent à s’exempter,
Et me laissent tout seul avec l’heure qui sonne.
Elle veut ce serment ? Je vais le lui prêter.
Qu’ai-je à perdre sinon une vie monotone ?


Les songes d’un Achille

Zinédine Zidane a mis la zizanie
Après son coup de tête au faquin d’Italie ;
Abandonnant les siens, expulsé du terrain,
Était-il en sortant agité ou serein ?
Rêva-t-il un moment d’une tout autre histoire,
Sans viles moqueries, couronnée de victoire ?
Rêva-t-il de ces matchs nostalgiques et beaux
Où flottaient pour lui seul d’homériques drapeaux ?
De l’Olympe du foot qui lui ouvrait sa porte,
L’invitant à rejoindre une illustre cohorte ?
De quatre-vingt-dix-huit avec Didier Deschamps,
Quand le pays en chœur leur dédiait des chants ?
Notre Achille s’en va ! La finale est perdue,
Toute une nation se trouve confondue.

Les regrets, les remords, ont-ils touché ce cœur
Tant de fois à l’épreuve et tant de fois vainqueur ?
Ce joueur dont aucun n’atteignait la cheville,
Peut-être a-t-il aimé défendre sa famille.
Appelé qu’il était par d’ancestrales lois,
Il ne pouvait pas fuir, il n’avait pas le choix ;
Peut-être se vit-il à l’heure familiale,
Célébré loin des pleurs et des cris au scandale,
Honoré par sa mère et son père et ses sœurs,
Loin des paparazzis et des mesquins farceurs.
Le vil Materazzi moqua sa sœur cadette :
N’avait-il pas raison de lui faire sa fête ?
Je ne sais quoi penser… Mais assez bavardé ;
J’ai déjà de ce match bien trop cauchemardé !


Complainte du jeune travailleur

Dans l’enfer du métro, près des vieilles entrailles
De la vile Paris vomissant ses ouailles,
Je me rends au bureau dès la percée du jour,
Tel un triste Thésée, muet, aveugle et sourd,

Lâché dans ce dédale et offert en bétail
Au monstre costumé qu’on appelle travail.
Un ange de métal m’a dit « Gagne ta vie,
Quitte à te retrouver aux bords de la folie… »

Je sais bien que les gens acceptent la tenaille
Pour servir leur pays et nourrir leur marmaille ;
Mais moi, étudiant d'art, jeune et maudit puceau,
Par la nécessité arraché du pinceau,

Sans femme ni gamins je rêve d’autres rails !
L'imagination, cette fée malhonnête,
Me peint l'illusion d'une charmante fête,
Changeant les stations en caravansérails...

Parfois un vent lointain, soufflant vaille que vaille,
Avive en moi le feu d’une rébellion,
Et me fait fantasmer de Révolution –
Et je rêve de mort, qu’importe la bataille !

Mourir… Et vivre, un peu ! Assaillir les murailles !
Mourir sur les remparts en compagnie des dieux !
Aux doux yeux d’un mourant que le monde est glorieux…
Je rêve d’un couchant pour toutes funérailles.

Un trajet un peu long, voici que je déraille…
Car c’est le terminus, mon beau songe se taille :
Il fuit mes policiers, ce pauvre clandestin !
J’émerge, et sur ma joue la brise du matin.

Et je ris du vieux Marx, cette aimable canaille,
Dont le rouge dessein se perd dans ma grisaille
Car je suis comme tous, un peintre indifférent,
Un geôlier à moi-même, à moi-même un tyran –

Et n’ose deviner en quoi l’humain bétail,
Appelé à punir les bourreaux du travail
Désignés par des chefs pleins de haine publique,
Pourrait se transformer dans l’élan d’une clique.


Catanabase

Mes pieds dans le sommeil sont des arbres lointains,
Parcourant de mon lit l’insondable séjour ;
Je les sens tournoyer à l’orée du matin,
Quand s’entend l’hallali onirique du jour.

Il neige dans mon corps des confettis de cendres,
Une fête secrète en délires féconde,
Aux vins amers et noirs ; sens monter et descendre
Le flot de mon regard traversant mille mondes.

Ce sont les bois obscurs et les dunes mouvantes
D’un pays très étrange où tout change et tout fuit,
Sauf les dernières fleurs de rêveries mourantes
Au fond de nos cerveaux dégrisés de la nuit !


Portrait d’un vampire

Ich hab' Mein' Sach' auf Nichts gestellt.

Peuples, prenez garde au poète. Amant des ombres,
Il a bu l'eau des morts et rêve de décombres.
Tout est bon pour nourrir ce vampire du Beau,
Et plus que le bonheur, la peine et le tombeau.

Que vas-tu nous chanter, ô sinistre alchimiste ?
N’espère pas m’avoir avec ta mine triste :
Je sais que tu fondas ta cause sur le Rien,
Nihiliste riant du mal comme du bien.
Prestidigitateur passant pour un prophète,
La vie n’est à tes yeux qu’une éternelle fête,
Menée par l’Ironie qui te casse les reins
À force de danser sur les mêmes refrains.
Je le sais ; je suis toi. De ténèbres avide,
Tu vas puiser tes mots et rythmes dans le vide.
Embellissant les maux et déguisant le vrai,
Tu caches aux nigauds ton turpide secret :
Tu n’écoutes les gens que pour un beau poème,
Au contexte mobile afin qu’on dise : « J’aime ! »
Tel malheur au travail se change brusquement
En descente aux Enfers et matière à roman,
Sur fond d’une épopée communiste-anarchique
(Mais bien sûr tu te fous de toute politique).
C’est là ta signature : écouter de travers,
Travestir la pensée pour la beauté d’un vers.
Le bien, le mal : des mots, des jouets. Tu t’amuses,
En éternel enfant dans les jupes des Muses.
Un sage te chassa de sa juste Cité :
Il te connaissait bien… Et tu l’as mérité !


Personne

Acteur – ô sans-visage ! Ô tout-visage ! Ô corps
Démesuré ! Je te salue, ombre qui danse
Sur la scène où s’exalte une vaine existence,
Et qui pompe le sang par les rythmes des morts !

Mais pour jouir ainsi des faveurs de Protée,
Quel prix faut-il payer, ô maître des miroirs ?
Toi qui sens du néant les immenses pouvoirs,
Caches-tu sous ton masque une face hantée ?

Fais-nous rire ou pleurer, qu’importe si c’est faux :
Ton art est vrai pour nous, du moment qu’il est beau.
Ta parole s’envole, et chaque mot résonne

Comme un bel éphémère ailé d’éternité,
Car j’ai vu se mêler sur ta double personne
Les masques du mensonge et de la vérité !


Obsession

Mon cœur est bien trop gros pour ma pauvre poitrine.
Une femme a voilé la face de l'été,
Prisonnier de son rire et son sein qui fascine.
Une femme a volé la sainte majesté.

Sous un soleil malade annonçant ta ruine,
Ô corps désaccordé, tu n’as que trop chanté –
Dans les temps de malheur tout mot est une épine,
Tout chant un écho vain de l’infélicité.

Heureux celui qui peut étirer les distances
Dans l'espace du cœur, où les divins silences
Aèrent l’homme pur quand il est anxieux ;

Mais cette frêle femme obsède ma faible âme,
Son silence m’étouffe, oblitère les cieux,
Et sa voix de satin me rend sourd à tout blâme.

La colère d’Aphrodite

Tu me parles, ma chère, et je vois dans ton geste
Que tu voudrais porter la discussion plus loin.
La poésie vaut mieux, le ciel m’en soit témoin :
Laisse-moi t’exposer mon humble manifeste.

Je dédaigne Vénus par amour de l’amour
Et mépris de la trique, idiote, égocentrique,
Servant à son insu l’obscurité lubrique
Qui sème la misère humaine, chaque jour.

« Insolent ! » me cria la cruelle Aphrodite,
« Tu pèches par hubris en refusant ta bite,
Car tout ce qui vit baise, ici-bas, sous les cieux ;

Peux-tu t’enivrer d’air et vivre de lumière ?
Abandonne-toi donc au doux sein qui te serre :
Il faut jouir, poète, avant d’être trop vieux. »


Sale journée

Une fée m’a souri en vol,
Et j’n’ai pu que la regarder ;
J’aurais voulu la rattraper,
Mais j’avais bu beaucoup d’alcool.

Un dieu m’a vu, j’voulais mourir,
Et j’n’ai pu que le regarder
Me soulever, me tripoter,
Mais j’voulais fuir, oh j’voulais fuir.

J’ai vu un chat, là j’ai sauté
Pour l’attraper, j’me suis vautré,
Et le minou s’est pavané,
Il passait une bonn’ journée.


Nom

Dans les plumes d’une cane
Où s’amuse un chérubin ;
Dans les orbites d’un crâne,

Où les vers mangent leur pain ;
Sur les pages d’un vieux livre
Où fermente un puissant vin ;

Sur les mots qui nous délivrent,
Et nous lient en même temps ;
Sur les morts qui veulent vivre,

Même pour un seul instant ;
Sur les pluies et les orages
Qui purifient le printemps ;

Sur les hurlements de rage
D’un grand cœur qui bat toujours ;
Sur l’ivresse du naufrage

Aux lueurs du petit jour ;
Sur la tombe d’Alexandre,
Vierge de tout mot d’amour ;

Sur le lit taché de cendres
Où ment l’amant oublieux ;
Sur la peau des salamandres,

Que n’épargne pas le feu ;
Dans le regard d’une chienne
Où l’éternité se meut ;

Dans le tronc d’un jeune chêne,
Où Dieu rêve l’œil ouvert ;
Sur les charniers de la haine,

Où Dieu crève à ciel ouvert ;
Sur la force et la faiblesse,
Sur les corps à découvert ;

Sur les ailes des promesses
Rompues par un vent trop fort ;
Sur les cloches de la messe

Sonnant au nez de la mort ;
Sur la Terre tout entière,
Et sur tous les coups du sort,

J’inscris un nom de lumière.

shayde09
Niveau 13
08 janvier 2020 à 13:54:36

Vers la fin

Pantoun d’automne

Dis-moi, combien de temps encore ?
Voici l’automne après l’été,
Qui nous rejoue sa vieille aurore.
N’en est-il donc jamais lassé ?

Voici l’automne après l’été,
Le même show, l’éternitude.
N’en est-on donc jamais lassé ?
Toujours je baille à l’interlude.

D’un regard d’or l’éternitude
Fait rougir tous les esprits verts.
Je baille encore à l’interlude ;
Mais pourquoi rient tous ces piverts ?

J’ai vu mourir les esprits verts
Et trembler l’air des chutes d’anges ;
Mais pourquoi rient tous ces piverts,
Chantent ces grives, ces mésanges ?

Et tremble l’air des chutes d’anges,
Vente la pluie sur les maisons.
Des rouges-gorges, des mésanges…
En moi se meurent les saisons.

Et le vent pleut sur les maisons,
Et doux Jésus repart bredouille.
En nous se meurent les saisons :
Face aux écrans, le ciel se brouille.

Et doux Jésus repart bredouille,
Toquant aux portes, chaque jour.
Face aux écrans l’humain gazouille,
Drôle d’oiseau, aveugle et sourd.

Et chaque nuit, et chaque jour,
Des gens se baisent et se tuent :
Pauvres oiseaux, en mal d’amour…
Des bouches marchent dans la rue.

Et l’on se baise, et l’on se tue.
Mêmes infos à la télé :
Des gens débouchent sur l’av’nue,
Un autre mec s’est explosé.

Mêmes infos à la télé,
Un p’tit scandale, un compte offshore.
Un autre mec s’est explosé…
Dis-moi, combien de temps encore ?


Le désert

Pour quoi vis-tu, vieux roi, futur repas de vers ?
On t’a tout pris – pourquoi ne rends-tu pas les armes ?
Tu n’as rien que ta soif, et quelques rares larmes
Que tu ne peux pas boire. Ô le profond désert…

Tu as aimé, jadis. Qu’est-elle devenue ?
Tu ne me réponds pas – tu ne te souviens plus.
Mais d’où vient cet éclat sauvage dans tes yeux ?

La mort ne t’émeut plus, ni l’horreur, trop connue –
Au règne de la force un cœur est superflu.
Mais pour quoi te bats-tu, là où fuient tous les dieux ?

Le désert furieux se reflète et s’embrase
Dans tes yeux de damné, tout injectés de sang.
C’est l’oubli que tu veux, c’est là que tu descends –
Même de l’avenir tu as fait table rase.


Sonnet de la fin du monde

Tu vas bientôt finir, ô ma grande aventure.
Je t’ai donné le sel des larmes et des mers,
Je t’ai donné le feu couvant sous les hivers,
Mais le monde s’éteint sous une flamme obscure.

Mes yeux vont se fermer sur toute la Nature ;
J’en verrai les contours rémanents par-devers
La toile du Néant reprenant l’univers,
Gommant de ton destin l’éphémère peinture.

Depuis l’éternité renaîtront d’autres voix,
Fermentant dans mon cœur et bouillonnant de lois ;
Il me faudra du temps avant que je réponde

(Le temps sacré du deuil oblige aussi les dieux),
Puis encore une fois je rouvrirai les yeux,
Et je m’effacerai pour leur donner un monde.


Berceuse

Reposez-vous, ô marraine,
Sur ce lit fait par mes soins :
Je vous chante le gai thrène
De la fin des temps humains,
L’effacement d’un visage
Sur le sable, vieux dessin ;
Je chante d’anciens rivages
Embrassés par les embruns,
Des vaisseaux d’antiques guerres
Naufragés au fond des mers.

Flocons de neiges montantes,
Lunes d’or, soleils d’argent,
Firmaments couleur de menthe,
Forêts bleues bercées de vents ;
Et parviendront de sous terre
Des chants émis par des os,
Telles d’ultimes prières
Rendant grâce au grand repos ;
Et le spectre d’un grand aigle
Déploiera ses larges ailes

Dans l’air pour un dernier vol ;
Et des pluies diluviennes
Laveront le sang du sol ;
Et la hache de la haine
Rouillera dans le désert ;
Et nulle trompette d’ange
Pour le nouvel univers ;
Juste des bêtes étranges
Flairant de nouveaux festins –
Ainsi tout finira bien.

Nearby
Niveau 10
18 janvier 2020 à 02:20:37

Les Sans-Yeux / Mousse / Les songes d'un Achille / Portrait d'un vampire / Personne / Nom / Sonnet de la fin du monde ce serait mes poèmes préférés dans le tas

Je suis finalement assez peu impressionné par tout ce qui n'est pas de l'alexandrin, mais je crois que j'ai juste désappris à apprécier les autres formes de poésie à force

Je vais pas redire ce que j'ai déjà dit beaucoup de fois, je pense que tu maîtrises cette poésie-là et que t'aurais aucun mal à faire croire que t'as juste copié/collé des auteurs classiques (sans ironie aucune, il faut une maîtrise impressionnante pour se rendre indissociable de grands noms de la poésie)

De manière notable Les songes d'un Achille c'est celui où t'as trouvé un équilibre intéressant entre le classique et le moderne, le stylé et le commun (à part peut-être pour un ou deux vers, genre le premier et celui sur "faire sa fête". En tout cas ça m'a beaucoup moins dérangé là que pour La colère d'Aphrodite par exemple, c'était beaucoup moins intrusif, ça ne donnait pas l'impression de ne pas avoir sa place ici, en plus le rapprochement avec Achille avait du sens tout en étant assez neuf.

Fantasmagories c'est une réécriture de quelque chose que t'as déjà posté non ? Complaintes du jeune travailleur aussi. J'ai l'impression que tu les as allongés, et que parfois le message se perd un peu dans la durée, les passages ajoutés m'ont l'air moins percutants que les autres (ou alors c'est juste parce que j'ai le souvenir des autres)

Retiny
Niveau 9
18 janvier 2020 à 17:54:34

tu es mon poète préféré l'op, je suis sincère :rire:

shayde09
Niveau 13
31 janvier 2020 à 09:52:27

Merci Nearby :)

Oui, j'ai réécrit quelques textes.

Et merci Retiny, je vais te croire sur parole parce que je suis très sensible à la flatterie, et que de toute façon, l'affection que l'on porte à un poète n'est pas forcément égale à l'admiration qu'on a pour eux.

i_sak
Niveau 5
31 janvier 2020 à 10:03:25

Bon écrit par contre essaye de maîtriser un peu plus la versification plutôt que le fond, à moins que tu voulais comme Guillaume Apollinaire, briser les codes de la poésie.

shayde09
Niveau 13
14 février 2020 à 11:48:48

L'ange à la pêche

Je rêve d’un bel ange, il me tend une pêche.

Son sourire est sur moi, mais je n’ose le voir :
Bien trop sale est mon cœur malgré ma gorge sèche.

« Ne me regarde pas, bel ange, car ce soir
Ton invité n’est pas digne de cette table. »
Il rit, et puis me dit : « Mange, et viens donc t’asseoir :

Sais-tu pourquoi ton Dieu naquit dans une étable,
Au milieu de la fange ainsi qu’un canasson ?
Ton cœur, parfois boueux, mais jamais détestable,
Récolte, même impur, la divine moisson…

Oublie la pure vie, ô belle âme revêche,
Ce chant d’oiseau de givre embrasant le Buisson.
Chute comme Jonas, car toute âme qui pèche
Finira par pêcher un célèbre poisson. »
Je rêve d’un bel ange, et je mange sa pêche.

Orlaine
Niveau 10
14 février 2020 à 12:12:42

Je ne suis pas grande lectrice de poésie, mais j'aime bien ce que tu fais, l'auteur. Mon préféré jusqu'ici c'est La colère d’Aphrodite. :oui:

shayde09
Niveau 13
14 février 2020 à 14:33:59

Merci Orlaine :)

ArtSeulEst
Niveau 10
15 février 2020 à 19:41:57

Je découvre le forum écriture avec ton topic, jusqu'ici je passais mon temps à up mon topic poésie sur le 18-25 sans succès :rire:

Joli travail l'ami.

shayde09
Niveau 13
17 février 2020 à 16:22:02

Merci Artseulest !

De la poésie sur le 18-25 ? T'as vraiment cru que ça marcherait ? :rire2:

VeyIox
Niveau 10
20 février 2020 à 08:37:51

Je vois je vois

shayde09
Niveau 13
20 février 2020 à 11:59:05

ça te dit quelque chose ? :)

j'ai essayé de mettre ça en vers sous la forme d'une comptine narrative (forcément simplifiée), et de créer un décalage entre un langage naïf et une réalité dérangeante

je ne sais pas si c'est réussi, je pense que j'aurais pu être moins explicite, plus dans la suggestion voire dans l'absurde (comme c'est le cas de beaucoup de comptines), mais c'est très difficile, honnêtement je ne pense pas faire beaucoup mieux :(

Qu'est-ce que t'en penses ?

shayde09
Niveau 13
20 février 2020 à 16:22:08

Version remaniée

La chanson de Jacques Quintar

Sans crainte dors mon lapinou
Jacques Quintar veille sur nous
Un mot suffit pour qu’il les traque
Et couic et crac font les macaques

Jacques Quintar était comme eux
En plus méchant et plus hideux
Il allait voir les pauvres filles
Il les brisait comme brindilles

Un grand feu noir au creux des reins
Il aimait jouer de son surin
Mais un beau jour une victime
Lui fit payer son dernier crime

Sorcière elle a jeté son sort
L’a fait mourir d’une non-mort
Et maintenant sa maudite âme
Répond aux vœux sanglants des femmes

Sans crainte dors mon lapinou
Jacques Quintar veille sur nous
Un mot suffit pour qu’il le traque
Et mange cru ton gros macaque

VeyIox
Niveau 10
20 février 2020 à 17:17:29

C'est marrant que tu dises ça parce que la version remaniée m'a l'air plus explicite justement, non ?

C'est stylé j'aime bien, mais ça veut dire qu'on verra pas de texte en prose j'imagine https://image.noelshack.com/fichiers/2016/50/1481877324-hum2.png

Il me semble que je préférais le dernier vers dans l'autre version

Il les brisait comme brindilles

Celui-là est un peu rouillé aussi, j'imagine qu'il est compliqué à modifier sans abandonner la césure

shayde09
Niveau 13
20 février 2020 à 21:17:43

Merci de ton retour. Oui, j'ai décidé d'assumer mon impuissance face à mes rêves d'idéal ("L'étude du beau est un duel où l'artiste crie de frayeur avant d'être vaincu") et tenté de proposer un poème qui se tient malgré tout. Au vers 10 j'ai troqué le non-dit pour l'ambiguïté, le surin pouvant être un symbole phallique.

T'as raison pour le vers 8, je l'ai changé en brisant la césure (ce qui va bien avec le sens du vers donc je pourrai toujours m'en justifier en passant pour intelligent, héhé) : "Les brisait comme des brindilles". C'est le mieux que j'ai trouvé pour l'instant.

Je n'ai aucun talent pour la prose, et puis, tu t'es déjà chargé d'écrire un bon texte sur le sujet, à ta sauce.

shayde09
Niveau 13
20 février 2020 à 22:42:32

Voici la version pour le moment définitive

Jacques Quintar

Sans crainte dors mon lapinou
Jacques Quintar veille sur nous
Un mot suffit pour qu’il les traque
Et couic et crac font les macaques

Jacques Quintar était comme eux
En plus méchant et plus hideux
Il allait voir le soir les filles
Les Lolitas et les Camilles

Un grand feu noir au creux des reins
Il aimait jouer de son surin
Mais un beau jour une victime
Lui fit payer son dernier crime

Sorcière elle a jeté son sort
Jacques mourut d’une non-mort
Et maintenant sa maudite âme
Répond aux vœux sanglants des femmes

Sans crainte dors mon lapinou
Jacques Quintar veille sur nous
Un mot suffit pour qu’il le traque
Et couic et crac fait ton mac’aque

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Sujet : [Recueil de poèmes] Les Grotesques
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