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Sujet : L'Atman et l'Advaita Védanta
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Pseudo supprimé
Niveau 8
14 mai 2017 à 19:04:48

Bonjour tout le monde [[sticker:p/1lm9]]

En ce moment je m'intéresse à la question du "soi" et aux philosophies du sous-continent indien comme le bouddhisme ou l'hindouisme.
Je fais ce topic pour en discuter et si possible clarifier ma pensée en tentant de l'expliquer à d'autres personnes. :noel:
En m'intéressant au bouddhisme théravada; j'ai découvert l'idée d'anatta.

Citation wiki;
D'après la théorie bouddhique, il n'existe aucun soi (ātman) à trouver, pas d'« entité-ego », mais une simple agrégation de phénomènes corporels et mentaux conditionnés.
Anattā est souvent exposé selon la formule « Chaque chose est sans soi. ». [...] Le théravāda (ancien véhicule) distingue deux niveaux de compréhension :

  • l'opinion philosophique présumant un soi ;
  • la croyance trompeuse à un soi, le sentiment d'avoir un soi.

L'opinion philosophique sur l'existence du soi est aisément contredite, y compris par des non-bouddhistes. Par exemple Hume écrit dans son Traité de la nature humaine :
Je peux m'aventurer à affirmer que nous ne sommes rien qu'un faisceau ou une collection de perceptions différentes, se succédant avec une rapidité inconcevable, et qui sont dans un flux et un mouvement perpétuels.
Annihiler cette opinion ne suffit pas à supprimer le « sentiment même de soi », qui est profondément ancré et alimenté par les trois soifs (Tṛṣṇā). Selon la formule du Visuddhimagga, Seule la souffrance existe, mais on ne trouve personne qui souffre, les actes sont, mais on ne trouve pas d'acteur.
Ce qui est nié par le bouddhisme n'est pas le « moi empirique » (le corps-esprit), c'est l'opinion qu'il y a un moi permanent et autonome (âme immortelle ou principe vital). Le « moi empirique » est décomposé en cinq « agrégats d'attachement », skandha :

  • Le corps (rūpa) ;
  • les sensations (vedanā) ;
  • les perceptions (samjñā) ;
  • les « fabrications mentales » (samskāra) ;
  • la conscience (vijñāna).

Ces cinq agrégats d'attachements ne sont pas « soi » ; l'opinion du soi (sakkâyaditthi), croyance erronée en l'existence de la personnalité (attā), émerge de ces cinq agrégats.
[...] Ne suivant la volonté de personne, ces agrégats [les nâma (dénominations) et les rûpa (substances)] apparaissent et disparaissent d'eux-mêmes. Si vraiment ces agrégats étaient à nous, selon notre propre volonté, nous pourrions dire : « Que mon corps ne vieillisse pas, qu'il ne tombe pas malade, qu'il ne meure pas ! » Or, ils ne se plieront jamais à notre volonté ; nous ne maîtrisons rien. C'est pourquoi nous ne pouvons pas dire que cela est notre corps, notre âme ou notre entité propre. (Sayadaw U Jatila, Enseignements sur vipassana, trad. Dhamma Sami)
Les cinq agrégats provoquent l'attachement et la croyance que ces parties sont « soi ». Selon le second discours du Bouddha (l'Anattalakkhanasutta), ces cinq agrégats ne peuvent être considérés comme un « soi » : si c'était vrai, ils mèneraient au bonheur et on en aurait la maîtrise totale, mais ce n'est pas le cas. La souffrance (dukkha) naît du fait que la croyance au soi est en contradiction avec les caractéristiques de l'existence conditionnée (impersonnalité, impermanence, insatisfaction). C'est au stade du sotapanna (première catégorie des quatre êtres nobles) que cette vue erronée est brisée.
On trouve dans le Milindapañha (livre II, 1) une métaphore comparant la personne à un char : aucun des deux n'a une existence autre que nominale, conventionnelle :
De même que la combinaison des pièces donne lieu au mot « char », ainsi l'existence des khandhas donne lieu à la convention d'« être vivant ».
Fin de citation.

Je trouvais cette idée délirante quand je l'ai découverte.. et depuis j'ai pas mal évolué.
J'y ait beaucoup réflechi, je suis aussi tombé sur des vidéos intéressantes. https://www.youtube.com/watch?v=JQVmkDUkZT4 / https://www.youtube.com/watch?v=QOCaacO8wus / sous-titres français disponibles
Que suis-je ?
Est-ce qu'un moi, un soi existe ? Si oui, qu'est-il ? Si le soi existe il ne peut pas être une âme ou une personnalité selon moi. Nos sentiments, nos préférences, nos goûts, nos souvenirs; tout ça change et disparaît mais cette expérience du soi reste. Si le soi existe, je commence à penser qu'il est notre conscience pure. Sans pensées, souvenirs, identifications... juste notre conscience qui expérimente le présent. Si Anotimas est enfant, adulte, vieillard atteint d’Alzheimer, sa personnalité change à chaque seconde, ses souvenirs, ses goûts, ses opinions aussi, son corps, tout change, rien ne reste. Mais il expérimente toujours son présent, même sous Alzheimer.
C'est à ça que je pense par conscience; une expérimentation pure, une conscience pure comme pendant une nuit sans rêve, sans temps sans cesse présente. Comme vous le voyez, c'est encore très brouillon dans mon esprit.. :hap:
Freud décrit la personnalité, le ça le moi le surmoi, l'inconscient, moi je parle de l'Etre, de ce que je suis; un moi existe-t'il, si oui qu'est-il ? Je ne suis ni mon corps ni mon esprit ni mes souvenirs ni mes opinions ni mes goûts, tout ça change; je pense qu'il ne reste que la conscience pure. L'Anotimas enfant et l'Anotimas adulte n'ont ni le même corps ni le même esprit mais ils sont la même personne, qu'est-ce qui est ce moi que les deux partagent ?
Fort de toutes ces questions, j'ai découvert qu'une école de pensée philosophique hindoue avait déjà tenté d'y répondre: l'advaida védanta.

Citation wiki;
L’Advaita Vedānta (sanskrit ; devanāgarī : अद्वैत वेदान्त) est la forme la plus répandue de la philosophie du Vedānta. Advaita signifie littéralement « non deux » et se traduit le plus souvent par non-dualité. Son principe fondamental affirme la non différenciation de l'individualité ou l'âme individuelle (jīvātman) et de la Totalité (Brahman) qui est neutre. [...] L'une des personnes à qui l'on doit d'avoir consolidé les principes de l'advaita est Ādi Śaṅkara. Selon Shankara, le Brahman est l'Un, l'ensemble et la seule réalité dans le monde. En dehors du Brahman, rien d'autre, y compris Dieu, l'univers, les objets matériels et les individus, n'est vrai. Le Brahman est au mieux décrit comme la réalité infinie, omniprésente, toute-puissante, incorporelle, impersonnelle, transcendante et immanente, qui est l'essence divine de toute existence. Bien que n'étant pas une substance physique, il est la base du monde matériel, qui est sa transformation illusoire. Le Brahman est la cause du monde. On dit de lui qu'il est la connaissance la plus pure et qu'il resplendit comme une source de lumière infinie.

En raison de l'ignorance (Avidyā), le Brahman est confondu avec le monde matériel et ses objets. Le véritable Brahman est sans-attribut et informe (nirguna-Brahman). En l'être humain, il est partiellement perçu comme étant le Soi, l'Absolu et l'Impérissable (rarement objet d'adoration, mais plutôt de méditation). Le Brahman est en fait indescriptible. Shankara dit que Brahman ne peut pas être identifié avec Śūnyatā ou la vacuité du Bouddhisme. Au mieux, on le considère comme la Vérité infinie (Sat), la Conscience infinie (Chit) et la Félicité suprême (ānanda). Aussi, le Brahman transcende les différences : nul ne lui est semblable (sajatiya bheda) parce qu'il ne peut y avoir deux Brahman. Nul ne lui est différent (vijātīya bheda) car il n'y a personne existant en dehors de la réalité du Brahman. De même, qu'il n'est pas sujet à des transformations substantielles (svagata bheda). Il est Un, uni-substantiel et immuable. [...] Selon la philosophie de l'Advaita Vedānta, le Brahman est la réalité ultime. Par rapport à lui, tout autre, comprenant Dieu et le monde sont une illusion. Quand l'homme essaye de connaître le Brahman sans d'attribut avec son esprit, sous l'influence d'une puissance illusoire de Brahman, appelée la Māyā, Brahman devient le « Dieu (Īshvara) » [...] Le concept de māyā est central dans le Védanta où il désigne l'illusion cosmique, le pouvoir de création qui engendre le monde manifesté sous la forme d'un voile d'ignorance qui se surimpose à l'Absolu, Brahman. Shankara la décrit comme sans commencement, « ni être ni non-être », inexplicable (anirvacanya). [...]
Ishvara (lit., le Seigneur Suprême) : lorsque l'homme essaie de connaître les attributs de Brahman avec son esprit, sous l'influence de Māyā, Brahman est perceptible comme étant Îshvara. Ishvara est Brahman avec la Māyā. Shankara utilise la métaphore suivante : lorsque le « reflet » de l'Esprit Cosmique tombe sur le miroir de Māyā, il apparaît comme le Seigneur Suprême. Le Seigneur Suprême est vrai seulement dans le niveau pragmatique — sa véritable forme dans la sphère transcendantale est l'Esprit Cosmique.
Fin de citation.

Pour l'advaita védanta je suis encore en train de l'étudier donc je ne me prononcerai pas trop dessus.. la citation wikipédia est vraiment superficielle; sans toutes les implications qu'amène cette philosophie, et surtout sans le raisonnement et l'argumentation avancés par les "advaitistes". En effet, là ou d'autres philosophies partent "d'en haut", du postulat que tout est un, la philosophie advaita part de notre expérience, qu'elle ne nie pas au contraire; nous faisons chaque jour l'expérience de multiples objets, réalités, séparations, elle démonte un à un nos préjugés et illusions jusqu'à arriver à la conclusion de l'advaita. Je lis un livre sur ça, je recopierai peut-être un bout du raisonnement.

J'ai en tout cas découvert qu'un saint de l'advaita, Ramana Maharshi, semblait partager mon point de vue;

Citation wiki;
Il a très peu écrit et certains de ses enseignements oraux ont été retranscrits et publiés.

Pour lui, le corps physique est sans importance. Seul le Soi, pure conscience, doit être trouvé grâce à la question : « Qui-suis-je ? » (Atma Vichara). Selon cette vision, le Soi (Ātman) est imperceptible par les sens et inconcevable par l'intellect. Tandis que tout se forme, se transforme et se déforme dans l'univers, "Cela" ne meurt pas, ne naît pas et demeure en chacun.

À des questions de visiteurs, il répond « Qui pose cette question ? », afin de pousser à la méditation et à la recherche d'une véritable identité au-delà de l'illusion de l'ego.
Fin de citation.

Fait intéressant que je n'approfondirai pas trop; il semblerait (à prendre avec des grosses pincettes) que la physique quantique confirme le point de vue philosophique de l'advaita. Je lis actuellement à ce sujet L'Esprit et la Matière de Schrödinger, voir aussi du coté du Paradoxe EPR... je vous en dirai plus quand j'aurai moi même compris ce qu'il en retourne. [[sticker:p/1lm9]]

Bref comme vous pouvez le voir tout ça est encore extrêmement brouillon dans mon esprit, j'ai toute la vie pour chercher. :-p
Je pose un peu ce qui me vient ici, au fil de la plume... hâte de lire vos avis/commentaires ! [[sticker:p/1lm9]]

Gunzalo
Niveau 10
14 mai 2017 à 21:22:13

La doctrine d'une religion ne peut être comprise que par ceux qui la pratique effectivement. Elle a pour but l'atteinte d'une spiritualité, elle ne peut donc qu'être comprise que par ceux qui la vivent effectivement et la consissance de celle-ci ne peut être transmise que spirituellement. Il n'y a aucune place à la réflexion.

Toute tentative extérieure à celle-ci est vaine et intuile car elle ne menera qu'à l'incomprhension la plus totale de celle-ci.

Genetics
Niveau 10
14 mai 2017 à 21:29:52

Mélanger le bouddhisme et la physique... Cela se nomme le "mysticisme quantique".
Pur charlatanisme provenant du mouvement New Age.

edophoenix
Niveau 15
15 mai 2017 à 19:08:57

Plop à tous !

Le 14 mai 2017 à 21:29:
Genetics a écrit :
Mélanger le bouddhisme et la physique... Cela se nomme le "mysticisme quantique".
Pur charlatanisme provenant du mouvement New Age.

:d) C'eétait effectivement ma première réaction, mais en lisant le post initial et en y réfléchissant, je crois que la réflexion sur ces sujets n'est pas inintéressant.

Je préconiserais, personnellement, d'étudier les deux *disciplines* (au sens large), sans chercher à les mélanger, mais en s'intéressant à ce que chacune peut nous apporter au niveau personnel.

Pour terminer, @ Anotimas :d) j'ai vu que tu parlais du paradoxe EPR, mais ce paradoxe a été réfuté depuis longtemps, il me semble, par l'Ecole de Copenhague...
Donc se fonder dessus pour réfléchir risque de t'embrouiller plus qu'autre chose.

Pseudo supprimé
Niveau 8
15 mai 2017 à 19:44:39

Le 14 mai 2017 à 21:29:52 Genetics a écrit :
Mélanger le bouddhisme et la physique... Cela se nomme le "mysticisme quantique".
Pur charlatanisme provenant du mouvement New Age.

Non, je suis un sceptique, je sais très bien ce qu'est le mysticisme quantique. Et ça n'en est pas, ce n'est pas parce que tu ne comprends pas le raisonnement que je suis un charlatan... Et pour le paradoxe EPR je parle de l'advaita, pas du bouddhisme.

Pour terminer, @ Anotimas :d) j'ai vu que tu parlais du paradoxe EPR, mais ce paradoxe a été réfuté depuis longtemps, il me semble, par l'Ecole de Copenhague...

Donc se fonder dessus pour réfléchir risque de t'embrouiller plus qu'autre chose.

Oui, je parle justement de cette réfutation du Paradoxe EPR.
Elle démontre que deux atomes qu'on voit séparés peuvent agir comme s'ils étaient un tout plus large, ce qui semble rejoindre la vision non-dualiste de l'advaita.

https://www.astronomes.co.com/le-big-bang/paradoxe-epr/
Pour essayer d’expliquer le paradoxe EPR, il nous faut remettre en cause la vision classique du monde microscopique. En effet, la situation pose problème car nous considérons les deux photons comme des entités distinctes possédant des propriétés locales. Par contre, le paradoxe n’en est plus un si nous considérons que les deux particules forment un système avec des propriétés non localisées dans l’un ou l’autre des photons.
Dans cette interprétation, les deux photons, même séparés par des millions d’années-lumière, sont en contact permanent. Ils n’ont pas besoin d’échanger d’information à l’aide d’un moyen classique limité par la vitesse de la lumière. Lorsque l’un est détecté, l’autre le sait de façon instantanée. Les deux particules peuvent donc apparaître dans des directions opposées sans se consulter au préalable.
Le paradoxe EPR nous oblige ainsi à introduire un nouveau concept : la non-séparabilité. Les particules ne peuvent pas toujours être décrites comme des entités totalement indépendantes, mais doivent parfois être considérées comme des éléments d’un tout.

Pseudo supprimé
Niveau 8
15 mai 2017 à 19:52:13

Je rajoute qu'apparemment Schrödinger, un des pères de la physique quantique, parle d'une même non-dualité dans son livre L'Esprit et la Matière.
Je dois encore le finir, je vous ferai surement un retour, mais pour dire que non je ne suis pas un illuminé en plein délire qui mélange thermodynamique et chakras..

matrisKK
Niveau 10
17 mai 2017 à 15:26:49

Le bouddhisme et la philosophie indienne en général sont effectivement fort intéressants d'un point de vue théorique. Mais dans la pratique, il faudrait vivre comme un moine...
C'est pour ça que j'essaye de me construire une philosophie similaire qui permet quand même de se prendre des cuites.

PS : C'est marrant que tu obtiennes une "démocratie chrétienne" sur 8values si tu préfères la philosophie indienne.

Pompartgneux
Niveau 10
17 mai 2017 à 16:30:21

Selon le second discours du Bouddha (l'Anattalakkhanasutta), ces cinq agrégats ne peuvent être considérés comme un « soi » : si c'était vrai, ils mèneraient au bonheur et on en aurait la maîtrise totale, mais ce n'est pas le cas

ok ta mer

Pseudo supprimé
Niveau 8
18 mai 2017 à 10:57:50

Le 17 mai 2017 à 15:26:49 matrisKK a écrit :
Le bouddhisme et la philosophie indienne en général sont effectivement fort intéressants d'un point de vue théorique. Mais dans la pratique, il faudrait vivre comme un moine...
C'est pour ça que j'essaye de me construire une philosophie similaire qui permet quand même de se prendre des cuites.

PS : C'est marrant que tu obtiennes une "démocratie chrétienne" sur 8values si tu préfères la philosophie indienne.

Je pense pas que 8values prenne en compte le bouddhisme et l'advaita :hap:

matrisKK
Niveau 10
18 mai 2017 à 11:40:46

Le 18 mai 2017 à 10:57:50 Anotimas a écrit :

Je pense pas que 8values prenne en compte le bouddhisme et l'advaita :hap:

Non c'est pas ce que je dis, mais ça m'étonnerait que la démocratie chrétienne est le modèle politique qui s'en rapproche le plus

Pseudo supprimé
Niveau 8
21 mai 2017 à 14:21:17

H.S. mais je vous recopie un petit passage très intéressant de L'Esprit et la Matière de Schrödinger, qui parle de l'éthique et montre sa vision très poétique de l'évolution humaine.

« En effet, de nos jours, peut-être plus qu'à d'autres époques, nous entendons assez souvent railler cette exigence. "Je suis comme je suis, place à mon individualité ! Libre développement des désirs que la nature a implantés en moi ! Tous les impératifs qui, en cela, s'opposent à moi, sont des non-sens, des tromperies de prêtres. Dieu est Nature, et la nature peut être créditée du fait de m'avoir formé comme elle voulait que je sois." On entend quelquefois de tels slogans. Il n'est pas facile de réfuter leur évidence claire et brutale. L'impératif kantien est manifestement irrationnel.
Mais heureusement, le fondement scientifique de ces slogans est mal assuré. Notre appréhension du "devenir" des organismes rend facile la compréhension du fait que notre vie consciente, je ne dirai pas sera, mais est en fait, nécessairement, un combat incessant contre notre ego primitif. Car notre moi naturel, notre volonté primitive avec ses désirs innés, est évidemment le corrélat mental de l'héritage matériel reçu de nos ancêtres. Par ailleurs, nous nous développons en tant qu'espèce, et nous marchons sur la ligne de front des générations ; par conséquent, chaque jour de la vie d'un homme représente un petit fragment de l'évolution de notre espèce qui est encore en plein développement. Il est vrai qu'un jour de la vie de quelqu'un, ou même toute la vie d'un individu, n'est qu'un infime coup de burin sur la statue à jamais inachevée. Mais toute la gigantesque évolution que nous avons subie dans le passé, a, elle aussi, été engendrée par des myriades d'infimes coups de burins de cette sorte. Le matériau de cette transformation, ce qui est présupposé par son déroulement, ce sont bien entendu les mutations spontanées transmises de façon héréditaire. Cependant, lorsqu'il s'agit de sélectionner parmi elles, le comportement du porteur de la mutation ainsi que ses habitudes de vie ont une importance majeure et une influence décisive. Autrement, l'origine des espèces, les tendances suivant lesquelles la sélection s'opère, qui sont visiblement dirigées, ne pourraient pas être comprises, même sur les longues durées qui sont après tout limitées et dont nous connaissons tout à fait leurs limites.
Par conséquent, à chaque étape, pour ainsi dire chaque jour de notre vie, quelque chose de la forme que nous possédions jusque-là doit changer, doit être surmonté, doit être effacé et remplacé par quelque chose de nouveau. La résistance de notre volonté primitive est le corrélat psychique de la résistance de la forme existante au burin qui transforme. Car nous sommes nous-mêmes le burin et la statue, conquérants et conquis à la fois - c'est une véritable conquête de soi permanente. »

Pseudo supprimé
Niveau 8
21 mai 2017 à 16:20:22

J'ai presque fini L'Esprit et la Matière.
Je suis un peu sur le cul devant les passages sur la conscience.. et oui je le confirme; il parle clairement d'Advaita Védanta, évoquant même textuellement les Upanishads.
Je sens que je suis devant une chose immense dont je n'aperçois encore qu'une petite partie de la surface.
Je vais relire et méditer sa pensée, pour l'instant je suis juste sonné je ne sais pas quoi dire ni penser ?..

Upanishad
Niveau 9
27 juin 2017 à 17:25:36

« Tout cela a été dit du point de vue de quelquʼun qui accepterait la discrimination consacrée par le temps entre sujet et objet. Bien quʼil faille lʼaccepter “dans un but pratique”, nous devrions, je pense, lʼabandonner dans le domaine de la pensée philosophique. »
Schrödinger — Lʼesprit et matière.

« Le monde est une synthèse de nos sensations, de nos perceptions et de nos souvenirs. Il est commode de le considérer comme existant objectivement par lui-même.»
Schrödinger — Lʼesprit et matière.

« Je dirais : le nombre total des esprits est précisément un. »
Schrödinger — Lʼesprit et matière.

« Il nʼy a de toute évidence quʼune possibilité, à savoir lʼunification des esprits et des consciences. Leur multiplicité est seulement apparente, en vérité il y a seulement un esprit. Cʼest la doctrine des Upanishads. Et pas seulement des Upanishads. Lʼunion avec Dieu éprouvée de façon mystique entraîne constamment cette attitude [...] ».
Schrödinger — Lʼesprit et matière.''

« [...] et jʼaccorde aussi, si quelquʼun désire le faire remarquer, que je parle à présent de religion et non de science — une religion qui nʼest cependant pas opposée à la science, mais confortée par ce que la recherche scientifique désintéressée a mis en lumière. »
Schrödinger — Lʼesprit et matière.

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Sujet : L'Atman et l'Advaita Védanta
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