[Chapitre 43] Course contre la mort :
Lilian était étalé devant nous, inconscient, en sang et nous n´avions aucun matériel ni aucune compétence nécessaire pour le soigner.
"Qu´est ce qui se pas... Oh mon Dieu !! ! fit Aurore qui venait de nous rejoindre. Qu´est ce qu´il lui est arrivé ?? ?
-Apparemment le garde qui l´a frappé lui a cassé une côte et son poumon est percé.... ré-expliqua Antoine
-C´est même surprenant qu´il ait réussi à tenir debout tout ce temps, fit Pierrick. C´est d´ailleurs peut-être ça qui a causé les saignements."
Avec soin, nous enlevâmes les couches de vêtements de Lilian, pour pouvoir avoir une idée de l´étendue de la blessure. Pendant ce temps, Antoine se retourna vers les sbires et expliqua tout dans les grandes lignes.
"Ecoutez-moi bien, bande de nuls, s´énerva t´il. A cause de l´incompétence et de la brutalité d´un de vos camarades, j´ai un de mes amis qui est dans un état assez critique. Alors est ce que l´un de vous sait où je peux trouver une trousse de premiers soins, une boîte à pharmacie ou quoi que ce soit du genre ?? ?
-Va te faire voir, sale mioche, on traite pas avec les mineurs, plaisanta un des gardes."
Les autres se mirent à rire bêtement. Ils pensaient sans doute que la blessure de notre ami n´était qu´un juste prix à payer pour avoir osé défier la Team Galaxie.
Et puis Palkia se mit face à l´imbécile qui avait plaisanté de la situation de Lilian.
"Tu crois quoi, gros tas, fit le garde, que tu me fais peur peut-être ?? ?
-Palkia, demanda Antoine, attaque Aurasphère !! !
-Et tu crois qu´un pokémon qui ne t´appartient pas va t´obéir, peut-être ?? ? continua le sbire"
Palkia mit très vite fin à ce doute. Il se mit à briller, ses yeux devinrent rose brillant.
"Ouais, je crois ça, fit Antoine, arborant un sourire narquois.
-Non, mais... Attends, tu vas pas.... Et puis de toute façon, on a pas de trousse de soins... Non, arrête, t´oserais pas faire ça ?? ?
-Vous n´avez rien pour aider mon ami ?? ?
-Non, je te le jure,.... pitié...
-Dans ce cas, tu m´es inutile. Palkia, tu peux faire ce que tu veux."
Antoine s´éloigna et le titan commença à préparer son attaque. Une boule d´énergie se créa et se mit à grossir à quelques centimètres du nez du sbire.
"Non, attends, je sais, je sais où il y´a une trousse."
Palkia fit disparaître la sphère d´énergie.
"Alors, fit Antoine, j´attends, où est ce qu´on peut trouver de quoi soigner notre ami ?? ?
-Là bas, dans la tente à droite. Mais ne me faites pas de mal !! !
-Ca, mon grand, précisa le jeune homme, ca dépendra de la qualité de tes infos."
Antoine se précipita dans la tente alors que Lilian perdait de plus en plus de sang. Il en sortit deux secondes plus tard avec une malette sur laquelle une croix verte était inscrite:
"Laisse tomber Palkia, fit Antoine avec réticence, il a dit la vérité.
-Ca a l´air de l´embêter autant que moi, fit le pokémon dans une langue que moi seul pouvait comprendre."
Il était vrai qu´à sa place, je n´aurais pas hésité à réduire cet imbécile en bouillie pour s´être moqué d´un mourant.
Antoine apporta la valise et Pierrick fouilla dedans.
"Sparadraps, bandes, antiseptiques, pompes à venin.... Il n´y a rien qui nous permettrait d´ouvrir Lilian proprement et encore moins de le suturer. Je crois que sur ce coup, on est très mal..."
Une opération, même sans anesthésie et avec les moyens du bord était la seule échappatoire pour Lilian. Il semblait avoir repris légèrement conscience suite à l´agitation qui se faisait autour de lui:
"Professeur, dites-moi si c´est grave...."
Lilian avait désormais laissé tomber cette illusion du "je vais bien, ne vous en faites pas" pour se confronter à la réalité. Cependant, dans sa question pointait plutôt la nuance "je sais que c´est grave, mais est ce que vous pouvez faire quelque chose pour me sortir de là ?? ?"
"Oui, c´est assez grave, mais on va te sortir de là, mentis-je.
-Professeur, vous mentez mal, fit Lilian.
-Il ne ment pas, tenta Aurore, regarde la boîte de premiers secours que nous avons là.
-Je suis mal en point, Aurore, mais pas encore sourd... "Sparadraps, bandes, antiseptiques, pompes à venin" dixit Pierrick. C´est tout ce qu´il y´a dans cette valise. Alors rendez-moi service et dites moi tout de suite si vous avez un plan de secours ou si vous ne faites que retarder l´inévitable..."
Un long silence suivit la question de Lilian. Aurore tenta une dernière idée:
"J´ai un pokémon qui a soin, ça pourrait l´aider, non ?? ?
-Je ne crois pas Aurore, fit-je. La seule attaque qui pourrait le sortir de cet état, c´est une attaque E-coque, et que je saches, personne n´a de Leveinard ou de Leuphorie."
D´un coup, tous nos regards convergèrent vers Hélio. Nous ne connaissions que la moitié de ses pokémons. Et s´il avait ce que nous cherchions ?? ?
"Ne me regardez pas comme ça, fit Hélio. Je n´ai aucun des deux pokémons.
-On dirait que ça t´arrange presque, clama Aurore, les larmes aux yeux.
-Mais pourquoi tu dis ça ?? ? Je vous ai aidé depuis le début que je saches, non ?? ? C´est franchement injuste ce que tu dis.
-Peut-être, continua la jeune fille, mais toi tu auras toujours une place dans le nouveau monde que va créer ton ancien groupe. Après tout, c´était ton rêve..."
Les paroles d´Aurore mirent Hélio sur les nerfs. Il se referma sur lui-même tandis que les sbires attachés prenaient conscience de qui était vraiment celui qu´il connaissaient sous le nom de Hugues jusqu´à maintenant.
Lilian prit la main d´Aurore.
"Chut, Aurore, j´ai pas envie que la dernière image que j´ai de toi soit celle d´une diffamatrice. Hélio nous a toujours aidé et j´ai confiance en lui. Il aurait pu nous trahir s´il avait voulu. Il lui suffisait de dire à Diego qui il était vraiment, et tôt ou tard, quelqu´un l´aurait bien reconnu... Alors s´il te plaît, ne te trompe pas d´ennemi, car j´ai peur que vous n´ayez à faire le voyage ensemble... et sans moi.
-Mais tu ne peux pas, tu n´as pas le droit de mourir. La prophétie elle-même dit qu´on arrivera tous au sommet, continua la dresseuse.
-Vous allez pas me faire suer avec un bout de papier vieux de mille ans. Après tout, Palkia contôle bien l´espace lui aussi. Et maintenant qu´on a l´orbe, vous pourrez faire ce que vous voulez grâce à lui..."
La révélation de Lilian était certes attristante au possible mais elle avait un sens. Si les élus n´étaient pas les hommes mais les pokémons ?? ? Et même dans ce cas, celà voulait dire qu´il était forcément condamné à mourir ?? ?
Aurore ne put retenir ses larmes plus longtemps. Une perle d´eau salée coula le long de sa joue et alla s´écraser sur la blessure de Lilian.
"Tiens, il me semble bien que l´eau salée est un antiseptique, plaisanta Lilian (jusqu´au bout il aura été optimiste, pensais-je, jusqu´au bout). Comme quoi, tu vois bien que sans avoir du matos de chirurgien, tu peux au moins soulager ma douleur..."
Aurore souria. C´était déjà ça. Peut-être était-ce simplement un rire nerveux, mais ca avait le mérite de l´avoir calmée. Maintenant que l´inévitable se rapprochait de nous à la vitesse Grand V, il semblait être temps de ne plus se voiler la face.
"J´ai conscience qu´en disant ça, j´admets qu´il n´y a plus aucune solution mais avant de partir, j´aimerais vous faire mes adieux. J´ai un peu moins mal alors autant en profiter."
Je donnais un coup d´oeil à la plaie. Elle semblait propre et lisse, sauf que....
Sauf que là où la larme d´Aurore était tombée, la chair n´était plus ouverte. Tel un absurde pont entre les deux plaies, une épaisseur de peau prenait place là où deux minutes plus tôt, on voyait presque l´os apparaître.
"Bon Dieu, Lilian, fis-je tout à coup en comprenant. Je crois comprendre pourquoi tu as moins mal.
-Pourquoi vous dites ça, professeur ?? ?
-Tu permets Aurore ?? ? demandais-je fébrilement"
Avec le plus grand soin, je cueillais une larme sur la joue d´Aurore. Et avec encore plus de précautions, je la laissais tomber au niveau de la cassure de l´os, visible au travers de la chair ouverte. Quasi instantanément, l´os se redressa et la fracture disparut.
"Nom de... vous avez vu, fit Antoine, l´os s´est remis en place...
-Donne-moi ta main, fis-je à Aurore."
Elle me montra sa main gauche. A mon contact, le même phénomène que nous avions éprouvé, Lilian et moi, avec Groudon, se produisit. Une auréole d´ébène de grava dans la peau d´Aurore.
"Aurore, expliquais-je fébrilement. Je t´annonce que tu es la bienvenue au club des élus... Tu as un don... tu soignes les chairs meurtries...."
Aurore ne croyait pas ce que je disais, c´était visible dans son regard.
"C´est impossible, la prophétie ne parle que de deux élus..."
Devant l´urgence de la situation, ce n´était ni le lieu ni le moment pour un tel débat. Aussi, je n´eus qu´à dire une phrase pour la convaincre.
"Ecoute moi bien Aurore, on n´a pas le temps de discuter de ça alors soit tu me crois et tu fais tout ton possible pour te le prouver à toi même,... soit Lilian meurt bêtement"
Deux secondes plus tard, elle était sur le corps de Lilian, se retroussait les manches et tentait pour la première fois de sa vie d´exprimer son pouvoir de manière volontaire.
"Comment on fait, professeur ?? ?"
Il était vrai que découvrir comment utiliser son pouvoir restait la chose la plus compliquée à faire. En tant que maître du temps, je m´étais représenté une horloge, et Lilian avait eu l´aide de Palkia pour lui faire comprendre comment se téléporter.
"Personellement, j´avais utilisé une technique de visualisation, j´avais pensé à une montre que je réglais dans ma tête
-Donc, pour moi, il me faudrait une visualisation qui me corresponde, c´est ça ?? ?
-Ca peut marcher, certainement. Il n´existe aucune garantie, mais je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas.
-Si tu pensais à un flux d´énergie vitale qui part de toi pour aller vers Lilian ?? ? proposa Pierrick.
-Bonne idée, je vais essayer".
Après plusieurs minutes, rien ne semblait se passer et la vie de Lilian s´échappait peu à peu de son corps. La situation devenait critique.
"Bon sang, j´y arrive pas, j´ai trop peur de faire une bétîse qui soit fatale.... gémit Aurore.
-N´aies pas peur, je sais que tu ne me feras pas de mal, expliqua Lilian."
Son souffle devenait de plus en plus rare. Il fallait agir vite.
"Mais je ne sais pas où trouver toute cette énergie vitale... J´ai encore jamais fait ça.
-Dans ce cas, fit Antoine, ne cherches plus et prends la mienne"
Sur ce, il l´embrassa à pleine bouche.
Aurore, bien que surprise, profita de cet élan de confiance pour retenter sa manipulation. Et là, tout se passa bien différement.
En quelques secondes, son regard changea:
"Je la sens dans mes mains, elle est là. Il ne me reste plus qu´à la faire sortir..."
A peine eut-elle prononcé ces paroles qu´un flot de lumière jaillit de ses mains. Les fragrances lumineuses convergèrent vers la blessure de Lilian et il sembla comme transporté par la vague régénératrice. Les blessures se soignaient à vue d´oeil et la partie blessée de son organisme était désormais quasiment complètement cicatrisée. Les taches de sang séché étaient désormais la seule trace de la blessure passée de notre ami.
En quelques secondes il fut à nouveau comme avant.
"Ahhhhhhhhh, fit il avec satisfaction, je ne sais pas si je suis mort mais en tout cas, c´est vachement agréable !! !
-Imbécile, fit Antoine, t´es pas mort, vu que t´es toujours avec nous.
-Oh, ca dépend, fit le maître, je m´étais toujours dit qu´une fois mort, je finirai en enfer....
-Redis ça et tu vas mourir une seconde fois et illico, plaisanta le jeune homme.
-Ah non, interrompit Aurore, je me suis déjà assez fait suer pour le remettre d´aplomb alors vous n´y touchez plus !! !"
Nous éclatâmes tous de rire. Lilian était hors de danger, et ça s´était passé si vite que tout semblait n´avoir été qu´un mauvais rêve.
Derrière nous, une voix parla:
"Euh, maintenant que tout le monde est sain et sauf, on pourrait nous dire ce que vous allez faire de nous ?? ?"
Nous aidâmes Lilian à se lever. il enleva le sang sur son torse et remit un tee-shirt propre. Puis il se dirigea vers les gardes prisonniers. Il semblait chercher quelqu´un.
Puis il s´arrêta. Sans surprise, je vis que c´était devant le garde qui l´avait frappé presque à mort.
"Euh, sans rancune vieux ?? ? fit le sbire.
-Léviator, tu peux le lâcher, fit le dresseur."
Le pokémon ouvrit sa gueule et laissa descendre le garde. Lilian le prit le plus amicalement du monde par les épaules, et, avec une rapidité et une volonté déconcertante, il lui donna un grand coup de genoux dans les... Ah non !! Ca c´est pas très démocratique !! ! Devant l´homme désormais à genoux et recroquevillé dans sa douleur, Lilian conclut:
"Sans rancune, vieux !! !"
Il n´y avait pas à discuter... C´était bien le Lilian que nous connaissions, ça, pas de doutes.