Vous savez pourquoi je suis l’un des meilleurs dans mon métier ?
C’est parce que je ne suis pas un héros.
La seule fois où j’ai essayé de sauver un innocent, c’était un mois après le programme d’entraînement intensif d’Echelon 3, je me suis retrouvé à l’hôpital.
Je pensais avoir compris la leçon mais quelques mois après j’ai hésité deux secondes à tirer sur une femme innocente qui m’avait repéré, deux secondes de trop… La sécurité m’est tombée dessus et je me suis pris deux balles dans le torse.
En résumé : à chaque fois que j’essaye de faire un truc bien, ou de ne pas faire quelque chose de mal, ça me retombe dessus.
Les héros ne font pas long feu chez les Splinter Cells. Même ce type, Sam Fisher, le seul agent ayant réussi à survivre tout en restant ce qu’il était… avait fini par mal tourner il y a deux ans. On raconte qu’il a descendu son meilleur ami, Lambert, l’ancien directeur.
La clef de la réussite ? Obéir aux ordres. Remplir les objectifs sans réfléchir.
Mais là… Reed me demandais d’abattre celui qui était devenu mon ami, il me demandait de supprimer Kestrel sans me donner d’explication.
Le pire dans tout ça… c’est que j’ai sorti mon arme et que je suis sorti des toilettes ou Reed m’avais contacté via mon oreillette. J’ai sorti mon arme… Sans réfléchir. On me demandait de tuer mon ami, mon frère, et moi j’ai dégainé mon arme. Inconsciemment, par ce geste, je disais :
« Oui, je vais tuer celui sans qui je ne serais peut être pas vivant aujourd’hui. »
Kestrel m’avait sauvé de nombreuses fois. Je me souviens de la fois où il a sauté sur l’hélicoptère d’extraction, les balles ennemies fusaient de partout, il est resté en suspension et il a tendu la main vers moi pour que je puisse monter.
Est-ce que moi j’aurais fait ça pour lui ?
Est-ce que je serais resté à découvert ?
J’aurais risqué ma vie pour sauver la sienne ?
J’ai dis que je n’étais pas un héros, et c’est vrai, mais je crois que moi aussi je l’aurais aidé à monter si les rôles avaient été inversés.
Non la seule vraie question est :
Maintenant, est-ce que je vais tuer Kestrel ?
J’ai deux réponses qui me viennent à l’esprit :
« J’ai bien peur que oui. » et « Non, c’est impossible. ».
Je marche comme un automate entre les caisses du pont, en direction de l’endroit où je l’ai laissé il y a quelques minutes. Je me vois avancer comme si je n’étais pas maître de moi. J’ai l’impression d’être seulement le spectateur de mes mouvements et j’attend… j’attend de voir si je serais assez monstrueux pour tuer mon ami.
J’arrive à l’endroit où Kestrel s’est endormi il y a peu de temps. La dernière chose qu’il m’a dite avant de fermer les yeux était « Je suis content d’avoir travaillé avec toi, on a fait du bon boulot. ». Nous autres agents secrets nous cachons nos sentiments, par réflexe, et nous évitons de trop nous attacher. Mais Kestrel et moi savions ce qu’il avait voulu exprimer : on était devenu amis. C’était comme ça.
Qu’est ce que c’est ? Ma montre terminale sur une caisse. Je l’avais laissé ici. Sur l’écran était marqué : « Tuez Kestrel. ».
Si Kestrel n’était plus là c’est qu’il avait vu le message, s’il avait vu le message c’est qu’il…
« Désolé. » dit-il.
Juste un souffle derrière moi et le bruit du pistolet silencieux de Kestrel qui me tire dans le dos.
L’image qui me vient à l’esprit est moi tirant dans le dos d’un ennemi qui avait prit Kestrel en otage et qui criait :
« Ne bouges pas ou je lui colle une balle dans la tête ! ».
Je trouve ça ironique.
Je ris. Non, je souris. Je n’ai plus la force de rire.
Du sang, beaucoup de sang. Ma vision qui se trouble et qui ne distingue presque plus le visage de mon ami qui m’allonge sur le sol.
Après cette dernière image, mes dernières paroles :
« Les ordres sont les ordres, pas vrai moï droog ? »
« Droog ». « Ami » en russe.
Enfin je crois…
Enfin je l’espère…
Je ne sais plus, j’ai perdu tant de sang…
Vous savez quelle est ma conviction la plus profonde ?
A cet instant précis je n'en ais plus.
C'était un ordre de trop.
Tout est terminé.
SWEET (si t'as plus d'idée tu peux faire une suite avec un rebondissement 
) mais je pense que t'as déjà plein d'idée
. 