- Chapitre 13 : Comme un plan...* [Seconde Partie.]
Avec tout cela, ils [les gens chez Ganon, ndla] n’avaient même pas remarqué que Ganon était monté à l’étage. Ils reportèrent leur attention sur lui lorsqu’il redescendit les marches d’un pas lourd, avec sa boîte à outils.
- Ça y est, vous êtes calmés, on peut réfléchir à un plan maintenant ? grogna-t-il avec une moue sidérée. Bon. Ce plan impliquera des déplacements, c’est pourquoi j’ai sorti l’atlas.
Il réajusta ses petites lunettes sur son nez avant de s’asseoir sur le tapis, d’inviter les autres à faire de même – à part Wolf qui fut contraint de rester à l’écart par mesure de sécurité – puis d’ouvrir le livre. Les pages un peu froissées par endroits défilèrent, laissant voir un grand nombre de cartes du monde. Peach crut un instant reconnaître son lieu de vacances préféré, une île semblable à un dauphin. Oui, quand toute cette histoire serait finie, elle prendrait des vacances, loin, avec Mario…
Mais on n’en était pas encore là. De plus, Ganon venait de s’arrêter sur une page. C’était une carte à l’échelle planétaire. Comme elle était vieille, au lieu d’océans bleus on en avait des jaunes, et les pays paraissaient plus foncés. De sa boîte à outils, Ganon prit un long compas, une équerre et un crayon.
- D’abord, Peach, décris un peu ton trajet avant ton arrivée ici. Sers-toi de ces instruments pour te situer. Mets une croix sur les endroits où tu es passée, et trace ta route.
Plus facile à dire qu’à faire. Peach était une princesse, pas une cartographe. Néanmoins, au vu de la situation, elle ne pouvait pas se permettre de faire des caprices maintenant. Elle réussit alors tant bien que mal à dessiner son trajet sur la carte. Le bon point était surtout le fait qu’elle avait très vite repéré le Royaume Champignon, parce que du côté de la mer il avait la forme d’un champignon. La demeure – ou la ruine – de Luigi se trouvait plutôt en plaine, un peu plus loin de la mer. Le pays d’Hyrule n’était finalement pas trop lointain, Peach et ses compagnons avaient simplement survolé des montagnes, une région inconnue puis un désert juste avant de tomber à cet endroit. La jeune femme traça un cercle autour de ce dernier, pour indiquer sa position et son nouveau point de départ.
- Bien, fit Ganon avec un hochement de tête. Je ne demanderai pas aux autres de faire ça, vu que Corneria n’est ni sur cette carte, ni dans notre système. Par contre, il faudra qu’on sache ce que l’on cherche et où le trouver.
- Ce qu’on cherche, fit remarquer Cartoon, ce sont les malades du virus euh… NDR, PTDR…
- MDR-03, rectifia Peach d’un ton morose.
- Ouais, ben ils sont vers Corneria, non ?
- Normalement…
- Alors c’est mort, on peut pas y aller.
- Attendez… Tout n’est peut-être pas perdu, dit Sheik d’un air songeur en se levant.
Les autres le regardèrent errer dans le salon, le menton entre le pouce et l’index. Toute la journée, il avait joué au fou. Bien qu’il les ait sermonnés dans l’après-midi, il n’avait pas eu l’air aussi sérieux que maintenant. Il fronçait même les sourcils. Mais était-il raisonnable ?
- Sheik, on peut pas aller à Corneria, accepte-le ! insista Cartoon.
- Je sais, et ce n’est pas à cela que je pensais.
Il s’arrêta de marcher et se tourna vers le groupe.
- Yoshi, tu as parlé d’ingrédients, n’est-ce pas ? Tu as une liste ?
- Une liste, mais oui ! s’écria Wolf dont le visage sembla s’illuminer, puis s’assombrir tout d’un coup.
Il lança ensuite un regard menaçant à Yoshi, regard qui signifiait « Si tu n’en as pas, je te tue ». Le dinosaure eut un sourire embarrassé. Il s’empressa de fouiller dans son sac en bandoulière. Une vingtaine de secondes avaient dû s’écouler lorsqu’il trouva enfin une grande feuille blanche… Ou plutôt, une moitié déchirée de grande feuille blanche.
- Oups, liste incomplète, balbutia Yoshi en tremblotant.
- Liste incomplète, hein ? susurra Wolf avec un rictus. Dans ce cas, je vais te tuer incomplètement !
Le loup s’apprêta à se jeter sur lui, griffes toutes dehors. Mais Peach l’arrêta avec le grand compas, dont la pointe était braquée sur Wolf. Dès que celui-ci recula, un peu plus détendu, la jeune femme baissa l’instrument puis darda un regard vif et contrarié sur le guide et son morceau de papier.
- Donne-moi ça !
Elle lui vola férocement la feuille, comme si c’était du gibier. Yoshi se prit la tête dans les mains, l’air embêté par la réaction de la princesse qui semblait toujours aussi tendue. Celle-ci parcourut les lignes brouillonnes de la demi-liste. En tout cas, quelque soit la personne qui avait écrit, elle aurait au moins pu apprendre la définition du verbe « s’appliquer »… Remarque, si l’auteur de cette liste était Yoshi, ce n’était peut-être pas si étonnant que cela, de toute façon il avait déjà prouvé qu’il était idiot…
Quelques minutes plus tard cependant, elle parvint à déchiffrer un mot. Un mot de sept lettres, inscrit entre parenthèses à la première ligne, comme tous les groupes nominaux en fin de ligne sur la feuille. Avec une expression de mégère, elle s’empara une nouvelle fois du crayon et dessina une grosse croix sur ce qui devait être la prochaine destination pour trouver le premier ingrédient. C’était un peu plus au sud, en-dessous d’Hyrule et de quelques autres contrées. Peach grogna un petit « Voilà », puis sans même laisser le temps aux autres de bien voir le nom du pays coché, elle se mit à déchirer les deux pages du planisphère et les enroula. Puis elle se leva et orienta son regard sur tout le monde, un à un, sourcils froncés, attendant une ultime objection quelconque. Sheik souriait d’un air transi, appréciant ce caractère sûr de soi que sa dulcinée avait décidé d’adopter. Wolf approuvait l’initiative de Peach, bien qu’il supportât mal l’idée que quelqu’un d’autre que lui – une femelle, qui plus est – puisse imposer ses choix. Cartoon semblait anxieux, mais résigné : quelque soit l’endroit où ils iraient, cela ne les mènerait pas à Corneria de toute façon. Yoshi, lui, ne prononça pas mot, considérant qu’il devait maintenant réparer sa faute. Enfin, Ganon hocha simplement la tête d’un air entendu. La princesse savait à présent qu’ils avaient confiance en elle, et quels allaient être leurs projets. Déjà, il fallait se rendre à l’endroit coché sur la carte… Ils décrypteraient le contenu du papier arraché au fur et à mesure, et réussiraient.
Il y avait encore une chose qu’elle cherchait à comprendre, et elle n’était peut-être pas la seule… Pourquoi Cartoon insistait pour qu’elle et leurs compagnons n’aillent pas à Corneria ou ne rencontrent aucun de ses habitants ? Pourquoi cela l’inquiétait-il tant ? Ces questions, que la jouvencelle s’efforçait de contenir, l’emportèrent loin dans ses pensées.
Loin comme l’était l’hôpital privé de Nintendo, repaire de Dr Mario et du duo composé de N°1 et de N°2, qui l’avait rejoint depuis peu. C’était la première fois, depuis le lavage de cerveau infligé à Mario, qu’ils se retrouvaient enfin tous les trois au même endroit… Ou plutôt, tous les quatre, si on comptait R.O.B qui surveillait l’extérieur de la salle. Les rapports entre les deux sombres personnages et le troisième en blouse blanche ne s’amélioraient pas pour autant : N°1 et N°2 se méfiaient encore du médecin, et en sa présence, ils ne pouvaient s’empêcher d’être un peu tendus que d’habitude. Quant au docteur, il se montrait toujours aussi froid envers eux, et restait absorbé par ses essais scientifiques, le nez et la bouche couverts par un masque, mains gantées. Il ne regardait même pas la boule de cristal qu’avaient fait apparaître le tandem, bien qu’il écoutât ce qu’elle laissait découvrir, en même temps qu’il scrutait des bactéries dans son microscope.
De toute façon, il n’avait guère besoin de jeter un coup d’œil sur ses acolytes pour voir que ce qu’ils percevaient dans la boule les satisfaisait grandement, peut-être un peu trop.
- Link fait tout ce qu’on lui dit, comme un petit soldat ! Ils vont tous avoir la rage quand ils se rendront compte trop tard qu’il les a dupés ! se réjouit N°1 sous sa cape sombre.
- Ils ne vont pas à Cornet de Blattes, du coup nous avons déjà gagné, affirma N°2. Ils mourront assez vite.
- Les pauvres naïfs ! Ils croient vraiment qu’ils peuvent trouver la solution autre part qu’à Cornet de Glace !
- Ce ne serait pas vous plutôt, les « pauvres naïfs » ? lança soudain Dr Mario d’un ton narquois.
N°1 et N°2 détournèrent leur attention de la sphère, et observèrent le médecin avec mécontentement.
- Que veux-tu dire ? demanda le second sur un ton de défi.
Dr Mario laissa échapper un rire dédaigneux.
- Enfin, croyez-vous réellement que votre idée va marcher jusqu’au bout et qu’ils succomberont rapidement, parce qu’ils n’auront pas été à la destination tant recherchée ? Ridicule, ça ne marchera pas.
- C’est toi qui es ridicule à rager de notre idée, espèce de…
- Il suffit, coupa N°2 alors que le premier allait se ruer sur le docteur. Dis-moi, doc, puisque tu as l’air si savant, en quoi nos plans sont-ils ridicules ?
Dr Mario fit une pause dans ses recherches, afin de se tourner face au duo. Même avec le peu de lumière présente dans le petit laboratoire, on pouvait distinguer le regard méprisant et malfaisant du médecin que N°1 et N°2 avaient « ramené à la vie ». Eux-mêmes en tressaillirent. D’un ton calme mais glacial, Dr Mario expliqua :
- N’avez-vous jamais pensé, que ce que l’on voit dans les boules de cristal peut parfois s’avérer faux ? Vous pourriez très bien être dupés vous-mêmes. Pour le moment, seul le virus, que vous avez créé par des expériences à la fois scientifiques et… (ses traits s’obscurcirent lorsqu’il prononça : ) magiques, constitue une réalité.
- Et l’arrestation de ton frère Luigi, c’était faux peut-être ? La preuve est même dans le journal que t’a rapporté le robot tout à l’heure ! s’exclama N°1 en désignant un tas de papier froissé et enroulé sur une table, près du docteur.
Celui-ci orienta ses yeux vers l’objet, et son visage s’assombrit.
Certes, mais vous n’avez aucune preuve de la réussite de ce Link dans sa mission, à ce que je sache. De plus, lorsque je l’ai complètement soigné, il ne m’a pas paru normal… Quelque chose ne va pas, et je le sais mieux que vous puisque je me sers davantage de la science et de la logique que de la… magie et autres phénomènes surnaturels.
- C’est cela oui, critiqua N°2, même si la raison était l’une de ses principales caractéristiques à lui aussi. Nous verrons.
- Et autre chose…
L’homme de logique s’attarda sur le journal sans finir sa phrase tout de suite. Il le prit dans sa main droite, le regarda encore attentivement, puis l’écrasa entre ses doigts comme s’il s’agissait d’une éponge ou d’un vulgaire chiffon. Sans détourner le regard, et toujours avec le même air et le même ton, il précisa :
- Je n’ai pas de frère… Je ne suis pas Mario.
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Réponse de la devinette : C'était bien l'Unira. 
By Crazy. 
Ah mais je ne peux pas répondre à ça, mon petit chat, par contre tu as un beau sens de l'observation. 
s'emmêler*