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Philosophie

Sujet : Le véritable cynisme
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Niveau 10
20 novembre 2019 à 11:20:08

Voici, chers amis (s'il en reste), les extraits du livre "Les cyniques grecs" qui m'ont touché, qui m'ont marqué, qui m'ont ébloui.

Je me suis totalement retrouvé dedans, excepté bien sur pour les passages un peu trop provocateurs et qui peuvent montrer un certain manque de tempérance et de modération.

:d) Les cyniques grecs

:d) Avant-propos

Les idées morales d’Antisthène étaient simples, mais fortes. La vertu relève des actes, elle est fondée sur l’effort. Il suffit de désapprendre ce qui est mal, faire table rase de toutes ces coutumes et conventions de la société. La philosophie d’Antisthène demande une force qu’on peut appeler la volonté. Grâce à elle, l’homme peut acquérir ces qualités maitresses du cynisme que sont l’endurance, la maitrise de soi et l’impassibilité.
Le but de l’ascèse est de vaincre les ponoi, souffrances physiques, mentales, de toutes sortes.

« La vertu suffit au bonheur ; elle n’a besoin de rien de plus, si ce n’est de la force socratique. »

Une vocation du cynisme est de déranger.

Une morale de l’apathie :

L’échelle des êtres selon le cynique : l’homme en bas, le divin en haut, l’animal entre deux.

Si l’homme est malheureux, c’est essentiellement pour deux raisons ; d’une part il est cet être de tous les désirs, qui sans cesse part en quête de ce qu’il n’a pas ; de l’autre il est cet être de toutes les angoisses, qui traverse l’existence en compagnie de la peur : angoisse à l’égard des revirements subits que peut lui infliger la fortune, la Tychè cruelle qui règne en maitresse absolue sur le monde, angoisse aussi à l’égard des dieux et de ces châtiments de l’Hadès.

Le bonheur réside dans l’apathie, c’est-à-dire dans un état de sérénité totale qui permet d’affronter l’adversité sans éprouver le moindre trouble.

Le cynique propose comme modèle théorique la divinité et comme modèle concret l’animal.

Au fondement de l’apathie diogénienne se situe l’autarcie, le fait de se suffire à soi-même.

Autarcie, liberté, apathie, telle est bien la triade constitutive du bonheur diogénien. Mais la falsification est de taille ! A un premier niveau, parce que le renversement des valeurs est total : pour être heureux, il n’est plus question de se réfugier dans l’avoir, la possession de biens matériels, de richesses, mais il faut se montrer apte à se suffire à soi-même, privilège de qui ne possède rien ou presque rien ; à un second niveau, parce que ce qui fait traditionnellement la grandeur de l’homme, à savoir l’intelligence, la pensée, se trouve sinon nié, du moins dégradé, dévalorisé par la référence au modèle animal, ce qui est extrêmement troublant et choquant.

En fait Diogène reproche à l’homme de ne pas savoir utiliser suffisamment sa raison et de n’être qu’un jouet entre les mains de ses passions.

Diogène insiste davantage sur la tension morale que sur les aptitudes intellectuelles et Cratès son disciple, résume parfaitement leur état d’esprit en deux vers bien frappés qui pourraient servir de définition au bonheur cynique, un bonheur où n’intervient pas de composante intellectuelle :

« Tu ne sais pas quelle force ont une besace,
Un chénice de lupins et l’absence de soucis. »

Il suffit de regarder un chien, une souris ou encore l’animal du troupeau qui sait boire l’eau de la source ; ils sont heureux ; en revanche à l’homme stupide il faut du bon vin, il faut la couronne de lauriers qui sanctionne la victoire aux Jeux, il faut la richesse, la gloire, la renommée !

[…] la voie rude et simple des disciples d’Héraclès, la voie de l’ascèse qui ramène l’homme au plus près de la nature, loin de tous les artifices de la vie civilisée que sa folie l’a amené à inventer.

Le cosmopolitisme en politique :

Quels sont les qualificatifs revendiqués par Diogène ?
A-polis, sans cité, a-oikos, sans maison, et, de façon apparemment plus positive, kosmopolitès, citoyen de l’univers. Dans cette optique, l’exil ne présente aucun inconvénient et Diogène à aucun moment ne regrette Sinope. Cratès dans une de ses poésies déclare :

« Ma patrie n’est pas faite d’une seule muraille ni d’un seul toit ;
Mais c’est la terre entière qui constitue la cité et la maison
Mise à notre disposition pour que nous y séjournions. »
Dans la logique du cosmopolitisme, le cynisme ancien préconise l’abstention à l’égard de tout engagement politique, qui, au même titre que l’engagement familiale ou social, se révèlerait une entrave à la liberté individuelle.

Le cynique est pour la liberté individuelle en rapport avec la nature de l’être, les lois passant après : anthropophagie, inceste communauté des femmes et des enfants (?), sport pratiqué nu par les femmes, liberté sexuelle totale. Les armes doivent disparaitre et l’argent, monnaie d’échange est remplacé par des osselets qu’on pouvait trouver n’importe où à l’époque.

L’agnosticisme religieux : il y a surement quelque chose en haut mais l’homme ne peut y accéder ou le comprendre, il vaut mieux privilégier son bonheur ici sur Terre en attendant l’au-delà. Il n’y a pas besoin d’inventer des rites et des cérémonies de toute pièce pour se donner bonne conscience. C’est absurde. Le cynique laisse davantage en suspend le divin et vit sa vie pleinement.

L’ascèse comme méthode philosophique :

Une fois l’échappatoire religieuse rejetée, il restait encore une possibilité : l’échappatoire doctrinale, le refuge dans la construction d’un système bien cohérent, satisfaisant au moins pour l’esprit. Mais Diogène se refuse à se poser des questions qu’il sait par avance insolubles. Il récuse les systèmes comme les idéologies. D’où cette falsification de la philosophie elle-même qui embarrassa tant Platon, et plus tard les philosophes des Lumières, car elle débouchait sur une pratique philosophique où semblaient se mêler à la fois sagesse et folie, lumière et ombre.
[…]
Il ne reste qu’une solution : les actes ! La philosophie devient ascèse, non pas une ascèse spirituelle stoïcienne mais une ascèse du corps à finalité morale, une ascèse simple, rude, terriblement exigeante, comparable à l’ascèse de l’athlète du stade olympien !
L’ascèse pour ligne directrice le retour à la nature, donc le rejet de tous les plaisirs néfastes de la civilisation. En effet, la nature ne nous a-t-elle pas donnée, à nous les hommes, tout comme aux animaux, une vie facile que dans notre démence nous nous sommes empressés d’abandonner pour rechercher les raffinements du luxe ? Il convient donc de faire marche arrière, de retrouver un état de nature qui finalement prend des allures de paradis perdu, en limitant nos besoins aux seuls besoins naturels et nécessaires, c’est-à-dire en menant une vie de frugalité et de pauvreté.

De la sorte, le cynisme « falsifie la monnaie » puisqu’il donne une voie directe et accessible à tous pour se réaliser et atteindre l’ataraxie.

La pédagogie cynique :

Il est évident que pour faire passer son message le Cynique ne pouvait user des moyens ordinaires de l’enseignement et de la persuasion. De fait, il prit un double parti : celui d’aboyer, de mordre même, et celui de choquer pour réveiller les gens de leur léthargie bien-pensante. Ces attitudes ne sont que l’expression de la qualité la plus chère aux yeux des cyniques : la parrhèsia, cette franchise qui invite à tout dire, même ce qui scandalise le plus. Mais ce n’était pas pour choquer, pour juste choquer et faire le bouffon, c’était la méthode pour taper droit dans le mille et soigner les gens de leurs troubles.

:d) Introduction

Le mouvement est né au 4e siècle avant Jésus Christ, autour du personnage mi-légendaire de Socrate, personnage contestataire remettant en question des idées reçues au nom de l’homme et de la justice. Un des disciples de Socrate fut Antisthène. On le connait d’abord en tant que disciple de Gorgias, ardent rival sophiste de Platon. Sa pensée se résumait ainsi : le bonheur est fondé sur la vertu, qui dépend de la connaissance et peut donc être enseignée. En même temps, Antisthène s’opposait aux théories hédonistes d’Aristippe de Cyrène, un autre disciple de Socrate. La plupart des plaisirs sont trompeurs, affirmait-il : ce sont de vains mirages qui n’apportent que déceptions. Seul le plaisir qui est le fruit de l’effort (résultat d’une « ascèse ») jouit d’une certaine durée et peut ainsi contribuer au bonheur. Et si l’on cherche un modèle inspirant dans la mythologie, nous avons comme modèle Héraclès (Hercule en romain) ! L’homme fort d’Argos qui, au prix de peines et de travaux proprement herculéens, s’employait à libérer les pauvres gens de la tyrannie des puissants et de l’arbitrage des forces naturelles. C’est à ce titre qu’Antisthène a pu passer à l’histoire comme le père, ou du moins l’instigateur du Cynisme.
Antisthène discourait au gymnase de Cynosarges, en banlieue d’Athènes. Le nom de Cynosarges signifie « chien agile » ou « à l’enseigne du vrai chien », parfait pour identifier de façon mi-humoristique, mi-sérieuse, le genre de vie du cynique : vrai chien, toujours prêt à aboyer contre la médiocrité ou l’hypocrisie des gens bien, et déchirant à belles dents toute forme d’aliénation, de conformisme ou de superstition. En plus de ce nom rocambolesque et parfait pour eux, le gymnase était dédié à Héraclès, fils d’un dieu et d’une humble mortelle et, de surcroit, « patron céleste ». (Antisthène n’était pas non plus un athénien pur-sang et donc prenait de temps en temps des sobriquets et insultes d’athéniens d’origine.)
Le plus grand disciple d’Antisthène fut le grand Diogène de Sinope. C’est lui qu’on retiendra comme le plus grand cynique voire le père du véritable cynisme. Par la suite, il y aura Cratès qui a bien marqué les esprits et d’autres. Cratès eut pour disciple Zénon, père du stoïcisme.
Petit à petit le cynisme s’est propagé dans le bassin méditerranéen. Il y eut des dérives par ci par là vers une vie libertaire oubliant surement quelques préceptes essentiels au courant de pensée.

:d) Antisthène

D’elle-même, la vertu suffit à procurer le bonheur, sans exiger d’autre chose que la force d’âme d’un Socrate. En fait, elle réside dans l’action, et elle n’a aucunement besoin de l’abondance des paroles ou des connaissances. Le sage se suffit à lui-même, puisqu’il possède en lui tout ce qui appartient aux autres.

:d) Diogène

Diogène vit un jour une souris qui courait ça et là, sans chercher de lieu de repos, sans prendre de précautions contre l’obscurité, et ne désirant rien de ce qu’on qualifie de jouissances : il y découvrit aussitôt, au dire de Théophraste […], la façon de s’adapter aux circonstances.

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Voyant un jour un petit garçon boire dans ses mains, il jeta son gobelet hors de sa besace en s’écriant :

« Un gamin m’a dépassé en frugalité ! »

Il se débarrassa aussi de son écuelle quand il vit pareillement un enfant qui avait cassé son plat prendre ses lentilles dans le creux d’un morceau de pain.

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Note d’une citation :

Nauck, T.G.P., Adesp. 284. Cf. Epictète III, 22, 45 :

« Comment est-il possible à un homme qui n’a rien […] de passer ses jours avec sérénité ? Voici que Dieu vous a envoyé quelqu’un pour vous montrer par l’exemple que c’est possible : « Voyez-moi, je suis sans abri, sans patrie, sans ressources, sans esclave. Je dors sur la dure. Je n’ai ni femme, ni enfants, ni palais de gouverneur, mais la terre seule et le ciel et un seul vieux manteau. Et qu’est-ce qui me manque ? […] Ne suis-je pas libre ? »

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Le succès et la bonne fortune des gens malhonnêtes réduisent à l’absurde toute la puissance et la force des dieux.

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Il était en train de déjeuner sur la place publique : quand il entendit les badauds lui crier « Chien ! », il reprit aussitôt : « En vérité, vous êtes vous-mêmes les chiens, car ce sont les chiens qui tournent les yeux vers les convives en train de manger. »

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Il pensait en conséquence que les enfants doivent aussi appartenir à tous. Il ne voyait rien non plus de déplacé à s’emparer des biens d’un temple ou à manger la chair de quelque animal ; pas plus qu’il ne trouvait d’impiété particulière à dévorer de la chair humaine, comme l’attestent certaines coutumes de peuples étrangers. D’ailleurs, en accord avec la saine raison, on peut dire que tout est dans tout et partout : dans le pain, il y a de la viande, dans les légumes, il y a du pain, et tous les autres corps, par le truchement de pores et de particules invisibles, pénètrent en tout et s’unissent à tout sous forme de vapeur. C’est ce que Diogène met en évidence dans le Thyeste – si toutefois les tragédies sont des œuvres et non la production de son ami Philiscos d’Egine ou de Pasiphon, le fils de Lucien, qui, d’après Favorinus […], les aurait écrites après la mort de Diogène. Le cynique soutenait encore qu’il ne faut faire aucun cas de la musique, de la géométrie, de l’astronomie, et autres sciences toutes aussi inutiles et non nécessaires.

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Je suis charmé par la répartie de Diogène qui, voyant son hôte à Sparte dépenser un zèle particulier à préparer une fête, lui dit : « Un homme de bien ne considère-t-il pas chaque jour comme une fête ? »

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A quelqu’un lui demandant comment on pouvait être maître de soi, Diogène répondit : « En se reprochant fortement à soi-même ce que l’on reproche aux autres. »

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Certains le tournaient en ridicule parce qu’il déambulait à reculons sous un portique. Diogène leur répliqua : « N’avez-vous pas honte de me reprocher d’aller à reculons en marchant, vous qui parcourez à reculons le chemin même de votre vie ? »

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Diogène déclarait : « Il n’est rien de plus vil que l’adultère qui cède son âme contre des denrées vénales. »

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« Comment peut-on se venger d’un ennemi ? » demandait-on à Diogène. Il répondit : « En faisant de lui un honnête homme. »

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La vantardise est comme une arme plaquée or : l’intérieur est bien différent de la surface.

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Quelqu’un lui demandait quels étaient les hommes les plus nobles. Diogène lui répondit : « Ceux qui méprisent la richesse, la gloire, le plaisir et la vie, et qui dominent par ailleurs leurs contraires, la pauvreté, l’obscurité, la peine et la mort. »

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La pauvreté, selon Diogène, est, pour la philosophie, une aide qu’on n’apprend pas dans les livres : ce que la philosophie tente d’inculquer par des discours, la pauvreté, par les faits, contraint l’esprit à le saisir.

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Niveau 10
20 novembre 2019 à 11:22:20

:d) Cratès

A son avis, les gens qui fréquentent les flatteurs sont aussi dépourvus que de jeunes veaux au milieu des loups : ils s’unissent non pas à des êtres qui leur conviennent, mais à des ennemis conspirant contre eux.

:d) Hipparchia

Hipparchia, la sœur de Métroclès, fut-elle aussi captivée par les enseignements (des Cyniques). Tous les deux étaient originaires de Maronée. Elle se passionna pour les doctrines et le genre de vie de Cratès, ne prêtant aucune attention à ses prétendants, à leur richesse, leur noblesse ou leur beauté : Cratès était tout pour elle. Elle menaçait même ses parents de s’enlever la vie si on ne la laissait pas épouser Cratès. Ses proches supplièrent donc ce dernier d’en dissuader leur fille : Cratès fit tout ce qu’il pouvait, mais à la fin, incapable de la persuader, il se leva, se dépouilla de ses vêtements devant elle et lui dit : « Voilà ton futur et tout son avoir, décide-toi en conséquence, car tu ne saurais être ma compagne à moins d’adopter aussi mes habitudes de vie. »
La jeune fille fit son choix, et, prenant le même costume que lui, elle se mit à circuler avec Cratès, à vivre avec lui en public et à l’accompagner aux repas.

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N’est-il pas choquant que les adeptes du cynisme osent tenir la ******* pour une chose indifférente ? Et tandis qu’il nous semble tout à fait indécent d’avoir commerce en public avec une femme, ils s’accouplent au grand jour, sans faire de différence, tout comme on l’a entendu dire à propos du philosophe Cratès.

:d) Bion (deuxième génération du cynisme)

Les serviteurs honnêtes sont libres, tandis que les hommes libres mais pervers sont esclaves d’une foule de passions.

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Les avares prennent soin de leurs biens comme s’ils leur appartenaient, mais ils n’en tirent pas plus de profit que s’ils appartenaient à d’autres.

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Note sur l’insensibilité prônée ou apathie :

Apathie doit se comprendre ici comme l’absence de trouble, la paix intérieure engendrée par la libération de toute forme d’aliénation, passions désordonnées, craintes puériles, superstitions, etc.

:d) Le cynisme au temps des Césars

Dion Chrysostome

Sur la royauté :

Discours (factice ? inventé ?) entre Alexandre et Diogène. Ils se sont rencontrés, c’est quasi sûr, mais ce discours est peut-être plus pour montrer l’excellence cynique. Alexandre venait ici de dire qu’il maitrisera tout quand il aura conquis le Moyen-Orient et « les Indes ». Diogène dit alors qu’il lui reste un ennemi. Alexandre demande alors quel ennemi pourrait-il encore exister alors qu’il aura tout conquis ??? Diogène le laisse attendre la sentence. Alexandre parait révolté. Et Diogène dit alors enfin :

« Je te le dis depuis longtemps, mais tu ne comprends pas que tu es toi-même ton pire ennemi, le plus difficile à vaincre, aussi longtemps que tu es mauvais et stupide. Voilà l’homme que tu ignores plus que n’importe quel autre. Car aucun imbécile ni aucun être pervers ne se connait lui-même. Sans quoi Apollon n’aurait pas institué comme le premier et le plus exigeant des préceptes, « se connaitre soi-même ». […] »

Diogène ou la tyrannie

[…]

D’ailleurs, Diogène n’était pas, vis-à-vis de son corps, aussi insouciant que le croyaient certains imbéciles : quand ils le voyaient le plus souvent frissonner, vivre en plein air et avoir soif, ils s’imaginaient qu’il n’avait cure d’être en santé ni de vivre, mais, en réalité, un tel régime le gardait en meilleure forme que tous les repus, et tous ceux-là vivaient à l’intérieur sans jamais faire l’expérience du froid ni de la chaleur. Il éprouvait même plus de plaisir qu’eux à se chauffer au soleil ou à porter ses aliments à la bouche. Mais les saisons le réjouissaient tout particulièrement : il avait plaisir à voir approcher l’été qui déjà adoucissait le fond de l’air, et il ne gémissait pas de le voir se terminer, puisque cela allait mettre fin à la chaleur excessive. En vivant ainsi au rythme des saisons, en s’y habituant peu à peu, il atteignait sans douleur l’un et l’autre extrême. Rarement tirait-il parti de feu, d’ombrage ou d’abri avant leur temps propice ; en cela, il ne faisait pas comme le reste des gens qui, disposant d’un feu qu’ils peuvent toujours allumer, pourvus de vêtements et possédant des maisons, fuient le grand air en courant, à la moindre sensation de froid : ils affaiblissent ainsi leur corps et le rendent incapable de supporter l’hiver. Ou bien, parce qu’il leur est possible de jouir en été d’un ombrage abondant et de boire tout le vin qu’ils désirent, ils passent leurs journées sans s’exposer au soleil, ils ne font jamais l’expérience d’une soif naturelle, ils gardent la maison tout autant que les femmes ; leur corps paresseux n’est pas rompu à l’effort, et leur âme hébétée est lourde d’ivresse. Aussi se sont-ils inventés de vilains mets et des bains pour remédier à ces maux, et dans l’espace d’un même jour, ils ont souvent besoin d’une brise fraiche puis d’un vêtement, ils sentent à la fois le besoin de glace et de feu, et le plus absurde de tout, ils désirent à la fois être rassasié et avoir soif. Tout incontinents qu’ils soient, ils n’éprouvent aucun plaisir à faire l’amour parce qu’ils ne savent point attendre qu’un désir naturel les y porte. Aussi ne cherchent-ils que des plaisirs sans agrément et sans joie.
Diogène, lui, attendait toujours d’avoir faim et soif avant de prendre quelque nourriture : il jugeait en effet que la faim était l’apéritif le plus piquant et le plus efficace. Aussi dégustait-il une galette d’orge avec plus de plaisir que ne le faisaient les autres avec tous leurs mets raffinés, et il trouvait plus de satisfaction à boire l’eau courant que les autres avec leur vin de Thasos.

Diogène ou de la Vertu

[…]
Quand vint le temps des jeux Isthmiques, il alla rejoindre à l’Isthme tous ceux qui s’y trouvaient déjà. Il avait coutume, en effet, d’examiner durant les fêtes populaires les ambitions et les désirs des gens, les motifs qui les attiraient ailleurs et les objets dont ils se glorifiaient. Il se prêtait aussi à ceux qui désiraient le rencontrer :

« Je suis pourtant étonné, disait-il : si je prétend être capable de soigner les dents, tous ceux qui ont besoin de se faire extraire des dents accourraient vers moi ; et si je soutenais que je puis soigner les yeux, tout ceux qui ont des yeux malades se présenteraient à moi ; et si je soutenais que je puis soigner les yeux, tout ceux qui ont des yeux malades se présenteraient à moi ; même chose encore si je prétendais connaitre un remède à l’hypocondrie, à la goutte ou au rhume. Mais quand je promets de libérer les gens qui m’écouteront de la folie, de la perversité et de l’intempérance, personne ne me prête plus attention, personne ne me prie de le guérir, même s’il devait par la suite en retirer un important profit en argent. C’est tout comme si les gens étaient moins gênés par ces derniers maux que par les autres maladies, ou comme s’il était plus terrible pour un homme de supporte une rate enflée ou une dent cariée qu’une âme stupide, ignorante, lâche, arrogante, voluptueuse, servile, irascible, cruelle, perverse, en un mot, tout à fait corrompu.

[…]

L’homme de bien n’a peur d’aucun de ses adversaires : il ne supplie pas le sort de lui en désigner un autre, mais il les défie tous, l’un après l’autre : il rivalise avec la faim et le froid, il supporte la soif, il ne montre aucune faiblesse même s’il lui faut endurer le fouet, le fer ou le feu. L’indigence, l’exil, l’obscurité ne lui semblent pas si terrible : ce ne sont, à ses yeux, que de simples bagatelles, et il s’en joue souvent lui, l’homme parfait, autant que les gamins avec leurs dès ou leurs ballons colorés.

Bien sûr, poursuivit Diogène, ces antagonistes paraissent terribles et invincibles aux yeux des vilains : et pourtant, si on les méprise et qu’on les attaque avec audace, on s’apercevra qu’ils sont des lâches, incapables de dominer les âmes fortes ; en quoi ils ressemblent tout à fait aux chiens qui courent sus aux fuyards et les mordent […] mais ils craignent les gens qui les affrontent et s’apprêtent à les combattre, ils reculent devant eux, et, en fin de compte, ils agitent la queue quand ils en sont venus à les connaitre. Or, la plupart des hommes tremblent devant ces adversaires [… analogie à la boxe de ne pas avoir peur et de reculer sans cesse…]. Tu pourrais d’ailleurs observer le même phénomène en ce qui concerne le feu : si tu l’attaques avec ardeur, tu pourras l’éteindre ; si, au contraire, tu t’en méfies et le crains, il te brulera violemment […]
Il y a cependant un combat plus terrible que celui-là, une lutte qui n’est pas peu de chose, bien plus grave et plus dangereuse que cette dernière, à savoir la lutte contre le plaisir. […] le plaisir n’use point de violence évidente : il fait plutôt appel à la ruse et il vous ensorcelle avec des drogues funestes […] Voilà donc ce qu’est le plaisir : une chose qui complote contre vous non pas d’une façon seulement, mais de toutes les manières possibles ; elle cherche à vous ruiner par le truchement de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du gout et du toucher, au moyen de la nourriture, des boissons et de plaisirs sexuels, que vous soyez éveillés tout aussi bien qu’endormis. Et il ne vous est pas possible, comme lorsqu’il s’agit d’ennemis ordinaires, de vous reposer en mettent des gardes de faction, puisque c’est alors surtout que le plaisir lance ses attaques : tantôt il asservit et consume l’âme par le biais du sommeil lui-même, tantôt il lui envoie des songes pervers et insidieux qui évoquent dans l’âme son image.

:d) Favorinus

Fragments du traité sur la vieillesse

Ne te glorifie jamais toi-même, mais ne te méprise pas non plus.

:d) Démétrius le cynique

C’est avec raison que Démétrius le Cynique, grand homme à mon avis, même par comparaison avec les plus grands, a coutume de dire : « Il est plus profitable de connaitre un petit nombre de sages préceptes à sa portée et à son usage, que d’en apprendre beaucoup qu’on n’a pas sous la main. […] Tu ne perdras rien à négliger des choses dont la connaissance nous est interdite et inutile. L’obscure vérité se cache dans un abîme. Et nous ne pouvons accuser la malveillance de la Nature, car il n’y a de difficile à découvrir que les choses dont la découverte ne rapporte d’autres fruits que la découverte même. Tout ce qui peut nous rendre meilleurs ou heureux, la Nature l’a placé sous nos yeux, à notre portée. Si l’homme est fortifié contre les hasards, il s’est élevé au-dessus de la crainte. Si, dans l’avidité de son espoir, il n’embrasse pas l’infini, mais apprend à chercher ses richesses lui-même ; s’il a rejeté la terreur des dieux et des hommes, persuadé qu’il a peu à craindre de l’homme, et rien à craindre des dieux ; si, méprisant toutes les frivolités qui sont aussi bien le tourment que l’ornement de la vie, il est parvenu à comprendre que la mort ne produit aucun mal et en termine beaucoup ; s’il a dévoué son âme à la vertu, et trouve le chemin facile partout où elle l’appelle ; s’il se regarde comme un être sociable né pour vivre en communauté ; s’il voit le monde comme la demeure commune de tous ; s’il a ouvert sa conscience aux dieux et vit toujours comme en public ; alors, se respectant plus que les autres, ayant échappé aux tempêtes, il s’est fixé dans un calme inaltérable ; alors il a rassemblé en lui toute la science vraiment utile et nécessaire : le reste n’est que l’amusement du loisir.

:d) Le point de vue des pouvoirs établis

Contre les cyniques ignorants

[…]

Le but et la fin que se propose la philosophie cynique, comme d’ailleurs toute philosophie, est le bonheur. Or ce bonheur consiste à vivre conformément à la nature, et non selon les opinions de la foule. On convient en effet de dire que les plantes, et également les animaux « prospèrent », quand chacun d’eux réussit à atteindre sans entraves la fin que lui a assignée la nature. Toutefois, pour les dieux, la définition de bonheur est de se trouver dans leur état naturel et d’être indépendants, Aussi ne sied-il pas non plus que les hommes recherchent indiscrètement le secret du bonheur ailleurs. Ni l’aigle, ni le platane, ni aucun autre d’entre les êtres vivants ou les végétaux ne se mêle d’avoir des ailes ou des feuilles en or, pas plus que des bourgeons en argent ou des ergots et des éperons en fer, voire plutôt en acier. Au contraire, ils se trouvent prospères et florissants si les parures dont la nature les a ornés dès l’origine sont solides et contribuent à leur procurer rapidité ou force. Comment ne serait-il donc pas ridicule qu’une créature humaine se mêle de chercher le bonheur en dehors d’elle-même, et attache à la richesse, à la naissance, à la puissance de ses amis, bref, à toutes choses du même genre, une valeur suprême ? [… suite où l’auteur dit qu’on a quand même plus que les animaux avec l’intelligence et qu’on n’est donc pas au même niveau…]

Considère maintenant si telle ne fut pas par excellence la règle de vie suivie par Diogène, lui qui assujettit son corps à tous les travaux, indistinctement, afin d’augmenter ses forces naturelles, et qui réclamait le droit de ne faire que ce qui paraissait correspondre aux exigences de la raison. Quant aux troubles physiques qui assaillent l’âme […], Diogène les comptait comme rien. Cet entrainement contribua à donner à notre philosophe un corps d’une virilité telle que je n’en vois à aucun de ceux qui ont lutté pour gagner des couronnes, et à organiser son âme en sorte qu’il connaissait le bonheur, et une royauté égale, sinon même supérieure, à celle du Grand-Roi, selon l’expression habituelle des Hellènes d’alors parlant du roi de Perse. Prends-tu donc pour peu de chose un homme :

Sans cité, sans maison et privé de patrie,
Qui n’a pas une obole, pas une drachme, pas même un domestique

Ou encore une galette – laquelle suffisait à Epicure pour s’attribuer un bonheur égal à celui des dieux, en homme qui, malgré cela, n’en voulait pas aux dieux mais qui vivait et affirmait vivre plus heureusement que celui qui passait aux yeux des hommes pour le plus heureux ? Si tu ne me crois pas, fais l’expérience de ce genre de vie en fait et non en parole, et tu verras. […]

[… paragraphe sur la richesse, l’argent, les passions et comparaison à l’esclave que peut avoir un maitre alors que le maitre est lui-même esclave de ses passions et d’ailleurs également de son esclave lui-même car sans son esclave il ne peut rien faire ou ne fait rien et en est donc dépendant comme un pleutre…]

Cratès écrivit un Hymne à la Frugalité :

Salut à toi, Frugalité, plaisir des sages,
Déesse reine qui naquit de noble Tempérance !

-The[Flash]-
Niveau 10
20 novembre 2019 à 11:22:31

:d) Conclusion

A la défense du cynisme

<u>Lucien le cynique</u>

- Quoi donc ?

- Dieu ressemble à cet hôte magnifique : il met devant nous toute sorte de bonnes choses, et en quantité, pour que chacun y trouve ce qui lui convient, des mets pour les gens en santé, d'autres pour les malades, les uns sont pour les forts les autres conviennent aux faibles. Non point que tous doivent prendre de tout mais que chacun prenne ce qui est à sa portée et cela seulement dont il a le plus besoin. Vous autres au contraire vous ressemblez fort à ce convive intempérant et sans retenue qui fait main basse sur tous les plats. Vous voulez jouir de tous les biens à la fois non seulement ce que vous trouvez chez vous mais aussi ce qui provient de partout. Votre coin de terre, votre étendue de mer, vous ne pensez plus que cela vous suffise : vous aller chercher votre plaisir au bout du monde ou préférez toujours le exotiques aux produits domestiques, le bibelot dispendieux aux choses simples, les denrées difficiles à obtenir à celles qu'on se procure sans peine. En un mot, vous aimez mieux vous livrer à mille embarras, à mille tourments que de vivre sans problèmes. Car cet imposant appareil de bonheur dont vous êtes si fiers et qui vous enflent la tête, vous ne l’obtenez qu’au prix de fatigues et de peines innombrables. Considère en effet, si tu veux, cet or que tu appelles de tous tes vœux, vois cet argent, ces demeures magnifiques, ces vêtements recherchés, et tout ce qui les accompagne ; vois ce qu’ils coûtent de troubles, de peines, de dangers, une plutôt de sang, de morts et de ruines humaines. Je ne parle pas seulement de tous ceux qui périssent en mer en allant quérir ces objets, ni de ceux qui souffrent les maux les plus cruels en les cherchant au loin ou en les fabriquant eux-mêmes. Mais je pense surtout aux terribles conflits que ces biens suscitent : ils vous font comploter les uns contre les autres, amis contre amis, enfants contre parents, femmes contre mari. C'est ainsi, j'imagine, qu’Eriphyle trahit à son époux pour un peu d’or.
Ainsi vont les choses : et pourtant les habits chatoyants de couleurs n’en sont pas plus chauds, les palais rutilants d’or n'offrent pas un abri plus sûr, les coupes d'argent ou d'or ne réhaussent pas davantage le goût de boissons, les lits d'ivoire ne procurent pas un sommeil plus doux. Au contraire, tu verras souvent sur ce lit d'ivoire et ces draps fins des gens comblés incapables de jouir d'un peu de sommeil. Et qu’ai-je besoin d'ajouter que ces mets variés, préparés avec ton besoin, n'en sont pas plus nourrissant ? Ils abiment plutôt le corps et y suscitent toutes sortes de maladies.
Faut-il encore parler des excès et des peines auxquelles les hommes se livrent pour satisfaire leur passions sexuelles ? Et pourtant, ce sont là des appétits qu'il est facile si facile de calmer, à condition de ne point viser à la débauche. Qui plus est, les hommes ne se contentent pas de se laisser aller à la folie et à la corruption pour satisfaire cette passion, mais ils ont encore perverti l'usage des choses, ils s'en servent d'une manière contraire à leur destination naturelle, tout comme si l'on voulait se servir d'un lit comme un char !

[…fin du livre : ]

Mais cette bure dont vous vous moquez, mes cheveux longs et tout mon extérieur ont une telle puissance qu’ils me permettent de vivre en paix, faisant ce qui me plait et choisissant les amis que je veux. Car dans la foule des ignorants et des gens sans culture, personne ne voudrait s’associer à moi avec l’allure que j’ai ; quant aux efféminés, ils me fuient du plus loin qu’ils me voient. Ceux qui me fréquentent, ce sont plutôt les esprits les plus délicats, les plus mesurés, ceux qui n’ont de passion que pour la vertu. Voilà ceux qui viennent le plus à moi, car c’est dans la compagnie de tels hommes que je me plais. Mais je ne fréquente point les antichambres des soi-disant fortunés : leurs couronnes d’or, leur pourpre ne sont à mes yeux que de la fumée, et je me ris des gens qui les portent.
Sache encore que cet extérieur, dont tu te moques convient non seulement aux hommes de bien, mais aux dieux mêmes. Considère, en effet, leurs statues : à qui de nous te semblent-ils ressembler le plus, vous ou moi ? Et ne te limite pas uniquement aux temples de la Grèce : voyage un peu et jette un coup d’œil dans les temples étrangers. Y verras-tu les dieux porter, comme je le fais, leurs cheveux et leur barbe, ou sont-ils peints et sculptés avec un menton rasé comme le vôtre ? Bien plus, tu verras qu’ils sont la plupart sans tunique, tout comme moi. Comment donc, dès lors, auras-tu encore l’audace de jeter le discrédit sur un extérieur qui semble bien convenir aux dieux eux-mêmes ?

https://www.noelshack.com/2019-47-3-1574244994-pave-cesar.jpg

Pseudo supprimé
Niveau 10
20 novembre 2019 à 11:56:15

Très intéressant.
Merci :)

xxxtentasocrate
Niveau 10
20 novembre 2019 à 15:52:25

flemme de lire

-The[Flash]-
Niveau 10
20 novembre 2019 à 23:28:40

Le 20 novembre 2019 à 13:43:32 Great_Aldana a écrit :
Il tutoie vraiment ?

Qui ca ?

Le 20 novembre 2019 à 15:52:25 xxxtentasocrate a écrit :
flemme de lire

Tenta le Cynique.

-

Si des stoïciens pouvaient me donner des gros écarts ? Je n'en vois pas vraiment. J'ai même l'impression que le cynisme est plus puissant que le stoïcisme. L'ascese est plus forte. C'était tous des Epictete. Y a juste des exagérations car ils gardent un côté animale. Mais tout ça pour être comme Héraclès (Hercule).

Babuche, si tu passes, que penses tu du cynisme ?

Cosmopolitisme, sans état ni patrie, animal ET divin, retour au vrai de la vie, à ce qu'il y a de plus brut, de plus pur.

Apologie de l'athlète grec, grandes amitiés avec les spartiates.

nedenitram
Niveau 7
24 novembre 2019 à 02:53:58

Le stoïcisme et le cynisme sont en effet très proche et cela n'a rien d'étonnant étant donné que Zénon de kition (créateur de l'école stoïcienne) fut un disciple de Cratès :hap:

Ma vision est que le cynisme est une philosophie principalement individualiste contrairement au stoïcisme qui vise le bien être commun :oui:

On peut aussi voir le stoïcisme comme la version "politiquement correct" du cynisme, la version plus lisse et moins dérangeante d'un courant philosophique très mal vu par les classes dirigeante au fil des siècles (pour des raisons évidentes), d'ailleurs certains stoïciens mettaient en avant l'héritage cynique tandis que d'autres le rejeter car mal vu :oui:

Donc même si les courants se ressemblent,ils sont aussi très différents :ok:

VeyIi
Niveau 10
24 novembre 2019 à 03:10:36

Philosophie du non-homme.
J'ai tout le temps du monde pour ne pas être un homme, et un petit siècle pour tout le reste.

-The[Flash]-
Niveau 10
24 novembre 2019 à 13:10:07

Heracles est leur plus beau représentant, mi homme mi dieu. Il a transcendé toutes les faiblesses de l'humain.

Qu'est-ce qu'être un homme selon toi ? La seule possibilité qui me vient en tête serait de dire que le cynisme empêche la science, la connaissance, l'avancée de la médecine, des technologies, la confort actuelle.

Je suis d'accord mais si la personne est bien intérieurement, on va dire qu'elle a atteint l'ataraxie, la plénitude dans la vie, qu'elle vole tranquillement, que plus rien ne lui fait peur, etc. Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de "mieux" pour chaque individu.

Un autre obstacle possible est une sorte d'individualisme mais si tout le monde est cynique et atteint l'ataraxie, alors il n'y a aucun problème d'individualité. On pourrait aussi dire que le cynisme justement ne s'impose pas réellement, il laisse libre choix aux gens, donc le cynique ne mène pas une dictature d'état d'imposer à tous sa doctrine, donc le cynique ne pose aucun problème aux gens (à moins que les gens soient des dictateurs qui veulent que les autres soient comme eux ; non acceptance de différences.)

Ca dépend peut-être de ce que chacun se fixe comme but de vie. Par exemple le stoïcien souvent va s’assujettir à son destin (voir l'extrait de Gai savoir que j'ai mis dans le topic sur l'épicurisme), réaliser ses taches péniblement pour la société, et il fait le dur "ah j'accepte mon destin :-(( je travaille pour les autres :-(( je me forme une carapace bien solide :-(( " (caricature un peu nietzschéenne, désolé j'en sors)). Le cynique, c'est vrai, va se dire "oh c'est d'la merde, je reste clodo, je suis bien en clodo ou gens de voyage ( :noel: ), sans patrie".

Après individualiste, pas égoïste je crois est le cynique, par exemple tous, je crois, allaient à gauche à droite s'entrainer et aussi parler aux gens pour essayer de leur faire comprendre que la plupart de ce qu'ils faisaient c'était de la merde et des pures inventions humaines.

VeyIi
Niveau 10
24 novembre 2019 à 14:28:42

Heracles est leur plus beau représentant, mi homme mi dieu. Il a transcendé toutes les faiblesses de l'humain.

Heracles n'existe pas et n'aurait jamais été Heracles s'il était cynique, donc je vois pas le rapport
C'est pas un clochard qui se dit "j'en ai marre de la vie je vais être clodo" plutôt que d'accepter son fardeau comme tu le dis des stoïques, qui va aller faire ce que fait Heracles.
D'autant plus que c'est une philosophie de l'immanence, donc pour la divinité on repassera

La seule possibilité qui me vient en tête serait de dire que le cynisme empêche la science, la connaissance, l'avancée de la médecine, des technologies, la confort actuelle.

ça fait déjà beaucoup pour une "seule" possibilité. ça fait tout l'homme, en fait.

Je suis d'accord mais si la personne est bien intérieurement, on va dire qu'elle a atteint l'ataraxie, la plénitude dans la vie, qu'elle vole tranquillement, que plus rien ne lui fait peur, etc. Je ne vois pas ce qu'il peut y avoir de "mieux" pour chaque individu.

Ma réponse est la même chaque fois que tu me répètes ça ; c'est la mort. L'équilibre parfait intérieur, la plénitude absolue, l'absence de peur, l'absence de besoin. La mort. Le non-homme. Ne me lance pas sur "si tout le monde est cynique" parce que ça commence à faire beaucoup d'anarchistes sur un seul forum et il te suffit de lire les réponses faites aux autres, elles valent aussi ici. Déjà "si tout le monde" ne mène à rien puisque tout le monde ne fait pas la même chose. Ensuite, ironiquement (et ça se voit à l'heure actuelle), un cynique de personnalité ne peut que se moquer ouvertement du cynisme lorsqu'il devient la cité. Si tout le monde à Athènes s'était tapé le cul dans des jarres et avait tenté d'expliquer aux autres qu'ils devaient atteindre la plénitude, Diogène se serait bâti une fucking maison et leur aurait demandé ce qu'ils foutent à ramper au sol pour des conventions humaines.

Et ça illustre parfaitement ta contradiction majeure ;

Tu te permets de dire ça :d)

(à moins que les gens soient des dictateurs qui veulent que les autres soient comme eux ; non acceptance de différences.)

Après ça :d)

si tout le monde est cynique

Pour que tout se passe bien tu poses en condition que tout le monde soit cynique, puis tu nous expliques que le cynisme n'impose rien, puis tu nous expliques que la dictature de la pensée c'est mal. Alors par quelle méthode t'en arrives au cynisme universel exactement ? Sachant que quand tout le monde chiera par les rues et exigera du premier Diogène passant qu'il s'agenouille avec eux, il leur répondra "ôte-toi de mon pavé"

parler aux gens pour essayer de leur faire comprendre que la plupart de ce qu'ils faisaient c'était de la merde et des pures inventions humaines.

C'est bien ce que je dis, philosophie du non-homme. Quoi de plus qu'un non-homme pour ne rien faire de ce qui relève de l'humanité ? Ce que ne comprend pas le cynique, visiblement, c'est qu'une doctrine philosophique c'est encore humain, parler et discourir c'est encore humain, vivre en clochard c'est encore humain. Le cynique tel que tu le décris est un faible, un parasite qui vit au crochet des autres au lieu d'assumer pleinement sa philosophie, de rejeter sa conscience même, et de retourner à la mort ou à l'animalité accomplie.

VeyIi
Niveau 10
24 novembre 2019 à 15:12:11

rare footage de Pascal et du petit cul de 2B en train de lutter contre une bande de cyniques https://image.noelshack.com/fichiers/2017/19/1494489593-pacha.jpg

https://www.youtube.com/watch?v=9TCYgOy7Nfs

-The[Flash]-
Niveau 10
24 novembre 2019 à 18:44:10

En gros, je t'explique que si tout le monde est cynique, tout le monde est heureux puisqu'il est en ataraxie donc le cynisme en lui même n'est pas un problème.

Mais de toute façon, cette phrase même n'a aucun sens en effet car le cynisme ne s'impose pas. Et le cynique ne s'imposant pas (même si ça serait même bien qu'il s'impose, car je crois que le cynisme apporte l'ataraxie), il ne fache donc personne. Il essaie juste de proposer et de recadrer les gens.

Je réexplique ce que j'ai expliqué et tu n'as pas expliqué ton point de vue. Encore que tu n'as pas eu besoin de le faire puisque je l'ai fait avec toute la phrase sur les sciences, etc. Donc je peux continuer là-dessus puisque toi tu ne veux pas (jamais souvent) expliquer ton point de vue et tu es toujours dans les "tu.. tu... tu..." au lieu de parler du sujet en lui-même. Donc "tu" définis l'homme d'une manière et tu voudrais donc imposer ta vision de l'homme à tous les hommes, tu veux forger les hommes d'une manière spécifique. On pourrait dire que le cynique veut cela, certes, mais il ne l'impose pas. Il est lui-même en l’occurrence cosmopolite, sans patrie, ami de tous, il ne veut dicter aucun homme, ne fonder aucune patrie. Principe (héhé salut babuche) anarchiste.

Ta phrase pour Héraclès est ridicule soi dit en passant. Tu n'as surement pas lu ce qu'était le cynisme. Heraclès étant la plus belle représentation du cynisme, le sorte de héros des cyniques. Comme Ulysse que j'ai cité (le Héraclès des mers) et un autre encore.

Je te conseille de comprendre le cynisme, de lire au moins ce que j'ai mis et si tu continues dans ces pensées qui dénaturent le cynisme d'aller lire le livre "Les cyniques grecs".

-The[Flash]-
Niveau 10
24 novembre 2019 à 18:47:24

Tu ne comprends peut-être pas le principe d'ataraxie. Je vais faire un ajout pour ma première phrase.

En isolant le cynisme, le cynisme semble "parfait" si on veut l'ataraxie.

Tandis que si j'isole (ou que je mets tout le monde, donc sans contradiction) je ne sais pas disons une philosophie ultra hédoniste, je suis sur, quasi sur que les humains vont acquérir des dépressions.

Donc de là, je dis que le cynisme, isolément ou si tout le monde le suit, est sain. Sain en tout cas dans le sens de plénitude constante, de spleen heureux, d'ataraxie.

VeyIi
Niveau 10
24 novembre 2019 à 19:47:26

Donc je peux continuer là-dessus puisque toi tu ne veux pas (jamais souvent) expliquer ton point de vue et tu es toujours dans les "tu.. tu... tu..." au lieu de parler du sujet en lui-même.

Je veux bien mais le sujet n'est pas mon point de vue, donc si tu me demandes de répondre au sujet et de dire mon point de vue je suis en situation de double contrainte

Donc "tu" définis l'homme d'une manière

Non, regarde, je me contente de te citer :d)

"parler aux gens pour essayer de leur faire comprendre que la plupart de ce qu'ils faisaient c'était de la merde et des pures inventions humaines."

Si la pure invention humaine n'est pas souhaitable, il reste quoi ? Tout ce qui n'est pas le propre de l'homme.

Ta phrase pour Héraclès est ridicule soi dit en passant. Tu n'as surement pas lu ce qu'était le cynisme. Heraclès étant la plus belle représentation du cynisme, le sorte de héros des cyniques. Comme Ulysse que j'ai cité (le Héraclès des mers) et un autre encore.

Ulysse le héros cynique d'accord
Puis Jésus, Napoléon, César et De Gaulle, ok

Sauf que ça marche pas avec la description que tu fais, Ulysse ne se comporte absolument pas en cynique, il participe aux guerres, il trompe, il n'est pas l'ami de tous, il n'est pas un clochard, il a un engagement politique, social et familial, etc

Il est très souvent une pure figure de l'hybris, je suis pas certain que le type qui fait tout son possible pour écouter les sirènes soit un ascète qui s'éloigne du désir comme tu le supposes

Donc à partir du moment où tu affiches tout et n'importe quoi comme véritable cynique c'est plus possible d'en parler

-The[Flash]-
Niveau 10
24 novembre 2019 à 19:55:13

Ok, pas de problème, puisque ça ne vient pas de moi mais des cyniques, des gens critiquant le cynisme et du livre sur le cynisme avec toutes les références trouvées. Je te conseille alors d'envoyer un message à tous les cyniques morts, les non cyniques et aux auteurs du livre. Ils se sont tous trompés.

A mon avis, tu prends une image, un symbole pour quelque chose de purement vrai dans tous les détails.

(Jésus peut être assez proche du cynisme comme beaucoup de moines et religieux. Napoléon n'a rien de cynique. De Gaulle n'a rien de cynique. César n'était pas non plus un cynique.)

Pseudo supprimé
Niveau 10
24 novembre 2019 à 19:57:19

Argh... c'est compliqué quand même flash.

J'suis désolé c'est presque aussi malhonnête que les récupérations politiques.

Hercule, Ulysse des héros cynique ^^'.

Peut etre dans une interpretation précise...

Mais faudrait des détails pour etayer le propos parce qu'il y pas mal de contre argument possible.

VeyIi
Niveau 10
24 novembre 2019 à 19:58:18

Non je t'explique simplement que si ta référence en matière de cynisme c'est Ulysse, Hercule et Diogène alors le cynisme est également son contraire, à partir de là y'a plus vraiment de cohérence

nedenitram
Niveau 7
24 novembre 2019 à 20:12:15

Héraclès n'est pas le représentant du cynisme, c'est plutôt le chien et les animaux qui le sont :hap:
Il est juste une inspiration pour certains cyniques :oui:
Tout comme certains stoïciens s'inspireraient de Diogène par exemple, mais il n'en est pas pour autant un stoïcien :hap:

-The[Flash]-
Niveau 10
24 novembre 2019 à 21:15:18

Il suffit de regarder un chien, une souris ou encore l’animal du troupeau qui sait boire l’eau de la source ; ils sont heureux ; en revanche à l’homme stupide il faut du bon vin, il faut la couronne de lauriers qui sanctionne la victoire aux Jeux, il faut la richesse, la gloire, la renommée !

[…] la voie rude et simple des disciples d’Héraclès, la voie de l’ascèse qui ramène l’homme au plus près de la nature, loin de tous les artifices de la vie civilisée que sa folie l’a amené à inventer.

Et si l’on cherche un modèle inspirant dans la mythologie, nous avons comme modèle Héraclès (Hercule en romain) ! L’homme fort d’Argos qui, au prix de peines et de travaux proprement herculéens, s’employait à libérer les pauvres gens de la tyrannie des puissants et de l’arbitrage des forces naturelles. C’est à ce titre qu’Antisthène a pu passer à l’histoire comme le père, ou du moins l’instigateur du Cynisme.
Antisthène discourait au gymnase de Cynosarges, en banlieue d’Athènes. Le nom de Cynosarges signifie « chien agile » ou « à l’enseigne du vrai chien », parfait pour identifier de façon mi-humoristique, mi-sérieuse, le genre de vie du cynique : vrai chien, toujours prêt à aboyer contre la médiocrité ou l’hypocrisie des gens bien, et déchirant à belles dents toute forme d’aliénation, de conformisme ou de superstition. En plus de ce nom rocambolesque et parfait pour eux, le gymnase était dédié à Héraclès, fils d’un dieu et d’une humble mortelle et, de surcroit, « patron céleste ». (Antisthène n’était pas non plus un athénien pur-sang et donc prenait de temps en temps des sobriquets et insultes d’athéniens d’origine.)

Je n'ai pas repris toutes les citations de Heracles en faisant le topic.

Le cynique se met entre les dieux (pour leur puissance, leur caractère apathique, etc.) et les animaux.

Même en reprenant des passages sur Heracles, il y a aussi l'exemple des animaux. La souris par exemple. Ou dans les citations que j'ai mise, il y a aussi la belle histoire avec Diogène qui jette son bol, dégouté de s'être fait dépasser par un enfant qui buvait de l'eau avec ses mains. Il a donc ici pris l'enfant en exemple.

Je trouve cela donc correct de dire qu'ils s'inspirent de Heracles, comme ils s'inspirent de tout ce qui est dans leur doctrine.

Le caractère de chien exagéré était un bon exemple pour eux mais a perverti bien des (faux) cyniques selon moi. Des pseudo cyniques ont commencé à faire les cons sans avoir l'âme d'un Diogène. Tout comme les épicuriens sont devenus des ivrognes asservis à leurs plaisirs hédonistes. Tout comme les stoiciens sont devenus des gens trop sérieux avec qui t'as pas envie de passer du temps, parce que trop stoïque.

nedenitram
Niveau 7
26 novembre 2019 à 03:51:47

Le 24 novembre 2019 à 21:15:18 -The[Flash]- a écrit :

Il suffit de regarder un chien, une souris ou encore l’animal du troupeau qui sait boire l’eau de la source ; ils sont heureux ; en revanche à l’homme stupide il faut du bon vin, il faut la couronne de lauriers qui sanctionne la victoire aux Jeux, il faut la richesse, la gloire, la renommée !

[…] la voie rude et simple des disciples d’Héraclès, la voie de l’ascèse qui ramène l’homme au plus près de la nature, loin de tous les artifices de la vie civilisée que sa folie l’a amené à inventer.

Et si l’on cherche un modèle inspirant dans la mythologie, nous avons comme modèle Héraclès (Hercule en romain) ! L’homme fort d’Argos qui, au prix de peines et de travaux proprement herculéens, s’employait à libérer les pauvres gens de la tyrannie des puissants et de l’arbitrage des forces naturelles. C’est à ce titre qu’Antisthène a pu passer à l’histoire comme le père, ou du moins l’instigateur du Cynisme.
Antisthène discourait au gymnase de Cynosarges, en banlieue d’Athènes. Le nom de Cynosarges signifie « chien agile » ou « à l’enseigne du vrai chien », parfait pour identifier de façon mi-humoristique, mi-sérieuse, le genre de vie du cynique : vrai chien, toujours prêt à aboyer contre la médiocrité ou l’hypocrisie des gens bien, et déchirant à belles dents toute forme d’aliénation, de conformisme ou de superstition. En plus de ce nom rocambolesque et parfait pour eux, le gymnase était dédié à Héraclès, fils d’un dieu et d’une humble mortelle et, de surcroit, « patron céleste ». (Antisthène n’était pas non plus un athénien pur-sang et donc prenait de temps en temps des sobriquets et insultes d’athéniens d’origine.)

Je n'ai pas repris toutes les citations de Heracles en faisant le topic.

Le cynique se met entre les dieux (pour leur puissance, leur caractère apathique, etc.) et les animaux.

Même en reprenant des passages sur Heracles, il y a aussi l'exemple des animaux. La souris par exemple. Ou dans les citations que j'ai mise, il y a aussi la belle histoire avec Diogène qui jette son bol, dégouté de s'être fait dépasser par un enfant qui buvait de l'eau avec ses mains. Il a donc ici pris l'enfant en exemple.

Je trouve cela donc correct de dire qu'ils s'inspirent de Heracles, comme ils s'inspirent de tout ce qui est dans leur doctrine.

Le caractère de chien exagéré était un bon exemple pour eux mais a perverti bien des (faux) cyniques selon moi. Des pseudo cyniques ont commencé à faire les cons sans avoir l'âme d'un Diogène. Tout comme les épicuriens sont devenus des ivrognes asservis à leurs plaisirs hédonistes. Tout comme les stoiciens sont devenus des gens trop sérieux avec qui t'as pas envie de passer du temps, parce que trop stoïque.

Je n'ai jamais dis le contraire :hap:

Heracles est leur plus beau représentant, mi homme mi dieu. Il a transcendé toutes les faiblesses de l'humain.

C'est sur ça que j'ai rebondi en disant

Héraclès n'est pas le représentant du cynisme, c'est plutôt le chien et les animaux qui le sont :hap:

Il est juste une inspiration pour certains cyniques :oui:

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Sujet : Le véritable cynisme
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