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Philosophie

Sujet : Vivre sans plaisir
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DeathCyber
Niveau 4
13 décembre 2017 à 07:43:13

Vivre sans connaître « grand » plaisir, en ayant presque aucun amis/copine ni but ni rêve mais en étant plutôt stable mentalement, en étant tranquille avec sois même et ne pas ou ne plus avoir à faire avec des émotions négatives comme le stress/anxiété mais juste écouter, regarder et faire quoi que ce soit que l’on aime bien faire comme passe-temps

Vivre une vie sans aucune euphorie, vous y pensez quoi ?:(

SergentPoivre
Niveau 10
13 décembre 2017 à 10:42:20

Je te conseille d'aller lire des récits qui parlent de jhana.

Il paraitrait que c'est justement en retirant tout désir, vivre sans se laisser emporter par nos désirs, être maitre de soi en fait, ne pas vagabonder, qu'on atteindrait les meilleurs sensations de bonheur.

On parle d'un état de plénitude, de paix, de sagesse. On atteindrait une sorte de long fleuve tranquille.

Je crois aussi que le long fleuve tranquille qui déboule dans la vallée est plus puissant que le ruisseau qui saute de rocher en rocher sans trop savoir où il va.

Il y a le terme "samadhi" aussi.

Et l'anéantissement de tout désir, de son identité, de ses sens, etc. serait justement un état d'euphorie.

Récemment, sans méditer, j'ai eu ce sentiment. J'avais un rdv avec un pote kiné pour voir si on pouvait peut-être se concorder avec nos connaissances et nos emplois. J'attendais à l'entrée. Je ne pensais rien. Je regardais dans le vide. Il y avait cette sensation tout de même de devenir plus souple, plus léger, de m'envoler. C'était perturbant.

Tout le monde a déjà connu ça.

J'ai fini hier un livre de psychologie du sportif qui essaie de comprendre comment les plus grands champions du sport faisait pour devenir et aussi rester au top pendant 5 ans, 10 ans, 20 ans... Dedans, les champions parlent tous d'un état de plénitude, de légèreté, même un qui dit qu'il se voyait boxer comme si une caméra le suivait d'en haut... sauf qu'il était en train de boxer et qu'il a remporté le titre de champion du monde sur ce match. Hallucinant.

Ca rejoint ce qu'on lit depuis des millénaires dans les philosophies indiennes. (Si quelqu'un connait d'autres écrits encore plus ancien qui parlent de cet état de relachement-concentration qui mène à un état stable de bonheur constant, je suis preneur !)

SergentPoivre
Niveau 10
13 décembre 2017 à 10:47:42

Post scriptum : j'ai été un peu vite avec l'histoire du boxeur. Quand on atteint un haut niveau de maitrise en sport comme ailleurs, on a ce sentiment de légèreté, de souplesse, d'agilité, que tout fonctionne naturellement bien, c'est fort intuitif mais on ne se perd pas non plus dans des conneries. On n'a pas de mauvais stress. On ne se laisse pas emporter par nos émotions. On est réellement maitre de soi. Tout parait se dérouler facilement sans qu'on doive faire un effort particulier. Tout est fluide. Je ne pense pas que tout est fluide quand on oscille entre plaisir et déplaisir.

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 12:00:26

C'est comme l'épicurisme, il s'agit de se convaincre qu'on a besoin du minimum pour survivre. Mais est-ce là une vie véritablement humaine, alors que la nature de l'Homme, et même de l'Univers, est de se développer toujours plus ?

SergentPoivre
Niveau 10
13 décembre 2017 à 12:35:13

C'est une quête personnelle aussi...

Pourquoi te casser la tête à vouloir toujours si tu te rends compte que tu es autant et même plus heureux en ne possédant rien, en n"ayant envie de rien ?

Je crois aussi que c'est aller contre notre nature même mais si c'est la meilleure solution pour vivre bien, pourquoi ne pas prendre ce chemin ?

C'est un choix de vie.

Quand même, tu parles de se développer toujours plus. Je peux te dire que la volonté de lacher prise est un travail bien plus difficile que tous les plaisirs mondains qu'on a. Renoncer aux sens, renoncer au temps (vivre le présent, ne pas ressasser le passé, ne pas se projeter dans le futur), renoncer à ton ego, renoncer à tout pour être le plus libre possible.

Ca demande de développer des compétences de don (puisqu'on ne veut plus rien posséder), de discipline, de patience, de persévérance...

Bizarrement, on en vient à être beaucoup plus sage. Enfin non, il n'y a rien de bizarre, on voit enfin tout d'un avis neutre.

On en vient aussi à apporter plus d'amour autour de soi.

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 13:31:00

Je pense pas que ce soit vraiment un choix de vie, je pense juste que certains sont naturellement plus susceptibles de suivre cette voie que d'autres. Moi même j'en fais partie, je me contente du minimum : dans mon appartement j'ai un lit, une table et une chaise.

Mais c'est pas parce que j'ai adhéré à une certaine doctrine et que je me force à suivre ses principes, c'est juste que je n'ai pas besoin de plus, et je ne ressens aucun désir d'avoir plus. Mon mode de vie ne repose donc pas sur la raison, c'est juste ma nature.

Ca c'est pour les biens matériels et là-dessus je suis entièrement d'accord avec l'épicurisme et toutes les philosophies indiennes qui l'ont influencé. Mais théoriquement, on n'a pas besoin de réfléchir non plus pour vivre, donc l'idéal pour atteindre l'ataraxie serait de ne plus penser du tout. Et ça pour moi c'est inconcevable, je ne peux pas m'empêcher de réfléchir, c'est même ma plus grande source de plaisir, et c'est une source intarissable donc je ne vois pas pourquoi je m'en priverais

Pseudo supprimé
Niveau 10
13 décembre 2017 à 14:51:51

C'est un peu de la merde pour se rassurer non? :(
Fin objectivement si t'avais la possibilité de coucher de partout et de faire la fête 3x par semaine tu le ferais pas?
Y'a des choses qui sont hors de notre porté effectivement, mais je pense qu'il faut au moins essayer de s'en rapprocher (sans se détruire non plus hein)

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 15:14:36

C'est vrai que d'un autre côté ça ressemble un peu à de la résignation : tu renonces à tes rêves, tes aspirations, tes ambitions...
Après si le bonheur est ta seule aspiration pourquoi pas, mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur moyen de l'atteindre.

Je pense que le bonheur réside surtout dans la réalisation, l'accomplissement de soi.
Le bonheur est la conséquence d'une vie accomplie, pas le moyen.

Reste à trouver pour quoi l'on est fait et accomplir ce pour quoi l'on est fait.
Et je pense que personne n'est fait exclusivement pour le bonheur, personne ne naît que pour être heureux.
Certes on peut le devenir, mais en réalisant et en développant l'aspect principal de notre personnalité

Nearby
Niveau 10
13 décembre 2017 à 15:18:50

C'est un peu de la merde pour se rassurer non? :(

100%

Quand je lis ce genre de topic, je vois pas de l'épicurisme, je vois de l'abandon par peur de l'échec, et de l'impuissance apprise
C'est typique des gens qui ont subi des situations de stress trop fortes ou trop fréquentes, et qui préfèrent largement le confort du dépouillement social au risque de s'élever et de rencontrer encore des situations ingérables

Et c'est un train de vie qui peut fonctionner, je dis pas, mais je le vois mal fonctionner sans regrets tôt ou tard

D'ailleurs, même si c'est pas tout à fait équivalent, va demander aux mecs du 18-25 si tu te sens bien dans ta tête au RSA sur le long terme

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 15:54:07

Après peut-être qu'Epicure c'était juste un gros branleur qui a décidé de s'en foutre de tout.
Le train de vie qui s'en rapproche le plus aujourd'hui c'est celui des clochards volontaires

Nearby
Niveau 10
13 décembre 2017 à 15:57:13

Je sais pas pour épicure, mais beaucoup aujourd'hui confondent sagesse et échec

C'est le fameux phénomène du "puceau par choix"

Et même en prenant au sérieux la "philosophie" du renoncement, càd lorsqu'il s'agit bel et bien d'un choix, ce qui me dérange c'est que c'est très déshumanisant la plupart du temps

Quand je lis les gens parlant des états à atteindre dans la privation pour accéder au bonheur, souvent j'ai juste l'impression de lire "comment devenir un objet ?"

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 16:08:51

C'est vrai que c'est pas très glorieux ni digne d'un homme

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 16:20:23

Enfin l'accumulation de biens matériels par contre je comprendrai jamais l'intérêt. Genre là techniquement je pourrais m'acheter une voiture mais j'en ai pas vraiment besoin, est-ce qu'on peut dire que je renonce à ce que je pourrais obtenir ? Je ne pense pas.

C'est le choix qui est difficile à cerner en fait. A partir de quel moment c'est vraiment un choix de ta part et pas quelque chose que tu subis sournoisement ?

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 16:25:05

Si ça se trouve au fond de moi je veux une voiture, mais j'ai réussi à me convaincre du contraire :rire:

Nearby
Niveau 10
13 décembre 2017 à 16:31:30

C'est la question à 1 million

Et ma réponse sera malheureusement la même peu importe le sujet, tant que je ne lui aurai pas trouvé de faille : il est question d'équilibre entre deux absolus, deux extrêmes. Entre un et tout. Animal et Dieu. Ma petite personne, l'humanité. L'autorité, l'égalité.

De la même façon que je ne vois aucun intérêt à me dépouiller, j'ai pas la moindre envie d'obtenir une belle voiture. Je serais du genre à rouler en twingo en brassant des millions. Le tout c'est de trouver où se placer entre les cimes et les abysses qui nous entourent, entre les droites et les gauches qui nous gouvernent, sans oublier que l'atteinte des unes et des autres équivaut à l'asphyxie. Embrasser le rapport à la possession matérielle, sans s'oublier à travers lui : et on s'oublie autant entouré de vide que submergé d'or.

Nearby
Niveau 10
13 décembre 2017 à 16:44:39

Pour le coup j'ai vraiment jamais voulu de voiture, et je suis 100% sûr que c'est pas du déni de prolo
J'ai vraiment aucun intérêt pour tout ce qui est voiture, portable, voire mode vestimentaire, et tout ce qui touche à ce que les jean-trader qualifieraient de "FOMO"

Mais je vais pas me jeter des fleurs pour ça parce que c'est tellement répandu de courir après que ça dit sûrement quelque chose de ce qui ne tourne pas rond chez moi

matrisKK
Niveau 10
13 décembre 2017 à 17:14:04

Ouais pareil mais pour le coup je pense que c'est juste ma nature donc on peut pas vraiment parler d'un choix.
Moi je pense que le tout c'est plutôt de prendre conscience de sa nature et de s'accepter comme on est pour apprendre à s'aimer.
Et quand on s'aime comme on est on se sent plus libre, on vit vraiment pour soi et non plus pour les autres.

En fait d'un autre côté c'est prendre conscience de ses limites aussi, et renoncer à ce qui est raisonnablement impossible à faire. C'est devenir réaliste sur sa propre condition : genre je réalise que je ne serais jamais un super-héros qui peut voler ou dépasser la vitesse de la lumière. C'est abandonner ses rêves d'enfant pour devenir adulte quelque part

SergentPoivre
Niveau 10
13 décembre 2017 à 18:48:28

Et bien, vous êtes quasiment dans ce que je décris.

Il ne faut pas croire qu'un "bouddha" (être éveillé) n'ait plus de plaisir, ça serait triste. Il a justement du plaisir avec des choses simples.

Il a aussi des sentiments de dégout, de tristesse, des fou-rires mais il est à un stade où il arrive à court-circuiter ses mauvaises émotions. Il voit tout clairement. Il a la vision juste.

Les personnes ayant atteint ses famoso stades sont même les plus heureux du monde. Exemple vidéo quand Antoine de Maximy est à Bodh Gaya, il voit passer des moines bouddhistes. Il dit qu'il n'a jamais vu autant de gens avec le sourire. Il y a aussi le principe que les plus grands yogi, dit-on, sont tout le temps souriant car ils comprennent que tout n'est qu'illusion, que tout est impermanent, que le corps et l'esprit n'arrêtent pas de jouer des tours. Ca les fait rire, ça les fait délirer de voir toute cette mascarade.

A coté, la plupart des gens prennent tout trop au sérieux, ils se laissent emporter par leurs émotions, ils ne sont pas maitre d'eux-même. Ils portent un jugement unilatéral. Par exemple, ils ont plus d'amour pour leur famille ou leurs amis alors qu'ils devraient en donner autant à tout le monde voire plus à certains.

Je lis aussi que vous dites d'être juste dans ce qu'on fait. C'est aussi un principe : suivre la voie du milieu. Ne pas être trop ci ni trop peu ça. Ca demande un rééquilibrage constant dans la vie. In fine, dit-on que ce sont des comportements qui deviennent naturel car on les a forgé en soi.

Je ne trouve pas ça compliqué de devoir être impartiale et juste mais l'être tout le temps, ça demande beaucoup de travail. Comme les champions du monde de n'importe quoi. Ils ont eu les capacités de devenir champion mais ils ont du mener une ascèse extraordinaire pour arriver à leur fin.

https://www.youtube.com/watch?v=1eg8axwM-hY

Pseudo supprimé
Niveau 2
13 décembre 2017 à 19:34:07

Ne pas faire du plaisir sa loi suprême n'empêche pas d'en éprouver. Avoir une finalité autre va juste filtrer les plaisirs et ainsi libérer l'individu de l'esclavage de ses passions.

kzekox
Niveau 15
13 décembre 2017 à 19:38:07

Vivre sans plaisir n'est pas une vie.
Ça me parait même impossible qu'on puisse choisir une vie sans aucun plaisir.
Ça ressemble à fantasme morbide et ça sous entend une profonde détresse psychologique.

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Sujet : Vivre sans plaisir
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