Hello,
Après avoir écrit plein de petits textes, j'ai imaginé faire quelque chose de plus développé autour d'un état que je qualifierais de "brisé". Un état dans lequel on entre suite à un trop plein de souffrance et d'épreuves, et qui nous rend engourdi : perte de motivation générale, perte des sentiments, perte d'intérêt, apparition du négativisme, de la dépression, de l'angoisse ... M'y étant frotté moi-même, je me suis dit pourquoi pas écrire une sorte de recueil qui contiendrait toutes mes conclusions autour de cet état, aussi bien des symptômes que des solutions pour s'en sortir. L'oeuvre serait donc une sorte de passation altruiste, un recueil de conseils pour les néophytes brisés qui chercheraient à être aiguillé dans leur douleur.
Le recueil sera articulé en chapitres, et chaque chapitre parlera d'un sujet en particulier. Je voudrais pas vous spam et faire remonter ce topic tous les x jours si personne ne s'y intéresse, alors c'est pas impossible que j'arrête de poster les nouveaux chapitres si je vois qu'il n'est utile à personne
Chapitre 1 : Accueil
Camarade, je compatis. Car si tu lis ceci, c’est sûrement que les engrenages de la vie t’ont toi aussi essoré plus que de raison. Mais les seules fatalités sont celles que nous nous imposons, et cette fosse est autant ton tombeau que ton point d’appui pour rebondir. Je ne te l’apprends peut-être pas, mais en tant que marginal, tu es voué à endurer plus que les gâtés. Ce n’est pas juste, en effet, mais le Juste est une notion humaine, et par conséquent imparfaite. Nous ne pouvons qu’imiter Dame Nature, nos concepts resteront flous et fragiles. Alors, devant ce constat, je veux que tu considères ta chute comme une opportunité plutôt qu’une malédiction. Mûrir par la Souffrance n’est ni aisé, ni prudent : elle peut aussi bien nous aider à construire que ravager tout chantier déjà entrepris. Parfois elle érige une tour magistrale mais balaie un foyer en tribut. Comme chaque chose, tout est question d’équilibre.
Je me doute qu’il doit t’être ardu d’exercer un quelconque contrôle sur ta souffrance et ce qu’elle génère. Tu brodes l’instant comme tu le peux en évitant l’embarras, ce qui est logique. Logique, mais contre-productif : le marginal doit être conscient de sa fosse et de sa condition pour éviter les pièges qui lui sont tendus. Là où les gâtés bénéficient d’un air propre à la surface, ici il est aigre et granuleux, l’on ne peut s’en imprégner imprudemment. Tu devras y arracher recul, jugeote et éveil pour espérer t’élever. Comprendre son environnement et comment il fonctionne reste le meilleur moyen d’apprendre à améliorer sa condition.
Les divagations dans l’abîme est le déboire que j’espère t’éviter par mon récit. Tant de plaies t’attendent si, comme moi, tu tâtonnes les parois rocheuses dans l’idée de franchir les ténèbres … Voici la lueur que j’en ramène, camarade. Sers-t’en pour écourter ton supplice de quelque manière que ce soit : suivre ma carte au mot ou piocher dans les informations qu’elle recèle, la méthode t’appartient. Ceci est ma main tendue qui ne demande pas d’effort à saisir. Mon vécu, ton atout !
Ça peut-être intéressant, à voir sur la suite, mais je ressens tout de même une influence politique forte et cela m'inquiète un peu (à voir comment tu géreras ce point par la suite)
Le 07 janvier 2020 à 00:22:29 A-San a écrit :
Ça peut-être intéressant, à voir sur la suite, mais je ressens tout de même une influence politique forte et cela m'inquiète un peu (à voir comment tu géreras ce point par la suite)
Une influence politique ?
C'est en tout cas pas le but, je vise à apporter des "conseils" à travers mon vécu et mes réflexions. La démarche est détachée de toute cause politique.
Ah, après avoir un peu cogité je pense que tu fais référence aux "marginaux" et aux "gâtés" ? Ce n'est pas censé représenter les pauvres et les riches. Par marginal, je voulais qualifier la personne à contre-courant, qui est esseulée, qui n'a pas volonté de faire carrière dans un job classique, pas d'ami, pas "normie", généralement malheureuse (typiquement une personne qui est victime de harcèlement scolaire et qui aura des séquelles durables par exemple). Et par gâté, eh bien le contraire. Celui qui est/a été populaire à l'école, fait du sport, a une famille unie, un grand cercle d'amis, etc.
Bien sûr dans la pratique c'est un mélange des deux, mais il y a quand même au final une classification dans l'une ou l'autre des deux catégories. Et la marginalité explique - même si elle n'est pas systématique - la chute dans l'abysse, la cassure de l'Âme comme le titre l'indique
Le 07 janvier 2020 à 00:49:25 Arkanis87 a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 00:22:29 A-San a écrit :
Ça peut-être intéressant, à voir sur la suite, mais je ressens tout de même une influence politique forte et cela m'inquiète un peu (à voir comment tu géreras ce point par la suite)Une influence politique ?
C'est en tout cas pas le but, je vise à apporter des "conseils" à travers mon vécu et mes réflexions. La démarche est détachée de toute cause politique.
Ah, après avoir un peu cogité je pense que tu fais référence aux "marginaux" et aux "gâtés" ? Ce n'est pas censé représenter les pauvres et les riches. Par marginal, je voulais qualifier la personne à contre-courant, qui est esseulée, qui n'a pas volonté de faire carrière dans un job classique, pas d'ami, pas "normie", généralement malheureuse (typiquement une personne qui est victime de harcèlement scolaire et qui aura des séquelles durables par exemple). Et par gâté, eh bien le contraire. Celui qui est/a été populaire à l'école, fait du sport, a une famille unie, un grand cercle d'amis, etc.
Bien sûr dans la pratique c'est un mélange des deux, mais il y a quand même au final une classification dans l'une ou l'autre des deux catégories. Et la marginalité explique - même si elle n'est pas systématique - la chute dans l'abysse, la cassure de l'Âme comme le titre l'indique
Ah d'accord, c'est vrai qu'avec tes explications ça aident. Car à la première lecture (c'est peut-être que moi), mais j'avais l'impression que tu visais vraiment une catégorie particulière de la population par rapport à la hiérarchie sociale (dans le sens, riche, pauvre, ect...).
Enfin, je pensais vraiment que tu allais lier ton thème à ça, puis certains mots de vocabulaire comme "camarade" ne m'ont pas trop aidé.
Concrètement, je m'attendais vraiment à ce que tu lies la dépression à un contexte social (et donc plus exprimer une idéologie politique, très à gauche au passage). Comme quoi parfois, je pars chercher loin.
Salut,
Si c'est un texte de témoignage, il me semble qu'il aurait beaucoup plus de force si tu utilisais "je" à la place de "tu" ; par exemple :
"Je me doute qu’il doit t’être ardu d’exercer un quelconque contrôle sur ta souffrance et ce qu’elle génère. Tu brodes l’instant comme tu le peux en évitant l’embarras, ce qui est logique."
"Pour moi, il était ardu d'exercer le moindre contrôle sur ma souffrance et ce qu'elle faisait naître en moi. Je brodais l'instant comme je le pouvais en évitant l'embarras, ce qui me semblait logique à l'époque."
Ainsi, chaque lecteur peut se sentir intéressé par ce que tu écris. Dans le cas présent, il suffit que l'on ne remplisse pas une seule des qualités que tu attribues à ton lecteur (un marginal voué à en baver, quelqu'un qui a chuté, un maudit embarrassé contre-productif aigre et granuleux, etc.) pour ne pas se sentir concerné. Même au bout d'un moment, cet avalanche de qualificatifs frise à l'insulte et il ressort in fine du texte un sentiment de condescendance qui confine parfois à la pédanterie.
On se demande d'où parle l'auteur, qui prétends que la particularité et les spécificités de son vécu pourraient être des atouts universels. Si l'on est vraiment désespéré, sans doutes peut-on s'agacer de ne trouver dans cet accueil nul conseil pratique ni même paroles réconfortantes.
A contrario, si on prend par exemple le bouquin "Conversation with the Devil" de Napoleon Hill, le bonhomme explique qu'il est quelqu'un de reconnu dans son domaine, qui a écris de nombreux livres pour être plus productif et épanoui, et que d'un coup suite à un évènement tragique, il sombre dans la dépression. Il raconte que sa dépression était augmenté du fait qu'étant sensé être un professionnel du développement personnel, il avait de surcroit la sensation d'être un imposteur.
En lisant ça, on apprends des choses sur l'auteur et on parvient à s'identifier à lui tout en s'en distinguant. L'auteur se présente en disant "voici qui je suis, voilà ce que j'ai fais" et le lecteur est renvoyé à sa propre intelligence pour décider si ça lui convient. Là, j'ai eu l'impression, pour caricaturer, que tu disais "Alors les gars, faites-moi confiance, si vous faites exactement ce que je vous dis, vous pouvez me croire, ça va être génial".
D'une manière générale, si tu écris "je blablabla" la personne qui va lire ça va lire ça dans son crâne, c'est de l'auditif interne. Si elle lit "je" elle va avoir un sentiment d'identification mécaniquement plus fort qu'en lisant le texte actuel.
Le 07 janvier 2020 à 01:39:27 A-San a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 00:49:25 Arkanis87 a écrit :
Le 07 janvier 2020 à 00:22:29 A-San a écrit :
Ça peut-être intéressant, à voir sur la suite, mais je ressens tout de même une influence politique forte et cela m'inquiète un peu (à voir comment tu géreras ce point par la suite)Une influence politique ?
C'est en tout cas pas le but, je vise à apporter des "conseils" à travers mon vécu et mes réflexions. La démarche est détachée de toute cause politique.
Ah, après avoir un peu cogité je pense que tu fais référence aux "marginaux" et aux "gâtés" ? Ce n'est pas censé représenter les pauvres et les riches. Par marginal, je voulais qualifier la personne à contre-courant, qui est esseulée, qui n'a pas volonté de faire carrière dans un job classique, pas d'ami, pas "normie", généralement malheureuse (typiquement une personne qui est victime de harcèlement scolaire et qui aura des séquelles durables par exemple). Et par gâté, eh bien le contraire. Celui qui est/a été populaire à l'école, fait du sport, a une famille unie, un grand cercle d'amis, etc.
Bien sûr dans la pratique c'est un mélange des deux, mais il y a quand même au final une classification dans l'une ou l'autre des deux catégories. Et la marginalité explique - même si elle n'est pas systématique - la chute dans l'abysse, la cassure de l'Âme comme le titre l'indique
Ah d'accord, c'est vrai qu'avec tes explications ça aident. Car à la première lecture (c'est peut-être que moi), mais j'avais l'impression que tu visais vraiment une catégorie particulière de la population par rapport à la hiérarchie sociale (dans le sens, riche, pauvre, ect...).
Enfin, je pensais vraiment que tu allais lier ton thème à ça, puis certains mots de vocabulaire comme "camarade" ne m'ont pas trop aidé.
Concrètement, je m'attendais vraiment à ce que tu lies la dépression à un contexte social (et donc plus exprimer une idéologie politique, très à gauche au passage). Comme quoi parfois, je pars chercher loin.
J'avoue que les "camarade" ça rassure pas de ouf
Je ferai gaffe de modifier les phrases/passages qui pourraient effectivement faire penser à un discours politique gauchiste quand je le retravaillerai, merci de m'avoir rendu attentif à ça
Le 07 janvier 2020 à 04:07:43 Agraf a écrit :
Salut,Si c'est un texte de témoignage, il me semble qu'il aurait beaucoup plus de force si tu utilisais "je" à la place de "tu" ; par exemple :
"Je me doute qu’il doit t’être ardu d’exercer un quelconque contrôle sur ta souffrance et ce qu’elle génère. Tu brodes l’instant comme tu le peux en évitant l’embarras, ce qui est logique."
"Pour moi, il était ardu d'exercer le moindre contrôle sur ma souffrance et ce qu'elle faisait naître en moi. Je brodais l'instant comme je le pouvais en évitant l'embarras, ce qui me semblait logique à l'époque."
Ainsi, chaque lecteur peut se sentir intéressé par ce que tu écris. Dans le cas présent, il suffit que l'on ne remplisse pas une seule des qualités que tu attribues à ton lecteur (un marginal voué à en baver, quelqu'un qui a chuté, un maudit embarrassé contre-productif aigre et granuleux, etc.) pour ne pas se sentir concerné. Même au bout d'un moment, cet avalanche de qualificatifs frise à l'insulte et il ressort in fine du texte un sentiment de condescendance qui confine parfois à la pédanterie.
On se demande d'où parle l'auteur, qui prétends que la particularité et les spécificités de son vécu pourraient être des atouts universels. Si l'on est vraiment désespéré, sans doutes peut-on s'agacer de ne trouver dans cet accueil nul conseil pratique ni même paroles réconfortantes.
A contrario, si on prend par exemple le bouquin "Conversation with the Devil" de Napoleon Hill, le bonhomme explique qu'il est quelqu'un de reconnu dans son domaine, qui a écris de nombreux livres pour être plus productif et épanoui, et que d'un coup suite à un évènement tragique, il sombre dans la dépression. Il raconte que sa dépression était augmenté du fait qu'étant sensé être un professionnel du développement personnel, il avait de surcroit la sensation d'être un imposteur.
En lisant ça, on apprends des choses sur l'auteur et on parvient à s'identifier à lui tout en s'en distinguant. L'auteur se présente en disant "voici qui je suis, voilà ce que j'ai fais" et le lecteur est renvoyé à sa propre intelligence pour décider si ça lui convient. Là, j'ai eu l'impression, pour caricaturer, que tu disais "Alors les gars, faites-moi confiance, si vous faites exactement ce que je vous dis, vous pouvez me croire, ça va être génial".
D'une manière générale, si tu écris "je blablabla" la personne qui va lire ça va lire ça dans son crâne, c'est de l'auditif interne. Si elle lit "je" elle va avoir un sentiment d'identification mécaniquement plus fort qu'en lisant le texte actuel.
C'est une sorte de témoignage, oui, avec une optique de transmission du vécu et de ses conclusions qui passe au premier plan. Les 2 premiers chapitres dégrossissent le thème, une sorte de théorie de l'état de "brisé".
Je pense que ta remarque est pertinente, je voudrais pas que ça sonne comme un commercial qui vient vendre sa panacée. Je vais faire gaffe à la relecture d'inclure une dimension du "je" suffisante.
Merci
Chapitre 2 : Cassure de l’Âme
Pour soigner un mal, il convient de le diagnostiquer en prélude. Et s’il y a en toute âme des fissures dont le motif forge notre caractère, la cassure, elle, ravage. La vie est telle un océan dont la houle régit nos hauts et nos bas. Grâce à elle, chaque fond voit venir la prochaine ascension, mais chaque pic est susceptible de redescendre.
Le brisé, lui, coule dans cet océan qu’il ne parvient plus à discerner. Si le malheureux ne réalise pas rapidement la machination des abysses, il échouera dans l’abîme, fosse de la Nuit sans fin où la stagnation cultive les maux. En bref, rien de réjouissant. Et ce qui ne l’est pas d’avantage, c’est que personne n’est à l’abri du naufrage : tout est question de tolérance face à la houle qui, sur certaines eaux, tranche hargneusement les éminences. Toutefois, nous sommes naturellement moins enclins à chavirer une fois le mousse chétif devenu capitaine, et une mer calme n’a jamais fait un bon marin. Rien n’est manichéen ici-bas.
Poser le diagnostic est simple ; l’Homme est brisé dès que la spirale de négativité générale commence à le grignoter, car le négatif se nourri de lui-même et de ce qu’il infecte. L’on devient triste de stagner dans sa fosse, puis triste d’être triste, ce qui abîme notre confiance qui ne parvient plus à répertorier nos valeurs et nous condamne au fond. Voilà comment, après assez de ruminations, nous développons les symptômes suivants : perte totale ou partielle de motivation, d’envie, d’objectif, d’inspiration, de confiance et d’endurance. Apparaissent la tristesse, la peur, l’angoisse et autres névroses, l’introversion et la honte. Le vide ne peut le rester dans l’Univers, et cette règle s’applique aussi pour notre intérieur. Les sentiments, eux, peuvent aussi s’atténuer voire disparaître : les parents ou l’être aimé deviennent des colocataires. D’un point de vue global, c’est toute l’Âme qui s’engourdit, qui s’anesthésie comme pour parvenir à supporter la cassure.
Naturellement, les symptômes développés dépendent de la manière dont le brisé conçoit sa réclusion, et du temps passé dans l’abysse. Et plus il s’écoule, plus leur risque d’apparition ou d’aggravation augmente. C’est pourquoi, après ce préambule explicatif qui me semblait important, replongeons-nous sans plus tarder dans ce mouroir que nous ne connaissons que trop bien. Mais cette fois, nous n’y serons plus seul.
Salut, j'ai lu les deux intros et je tiens a te donner mon regard là-dessus, parce que je pense être bien placé : je vis en ce moment tout ce que tu décris, donc je suis pas contre lire quelqu'un qui en parle après avoir sorti la tête de l'eau.
Le bon point c'est c'est que tout ce que tu décris en termes très universels m'est accessible, fait échos directement à ce que je ressens, donc je pense que ça l'est aussi pour quelqu'un d'autre qui vivrait une souffrance très différente dans les faits, et à un degrés différent.
Ça c'est essentiel vu que tu souhaites aider tes lecteurs à partir de ton expérience. Que ce soit la meuf populaire sur insta qui ne vit que par son image 2D ou le type de quarante ans qui se retoruve SDF après un effet boule de neige "chômage-divorce-perte de la garde des enfants", il faut que tes lecteurs reconnaissent ce que toi t'as vécu.
Les points négatifs : ça fait quand même penser à une parole sainte qu'on retrouverait devant la bouche de métro de Barbes, non ?
Les métaphores filées que tu peux entendre à un rassemblement de témoins de Jéhovah, le langage soutenu et sa syntaxe désuète, le côté abrupte "[Je t'apporte] ma main tendue qui ne demande pas d’effort à saisir. Mon vécu, ton atout !"... ça peut pas coller, en tout cas pour pour moi, avec ce que tu proposes.
A moins d'avoir jamais entendu une messe ou jamais lu un verset de n'importe quel livre saint, je vois pas comment un lecteur pourrait trouver quelque chose de nouveau dans ces textes.
Donc, mon conseil principal pour donner une légitimité à ta démarche (qui est honorable et que je t'invites à poursuivre, sincèrement), c'est de dégager tout cet emballage qui empêche un lecteur comme moi de percevoir qui lui écrit (donc toi).
Je prends un exemple simple de ce qui marche pour moi et pour des million de personnes :
J'écoute Lana del Rey, une chanteuse pop, qui est devenue de plus en plus intimiste à mesure qu'elle maîtrisait son univers, sa place dans la culture et ses outils. Si des millions de personnes la suivent c'est qu'elle panse leurs maux, ou qu'elle les adoucie au moins, alors qu'elle n'avait pas vocation à les aider à la base. Elle parle en tant que femme de la vingtaine-trentaine, de ses histoires malheureuses avec les hommes, sa vie en roulottes, ses contrats passés sous les bureaux, sa célébrité soudaine, le passage à la trentaine, sa nouvelle vie sereine à LA etc. Rien de ce que je connais personnellement, et pourtant ça me touche.
Et ça elle peut le faire uniquement, je pense, parce qu'avec le temps (en 10 ans de carrière), on a appris à comprendre son langage, qui lui est propre
Je sais plus ce que je voulais dire, et peut-être que je me suis éloigné de tes intentions avec ma parenthèse mais en gros : on veut écouter ton langage, le reconnaître, pas lire ce que n'importe qui aurait pu écrire.
Mais j'espère que tu vas continuer, et que t'entends ce que je veux dire (que tu le prennes en compte ou non pour la suite de tes écrits).
P.S. : je suis évidemment d'accord avec Agraf.
P.S.2 : Par contre j'ai rien contre le "camarade" moi
Le 09 janvier 2020 à 13:40:45 HenryJames a écrit :
Salut, j'ai lu les deux intros et je tiens a te donner mon regard là-dessus, parce que je pense être bien placé : je vis en ce moment tout ce que tu décris, donc je suis pas contre lire quelqu'un qui en parle après avoir sorti la tête de l'eau.Le bon point c'est c'est que tout ce que tu décris en termes très universels m'est accessible, fait échos directement à ce que je ressens, donc je pense que ça l'est aussi pour quelqu'un d'autre qui vivrait une souffrance très différente dans les faits, et à un degrés différent.
Ça c'est essentiel vu que tu souhaites aider tes lecteurs à partir de ton expérience. Que ce soit la meuf populaire sur insta qui ne vit que par son image 2D ou le type de quarante ans qui se retoruve SDF après un effet boule de neige "chômage-divorce-perte de la garde des enfants", il faut que tes lecteurs reconnaissent ce que toi t'as vécu.Les points négatifs : ça fait quand même penser à une parole sainte qu'on retrouverait devant la bouche de métro de Barbes, non ?
Les métaphores filées que tu peux entendre à un rassemblement de témoins de Jéhovah, le langage soutenu et sa syntaxe désuète, le côté abrupte "[Je t'apporte] ma main tendue qui ne demande pas d’effort à saisir. Mon vécu, ton atout !"... ça peut pas coller, en tout cas pour pour moi, avec ce que tu proposes.
A moins d'avoir jamais entendu une messe ou jamais lu un verset de n'importe quel livre saint, je vois pas comment un lecteur pourrait trouver quelque chose de nouveau dans ces textes.Donc, mon conseil principal pour donner une légitimité à ta démarche (qui est honorable et que je t'invites à poursuivre, sincèrement), c'est de dégager tout cet emballage qui empêche un lecteur comme moi de percevoir qui lui écrit (donc toi).
Je prends un exemple simple de ce qui marche pour moi et pour des million de personnes :
J'écoute Lana del Rey, une chanteuse pop, qui est devenue de plus en plus intimiste à mesure qu'elle maîtrisait son univers, sa place dans la culture et ses outils. Si des millions de personnes la suivent c'est qu'elle panse leurs maux, ou qu'elle les adoucie au moins, alors qu'elle n'avait pas vocation à les aider à la base. Elle parle en tant que femme de la vingtaine-trentaine, de ses histoires malheureuses avec les hommes, sa vie en roulottes, ses contrats passés sous les bureaux, sa célébrité soudaine, le passage à la trentaine, sa nouvelle vie sereine à LA etc. Rien de ce que je connais personnellement, et pourtant ça me touche.
Et ça elle peut le faire uniquement, je pense, parce qu'avec le temps (en 10 ans de carrière), on a appris à comprendre son langage, qui lui est propreJe sais plus ce que je voulais dire, et peut-être que je me suis éloigné de tes intentions avec ma parenthèse mais en gros : on veut écouter ton langage, le reconnaître, pas lire ce que n'importe qui aurait pu écrire.
Mais j'espère que tu vas continuer, et que t'entends ce que je veux dire (que tu le prennes en compte ou non pour la suite de tes écrits).
P.S. : je suis évidemment d'accord avec Agraf.
P.S.2 : Par contre j'ai rien contre le "camarade" moi
Hello, merci pour ton retour !
À vrai dire j’ai pas tout à fait sorti la tête de l’eau partiellement c’est sûr, et avec les années de ruminations dans cet état que j’ai passé, j’ai compris beaucoup de choses là-dessus. Du moins sur comment mes actes et mes sentiments m’ont impacté personnellement, je ne pourrais affirmer que tout est scripté de la sorte pour tout le monde. Mais la démarche est libératrice pour moi, et je pense qu’elle peut être utile pour les gens qui sont dans la même situation oui. Une sorte de récit-mode d’emploi.
Je dois avouer que ton feedback me fait un peu peur je suis content que les propos te touchent, et c’était mon but premier, mais je vais être embêté pour la forme. Ce que tu décris comme étant solennel, c’est mon style d’écriture. Après les retours précédents, j’ai accentué la dimension du « je » et du « nous » (et j’ai un peu modifié la dernière phrase du chapitre 1 suite au tiens), mais les métaphores, le vocabulaire et la syntaxe alambiquée, c’est mon truc. Je me rends bien compte que ça peut passer pour un discours clérical/présomptueux, mais mon but dans ce genre de phrase c’est d’instaurer de la grandiloquence, car c’est un thème qui me touche de plein fouet et depuis longtemps, et c’est par la grandiloquence que j’arrive à accentuer les émotions.
Je vais faire mon max pour diminuer le côté solennel, du moins faire en sorte qu’on ne puisse pas le confondre avec un discours à la « moi j’ai la solution écoute ! ». Par contre, les métaphores et le vocabulaire « désuet », je vais pas pouvoir faire grand chose, c’est mon style
Je vais d’ailleurs publier le chapitre 3 ce soir quand je l’aurai fini, et il sera plus représentatif du style de texte qui sera présent en majorité dans le recueil. J’espère que ça passera mieux ...
D'acc. Oui je me doutais que c'est ton style, et peut-être qu'il fonctionne dans un autre genre de textes, mais pour moi, dans ce contexte ça fait trop échos à une parole pseudo sainte qu'on évite tous (donc je pense que c'est à prendre en compte).
Je peux pas retirer mon avis (prends le comme un avis anonyme à une réunion de consommateurs), même avec ton retour, donc j'attends le troisième chapitre !
Ah non, c'était pas mon intention de te faire changer ton avis parce qu'il ne m'arrange pas complètement allez, j'ai fini le chapitre 3, on verra si j'ai réussi à appliquer vos retours.
Chapitre 3 : Haine, mon nouvel Amour
Tout d’abord, il est important de distinguer les deux concepts susceptibles de jaillir des profondeurs. Le premier, généralement très cantonné dans son essence, est de l’ordre de la conséquence : sentiment navrant, situation embarrassante ou autre conjoncture. Quant au second, plus dilué, il se rapproche de la cause par son statut de force immanente constituant l’abysse-même : sentiment pilier, mécanisme autodestructeur et anticipation négative. Ces derniers, Dieux du Malheur, ont un ascendant spirituel sur leurs petits frères. La Haine est donc de ces prêcheurs dont il faut matérialiser le prestige pour comprendre leurs fidèles. Un premier chapitre lourd de notions, mais il est nécessaire de réaliser l’emprise qu’exercent les grands frères sur leurs cadets. Et entre la facilité et la difficulté, j’ai personnellement toujours préféré abattre cette dernière en premier.
Après la Tristesse, la Haine est le constituant le plus abondant de la fosse, et surtout le plus nourricier : jamais je n’ai bénéficié d’une énergie plus efficace ! Et pour cause, son intensité a de lourds tributs. Dieu jaloux, il ne tolérera aucun autre culte. Les sèves usuelles seront drainées, les labours gangrenés de fiel, les valeurs engourdies. Bientôt, sa domination s’étendra à l’hôte tout entier, qui sera exhorté à contaminer d’autres âmes. Car en bon parasite, sa finalité est de pérenniser sa nature, et le processus qu’il articule est bien rodé : les valeurs, assiégées, ne s’imposent plus à l’infecté qui fait abstraction des moyens. En s’élevant par l’aigreur, il sème des graines de vice en chaque lésé, espérant trouver matrice concrète. Et sans mise en garde, l’apparence enjôleuse de la Haine gagnera aisément leurs faveurs.
Une fois devenue parfaite marionnette, l’hôte fera de son essence sienne. Chaque nouvelle pensée ou opinion sera grimée de cette violente répugnance. Néanmoins, son emprise peut être abolie. En l’appréhendant dûment, il est même possible de profiter de sa vitalité saine. Comme contre beaucoup de pièges de la fosse, notre allié principal est le recul, car il permet l’introspection, et avec elle la prise de conscience de notre asservissement volontaire et de ses conséquences. En réalité, j’utilise ce processus d’abolition pour beaucoup de concepts néfastes, car sa finalité est de portée générale. Il déconstruit les concepts. La Haine, dans le cas présent, mais également ses conséquences ; les pensées et a priori qu’elle enfante et nourrit. Le cœur de cette prise de conscience est le questionnement. Un questionnement pertinent qui trouvera plusieurs réponses potentielles qui pourront être approfondies pour en déceler la meilleure, et non l’unique, car ce que l’on vit n’est pas mathématique, il n’y a jamais de « juste ». En analysant nos souvenirs sur la Haine que l’on a reçue et donnée, nous parviendrons, une fois les sentiments éprouvés et les actions provoquées en réponse décortiqués, à concevoir sa nature. Dès lors, un tri devra s’effectuer. Car la Haine n’est pas entièrement contre-productive. Par exemple, le mépris qui lui est lié fait de l’ascension et de la réussite des priorités. En comprenant ce qu’il induit, on peut l’accepter sans le laisser nous dominer. Ainsi, chacun choisira en son âme et conscience les apports qu’il souhaite conserver.
Et par la percée de nos valeurs hors de leur prison, enfin bannirons-nous la Haine de nos terres ! Toute corruption est réversible si l’on applique le bon remède. Mais attention à ne pas gracier de germe. Comme évoqué plus haut, à chaque Dieu ses fidèles : la Haine peut se fondre dans des a priori, des idées, des buts, des pensées et autres. La plupart des concepts que l’on rencontrera s’en nourrissent, et il est primordial d’avoir ce recul sur elle. De longues ruminations en perspective, mais l’élévation vaut bien ce labeur.
Je pense que Henry James et moi avons un ressentis similaire, mais nous avons du mal à exprimer exactement de quoi il retourne.
Si écrire t'aide à organiser tes pensées - c'est mon cas - et d'une certaine façon t'aide à expurger le mal qui te ronge - je pense que c'est également mon cas, et sans doutes celui d'autres personnes ici - alors c'est très bien. Je ne critique ni la démarche, ni le texte. M'enfin, cela étant dit, comme tu nous le propose à la lecture et que tu sembles chercher à faire des efforts pour tenir compte de nos remarques, je suppute qu'une critique constructive est toujours la bienvenue.
Donc.
Ma remarque pour les chapitres deux et trois est substantiellement la même que pour le chapitre 1 : il y a quelque chose dans la posture de l'auteur qui entache la lecture.
"Tout d’abord, il est important de distinguer les deux concepts susceptibles de jaillir des profondeurs."
Je propose "Deux concepts jaillissent des profondeurs"
Dans la formulation que tu emplois, la posture que tu prends est une posture de professeur. Tu sous-entends "les choses sont comme ça et puis c'est tout". Or, comme je l'ai fais remarqué lors de mon précédent commentaire, tu ne te dévoiles à aucun moment. Le lecteur ne sait pas qui tu es. On ne sait rien de rien. Ni ton âge, ni ton sexe, ni même l'époque à laquelle tu vis (qu'on suppose être maintenant mais ce serait au XIXe siècle ou au Moyen-Âge, ça ne changerait pas grand chose puisqu'il n'y a aucun contexte narratif.
Si tu prends "Respire, tout simplement" de Dan Brulé, le mec consacre un chapitre au début du bouquin à expliquer qu'il a été plongeur dans la Marine pendant la guerre du Viet-Nam puis qu'il a passé vingt ans à parcourir le monde pour rencontrer tous les maîtres dans le domaine des techniques de respiration sportives, spirituels, de développement personnel et thérapeutiques.
Si par la suite dans le bouquin il s'amuse à écrire "Tout d'abord, il est important de distinguer..." eh bien ça passera beaucoup mieux parce que l'on saura de qui ça vient.
En fait, je pense que pour que tu puisses saisir mieux ce que je cherche à dire, il faut repenser à l'art grec de la rhétorique.
Il y a l'ethos, le pathos et le logos. Qui s'adressent chacune, pour rester dans la thématique de ton texte, à une dimension de l'âme.
L'ethos, c'est précisément ce qui manque à ton texte. Il s'agit de savoir qui parle et d'où il parle. Le lecteur ne lira pas le même texte, suivant qu'il a été écris par un homme politique, par un sportif, un professeur, un aventurier etc. Par exemple, quand Greta parle de réchauffement climatique après avoir séché les cours toute l'année pour faire du yacht, j'ai envie de lui mettre des claques alors que si c'est Mike Horn qui évoque la question en revenant d'une expédition au Pôle Nord, j'me dis "Ah, voyons ce qu'il a à raconter." Quand l'auteur s'exprime à titre personnel, parle de lui et s'adresse à la première personne, le lecteur a le doit de savoir qui parle. Celui qui parle peut être un personnage de fiction, comme Humber Humbert par exemple, dans Lolita. Ici, si tu n'as pas envie de te révéler, tu peux rester dans le même registre de grandiloquence et romancer ton personnage, mais tant que "Je" sera à la fois omniprésent dans le texte et totalement absent de l'esprit du lecteur - faute de points d'accroches - la mayonnaise ne prendra pas.
Pathos.
En ce qui concerne le pathos, qui consiste à faire passer les émotions, eh bien comme il n'y a pas d'éthos, le pathos sonne creux.
"Après la Tristesse, la Haine est le constituant le plus abondant de la fosse, et surtout le plus nourricier : jamais je n’ai bénéficié d’une énergie plus efficace ! Et pour cause, son intensité a de lourds tributs. Dieu jaloux, il ne tolérera aucun autre culte"
Comme le narrateur est le grand absent de cette confession, tu es obligé de personnifier les émotions en leur mettant des majuscules, en les déifiant. De quelle tristesse parle-t-on ? De la tristesse sourde des mouroirs où les vieux attendent, déjà lassé de leur passage sur Terre, la prochaine visite d'un parent ? De la tristesse corrosive d'une séparation, qui ronge de l'intérieur ? De la tristesse mélancolique des reviviscences ?
Comme tu ne nous parle pas de toi, tu ne nous parle pas de TA tristesse. Donc tu parles de la tristesse en général et il ne s'en dégage aucune émotion.
Enfin, le logos. L'argumentation raisonnée et construite. Bon eh bien là encore, c'est le manque d'ethos qui bousille tout.
Je pense que le problème est précisément la solution que tu préconises : "notre allié principal est le recul, car il permet l’introspection, et avec elle la prise de conscience de notre asservissement volontaire et de ses conséquences. En réalité, j’utilise ce processus d’abolition pour beaucoup de concepts néfastes, car sa finalité est de portée générale. Il déconstruit les concepts."
Je pense que la grandiloquence, que tu prétends être ton style, ne sert ici qu'à cacher l'éthos. Tu te caches, toi ou ton narrateur, avec des grands mots. Grands mots dont tu as déconstruits les concepts. En conséquence, quand tu évoques des émotions, puisque tu as déconstruit les concepts émotionnels, ça ne fait pas mouche pour le lecteur, qui ne ressent rien. En conséquence également, lorsque tu évoques des raisonnements, comme tu as déconstruits les concepts sur lesquels se basent les mots que tu emplois afin de préconiser lesdits raisonnements, là encore ça ne marche pas. On a l'impression d'être baladé d'un mot à un autre sans apprendre quoi que ce soit en route. Comme tout a été déconstruit, tout est flou, tout est brumeux dans mon esprit de lecteur quand je cherche à comprendre le sens d'une phrase telle que : "Mais attention à ne pas gracier de germe." ou encore "La Haine est donc de ces prêcheurs dont il faut matérialiser le prestige pour comprendre leurs fidèles."
Pour résumer, je dirais que la cible est là, le fusil fonctionne, mais le chasseur ne s'est toujours pas présenté.
À la limite, si ce que tu traverses est trop personnel, ou pas assez littéraire, ou trop glauque etc. pour être narré autrement qu'en employant du recul, du détachement et de la grandiloquence, pourquoi ne pas prendre à rebours l'impression d'Henry James, qui était de lire un texte religieux.
En gardant le même style et la même approche, tu pourrais faire quelque chose dans l'esprit de la religion du Stup'. Si tu connais le groupe Stupeflip, tu dois savoir que le chanteur est schyzo ou je ne sais quoi et tout l'univers qu'il crée dans ses chansons est une sorte de tragi-comique. C'est drôle, parce que c'est exagéré, et c'est puissant parce que cette exagération, tout le folklore et la mystique qu'il arrive à mettre en place autour de son groupe, lui offrent un espace de liberté où il parvient à se révéler vraiment au public.
En quelques sortes il porte un masque pour se révéler.
...
Voilà, j'espère que tu verras mieux ce que je souhaite exprimer quand je dis que la posture du narrateur ne me semble pas claire.
Après, si tu ne souhaites pas changer cet aspect du texte, je ne referais pas la remarque pour le prochain chapitre
Merci pour les explications !
En fait, je crois comprendre votre point de vue, mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir le concrétiser. J'ai toujours écrit comme ça et je conçois que c'est un style qui est plus ou moins efficace selon ce qu'on veut en faire, mais je pense pas que j'arriverais à le changer. Ca serait pas moi (et assez médiocre, j'imagine). Du moins faudrait que je me penche énormément sur la question et à ce prix-là ... autant accepter cette faiblesse-là
J'ai pas l'impression de me placer complètement à la place d'un professeur ou d'un prêcheur, mais plus comme un guide qui raconte son expérience. Du moins c'est mon objectif, car la réalité que j'exprime est bien la mienne (tout en imaginant que ceux qui vivent la même chose la partage en grande partie). Du coup je le précise à certaines places quand j'emploie le "je", le "aussi" ou autres. Et ce genre de petites phrases me semblait l'expliciter : "Tant de plaies t’attendent si, comme moi, tu tâtonnes les parois rocheuses dans l’idée de franchir les ténèbres … Voici la lueur que j’en ramène, camarade.", "replongeons-nous sans plus tarder dans notre mouroir que nous ne connaissons que trop bien. Mais cette fois, nous n’y serons plus seul. (d'ailleurs dans la dernière, suite aux retours, j'ai changé "le mouroir" par "notre mouroir"). Après, je ne sais pas si c'est réussi.
Et pour les sentiments/concepts personnifiés par la majuscule, c'est quelque chose que j'ai toujours aimé faire, déjà dans mes petits textes : parler de "Haine" et de "Tristesse" permets selon moi d'ajouter une dimension encore plus générale, ce n'est plus un sentiment "qui fait haïr", c'est une force, des conséquences, un démon voire un monde ! C'est un concept. Après peut-être que ça ne fait écho de la sorte que chez moi Ah et les sentiments/concepts que je n'ai pas encore approfondis (la Tristesse par exemple), c'est justement parce que je parlais du concept général. Tout le monde a de la tristesse comme tu as dit, mais il n'y avait pas lieu à préciser la sorte à mon sens, comme le thème était la Haine et que ça n'aurait rien ajouter d'utile.
Voilà, je pense pas pouvoir plus concrétiser vos feedbacks que ça pour être honnête, et j'en suis bien navré parce que je les comprends et vois bien les faiblesses que ça cause. Peut-être est-ce un sentiment personnel, mais peut-être aussi est-ce général. En tout cas si ça vous désintéresse du topic je comprendrais, j'vous en voudrais pas
Chapitre 4 : L'Ouroboros funeste
Voici que la Négativité entre en scène. De nature complexe, elle est encore plus diluée et présente que la Haine. Là où cette dernière a besoin d’être constamment régénérée par la confirmation des appréhensions qu’elle pourrit, la Négativité, elle, se nourrie de sa propre présence. On la retrouve en conséquence de la Haine et de la Tristesse, amplifiant leurs effets à moyen terme, ainsi que dans sa forme exacerbée en tant que spirale infernale. Elle nous maintient la tête sous l’eau, amplifiant les sentiments inquiets et défaitistes qui viennent renforcer sa poigne, qui affaiblit à son tour davantage nos espoirs et notre volonté … et bis repetita ! En outre, elle est membre de la Trinité régnant sur l’abysse avec les deux forces précitées qui tirent profits de ses traquenards.
Son coup de maître est d’être partout et nulle part à la fois : nous buvons ses paroles sans même les entendre, nous dansons de ses fils sans même les sentir. J’ai moi-même longtemps été son jouet. Elle s’est insinuée en moi après une déception quelconque, et me l’a fait ressentir comme perpétuelle. La confiance baisse et l’appréhension devient de facto négative, ce qui diminue considérablement les dispositions à réussir la fois suivante. Dans une moindre mesure, nous attirons bel et bien ce que nous redoutons : comment pourrions-nous parvenir à nos fins si la Négativité nous fait saborder nos capacités lorsque nous ressayions quelque chose ? Voilà la clé de son processus que j’ai surnommé « la spirale de Négativité générale », pour expliciter son auto-renforcement prodigieux.
En soi, c’est une sorte de plafond de verre ; elle s’assure que le brisé n’entreprenne jamais de remonter à la surface. La clé qui me permit de sortir de la spirale est bêtement la réalisation d’y sombrer : je me sabordais. Je voyais en chaque situation la réminiscence d’un échec passé, et en chaque rencontre le clone de quelqu’un m’ayant blessé. Mais chaque expérience et personne doivent être considérées comme nouvelles, car elles le sont bel et bien. Si la Négativité est dirigée contre une situation impliquant l’Humain, comme les relations amicales ou amoureuses, il faut être conscient qu’aucune ne sera jamais semblable. Chacun est différent dans son caractère et sa personnalité, aussi les conditions extérieures ne seront pas les mêmes et l’alchimie entre deux personnes reste aléatoire
L’étape suivant la réalisation de l’emprise de la Négativité est son détachement des a priori. Si l’appréhension concerne des capacités personnelles, il y a des facteurs concrets qui peuvent être travaillés pour fragiliser la prémonition négative : l’optimisation, par exemple. Dans le cas d’un examen, optimiser ses révisions permet de détacher la Négativité des appréhensions plus facilement, via le soulignement de son non-sens. Lorsqu’il n’y a pas de facteur concret par lequel empoigner la situation, je conseillerais, par expérience, de se poser le moins de question possible. La crainte poindra certainement, mais vivre l’action sans se préoccuper ni de la façon, ni des résultats possibles est la méthode la plus efficace que j’ai trouvé pour ne pas me saborder. En éprouvant sans crainte paralysante d’autres alternatives que l’échec pur et dur, le non-sens de la Négativité se fera de plus en plus explicite, jusqu’au moment où son détachement sera total !
Pour synthétiser, le pressentiment quant à une expérience future doit redevenir neutre, et ce même si une précédente du même genre s’est mal déroulée. Bien sûr, des éléments comme l’optimisation de ses capacités propres, ses forces et faiblesses et la situation impacteront positivement ou négativement l’appréhension. Mais libéré de la Négativité générale, le pressentiment sera épargné de toute automutilation.
Ah ça me semble beaucoup mieux !
Je pense que les autres lecteurs seront d'accord avec moi : tu dis les choses comme tu les penses, de manière beaucoup plus fluide, ton positionnement est très clair. Sur la forme, je n'ai plus rien à dire, c'est très bien comme ça. J'ai l'impression aussi que tu as écris cette partie plus facilement, tout à l'air d'être d'un bloc alors que les parties précédentes m'apparaissaient plus morcelées.
Juste une remarque cependant "comment pourrions-nous parvenir à nos fins si la Négativité nous fait saborder nos capacités lorsque nous ressayions quelque chose ?"
"Ressayions" je ne crois pas que ce soit français. Spontanément je l'écrirais plutôt "ré-essayer", je ne sais pas si la graphie correcte. Mais "lorsque nous essayons/tentons quelque chose" me semble plus fort que "ré-essayer".
"si une précédente du même genre " un précédent
...
Est-ce que tu comptes aborder plus en profondeur ce qu'est l'optimisation ? Et donner des astuces pour "se poser le moins de questions possible" ?
Ah cool
J'ai eu plus de facilité à imaginer la structure du chapitre et de formuler ce que je voulais dire oui, je sais pas si c'est personnel mais décrire l'essence et les mécaniques de la négativité est plus aisé que ceux de la haine.
Pour répondre à ta question, pas directement. J'ai prévu un chapitre sur le recul qui aide à accorder moins d'importance aux choses inutiles, d'une certaine façon ça creusera la question, car il faut voir tous les chapitres comme connectés.
Mon but est d'explorer toutes les notions (ou les plus importantes on va dire, pour me dédouaner au cas où ) qui entrent en ligne de compte, mais en restant dans le général. En ayant les notions, chaque personne pourra les appliquer comme elle l'entend dépendamment de sa situation, de sa personnalité, de ses préférences, de ses moyens ...
Merci pour le retour
Hello, je viens de finir le chapitre suivant, qui est aussi le dernier des trois qui portent sur les sentiments fondamentaux. J'avais quelques a priori sur celui-ci mais j'ai l'impression d'avoir pu dire ce que je voulais en dire, et transmettre ce que je voulais transmettre, alors j'suis plutôt content
Chapitre 5 : Notre inhérence
Ce chapitre vient clore ceux concernant le Triumvirat avec un portrait de leur mentor ; la Tristesse. Son règne ne se limite pas à nos profondeurs, loin de là. Même les bienheureux ont leurs démêlés, car tout le monde y est soumis, seules l’intensité et la fréquence nous différencient. Je la comparerais à une molécule composant l’air : invisible, inodore et intangible, nous l’ingérons pourtant à plein poumons. J’irai même jusqu’à dire qu’elle est aux Hommes ce que le boson de Higgs est à la matière, fixant les peines aux expériences pour tisser notre vécu.
Traiter la Tristesse dans sa globalité s’avère délicat, tant ses états pullulent et varient d’une situation à l’autre. Je vais donc m’attarder sur ceux qui, me concernant, sont les plus problématiques, tout en développant ses machinations et son interconnexion avec les différents concepts. Car il y a d’autant plus à dire sur ses relations avec les Dieux de l’abysse qu’ils sont sa marionnette ; elle tire les ficelles des tireurs de ficelles ! Si nous ressentons de la Haine envers notre environnement, c’est en réponse à une Tristesse lancinante qui enfante la frustration de notre état, elle-même génitrice de la jalousie. Et par la Négativité qui fait tourner cette roue, voici que l’on atteint déjà la Haine. Chaque force renforce les autres, parfois même en créant de nouveaux maux à partir des sentiments déjà présents.
Tout faiseur de mal pleure donc une gangrène de son être par des malheurs qu’il ne parvient plus à guérir. Par la violence de ses échecs, de ses fautes ou de tout autre déclencheur de son état sur sa conscience et sa subconscience, il va projeter son amertume sur le monde. Tout le ramènera à ce qu’il fuit, car il cherche à fuir sa propre personne : au fond, c’est lui qu’il déteste, ou plutôt la façon dont il se considère. Il voit en ce qu’il hait des projections de ses traits, des miroirs que la fosse a enténébrés. Cela ne disculpe aucunement le malfaiteur, mais comprendre l’origine de ses agissements représente la première étape du pardon et favorise le recul. Je pense que la clé de l’élévation est la compréhension de soi et de nos sentiments, mais aussi des autres, car nous sommes en partie un produit de notre société. Ainsi faut-il chérir et tuteurer chaque repère qui puisse développer notre lucidité.
La Tristesse induit donc un profond sentiment de dévalorisation de notre personne. Ce processus s’articulant de la même manière que celui de la Négativité, les façons de le contrecarrer restent donc sensiblement pareilles. Comprendre comment la Tristesse nous nuit fait déjà avancer la guérison. Puis, une fois ce recul atteint, la confiance en soi devra être cultivée progressivement et empiriquement. Rien ne sera acquis du jour au lendemain, de même que se risquer à de grandes enjambées ne ferait qu’ébranler notre posture. Car si les mauvaises habitudes s’installent aisément, les bonnes, elles, rechignent toujours à prendre possession de leur nouveau foyer. Pour se délier de la Tristesse incapacitante de l’abîme, il faut donc (re)trouver de l’assurance. Et cela passe nécessairement par l’expérimentation des faubourgs de sa zone de confort qui, à l’instar d’un estomac, est extensible. Le cycle de la Tristesse l’a confinée, mais des petites nouveautés et défis au quotidien lui rendront son domaine d’antan, voire d’autres territoires encore. Bien sûr, cela doit rester un minimum agréable, dépendamment des activités appréciées et de l’état psychologique de la personne. Enfin, il est important de considérer chacune de ces petites victoires comme telles, en se répétant autant que nécessaire : « Je l’ai fait, j’en suis capable ! ».
Chapitre 6 : Charybde et Scylla
Entamons notre exploration des concepts secondaires qui, à défaut d’être prédominants, sont très nombreux et plus spécifiques. Parmi les serviteurs coriaces de la Tristesse, deux risquent de poindre soudainement : l’Angoisse et sa petite sœur, l’Anxiété. On peut les décrire en les comparant à un stress exacerbé qui s’unirait à une peur viscérale, presque instinctive. Plusieurs symptômes physiques tels que des nausées, des maux de tête, de la tachycardie et des sueurs froides apparaissent aussi, dépendamment des personnes. Si je différencie l’Angoisse de l’Anxiété, c’est que leur fonctionnement diverge. L’Anxiété est lancinante, un mal-être prolongé malgré tout supportable comme le serait un état fébrile. Mais l’Angoisse perfore subitement tel l’estocade, pouvant aller jusqu’à tétaniser le martyr. Heureusement, si l’intensité est multipliée, sa durée se retrouve au contraire fortement réduite. L’on parle alors de « Crise d’Angoisse ».
Ces deux tares ne viennent pas nécessairement bras dessus bras dessous, mais elles sont cumulables. Me concernant, j’ai souffert – et souffre encore – de ce duo. L’Angoisse m’a percé la première, sans crier gare et sans se présenter. Mes pensées s’accélérèrent, mon environnement se referma sur moi, je crus pouvoir perdre le contrôle de mon corps d’un instant à l’autre et devenir fou. La crise dura quelques heures puis l’anxiété prit le relais : « Qu’est-ce que c’était ? », « Est-ce que ça va revenir ? » et le classique « Suis-je devenu fou ? ». Pendant la période la plus infernale, je me couchais l’esprit focalisé sur une pensée angoissante et me réveillais avec elle. Je devais également en rêver, car il me semble qu’elle me revenait à l’esprit avant même que je n’ouvre les yeux. D’un jour à l’autre, ce couple a envahi ma conscience et se passe désormais le témoin.
Chaque angoisse ou état anxieux proviennent d’une source tangible, d’une peur que des ruminations couplées à un état psychologique favorable ont rendue ingérable. Leurs origines se distinguent en deux catégories ; les peurs rationnelles, et les peurs irrationnelles. Comme leur nom l’indique, l’une porte sur des événements probables, par exemple la perte d’un proche ou la crainte de l’échec, et l’autre sur des scènes absurdes. Pour cette dernière, tout est envisageable, même s’il semble y avoir des tendances : peur de perdre le contrôle de soi-même (phobie d’impulsion), peur d’être pédophile, peur d’être homosexuel ou encore peur de vouloir se suicider. Elles sont d’autant plus violentes qu’elles répugnent le névrosé qui ira jusqu’à se questionner sur sa propre sanité. Elles semblent s’articuler autour tout ce qui est immoral, blasphématoire ou indécent, en bref l’angoisse de choquer, la peur du qu’en-dira-t-on. Cela dit – et bien que le risque soit réellement perçu par la personne, le risque de réalisation des peurs irrationnelles est inexistant. De même qu’il est important de noter que tout le monde est sujet à des pensées morbides et parasites, aussi elles ne définissent en rien une personne ou ne pousse à agir contre son propre gré.
Qu’elle soit rationnelle ou irrationnelle, la pensée angoissante n’est qu’une pensée parmi les centaines qui éclosent et fanent en boucle au cours de la journée. Ce qui la rend puissante, c’est uniquement l’appréhension qui lui a été attribuée. Tant qu’elle sera perçue comme une menace, elle ressurgira en boucle, car le cerveau est fait pour se méfier des dangers. La libération passe donc par la déconstruction de l’importance qui lui a été greffée. Afin d’ajouter des exercices concrets à la théorie, je recommande vivement de consulter un professionnel de la santé (psychothérapeute ou psychologue idéalement), afin d’être accompagné dans ce long processus. Beaucoup d’étapes entrent en ligne de compte telles que l’identification de l’origine des pensées angoissantes, leur résolution et la guérison à long terme. Etant donné la complexité du sujet, être accompagné dans cette épreuve représente selon moi une vraie ressource supplémentaire.
Sympa l'idée de ce guide.
Après je rejoins tout de même les autres.
Pour se faire guide il faut une legitimité. Malheureusement dans le cadre d'un récit de développement perso ça fonctionne pas de dire "moi aussi j'étais comme vous mais regardez maintenant".
J'y ai justement pensé récemment, j'aime pas la consonance qu'a ce mot "guide", ça fait un peu panacée voire livre saint qu'on suit bêtement et aveuglément. Dans la pratique, mon but est de mêler expériences personnelles quant à mes déboires et les conclusions que j'en ai faites après coup. Mais dans la mesure où on a beau vivre les mêmes sentiments et émotions d'une personne à l'autre, on ne vit pas pour autant les mêmes situations, par conséquent tout dans l'oeuvre ne sera pas forcément utile pour tout le monde. Donc je ne peux pas parler de "guide".
Faudrait que je trouve un mot qui exprime mieux l'idée du truc (genre manuel, mais ça reste trop semblable dans l'essence je trouve), voire modifier plus profondément le titre. Je vais me pencher là-dessus