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Paranormal

Sujet : Swedenborg
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Parisportif
Niveau 10
22 mai 2020 à 15:05:41

''Monde spirituel et monde naturel s’interpénètrent au point que toute frontière est fluide, incertaine.

Swedenborg dit, par exemple, qu’un homme qui meurt ne se rend tout d’abord pas compte qu’il est mort. Il continue à vivre comme si rien ne lui était arrivé : il rencontre ses amis, va au travail, parcourt les rues habituelles, fait ses courses, ne pense pas qu’il est mort. Puis, peu à peu, il commence à remarquer quelque chose d’étrange, d’inattendu, qui d’abord le réjouit puis l’inquiète. Il remarque que tout est plus intense. Il y a davantage de couleurs qu’auparavant, plus de formes, plus de sensations, et des sensations plus riches qu’auparavant. Tout est plus tangible, palpable. C’est alors que l’homme constate qu’il est mort et qu’il est au ciel (Borgès, 1985).

Il n’y a pas de condamnation au ciel ou à l’enfer. L’homme est libre, profondément libre. Il choisit, par son inclination, le chemin du ciel ou de l’enfer. Le ciel est un lieu de travail, d’altruisme, d’empathie, de beauté artistique, de conversation instructive, de respect des autres. Un criminel ne pourrait y être heureux et choisit donc naturellement le chemin de l’enfer, un lieu caractérisé par l’individualisme, la compétition, la méfiance, la haine mutuelle, la recherche du pouvoir. Chacun cherche un monde fait à son image. Swedenborg décrit le cas d’un esprit démoniaque qui vient visiter le ciel, y respire le parfum du ciel, entend les conversations du ciel, et trouve le tout si horrible à entendre, si fétide à ses narines, qu’il retourne avec célérité en enfer !

Swedenborg conte avec humour une erreur typique des nouveaux arrivés au ciel (les élus). Au début, ils croient tous qu’au ciel il faut sans doute prier. Alors ils prient et prient et prient sans cesse, et les anges les laissent faire. Au bout de quelques jours ou de quelques semaines, devant l’indifférence générale, ils se lassent de prier. Ils se disent qu’il faut plutôt aduler Dieu, et se mettent à chanter ses mérites, à le glorifier. Mais cela n’intéresse pas Dieu, qui n’a rien de narcissique. Les élus pensent alors être heureux en s’approchant des êtres d’exception qu’ils admiraient sur la terre, mais au bout d’un moment ils comprennent que les héros illustres sont aussi ennuyeux là-haut qu’ici bas. Ils s’en lassent. Peu à peu, ils découvrent que le ciel est un univers d’amour actif, de travail pour le prochain, de don de soi.

Le ciel exige beaucoup des élus. Ils doivent parfaire leurs compétences et leurs capacités, discutant et débattant sans cesse de mille sujets. Ils cherchent à s’instruire, à développer tous leurs dons. Swedenborg conte l’histoire d’un homme qui toute sa vie a vécu en ascète et a renoncé aux jouissances pour prier et gagner son ciel. Il a prié, prié, et s’est détaché de tout. Rendu au ciel, on ne sait plus que faire de lui. Il essaie de converser avec les anges mais ne sait pas converser. Il essaie d’apprendre mais ne sait pas apprendre. Il n’a développé aucun talent, aucune habileté ! Bref, il s’est tant appauvri dans sa vie terrestre qu’il s’est vidé de tout contenu, de toute aptitude. On lui accorde alors la grâce de se projeter l’image d’un désert et d’aller y vivre, en solitaire marginal.

Selon Swedenborg, la conversation des anges et des esprits détermine les plus petits faits qui nous entourent. De cette conversation découle les objets terrestres, leurs qualités, leurs fonctions. Le concept d’origine céleste fonde le mot, l’objet, et leur correspondance. Il en découle une sorte de dépersonnalisation du concept terrestre, vidé de sa nature matérielle et remplacé par une nature spirituelle. Faut-il croire que ce déclin de l’objet dans l’Idée reflétait la dépersonnalisation même de Swedenborg ? « Quand les anges s’entretiennent sur l’intellectuel, alors dans le monde des esprits au-dessous d’eux et dans les sociétés qui correspondent, il apparaît des Chevaux, dont la taille, la forme, la couleur et l’attitude sont en rapport avec les idées que les anges ont de l’Intellectuel ; ces Chevaux sont même diversement harnachés » (Swedenborg, 1985, 23). En d’autres mots, chaque opinion des anges transforme la matière terrestre qui a pris la forme du cheval. Les pensées de Swedenborg, toujours bien résumées, sont inattendues et souvent d’une grande beauté évocatrice. « Quand chez les anges il y a conversation sur les Doctrinaux de la charité et de la foi, […] il apparaît alors l’idée d’une Ville, ou de plusieurs Villes, renfermant des palais d’un tel art architectonique, que vous diriez avec surprise que cet art même est là et vient de là […] et, ce qui est admirable, c’est que dans toutes et dans chacune de ces choses il n’y a pas le moindre point, ou la moindre partie visible, qui ne représente quelque chose de l’idée et de la conversation des anges ; par là, on peut voir combien de choses innombrables y sont contenues […] » (Swedenborg, 1985, 23).

Swedenborg entreprend d’établir un nouveau discours dont les correspondances « imaginent » les mots en dehors du sens commun mais dont la légitimité relève de la révélation prophétique. Swedenborg fait d’ailleurs souvent l’amalgame de trois ingrédients dans son propos : a) il note ses propres sensations psychosomatiques ; b) il résume ou propose des hypothèses cohérentes avec le savoir scientifique de son temps ; et c) il donne une explication théosophique des faits observés. La précision du détail étonne et intéresse, là même où le discours peut paraître le plus étrange. « Un jour, des oiseaux s’offrirent à ma vue, l’un d’une couleur sombre et d’une forme laide, mais deux autres d’un aspect noble et d’une forme belle, et tandis que je les considérais, voici, il tomba en moi quelques esprits avec une telle impétuosité qu’ils imprimèrent un tremblement à mes nerfs et à mes os […] Ils me dirent qu’ils étaient tombés d’une société Angélique, dans laquelle on s’était entretenu sur les pensées et sur l’influx ; que leur opinion avait été que les choses qui appartiennent à la pensée influent du dehors, à savoir par les sens externes, selon l’apparence ; mais que la Société céleste, dans laquelle ils étaient avait déclaré qu’elles influent du dedans ; et que, comme ils étaient dans le faux, ils étaient tombés de là, non pas qu’ils en eussent été précipités, car les anges ne rejettent personne d’avec eux, mais qu’ils étaient tombés d’eux-mêmes, parce qu’ils étaient dans une fausseté […] » (Swedenborg, 1985, 24).

Le grand intellectuel célibataire que fut Swedenborg commet aussi un autre traité, issu des révélations que lui font les anges sur l’amour, « Les délices de la sagesse sur l’amour conjugal ; à la suite sont placées les voluptés de la folie sur l’amour scortatoire. » Sans excès de puritanisme, il y discute de l’amour humain et soulève d’intéressantes questions, qu’il faut bien sûr placer dans le contexte de son époque (Gagnon, 1980). Swedenborg estime que l’amour conjugal — entendre conjugué, intime — permet seul de connaître l’autre sur le plan de la substance spirituelle, donc sur le plan de l’intériorité, de l’induction psychique. Swedenborg ne s’oppose nullement à la sexualité, et il en reconnaît les délices. Il dit toutefois que l’amour métaphysique outrepasse de beaucoup l’amour physique, et que le premier n’est donné qu’à ceux et celles qui peuvent établir une « union des âmes » pour compléter « l’union des corps ». Cette union des âmes ne va pas de soi : il ne suffit pas d’être en couple pour parler de communion des âmes. Bien des unions s’étiolent dans le silence, l’ignorance des aspirations, des rêves, des désirs profonds de l’autre. Selon Swedenborg, l’amour conjugal permet seul la « communication des internes ».''

https://www.erudit.org/fr/revues/smq/2003-v28-n1-smq539/006991ar/

taupe_gunn
Niveau 10
22 mai 2020 à 17:29:32

Cet homme avait décidément beaucoup d'imagination

Hrol_le_boiteux
Niveau 10
23 mai 2020 à 00:57:17

J'ai pas tout lu

Parisportif
Niveau 10
23 mai 2020 à 09:42:26

Swedenborg a dit que le Christ l'a obligé à publier ses écrits religieux, sinon il ne l'aurait pas fait car il savait que ses lecteurs contemporains trouveraient ça ridicule, et il était au parlement de Suède, donc une personnalité.

Aujourd'hui il est reconnu pour la profondeur de sa correspondance entre spirituel et matériel, qui a inspiré la plupart des penseurs français et européens.

Sa pensée 💭 dit en une phrase qu'au paradis nous nous aidons tous les uns les autres pour nous améliorer, alors qu'en enfer c'est une compétition permanente, individualiste.

Et c'est une idée aussi ancienne qu'Abel et Caïn, les fils d'Adam et Ève, les Abéliens dans l'entraide harmonique du paradis, les Caïniens dans la rivalité sans fin de l'enfer.

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