Deux silhouettes sous la Lune
Ryuk suivit Judith jusqu'au bord d'une allée qui se jetait dans la mer. Les vagues qui ne cessaient leur remu ménage couvraient aisément leur discussion à d'éventuelles oreilles indiscrètes.
- Que se passe t'il ? Demanda Ryuk sur un ton pressant.
- Le fils Alatreon est ici, dit elle en lui jetant un regard.
Ryuk prit un air surpris. Il porta plus d'attention à ce que ses yeux voyaient, examinant la jeune femme en profondeur. Il était étonnant qu'elle ait pu le voir, peut être même l'observer, sans que le Fils Alatreon s'en aperçoive. Ses yeux verts reflétaient le soleil en une parabole chatoyante qui se perdait dans son iris. Elle avait le teint légèrement hâlé, synonyme d'une vie en plein air. Sa chevelure blonde se perdait en une natte ondulée qui se faufilait jusqu'au bas de ses reins. Deux mèches farouches encadraient son visage angélique duquel ressortaient ses lèvres pulpeuses. Une allure de gentille poupée, que sa posture démentait. Légèrement tournée sur le côté, elle était sans cesse sur le qui vive. Dans sa combinaison de cuir qui moulait à la perfection ses courbes étaient camouflées de petites poches abritant poignards, crochets, aiguilles, surins, et bien d'autres ustensiles destinés à tuer, voler, blesser.
Dans son dos paradait fièrement un katana, petit et léger, côtoyé par un poignard. Elle les avait toujours à portée de main.
"Une tueuse" Se dit Ryuk en son for intérieur. "Ses mains sont parsemées de cals. Des mains de combattante."
- Je sais, dit finalement Ryuk. Je l'ai senti en arrivant.
Judith haussa un sourcil étonné :
- Pourquoi rester ici alors ? Nous sommes tous en danger ! S'exclama t'elle.
Ryuk planta son regard dans le sien.
- Fais moi confiance, dit il simplement.
Judith hésita un instant, avant de serrer brièvement l'épaule du Saigneur.
- Je te fais confiance, Ryuk.
Ce dernier s'était déjà perdu dans ses pensées tumultueuses. Cette femme.. Elle était bien trop intelligente. Elle serait bien capable de faire échouer ses plans. Il lui dit finalement de rester à l'écart de tout ça, qu'il avait la situation en main. Elle le crut.
Quelques jours s'écoulèrent. Le climat au village Moga était incertain, tantôt lumineux, tantôt pris dans les rideaux de soie d'une purée de pois. Le froid et le chaud se livraient bataille à la hauteur des montagnes dont le chapelet se divisait en petites îles, s'étirant au milieu des tempêtes hurlantes du Nord, des coups d'épaules énormes données par la masse tiède du Sud, et des remous de la brume née de leurs affrontements, déchirée ou stagnante. La brume illuminée d'en haut par le soleil majestueux couvraient ces terres d'un manteau de lumière, quand les moutons qui paissent paisiblement dans cette prairie bleue ne masquent pas cette orgueilleuse luminescence. Quand ces violentes bataillent prenaient fin, le cercle de lumière caressait de ses doux rayons les flancs des montagnes acérées, se perdaient dans la verdure d'une forêt d'où la vie s'échappait à tout instant, parsemant ses intérieurs d'un voile émeraude.
C'est lors de l'une de ces nuits qui suivait une de ces journées gonflées de lumières que l'effroi frappa Nyan et la troupe, alors que le jeune félyne se promenait à l'extérieur du village indigent. Deux silhouettes se détachaient sur le flanc d'une colline frappées par la clarté pâle d'une immense lune pleine.
Il se promenait régulièrement la nuit. De tout temps, il s'était imprégné de la magie des étoiles, griffonnant sur un carnet qu'il gardait précieusement sur lui quelques vers de son crû. Reconnaissant Ryuk, il s'était avancé gaiement, s'apprêtant à trouver Liam à ses côtés. Cela n'avait pas été le cas. Les deux silhouettes s'était tournées vers lui, visiblement surprises.
Il avait pris la fuite.
Les ruelles sombres étaient maintenant emplies du bruit d'une course effrénée. Nyan courait, pour sa vie, pour celle de ses compagnons. Le sol se déroulait à toute vitesse sous ses pas. Si il ne sentait pas son coeur marteler dans sa poitrine, Nyan aurait pu jurer qu'il était mort, et qu'il volait. Il vit plusieurs visages se pencher avec curiosité aux fenêtres. Il se sentait oppressé, comme un animal que l'on traque. Il se dirigeait à tâtons vers la taverne où ils s'étaient installés. Les simples mots que le vent léger lui avait porté avaient suffit pour semer l'effroi dans tout son être. Il pénétra brutalement dans l'établissement, faisant sursauter les quelques poivrots qui y somnolaient, saouls. Il grimpa à la chambre qu'ils avaient réservée, criant à tue-tête. Il leur expliqua rapidement la situation.
Ryuk marchait tranquillement sur les pas de Nyan, les siens lourds et accompagnés des cliquetis de l'armure que Rockdur lui avait forgé. La seconde silhouette que Nyan avait aperçue l'accompagnait en silence.
Tout cela faisait partie du plan.
Il arriva devant la porte de la taverne. Il entendait tout ce qu'il se passait à l'intérieur. Il entendait des grincements, le bruit caractéristique du métal contre le métal.. Ils s'étaient armés, leur tendant une embuscade. Il entendait les palpitations saccadées du coeur d'un homme posté à la gauche de la porte. Il porta la main à son arme.
- Tu es prêt ? Demanda t'il à la silhouette.
Cette dernière acquiesça. Ryuk donna un puissant coup de pied dans la porte qui s'arracha de ses gonds dans un bruit assourdissant, allant s'écraser sur Pigos qui eut tout juste le temps de s'abriter derrière son bouclier. La lourde porte buta contre la parade, projetant tout de même Pigos en arrière.
Ryuk fit un pas à l'intérieur. Son épée partit avec une rapidité incroyable sur la droite, en direction de..
Rokdur fixa sans y croire la lame plantée dans son coeur, la lame qu'il avait lui même forgée.Elle se retira sans un bruit, et fouetta violemment l'air.
Le silence se fit tandis que l'épée achevait son oeuvre de mort. Le silence fut troublé par un bruit. Un seul. La tête de Rockdur chuta et roula sinistrement sur le sol, laissant une marque ensanglantée sur son sillage, du sang apparaissant aux commissures de ses lèvres comme autant de larmes qui ne couleront plus. Son tronc s'affaissa quelques secondes après, triste spectacle d'une marionnette à laquelle l'on aurait coupé les fils.
comment on y croit pas un instant . Genre c est censé faire peur ou nous faire ressentir une certaine emotion ? Car mis a part exploser de rire je vois pas . 