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Savoir & Culture

Histoire

Sujet : Pourquoi l'Empire Ottoman a-t-il interdit l'imprimerie ?
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Pseudo supprimé
Niveau 10
06 août 2018 à 10:40:21

J'aimerais connaître les arguments religieux de cette interdiction. :(

Roijuba1
Niveau 11
06 août 2018 à 13:11:43

sous prétexte que le Coran ne pouvait être que recopier à la main mais bon... Je pense que c'est surtout la peur de la diffusion de certaines idées

voilà un petit lien

http://expositions.bnf.fr/livrarab/arret_sur/imprimes/texte.htm

http://www.bacdefrancais.net/de-l-horrible-danger-de-la-lecture-voltaire.php

un petit texte pour l'humour mais tellement vrai

De l'horrible danger de la lecture
Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction. Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l'Espagne et l'Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l'imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l'esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l'imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.

1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l'ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.

2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d'Occident, il ne s'en trouve quelques-uns sur l'agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu'à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d'âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.

3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d'histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l'imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l'équité et l'amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.

4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d'éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu'ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu'il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.

6° Il arriverait sans doute qu'à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

A ces causes et autres, pour l'édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s'instruire, nous défendons aux pères et aux mères d'enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l'ancien usage de la Sublime-Porte.

Et pour empêcher qu'il n'entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l'Occident septentrional ; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays ; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu'il nous plaira.

Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l'an 1143 de l'hégire.

Voltaire

Artyom-DECCCP
Niveau 12
06 août 2018 à 18:52:04

pour eviter au peuple de s'éduquer surement

Kafur
Niveau 9
06 octobre 2018 à 00:02:11

Car ils y avaient des scribes/calligraphes qui vivaient de cette profession, autoriser l'imprimerie reviendrait à envoyer au chômage beaucoup de personnes. :ok:

Car les caractères faits à la main sont plus beaux que les caractères moches de l'imprimerie. :ok:

BanPasCompris
Niveau 10
06 octobre 2018 à 15:12:15

Le 06 octobre 2018 à 00:02:11 Kafur a écrit :
Car ils y avaient des scribes/calligraphes qui vivaient de cette profession, autoriser l'imprimerie reviendrait à envoyer au chômage beaucoup de personnes. :ok:

Car les caractères faits à la main sont plus beaux que les caractères moches de l'imprimerie. :ok:

Ah ben c'est certain qu'un incunable, c'est moche... :honte:

Le 06 octobre 2018 à 13:15:12 EriCartonna1 a écrit :
parce qu'ils sont cons.

Waaouh, ça c'est de l'argumentation.

EriCartonna1
Niveau 5
06 octobre 2018 à 15:20:46

Le 06 octobre 2018 à 15:12:15 BanPasCompris a écrit :
Waaouh, ça c'est de l'argumentation.

simple, clair et net !

BanPasCompris
Niveau 10
06 octobre 2018 à 16:01:46

Le 06 octobre 2018 à 15:20:46 EriCartonna1 a écrit :

Le 06 octobre 2018 à 15:12:15 BanPasCompris a écrit :
Waaouh, ça c'est de l'argumentation.

simple, clair et net !

Et complètement débile.

Negisama
Niveau 9
06 octobre 2018 à 16:22:04

Salut,

Ci-dessous un extrait d'une fiche de lecture réalisée il y a 2 ans pour le CAPES. L'ouvrage fiché était Histoire de la littérature arabe moderne (Tome 1 : 1800-1945), Actes Sud, Arles, 2007, et ici plus précisément le chapitre "La renaissance arabe au XIXe siècle : mediums, médiations et médiateurs" d'Yves Gonzales-Quijano.

"Immense rév technique au temps de la Nahda est aussi la diffusion croissante de produits imprimés. Imprimerie est présente depuis le 18e dans le monde arabe. Faux que le monde musulman a persisté dans un refus de cette innovation pour des raisons essentiellement religieuses. Imprimerie est éloignée car elle ébranle les fondements traditionnels de la reproduction du savoir, de sa hiérarchisation sociale et culturelle. Dév des imprimés dans le milieu du 19e => enseignement, administration, commerce, culture, etc. Passer par les presses mécaniques => accroitre le nombre d’exemplaires, diminuer les couts, s’adresser à un public en adoptant un mode de communication structuré par des règles différentes du manuscrit (présence de table des matières, titres intérieurs, etc). Passage de manuscrits calligraphiés et précieusement conservés) des imprimés reproductibles à l’infini. Transformation du système éducatif + dév d’une littérature arabe + essor d’échanges => primauté de l’imprimé sur le manuscrit et de l’écrit sur la parole, individualisation grandissante des pratiques, « vulgarisation » démocratique du savoir profane porteur de progrès, clarté d’un message destiné à une diffusion de masse."

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