Bonjour/bonsoir en fonction de l'heure de lecture. D'ordinaire je me cantonne aux forums RP et à mes dossiers words, mais parce que j'aimerais vraiment concrétiser un jour mon ambition d'être publié ou juste d'avoir un bon niveau avec ma plume en ce moment j'essaie de mettre en ligne ce que j'écris.
Donc le forum écriture me semble un bon point de départ pour avoir un lectorat même si j'avoue que je le trouve super intimidant . J'ai une petite page wattpad ou je poste un peu en vrac ce que j'écris mais j'ai la sensation que wattpad n'est pas le meilleur endroit pour ça.
Je viens donc en quête d'explications, de conseils et de critiques pour perfectionner ma syntaxe, améliorer mon style (on m'a souvent fait le reproche d'avoir un style pédant et j'aimerais bien cerner en détails comment le résoudre) Evidemment j'irai lire d'autres écrits pour essayer de donner un avis argumenté sur le fond comme sur la forme parce que pour être lu faut lire.
Pour le texte en lui même : une fanfiction dans l'univers de Naruto que j'ai écrit très récemment sur mes heures perdues, j'ai essayé de me détacher de l'ambiance shonen pour un truc un peu plus noir. J'ignore si j'ai réussi à faire ça ou si au contraire j'ai trop fait dans le pathos. J'ai essayé de titrer le premier chapitre, même si j'ignore si c'est une tare ou un bon point.
Merci d'avance à ceux qui me liront.
Chapitre 1 : Retour au bercail.
Le linge sale se lave en famille, tous les ninjas le savent, peu l’acceptent.
C’est en marchant sur la plage que je réalise petit à petit ce que cela veut dire, en enjambant à l’occasion un morceau de bois ou un corps rendu méconnaissable par la mer. Toujours les mêmes : des marchands encore cramponnés à un fragment de leur navire, ravagés au sabre puis laissés à la merci des poissons. Les pirates s’en donnent à cœur joie, les plages en disent trop sur les raids qu’ils mènent dans la région. J’espérais autre chose en rentrant à la maison, avant de partir avec mon maître pour devenir marionnettiste, l’archipel était paisible, les pirates moins nombreux. Bien sûr ils existaient.
Mon père en était un.
Mais il y a neuf ans, ça n’était rien de plus qu’un jeu dangereux ; les marchands payaient une taxe et ils traversaient les îles sans encombres, les frais de douanes coûtaient un tout petit peu moins qu’une escorte décente. Aujourd’hui, c’est avec regret que je traîne sur ces plages : là où j’avais l’habitude de ramasser des coquillages il y a des caisses de marchandise gâtées par l’eau, sur la grève où je traînais à la recherche de galets il y a des morts. Des ninjas et des marchands, mais en m’approchant de Kubiri, je croise aussi un samouraï mort noyé, son armure l’a sauvé de nombreux coups, pas de sa dernière baignade.
J’ai une certaine appréhension en rentrant au village ; un mélange d’angoisse et de honte, je suis revenu trop tard, il n’y a plus personne pour me souhaiter la bienvenue ou même me huer. Quelque part j’aurais préféré les injures à la solitude, au moins j’aurais su à quoi m’en tenir mais non, rien. Presque dix ans après avoir quitté l’île pour suivre mon maître, je comprends ce qu’il voulait dire ; tôt au tard, il faut affronter ses démons et ça, personne ne peut le faire à ma place. En particulier quand il s’agit de venger les miens. Je le savais déjà, quand j’étais dans le Sud-Ouest les nouvelles colportées par les voyageurs parlaient des massacres menés par les pirates Wako le long des côtes et dans les îles, je savais déjà à peu près à quoi m’en tenir. Que si un jour je revenais, ça n’allait pas être un accueil chaleureux.
Pourtant j’ai quand même cette nausée qui me remonte le long de la gorge en comprenant que Kubiri ne sera plus jamais ma maison. Même en étant un fouille-merde et un traîne-savate, un porte-sabre comme il y en a des milliers partout sur le continent, comprendre ce que ça implique me fait l’effet d’un coup de poing au visage.
C’est ça alors ? La sensation d’être un traître, ce frisson d’angoisse mélangé à de la honte, est-ce que les autres ont pensé à moi quand ils ont dû partir ? Ou alors m’avaient-ils oublié à ce moment-là ?
Soudain j’entends une voix familière, quelque part vers les remises des pêcheurs, étouffé par le bruissement des vagues c’est le souffle d’un chant de guerre qui me parvient. Une mélodie que j’ai déjà entendue, à propos de l’abysse et qui me fait marcher dans sa direction : le désespoir enragé d’une guerrière fredonné avec le chagrin d’une survivante. Une présence familière que mes instincts ninjas perçoivent, la lueur d’une autre initiée aux arts de l’ombre. En arrivant sur les pontons, je comprends ; face à la mer, en train de chanter aux morts.
« Haruna ? » La ninja se retourne.
C’est elle. Son regard bleu océan me pourfend d’un rictus haineux avant de se transformer en une compassion tragique, je me fige.
« Akula. » Mon amie d’enfance se force à sourire. « Tu arrives un peu tard.
-Excuse-moi. Si j’avais su à quel point la guerre avait atteint les îles, j’aurais… » Qu’est-ce que j’aurais fait, j’aurais abandonné mon maître pour y retourner ? Pour me faire hacher à la première embuscade ? C’est peut-être ainsi que ça aurait dû se passer.
Perdu dans mes ruminations, j’ai un sursaut lorsqu’elle fait le premier pas vers moi, avant de l’imiter à mon tour. Haruna me prend dans ses bras alors que j’attendais une gifle, elle me serre comme si j’allais repartir, je sens mon dos craquer entre ses mains et ma poitrine se compresser contre la sienne. Un peu gênée je sors la première connerie qui me passe par la tête.
« Tu as bien grandi depuis le temps. » Mes os vont s’en souvenir.
Haruna diminue un peu la pression, assez pour que je puisse lui rendre son étreinte.
« Ils ont tout détruit. Quand je suis rentrée il y a un mois tout le monde était parti, il ne reste plus que les ninjas de l’île et quelques familles.
-Ils ont été…
-Ils ont disparu petit à petit, ils sont partis ou alors ont été emmenés par les pirates. Tous ceux qui leurs faisaient concurrence…
-Je sais. » Pas besoin de me le redire.
Je sais que la fois où j’ai dit au revoir à maman avant de partir pour le continent était la dernière. Je sais ce qui est arrivé à ceux qui profitaient de la mer et ses marchands, les nouvelles vont vite chez les ninjas. Haruna laisse sa tête reposée contre mon épaule, anxieuse. Malgré son kimono j’ai l’impression de sentir le relief d’un bandage dans son dos. Depuis combien de temps est-ce que les Wako sèment la terreur dans l’archipel ?
« Donc on est les derniers de Kubiri ? » Les sanglots en disent suffisamment.
Je serre les dents, le regard embué par la nouvelle. J’avais des amis, une famille, je voulais retrouver ma vie d’avant en revenant ici.
Vengeance !