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Sujet : L’étrange leçon des droits de l’homme de Trump à la Chine
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Cartov
Niveau 47
06 juin 2020 à 15:38:11

Le président états-uniens profite de l’anniversaire de la répression à Tian’anmen pour mettre la pression sur Pékin. En 1990, il avait pourtant salué l’emploi de la force contre la protestation étudiante.

Le « massacre » d’étudiants chinois sur la place Tian’anmen en 1989 est « une tragédie qui ne sera pas oubliée », a insisté jeudi soir la Maison Blanche dans un communiqué appelant la Chine « à honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie et à fournir un compte-rendu détaillé sur ceux qui ont été tués, détenus ou restent portés disparus ». Un « massacre par le Parti communiste chinois de civils non armés (qui) fut une tragédie et (qui) ne sera pas oubliée », a ajouté la porte-parole Kayleigh McEnany. La prise de position de l’administration Trump était attendue, tant la Chine et les Etats-Unis ont vu leur relation diplomatique se détériorer ces derniers mois, sur fond de guerre économique et commerciale aggravée par la crise sanitaire du Coronavirus. En contradiction avec les analyses des services de renseignement US, Donald Trump et le chef du département d’Etat Mike Pompeo avaient directement accusé Pékin d’être responsable de la fuite du virus Covid-19 d’un laboratoire situé à Wuhan, épicentre de la pandémie mondiale... Mais la leçon de maintien en matière de droits-de-l’homme de l’administration Trump à la Chine sur Tian’anmen, élargie à la situation tendue à Hong-Kong et à la « persécution systématique de millions (de membres) de minorités ethniques et religieuses », paraît presque saugrenue à l’heure où le président des Etats-Unis tente en vain de convaincre sa propre armée de réprimer les manifestations en cours contre l’assassinat par la police de Minneapolis de l’afro-américain George Floyd.

Dans un entretien accordé au magazine Playboy en mars 1990, Donald Trump, qui n’était alors que l’héritier d’un gigantesque empire immobilier transmis par son père, avait même laissé poindre son admiration pour le modèle autoritaire chinois, louant la capacité du gouvernement de Pékin à sortir renforcé de la crise en usant de la violence. Après avoir critiqué la faiblesse du dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, prédisant sa fin prochaine à cause d’une « main pas assez ferme », le futur président des Etats-Unis explique à propos de la Chine : « Lorsque les étudiants ont envahi Tian’anmen, le gouvernement chinois a failli sauter. Ensuite, ils étaient vicieux, ils étaient horribles, mais ils ont réprimé le mouvement avec force. Notre gouvernement, lui, est aujourd’hui perçu comme faible... et se fait cracher dessus dans le monde entier ». Le sujet de Tian’anmen demeure extrêmement sensible en Chine. Les officiels à Pékin comme les intellectuels proches du parti communiste chinois ont toujours accusé le Département d’Etat américain d’avoir soutenu voire financé en sous-main le mouvement étudiant, comme un prélude aux « révolutions colorées » qui renverseront quelques années plus tard les gouvernements en Serbie, en Ukraine ou en Géorgie. Et la Chine ne se prive pas d’instrumentaliser la répression en cours aux Etats-Unis des manifestations en soutien à George Floyd pour donner, à son tour, des leçons de « droits-de-l’homme » à l’administration Trump. A un Tweet de la porte parole du Département d’Etat américain apportant le 30 mai son soutien aux « personnes aimant la liberté à Hongkong », son homologue chinoise avait simplement répondu « I can’t breathe » (« Je ne peux pas respirer »), la dernière phrase prononcée par George Floyd avant de mourir, le cou écrasé sous le genou d’un policier.

https://www.humanite.fr/letrange-lecon-des-droits-de-lhomme-de-trump-la-chine-689964

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