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Savoir & Culture

Histoire

Sujet : notre héritage des francs/ invasions germaniques
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Sulla
Niveau 10
15 octobre 2017 à 14:23:27

Bonjour !

Je me demandais si vous aviez des exemples concrets d'éléments que l'on rencontre dans notre vie de tous les jours qui nous viennent des francs ou plus généralement des mouvements migratoires du IV et Vème siècle. Cela peut-être dans des noms de lieux, dans des mots de la langue française, des habitudes, du patrimoine matériel.... Tout ce qui touche à la culture.

En gros des éléments qui témoignent à l'heure actuelle, en Belgique et en France surtout mais aussi dans toute l'Europe occidentale, de l'apport culturel produit par les migrations/invasions germaniques. Si possible des éléments que l'on côtoie dans notre vie de tous les jours comme je l'ai dis :) .
(c'est pour la création d'un cours d’histoire :hap: ).

Merci d'avance :).

Roijuba1
Niveau 11
17 octobre 2017 à 20:45:20

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vieux-francique

c'est un début :hap:

SavoiaMarchetti
Niveau 10
17 octobre 2017 à 21:23:36

Si tu parle pour l'apport direct au moment où les francs arrivent en Gaule c'est difficile à dire car pour les francs l'apport germanique en Gaule a été très petit culturellement et c'est surtout les germains eux même qui ont été très romanisés il suffit de voir la tombe de Childéric puis le baptême de Clovis...

Après les francs (du moins l'élite car la population reste très majoritairement gallo-romaine) se sont beaucoup développés culturellement mais plus au profit d'une culture latine que germanique.
Les francs ont un cas assez particulier puisque l'élite s'est assimilée au peuple local contrairement aux lombards, wisigoths, ostrogoths qui contrôlaient juste le pays avant d'en être chassés, de mes souvenirs les lombards ne se mélangeaient pas aux populations locales par exemple malgré tout on appelle cette région la LOMBARDIE (mais c'est au VI sècle)

Sinon quelque chose de typiquement franc c'est la loi salique (des francs saliens) qui a perduré pendant des siècles dans le royaume, la francisque qui a été reprise sous Vichy rien d'autre me vient à l'esprit directement :hap:

N'hésitez pas à me corriger si je me trompe :hap:

Almassour
Niveau 10
18 octobre 2017 à 05:19:04

Vaste question à laquelle il est difficile de répondre en quelques mots. Ce d'autant plus que cette question fait l'objet de délires idéologico-politiques depuis des décennies voire des siècles, du mythe troyen au mythe des Francs "gallo-romains barbarisés" dont Bruno Dumézil est actuellement le principal tenant. C'est qu'on touche aux racines du pays. D'ailleurs, je me concentrerai sur France et la Belgique.

Historique des migrations germaniques en Gaule entre l'Antiquité et le Haut Moyen-Âge

Déjà les Belges qui s'installent durablement dans le nord de la Gaule entre les IVe et IIIe siècle avant JC semblent avoir été en partie d'origine germanique. Mais il faut attendre le IIe siècle avant JC pour que des migrations de peuples germaniques à proprement parler aient lieu, avec la guerre des Cimbres et des Teutons. Peut être partis de l'actuel Danemark, ils descendent jusqu'en Provence et au nord de l'Italie. Cependant, défaits par les Romains et réduits en esclavage, ils ne laissent pas de traces durables.

C'est à la fin de l'Antiquité que les choses bougent, ce dès avant les "Grandes Invasions" du Ve siècle. A la fin du IIIe siècle, le roi franc salien (l'une des deux branches des Francs - d'où le terme "salique" - l'autre étant celle des Francs rhénans) Gennobaud se soumet aux Romains et est installé avec les siens en Gaule Belgique en tant que Lètes. Les Lètes sont des populations ennemies épargnées et soumises par Rome, installées dans l'Empire pour cultiver la terre et servir dans l'armée. Elles sont sous contrôle direct de l'empereur, encadrées militairement et n'ont pas droit à la justice civile. C'est un statut dévalorisant auquel les Francs saliens s’accommodent étonnamment bien, devenant ainsi les premiers Germains à se romaniser de manière importante. Plusieurs chefs francs feront ainsi carrière en tant que généraux dans l'armée romaine.
Les Saxons qui semblent avoir été installés de part et d'autre de la Manche à la même époque dans le cadre du Litus Saxonicum l'ont probablement été sous le même statut. De notre côté, ils sont en tout cas attestés archéologiquement dès le IVe siècle dans le Boulonnais, le Ponthieu, la région de Bayeux et la basse vallée de l'Orne, ce qui coïncide avec les toponymes d'origine saxonne.
D'autres groupes germaniques, avant ou après et probablement de manière moins importante ont été installés ça et là en Gaule dans les mêmes conditions. Parmi eux des Suèves, Bataves, Taïfales, Frisii...

Au Ve siècle, l'Empire romain d'Occident en déliquescence, en partie à cause des Lètes qui s'étaient enracinés et avaient commencé à former des communautés distinctes, connaît les "Grandes Invasions". A cette époque, de grands peuples germaniques franchissent le limes (frontière de l'Empire), poussés par les Huns, par l'appât du butin ou encore à cause de problèmes climatiques. En résultent les grands troubles du Ve siècle dont la bataille des Champs Catalauniques est devenu le symbole. Un nouveau apparaît alors, celui de "peuples fédérés" : peuples ayant passé un traité d'alliance avec Rome, autorisés à demeurer dans l'Empire à condition de repousser les incursions d'autres barbares. Ceci a peu de succès et on assiste à la déposition du dernier empereur romain d'Occident en 476 par le patrice germain Odoacre (ce en réalité dans l'intérêt de l'empereur de Constantinople, désormais seul empereur romain).
C'est dans ce contexte qu'en Gaule s'installent les Francs saliens au nord, les Francs rhénans (beaucoup moins romanisés) et les Alamans dans l'est, les Wisigoths en Aquitaine et en Hispanie et les Burgondes dans le sud-est. Ces peuples forment des royaumes théoriquement soumis à Rome (dont ils admirent le prestige) en vertu du fœdus mais indépendants dans les faits.
Dans le même temps, tandis que leurs cousins entreprennent avec les Angles et les Jutes la colonisation de la Bretagne (actuelle Grande Bretagne), des Saxons s'installent à nouveau sur les côtes du nord de la Gaule. Par la suite des Anglo-saxons et peut être des Jutes de Bretagne traversent la Manche pour rejoindre ces implantations saxonnes de Gaule.
Un peu partout, des petits groupes de Germains essaiment et s'installent. Ainsi peut-on trouver des toponymes alémaniques en Normandie ou gothique en Île-de-France.

Les Mérovingiens, dynastie salienne, tirent leur épingle du jeu et finissent par s'imposer maîtres de toute la Gaule à la fin du VIe siècle (à l'exception de la Bretagne, ex-Armorique qui changea de nom en raison de l'installation de Bretons fuyant l'invasion anglo-saxonne de leur île).
Par la suite s'imposent les Carolingiens d'origine rhénanne austrasienne qui portent l'"Europe barbare" à son apogée avec le couronnement de Charlemagne empereur d'Occident en l'an 800.
Mais je ne m'étendrai par sur ces siècles car si l'on ignore la possible déportation de Saxons en Neustrie par Charlemagne, il n'y a plus de mouvements importants de populations germaniques en Gaule après la fin du Ve siècle.

Il faut attendre la fin du IXe siècle pour que cela reprenne, avec les invasions "vikings". Ces marins scandinaves ont commencé leurs descentes en Europe occidentale dès la fin du VIIIe siècle. Ils prisent particulièrement l'Angleterre anglo-saxonne et l'Empire franc qui alors s'émiette. L'Estuaire de la Seine devient vite une base (mais il y en a d'autres, en Bretagne et sur la façade atlantique notamment).
Afin d'endiguer le problème, le roi franc Charles le Simple concède une partie de la Neustrie au chef scandinave Rollon, en échange de quoi ce dernier accepte de repousser toute nouvelle incursion des hommes du nord. Le traité, sorte de foedus médiéval, a lieu en 911 à Saint-Clair-sur-Epte. C'est la naissance de la Normandie. L'entité devient duché et s'étend jusqu'au XIe siècle. Elle est partiellement colonisé par des migrants danois et norvégiens mais aussi anglo-scandinaves et anglo-saxons du Danelaw (espace occupé par les Scandinaves en Angleterre) et hiberno-scandinaves (d'Irlande) jusqu'au début du XIe siècle. Il s'agit des dernières migrations germaniques en France avant la période industrielle qui connaît quelques vagues d'immigration allemande, suisse, néerlandaise, flamande et yéniche (les fameux "gitans blancs").

Almassour
Niveau 10
18 octobre 2017 à 05:19:49

L'héritage des peuples germaniques en France

Si toute la Gaule est concernée par les changements politiques consécutifs aux migrations du Ve siècle, il n'y a guère qu'au nord et dans l'est que l'on décèle un héritage culturel et linguistique important, ce qui suggère qu'en dehors de ces zones le peuplement germanique fut minime et/ou que les Germains qui s'y installèrent étaient déjà très acculturés.

Les Wisigoths

On trouve étonnement peu de vestiges archéologiques et toponymiques des Wisigoths en Aquitaine, malgré leur rôle politique majeur et leur maintien communautaire via l'interdiction du mariage mixte avec les locaux.
Il y a bien quelques nécropoles où certaines tombes ont livré un mobilier funéraire associé aux Wisigoths.
Niveau toponymie, les suffixes en -e(i)n(s) / -ans auraient pour origine le suffixe germanique -ing signifiant "propriété". Les quelques formations plus tardives constituées d'un anthroponyme germanique suivi du suffixe -ville (du latin villa, "domaine") peuvent être dus à une simple influence mérovingienne, d'autant plus que les noms germaniques se généralisent à toute la population du royaume des Francs entre le VIe et le VIIe siècle, n'indiquant donc plus forcément une originaire germanique de la personne en question. Et sinon il y a la Montagne d'Alaric.
Enfin, l'impact du gothique sur les langues occitanes qui commencent à émerger à cette époque est minime.
C'est étonnamment peu compte tenu de ce que disent les textes. Espérons que la recherche apporte des réponses dans les années à venir.
L'héritage wisigothique est donc négligeable dans la France de nos jours.

Les Burgondes

Les Burgondes ont légué leur nom à diverses entités politiques et administratives, dont la Bourgogne actuelle, assez éloigné du noyau d'implantation originel de ce peuple situé plus au sud, à cheval entre la France et la Suisse actuelles.
Politiquement, les entités bourguignonnes furent importantes tout au long du Moyen Âge, au sein du royaume de France et du Saint-Empire. Au XVe siècle, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire aurait eu pour ambition de restaurer le vieux royaume burgonde. Mais aujourd'hui c'est du lointain passé.
Il y a assez peu de traces archéologiques des Burgondes et leur culture matérielle est difficile à établir. Signalons cependant la pratique de déformation des crânes observée en contexte funéraire, de même que la découverte d'objets à inscriptions runiques associées au burgonde comme la fibule de Charnay-lès-Chalon, faits assez rares en France.
Enfin, la langue burgonde (apparentée au gothique, toutes deux faisant partie du groupe germanique ostique aujourd'hui éteint) aurait eu un impact assez important, phonétiquement et lexicalement, sur la formation du Francoprovençal, langue régionale parlée dans l'espace qu'occupait autrefois le royaume burgonde. En revanche la toponymie d'origine burgonde serait très faible.
En somme, héritage du nom de Bourgogne et héritage linguistique non négligeable.

Les Alamans et Francs rhénans

Les Alamans nous ont légué le nom qui fut in fine attribué à l'Allemagne par les Français.
Très bien connus en archéologie, on leur doit entre autres environ 70 inscriptions runiques de part et d'autre de la frontière. Cependant leur mobilier funéraire (armes, etc.) se rapproche souvent de celui des Francs, peuple dont ils étaient proches.
Leur langue nous est parvenue : l’alsacien en est issu (de même que plusieurs langues du sud de l'Allemagne ainsi que les dialectes suisses allemands). Leurs traces toponymiques sont très importantes. Ceci atteste d'un certain poids démographique. L'incorporation de l'Alsace au Saint-Empire puis aux divers états allemands au cours de la majeure partie de son histoire a bien entendu beaucoup contribué au maintien de cette langue et culture, contrairement à ce qui se passa dans le nord de la France (j'y reviendrai).
Les Francs rhénans sont à l'origine de la dynastie et de l'Empire carolingien, apogée de l'Europe barbare. L'Union Européenne s'est en partie inspiré de l'Empire carolingien dans sa théorisation. Il s'agit donc d'un fait absolument majeur de l'histoire de France, d'Allemagne et de l'Europe.
On doit à ces Francs rhénans le francique lorrain, encore parlé aujourd'hui. Leur langue était déjà bien différenciée du vieux bas-francique salien du temps de Charlemagne. Dans la classification linguistique actuelle, le francique lorrain est éloigné du néerlandais (descendant du vieux bas-francique).
On peut donc parler d'héritage vivant pour les Francs rhénans et les Alamans dans la France actuelle.

Les Saxons

Des Saxons, on conserve essentiellement des toponymes, coïncidant géographiquement avec les zones où été retrouvées des nécropoles saxonnes (Boulonnais, Ponthieu, région de Bayeux et basse vallée de l'Orne). Beaucoup de toponymes en -ham (Ouistreham, Etreham, etc.), -t(h)un (Cottun, Fréthun, Baincthun, etc.), -hem (Assinghem, Hardingen, etc.), -bourg (Cabourg, Jobourg...), etc. sont d'origine saxonne, bien qu'il soit parfois difficile de différencier origine saxonne et origines franque ou norroise, ce d'autant plus que ces trois peuples ont colonisé les mêmes zones.
Les Saxons de Gaule sont assez bien connus par les archéologues grâce aux fouilles de diverses nécropoles du NPDC, de Picardie et de Normandie (Vron, Nouvion, etc.) dont l'origine saxonne a parfois été confirmée par l'analyse des os. On constate des échanges importants entre ces communautés et les Anglo-Saxons de GB (je reviendrai sur les Anglo-Saxons à propos de la Normandie). Deux épées runiques ont été mises au jour dans le NPDC, mais il est difficile de trancher entre une origine saxonne ou franque.
Au VIe siècle, les Mérovingiens emploient des Saxons "baïocasses" (de Bayeux) dans leurs armées, nous rapportent les chroniques. Ils se seraient notamment fait massacrer par les Bretons.
L'archéologie démontre qu'après le VIe siècle les Saxons de Gaule se fondent petit à petit dans les populations mérovingiennes, chose probablement facilitée par leur proximité avec les Francs saliens (vieux bas-saxon,vieil anglais et vieux bas-francique faisaient tous partie du rameau westique des langues germaniques). A l'époque carolingienne, on parle pourtant encore d'un pagus nommé Otlinga Saxonia en Neustrie (actuelle Normandie), mais les historiens ne savent pas vraiment à quoi ce nom faisait référence. Il a été mis en relation avec des déportations de Saxons en Francie occidentale du temps de leur guerre contre Charlemagne dans le nord de l'Allemagne.
L'héritage linguistique des Saxons et Anglo-Saxons établis en Gaule à cette époque est probablement minime, bien qu'encore une fois la proximité de leur langue avec le vieux bas-francique rend la recherche compliquée. Notons pour finir que les Capétiens ont, entre autres, des origines saxonnes.
Donc héritage vraisemblablement limité à la toponymie.

Les Francs saliens

Venons en enfin aux Francs saliens, qui parmi les peuples germaniques installés en Gaule nous ont légué l'héritage le plus important. Tout d'abord leur nom et leur royaume, qui devint la France actuelle.
Impact linguistique majeur également. Non seulement la frontière linguistique entre parlers germaniques et latins/celtiques passe entre l'Antiquité et le Haut Moyen Âge du Rhin inférieur à l'embouchure de la Somme, mais en plus l'impact du bas francique sur les parlers latins dits vulgaires est tel qu'il contribua en grande partie à la différenciation des langues d'oïl du nord de la France des autres langues romanes.
Si le français - issu du francien, langue d'oïl - est une langue parfaitement latine, c'est aussi la plus germanique des langues latines. La structure de la langue et la phonétique furent très marquées. De même que le vocabulaire. Plusieurs centaines de mots français sont d'origine bas-francique, dont un grand nombre de mots du quotidien : marcher, attraper, espionner, haine, jardin, guerre, gant... Lire Henriette Walter à ce sujet.
Probablement, des Francs saliens directement venus des actuels Pays-Bas au Ve siècle ont contribué à regermaniser la vieille population salienne du nord de la Gaule descendant des Lètes impériaux, fortement romanisée. La présence de runes semblent en attester.
Les Francs installés dans les zones très majoritairement gallo-romaines adoptèrent vite la langue et la culture des locaux. Mais ces locaux adoptèrent également des traits de la culture franque et plus généralement germanique, à commencer par les noms. Entre le VIIe et le XIIe siècle, on ne donne quasiment que des noms germaniques (souvent latinisés) en France : Robert, Louis, Richard, Charles, Hughes, Eudes, Armand, Hubert, Cunégonde, Frédégonde, Guillefroy, Geoffroy, etc. Les Gallo-romains sujets du roi franc finirent par devenir eux mêmes francs, si bien qu'après le VIe siècle le nom de franc n'indique plus une origine ethnique. Est franc qui vit au royaume des Francs. Il y a donc acculturation réciproque.
Par la suite, le rayonnement du royaume franc centré à Paris, en zone romane, eut pour effet de faire reculer le vieux bas-francique - devenu le néerlandais entre temps - au nord de la Gaule (zone des dialectes flamands, sous-groupe du néerlandais). Aujourd'hui, on ne trouve des locuteurs du flamand français plus que dans le secteur de Dunkerque (du vieux néerlandais duinkerke, "église de la dune") à l'extrême nord du pays. A partir du XVIe siècle également, à l'époque de la Renaissance gréco-latiniste, un grand nombre de mots d'origine germanique souvent francique tombent en désuétude. On les associe aujourd'hui au Moyen-Âge (haranguer, etc.). De même, le vocabulaire de la guerre médiéval était fortement marqué par le francique (heaume, haubert, hourds, etc.) mais n'est évidemment plus d'actualité.
Je ne vais pas m'étendre sur la toponymie francique, immense dans le nord de la France, abondante même en dessous de l'ancienne frontière linguistique. Signalons quelques archétypes toponymiques très répandus dans tout le nord de la France, comme Hodent/Houdan/Houdain/Hodenc/Hodeng/etc. du vieux bas-francique husding ou husidun désignant probablement une maison sur une hauteur ; Wambez/Gambais/Wambaix/Wambeek/Vambais/etc. du vieux bas-francique wan bek signifiant "ruisseau vide" ou "au débit insuffisant" ou encore Avesnes/Avernes/etc. du vieux bas-francique afisna signifiant "pâturage". Les suffixes en -court et -ville (de curtis et villa, "domaine" en bas latin) sont très répandus dans la partie nord du pays est dans l'extrême majorité des cas précédés d'un anthroponyme germanique. Certes, un nom germanique n'indique plus forcément une origine germanique à partir du VIIe siècle (encore que l'aristocratie rurale à l'origine de ces domaines était probablement d'origine majoritairement germanique dans ces zones), mais le positionnement même de ces éléments en suffixe est imputable à l'influence du francique (par ex. Neuville dans le nord, Villeneuve dans le sud).
L'archéologie mérovingienne est très développée. Les tombes récemment mis à jour à Saint-Dizier en Haute-Marne sont assez exceptionnelles par la qualité de leur mobilier, accompagnant deux guerriers de haute stature dans la mort. Entre autres, une épée avec inscription runique (élevant à 4 le nombre d'inscriptions runiques potentiellement attribuables aux Francs en France).
Notons enfin que les rois francs ont favorisé le christianisme dans le royaume à partir du baptême de Clovis vers l'an 500.
Vous l'aurez compris, les Francs saliens nous ont légué un héritage majeur.

Les Anglo-Scandinaves

Pour finir, quelques mots sur les Anglo-Scandinaves de Normandie, à l'origine du très puissant duché de Normandie qui culmine au début du XIIe siècle, les Normands contrôlant, outre le duché, les îles britanniques, la Sicile ainsi que des états croisés de Terre Sainte.
La Normandie avait déjà été colonisée par des groupes saxons et francs entre le IIIe et le VIe siècle, qui laissèrent leur empreinte sur la toponymie comme vu plus haut. Mais l'impact des Anglo-Scandinaves sur la toponymie fut d'une toute autre ampleur puisque des secteurs entiers furent renommés, ce qui suggère une colonisation importante, du moins dans certaines zones. Cet article wikipedia en parle bien mieux que moi :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Toponymie_normande
On trouve également plus patronymes d'origine norroise : Anquetil, Onfray, Toustain, Ingouf... A noter que dans le monde anglo-saxon, tout particulièrement en Irlande, les patronymes en Fitz- sont d'origine normande et signifient tout simplement "fils de". Il s'agit d'une francisation du traditionnel -sson norrois. Fitzgerald n'est pas un patronyme allemand non, mais la contraction de "fils de Gérald" (Gérald étant par ailleurs un prénom purement germanique). Les FitzWalter, FitzOsbern, etc. étaient très courants à l'époque normande.
Malgré cela et l'affirmation d'un chroniqueur du XIIe attestant de la persistance de la langue "danoise" sur les côtes normandes à son époque, l'impact des langues norroises et anglo-saxonnes sur la langue normande est assez limité. Souvent des termes liés à des domaines précis, notamment celui de la mer (mouette, houle, hangar, etc.). En fait, il semble que malgré des effectifs assez importants, les colons aient vite adopté la langue locale. Une des raisons avancées est la nécessité de trouver une langue d'échanges avec les populations locales mais aussi entre les différents groupes de colons dont les origines étaient diverses comme on l'a vu plus haut.
Sinon, les "Vikings" léguèrent des techniques navales, ce que montre bien la tapisserie de Bayeux (vers 1070). Elles facilitèrent l'expédition de Guillaume le Conquérant en Angleterre en 1066. Guillaume le Conquérant également connu sous le nom de Guillaume le Bâtard en dehors de Normandie, car issu de la seconde femme (frilla) de son père. Or si la polygamie était parfaitement légitime vis à vis de la coutume scandinave, elle était parfaitement illicite pour l'Eglise et les populations christianisées de longue date. On appelait cette polygamie normande d'origine scandinave more danico ("à la manière danoise"). Guillaume semble avoir été le premier à rompre avec cette tradition. D'autres traditions patriarcales assez dures semblent avoir perduré dans les coutumes locales jusqu'à une époque récente. Ainsi en irait-il de la coutume des îles anglo-normandes voulant qu'un homme dominé par son épouse soit promené nu sur un âne dans le village (Ridley Scott s'en est-il inspiré pour la scène où les musulmans ridiculisent Guy de Lusignan captif sous les murs de Jérusalem dans Kingdom of Heaven ?).
Les découvertes archéologiques liées aux Scandinaves ont été assez faibles en Normandie jusqu'à présent, ce qui est assez étonnant compte de la toponymie, mais il reste probablement beaucoup à découvrir. On a par ailleurs découverts des sites scandinaves en dehors de la Normandie sur le continent, notamment en Bretagne (par exemple bateau-tombe de l'île de Groix). L'archéologue et historien Vincent Carpentier en parle assez bien.
La Normandie est donc à bien des égards marquée par la présence germanique.

Almassour
Niveau 10
18 octobre 2017 à 05:21:13

Pondre une thèse à 5h du matin et ne pas avancer dans son petit mémoire dont le sujet n'a rien à voir https://image.noelshack.com/fichiers/2017/14/1491484186-risitasueur.png

Cassandane
Niveau 8
18 octobre 2017 à 06:17:14

Je sais que phonologiquement ils ont laissé une forte trace.

8_ALMANZOR__8
Niveau 7
18 octobre 2017 à 15:34:05

Les Français "germaniques" https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif

https://www.youtube.com/watch?v=Hql3b5HSqDs ça crève les yeux en effet https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474488637-jesus26.png https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png

frg_2007
Niveau 10
18 octobre 2017 à 15:54:59

Bordel, on est gallo-romain compris[[sticker:p/1jng]]

SavoiaMarchetti
Niveau 10
18 octobre 2017 à 22:28:53

Le 18 octobre 2017 à 05:21:13 Almassour a écrit :
Pondre une thèse à 5h du matin et ne pas avancer dans son petit mémoire dont le sujet n'a rien à voir https://image.noelshack.com/fichiers/2017/14/1491484186-risitasueur.png

J'ai tout lu merci https://image.noelshack.com/fichiers/2017/11/1489434654-soral1.png
Ca vient de toi ? https://image.noelshack.com/fichiers/2017/11/1489434436-soral4.png

Gelebor
Niveau 17
19 octobre 2017 à 00:13:45

Tu as soulevé un point intéressant. Outre les noms de villes et ceux attribués aux personnes, de quelle manière la culture Franque a imprégné les populations gallo-romaines ?

Almassour
Niveau 10
19 octobre 2017 à 02:59:35

Le 18 octobre 2017 à 22:28:53 SavoiaMarchetti a écrit :

Le 18 octobre 2017 à 05:21:13 Almassour a écrit :
Pondre une thèse à 5h du matin et ne pas avancer dans son petit mémoire dont le sujet n'a rien à voir https://image.noelshack.com/fichiers/2017/14/1491484186-risitasueur.png

J'ai tout lu merci https://image.noelshack.com/fichiers/2017/11/1489434654-soral1.png
Ca vient de toi ? https://image.noelshack.com/fichiers/2017/11/1489434436-soral4.png

De rien, c'est bien de moi https://image.noelshack.com/fichiers/2017/18/1493612692-fautlesavoirhein.png

Le 19 octobre 2017 à 00:13:45 Gelebor a écrit :
Tu as soulevé un point intéressant. Outre les noms de villes et ceux attribués aux personnes, de quelle manière la culture Franque a imprégné les populations gallo-romaines ?

- L'influence linguistique du vieux bas-francique déterminante dans l'émergence des langues d'oïl à l'origine du français actuel (ceci dit, dans de bien moindres mesures, le saxon et les parlers des divers petits groupes installés ça et là en Gaule du nord ont probablement concouru à cette influence). Peut être même que certaines populations gallo-romaines des zones passées aux parlers germaniques ont adopté la langue des nouveaux venus.
- Le costume, les parures, les armes, etc.
- L'identité politique, les Gallo-romains tous francs dès le VIIe siècle, puis français (c'est à dire sujets du roi des Francs puis de France)
- La mentalité tribale guerrière basée sur l'honneur, à l'origine de la noblesse médiévale, de la chevalerie (qui n'a que très peu à voir avec le christianisme contrairement à ce qu'on lit souvent), de la féodalité, peut être même des notions d'honneur des paysans du nord du pays, etc.
Et probablement d'autres choses que j'oublie.

J'ai oublié de parler des Flamands hier, qui sont probablement, avec les Néerlandais du sud, les héritiers les plus directs des Francs saliens, dont ils parlent encore la langue (Néerlandais du sud car le nord et l'est des Pays-Bas étaient peuplés par les Frisons et les Saxons, plus ou moins mélangés aux Francs par la suite).

Philipprouting
Niveau 6
03 mars 2018 à 15:46:22

Le 18 octobre 2017 à 15:34:05 8_ALMANZOR__8 a écrit :
Les Français "germaniques" https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif https://image.noelshack.com/fichiers/2016/46/1479341443-issou.gif

https://www.youtube.com/watch?v=Hql3b5HSqDs ça crève les yeux en effet https://image.noelshack.com/fichiers/2016/38/1474488637-jesus26.png https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1466366209-risitas24.png

:rire: :rire:

VLFBERHT
Niveau 10
03 mars 2018 à 22:14:06

Encore cette vidéo.

[-Exoplanetes-]
Niveau 10
03 mars 2018 à 23:19:07

Le 03 mars 2018 à 22:14:06 VLFBERHT a écrit :
Encore cette vidéo.

Cette vidéo culte https://image.noelshack.com/fichiers/2016/26/1467335935-jesus1.png

Jan-Hus-Pater
Niveau 15
04 mars 2018 à 16:01:00

La toponymie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Toponymie_fran%C3%A7aise#Noms_germaniques

Pas mal de noms et de prénoms aussi.

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Sujet : notre héritage des francs/ invasions germaniques
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