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Sujet : Punir la désinformation : pour un tribunal de la véracité.
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shayde09
Niveau 14
19 août 2017 à 03:45:08

Dans son ouvrage "L'Enracinement", Simone Weil dédie un long passage aux "besoins de l'âme", qu'elle cherche à identifier et que la politique vise à satisfaire, en plus des besoins du corps. L'un de ces besoins est celui de vérité:

Le besoin de vérité est plus sacré qu'aucun autre. Il n'en est pourtant jamais fait mention. On a peur de lire quand on s'est une fois rendu compte de la quantité et de l'énormité des faussetés matérielles étalées sans honte, même dans les livres des auteurs les plus réputés. On lit alors comme on boirait l'eau d'un puits douteux. Il y a des hommes qui travaillent huit heures par jour et font le grand effort de lire le soir pour s'instruire. Ils ne peuvent pas se livrer à des vérifications dans les grandes bibliothèques. Ils croient le livre sur parole. On n'a pas le droit de leur donner à manger du faux. Quel sens cela a-t-il d'alléguer que les auteurs sont de bonne foi ? Eux ne travaillent pas physiquement huit heures par jour. La société les nourrit pour qu'ils aient le loisir et se donnent la peine d'éviter l'erreur. Un aiguilleur cause d'un déraillement serait mal accueilli en alléguant qu'il est de bonne foi. À plus forte raison est-il honteux de tolérer l'existence de journaux dont tout le monde sait qu'aucun collaborateur ne pourrait y demeurer s'il ne consentait parfois à altérer sciemment la vérité.'''

Vous me direz, on peut déjà intenter des procès pour calomnie, mais mon propos va plus loin : la presse, on le sait tous, manipule sciemment l'information, sortant des trucs de leur contexte, rapprochant telle statistique de telle autre en faisant passer pour un lien de causalité ce qui n'est qu'une corrélation, etc. Sans aller jusqu'à la calomnie, elle sert quotidiennement de la merde. Et il n'y a aucun tribunal pour la punir après examen, du coup elle continue. Les gens éduqués à l'otium (qui a lu "opium"?) peuvent se défaire de ses mensonges ou erreurs grossières, mais l'homme du peuple, comme le dit Simone Weil, n'a pas le temps ou l'éducation de vérifier ce qu'il lit ou entend. "Le drame de notre temps, c'est que la bêtise s'est mise à penser", disait Cocteau (enfin je crois, le site "linternaute" ne donne jamais ses sources -- il devrait être puni pour cela!), et Internet lui donne un espace inédit pour pulluler... La diatribe vaut aussi pour ces soi-disant "experts" qui dans leurs livres ou à la télé simplifient abusivement, consciemment ou non, la réalité à des fins idéologiques. Je suis plutôt pro-vegan (ne cliquez pas sur "retour liste des sujets", laissez-moi finir !) mais quand je vois le bullshitisme d'un documentaire comme "What The Health" (http://time.com/4897133/vvegan-netflix-what-the-health/ ), je me dis que les sanctions sont inexistantes actuellement ou pas assez lourdes. Les oeufs qui seraient aussi néfastes pour l'organisme que les cigarettes : et puis quoi encore ? Trop, c'est trop !

Du coup je pensais que, quand viendra le grand cataclysme qui mettra fin à notre civilisation et nous poussera à la reconstruire sur de nouvelles bases, nous pourrions peut-être instaurer des tribunaux de la vérité (un par science, par exemple: Histoire, économie, biologie, etc). Ils seraient en charge, non de dicter du prêt-à-penser comme dans 1984; mais simplement de vérifier la véracité scientifique des discours publics. Les peines en cas de condamnation seraient progressives en fonction de la gravité ou de la répétition de l'offense, allant de la simple amende à la peine de prison (on peut badiner avec l'amour, mais pas avec la vérité, c'est trop important). Vous me direz, on n'a pas les moyens de sanctionner tous les fauteurs d'erreur sur Internet, et puis faut être compréhensif envers Samantha qui s'essaie à la politique du haut de ses 12 ans sur son blog skyrock. Bien sûr, tout cela sera ignoré ; les tribunaux ne se concentreront que sur les publications ayant déjà un large public ou susceptibles d'en avoir un.

Qu'en pensez-vous?

Klux
Niveau 10
19 août 2017 à 05:00:37

1984

Ketelbey
Niveau 10
19 août 2017 à 08:03:51

La politique est plus une question de point de vue que de vérité. Tant que les désinformés sont logiques dans leur raisonnements, je vois pas où est le problème.

Notre histoire est bourrée de mensonges et la politique se bâtit autour de fausses promesses. Suffit de se pencher sérieusement sur un sujet pour le comprendre. Ce n'est pas nécessairement mauvais, car je trouve que la vérité ne vaut rien si le peuple ne sait pas comment penser.

Et puis bon, les médias scientifiques sont sérieux et les études sont soumises à des consensus, ou elles sont étudiées par d'autre groupes de gens. La politique, c'est rarement sérieux. Pourquoi étudier l'impact de deux idéologies économiques sur une population quand on peut faire la guerre pour voir qui à la plus grosse pour déterminer un vainqueur?

Klux
Niveau 10
19 août 2017 à 14:28:05

On ne va évidemment pas mettre des O'Brien dans lesdits tribunaux. On sélectionnerait et formerait à la place des gens dévoués spirituellement à l'idée de vérité.

C'est condamné à rester du conditionnel, ou à devenir de la tyrannie
C'est trop frêle, beaucoup trop frêle

Coucou à la loi gayssot, encore une fois

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Sujet : Punir la désinformation : pour un tribunal de la véracité.
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