Voici la suuuuuiiiiiiiiiiite!
_________________________________________________
----------Chapitre IV: Le jours où j’ai arrêté de nommer mes chapitres----------
Le lendemain de l’attaque eurent lieu les funérailles des chasseurs, débutants pour la plupart, tombés au combat sous les coups des redoutables monstres. Je pensais, pour ma part, qu’il fallait vraiment être stupide ou incroyablement courageux –mais c’est moins probable– pour s’attaquer, avec un armement aussi médiocre, à des créatures de la sorte. Je regardais la cérémonie avec un certain détachement, n’éprouvant pas grand chose pour ces gens que je n’avais jamais connus. Selgove avait passé au moins une ou deux heures à se laver, sur notre demande, pour un respect relatif aux morts. Nous étions donc mêlés à la foule particulièrement dense, des personnes pleurant un peu partout autour de nous. Je n’éprouvais pas de tristesse, mais je comprenais ce que ces gens ressentaient, pour l’avoir moi-même vécu.
Les funérailles durèrent une bonne partie de la journée, se déroulant quatre par quatre, pour aller plus vite, donc les gens allaient et venaient, les moins concernés étaient déjà repartis dans leur village, et l’hymne de la guilde des chasseurs, que j’entendais pour la première fois, se jouait en boucle. J’éprouvais des frissons qui me hérissaient le poil, dès que j’entendais cette mélodie tellement épique, et je me surprenais à la fredonner lorsqu’on ne la jouait pas. Les proches des victimes faisaient, ou tentaient de faire, entre leurs larmes, un discours improvisé, sur la bravoure de ces gens et leur jeunesse perdue, des discours qui auraient émus n’importe qui, et c’est pour cette raison que je n’écoutais qu d’une oreille: je n’avais pas envie d’être ému.
Perché sur les épaules de Selgove, sur lesquelles Kian avait juré de ne jamais remonter, je réfléchissais à deux choses d’importance: la possibilité que les félynes –et les mélinx– de mon village aient pu fuir à temps, et les maigres chances pour que Mjogard soit encore à Furbos, pour peu qu’il y ait jamais été. Je tournai et retournai ces deux sentiments, l’espoir et la déception, pendant quelques minutes, et je réfléchis également aux différentes options qui s’offraient à moi, sans grand résultat, car beaucoup de données d’importance manquaient: pour Mjogard, par exemple, on ne pouvait se baser que sur des suppositions, puisqu’il n’était même pas sûr qu’il soit venu à Furbos, et quand bien même il y serait venu, il était peut-être repartit avant notre arrivée. L’air de rien, c’est très prenant, de massacrer d’innocentes créatures.
Je me concentrai donc sur les éventuels survivants, et décidai de partir à leur recherche le plus tôt possible. Je fis part de mon idée à Kian, perché quand à lui à côté de Rey, sur les épaules de Djen, mais celui-ci me répondis qu’il avait sa tablette à chercher. Ainsi donc, il m’avait vraiment accompagné pour sa tablette "légendaire". A la mention d’une tablette, Djen se retourna vivement, ce qui eut pour effet de déséquilibrer ses hôtes; mais comme un chat retombe toujours sur ses pattes –enfin, la plupart en tout cas–, il n’y eut pas de drame.
«De quelle tablette parles-tu?
–Ben, de celle de Gavsorgh, celle qui recèle les techniques de kung-fu les plus secrètes, pourquoi? » lui répondit Kian
« Parce que la tablette de Gavsorgh n’a jamais possédé des pouvoirs de la sorte! C’est une tablette maudite, et Gavsorgh est un démon de la pire espèce! Cette tablette est maléfique, elle prend possession de celui qui la touche, et cette personne devient sanguinaire. Je vous parle d’expérience, ne sous-estimez pas cette tablette…
–Gné? T’es sûr de ce que tu dis, là? Parce que c’est un vieux sage mélinx qui m’a parlé de cette tablette et…
– Et depuis quand les mélinx sont-ils sages ? » intervint Rey, une pointe d’ironie dans la voix.
« Toi, ta gueule! » rétorqua Kian, agacé par le commentaire.
« Ecoute bien ça, parce que c’est la stricte vérité : pour l’avoir vu de mes propres yeux, je peux t’affirmer sans aucun doute que cette tablette n’est pas ce que tu crois, et qu’elle est purement démoniaque. Mais n’abandonne pas, car il me semble que la relique que tu recherches existe réellement, et je connais quelqu’un qui pourrait peut-être nous aider, que ce soit pour ta tablette ou pour Mjogard. Il s’appelle Raymond, contrebandier et membre de la guilde des voleurs.
– C’est son vrai nom, nia? » demandai-je en souriant, les moustaches frémissantes par le fou rire qui me guettait.
«Bien sûr que non, c’est un nom de code. Beaucoup ont des noms aussi ridicules, mais je vous préviens, eux, c’est loin d’être des marrants, alors tenez-vous à carreau! D’ailleurs, on ne devrait pas emmener Selgove avec nous, il risque de nous attirer des ennuis.
– Meuuuuhhh ! Pourquoi pas emmener Selgove ? Selgove gentil et Selgove sage !
– Peut-être, mais Selgove con, donc c’est non, nia ! » rétorqua durement Rey.
« Il t’a rien fait, pourquoi t’es méchant avec lui, nia ?! » m’exclamai-je en défendant notre gorille.
« J’aime pas les cons, nia.» me répondit-il simplement.
En entendant cela, je ne pu m’empêcher de retomber dans la plus parfaite gaminerie, et lui répondis: « Tu t’aimes pas, alors, nia ? » Oui, j’ai encore honte de cette réponse…
« Nan mais attend, nia, tu vas te…
¬¬– Vos gueules-euh! » l’intervention de Djen coupa court à tout commentaire. « Je vous rappelle qu’on a un voleur de la guilde à chercher, et à trouver.
– D’accord, et on commence par où ? » demanda Kian dans un soupir.
– Ecoute, là je suis bien énervé, donc j’ai envie de te répondre une grossièreté…
– On s’en fout.
– … mais je te dirai plutôt qu’on va commencer par l’auberge du Rathalos Asthmatique; je pense que c’est là qu’on a le plus de chance de rencontrer Raymond; cette auberge est le refuge de pas mal d’escrocs, de voleurs et de gens louches en tous genre de Furbos. Vous faites pas d’illusion, le quartier général de la guilde n’est pas ici, mais à la Cité Royale. Selgove, sois gentil, va faire un tour en ville ou rentre à l’auberge, ça évitera les embrouilles.
– OK. » répondit l’intéressé de sa voix de bovin.
Nous séparâmes de notre cher compagnon Selgove, pour aller retrouver –ou tenter de retrouver– Raymond, le voleur qui pourrait, selon les dires de Djen, nous aider. Nous nous retrouvâmes une heure plus tard devant une auberge bruyante et miteuse, à l’image de ses clients. Ceux-ci étaient d’ailleurs plutôt hétéroclites, d’un point de vue aussi bien vestimentaire qu’ethnique: certain étaient clairement des chasseurs, peu expérimentés d’après leurs armures, d’autres impossibles à identifier à cause de la cape de voyage et du capuchon qu’il portaient; certains avaient des cicatrices, d’autres non. Quelques uns encore avaient la peau sombre comme l’ébène, et venaient donc probablement des contrées lointaines du sud.
Djen s’éloigna de notre groupe, qui préféra se rabattre sur une table dans un coin, puisque se faire piétiner par des personnes qui font deux fois sa taille ne représente pas vraiment une expérience enviable. Je le vis discuter quelques instants avec l’aubergiste, puis il revint vers nous avec un sourire un peu forcé.
« Nous avons rendez-vous demain au Kelbi Agonisant, un bar pauvre mais fréquenté, le bruit écartera les oreilles indiscrètes.
– Alors pourquoi tu fais cette tête, si on a notre rendez-vous, nia? » lui demandai-je.
– Premièrement, parce qu’il n’est que demain, et secondement, parce que je ne connais pas ce bar, donc les gens qui le fréquentent non plus, et ça ne me rassure pas tellement.
– Pourquoi tu t’inquiètes? Si ce Raymond est un ami, tu devrais lui faire confiance, non, nia? Et puis même si ça tourne mal, on pourra toujours s’enfuir en foutant le feu au bar. Avec un petit coup de pouce, genre une bombe, ça brûlerai bien, nia.
– Bien sûr, tu veux pas un rathalos, non plus ?!
– Ben pourquoi pas, si ça peux aider, nia…
– Parce qu’il est hors de question de foutre le feu à un bar dans lequel se trouverai la seule personne capable de nous aider.
– Pff, si tu veux, nia… »
Et l’attente commença. Un quart d’heure. Une demi-heure. Une heure. Une heure et demi. Kian lança: « Je pari que quelqu’un va entrer dans pas longtemps ». Et en effet, peu avant les deux heures d’attente, un individu encapuchonné entra dans la salle. Sa silhouette ne présentait pas de forme bizarre, telle une épée ou une armure en composant de wyvern. Il s’avança vers notre table et nous dit « Salut les gars, j’suis quelqu’un!
– Naaaan, c’est pas vrai, nia! » lui dis-je d’un ton impressionné, que démentait mon air blasé.
– Sisi, j’te jure!
– Raymond ? » intervint Djen, coupant court à nos enfantillages. Le Raymond m’avait pour l’instant l’air relativement sympathique.
– Yep, lui-même! Un colis un peu spécial à faire passer? Quelqu’un qui doit perdre un objet précieux ? Je suis votre homme !
– Eh bah, la guilde a bien changé, si elle se met à faire sa pub; disons que j’attendais un minimum de discrétion de la part d’un voleur.
– Maintenant que vous le dites, c’est peut-être pour ça qu’on m’a collé dans ce coin paumé…
– Peut-être, oui, nia… » ironisa Rey.
– Mais qui êtes-vous, rôdeur qui semble me connaître ? Et que me veulent un chasseur, deux félynes et un mélinx ? D’ailleurs, au passage, la guilde te salue, compagnon » ajouta-t-il à l’adresse de Kian.
– Mais c’est très gentil à elle » répondit ce dernier.
– Tu te rappelles pas de moi ?! » s’indigna faussement Djen « Ca fait plaisir. Djen O’Syde, heureux de marquer les esprits.
– Djen ! Ça alors! T’as changé mon vieux !
– Oui, peut-être… Bon, excuse-moi d’être un peu brusque, mais nous avions deux choses à demander à la guilde.
– Ca dépend, c’est très secret ? Si oui, c’est pas à moi qui faut demander.
– Bah c’est à qui, alors ?
– René le Vif, à Dondruma. Mais c’est quoi, vos requêtes ?
– Deux choses, donc. La première: as-tu entendu parlé d’un certain Mjogard? Il a attaqué le village de Kian et Zeck ici présents, et je le recherche activement pour des raisons personnelles.
– Mjogard ?! Un peu que je le connais! Depuis avant-hier seulement il est vrai, mais je le connais. Toute la guilde le connaît, il a tué deux de nos agents lors de l’attaque du village de Copria, durant la Yakion’rah. Il a pas dû tuer grand-monde d’autre, puisque la plupart était ici, à Furbos, mais il a quand même quasiment rasé le village, d’après ce que j’ai entendu. Au jours d’aujourd’hui, je ne sais pas où il est, mais je peux vous garantir que les guildes des chasseurs et des voleurs le traquent, ne serait-ce que pour le surveiller.
– Si la guilde des chasseurs lui tombe dessus, il risque d’avoir des problèmes, et c’est pas dans mon intérêt, ça…
– Et la seconde chose ?
– Elle concerne notre ami mélinx, Kian. Il cherchais la tablette de Gavsorgh, sensée détenir des techniques de kung-fu secrètes, mais qui est profondément démoniaque, elle ensorcelle quiconque la touche.
– Yep, le Maitre de la Guilde en a été informé, plusieurs voleurs sont devenus subitement fous après l’avoir touchée, au moins une dizaine. Le Maitre ne pouvait pas ignorer un objet d’une telle valeur et d’une telle dangerosité. Des Partisans –le nom des voleurs de la guilde–qui deviennent fous et meurtriers, c’est mauvais, très mauvais pour les affaires. Mais bref, cette tablette a été transférée sous bonne escorte de gens de confiance vers un endroit qui m’est inconnu. En revanche, sachez que le Maitre s’est déplacé en personne pour étudier de plus près et au plus vite cette relique qui menace sa guilde. La guilde des chasseurs n’a, elle, pas levé le petit doigt pour cette affaire, il n’est d’ailleurs même pas sûr qu’elle ait connaissance de cette relique démoniaque. »
Kian l’interrompis: « Et sinon, pour ma pierre de kung-fu ?
– Eh bien malheureusement, je ne peux pas vous renseigner là-dessus, mais comme je vous l’ai déjà dit, René le peut probablement. C’est le Gardien de Jour de Dondruma, il sait tous ce qui passe dans la ville. Furbos est un village trop petit pour avoir un Gardien de Jour, la guilde n’a que deux Partisans dans des villages de cette taille.
– On s’en fout, de la géopolitique de ta guilde, Raymond! » l’interrompis-je sèchement.
Son visage, toujours dissimulé par son capuchon, se tourna vers moi, me regarda quelques instants durant lesquels mon cœur battit plus fort, puis détourna le regard pour le reporter sur mes autres compagnons: « OK, si vous le voulez, on peut partir pour Dondruma dans deux jours minimum –j’ai des affaires à régler, et je dois prévenir mes camarades. Etes-vous d’accord pour partir à Dondruma ?
Ce fut Djen qui répondit pour nous, simple et direct : «Oui.
–Bien, je vous retrouve devant votre auberge, dans deux heures à l’aube. » Il leva la main pour intimer le silence à Djen, qui ouvrait la bouche. « Je sais où vous résidez. Rappelez-vous qu’il se passe rarement quelque chose dans une ville sans que les Partisans soient au courant.»
Sur ce, nous nous séparâmes, cet étrange personnage me laissant une impression tout aussi étrange. Nous le retrouvâmes deux jours plus tard, devant notre auberge, à l’aube, pour partir à Dondruma, Selgove inclus. Et je pensais avec un sentiment de culpabilité, en partant, que je n’avais toujours pas recherché mes compagnons lyniens, supposés décédés.
...)
non je suis pas chez moi, et là je suis sur un portable, y'a pas msn.
C'est moi qui décide tous, ici!
