Comme vous pouvez vous en douter, voici une fic que j'ai préparée pour Halloween. C'est la première fois que je fais une fic à vocation "effrayante", donc je sais pas ce que ça donnera. Par manque de temps, j'ai du couper la fic en deux parties puisque je n'ai pas encore écrit la fin, mais je l'ai déjà en tête (et j'ai pas le temps de la finir aujourd'hui, soirée oblige (d'ailleurs j'ai pas tout relu dans la partie qui suit, veuillez m'en excuser)). Suite et fin demain donc, normalement.
Allez, voici la première partie (qui n'est rien niveau angoisse en comparaison de ce que je vous réserve pour la seconde ) et n'oubliez pas : toutes coïncidences avec des personnes réelles n'est pas fortuite.
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« Fouillez les moindres recoins de cet hôpital, il ne peut pas s’échapper, il est forcément quelque part par ici ! »
A ces mots, je retins ma respiration et m’enfonça un peu plus dans le sac à macchabée qui me servait de cachette parmi les autres cadavres. Une morgue dans un hôpital, ça pouvait se comprendre. Ce qui était bien plus flippant, c’était une morgue dans un hôpital… psychiatrique.
J’eus une pensée pour Guillaume, Charles et cette pauvre infirmière… Moi qui voyais ma soirée d’Halloween à faire le no-life sur mon ordi’, j’en étais bien loin… tellement loin…
Mais reprenons au départ…
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Mon nom est Julien Valentine. J’ai 20 ans. Je suis étudiant en psychologie.
Cette année, nous devons faire un stage en entreprise. J’ai assez logiquement choisi, feignant par nature, l’HP le plus proche du campus, à 10 minutes de chez moi. (mais j’arrive quand même à être en retard hein)
Mon maître de stage, le docteur Charles Baümann, était un homme d’âge mur qui parvenait cependant à créer une certaine complicité avec les jeunes. Le courant passait très bien entre nous.
Guillaume était un quasi-inconnu qui débuta son stage la même semaine que moi. Sortis tous deux de la même fac, nous avons fini au fil du temps par échanger aisément quelques remarques chaque matin autour d’un café, avant d’aller observer la vie en hôpital psychiatrique.
Voici donc les bases de ma vie le vendredi 31 octobre 2008 au matin. Place aux explications…
Dix minutes de retard, c’était à peu près le tarif quotidien, surtout avec une pluie battante comme aujourd’hui. Faut dire, commencer la journée à 9h30 après une soirée comme celle d’hier, ça tenait de la haute performance. Heureusement que la cafetière que j’avais bue ainsi que les trucs contre le mal de crâne que j’mettais envoyés avant de partir faisaient leur effet.
Au rez-de-chaussée de l’imposant bâtiments aux 12 étages, je pus voir la grosse horloge m’indiquer clairement « 9h42 », alors que Charles et Guillaume semblaient m’attendre à coté de la machine à café, scrutant ma face déconfite et complètement trempée.
Les saluant rapidement d’un grognement, je commençais la journée en déboursant 0.55€ pour un énième café. Le calvaire commença alors avec le doc’ qui m’expliquait le programme de la journée et moi qui faisait semblant de suivre. Je profitai cependant d’une intervention de Guigui pour me taper une pause pipi bien méritée, me rafraîchissant un peu par la même occasion. A mon retour, le stagiaire s’était déjà échappé et Charles m’interpella rapidement :
« Bon, tu es prêt ? Une longue journée nous attend… Enfin surtout toi, tu as mérité le droit de faire les décorations pour halloween cette après-midi. Ne me remercie pas, tes 12 minutes de retard t’ont bien aidées. » Me lâcha-t’il avec un grand sourire.
En tant normal j’aurais peut-être protesté, mais cette fois-ci je me contentais d’un soupir bruyant qui en disait long.
Là, c’était le rituel habituel : tournée des patients, prise des médocs’, entretien individuel pour certains, admission… la routine. Au cour de cette palpitante matinée, j’ai du pondre en tout et pour tout 3 mots. Le reste du temps, je marchais comme un zombie à coté de mon tuteur de stage qui semblait traîner son élève comme un véritable boulet.
Rien de très passionnant en cette matinée pluvieuse, donc. Les choses sérieuses commencent en réalité après le déjeuner…
« Génial, une pièce vide pour préparer les décos’… j’vais m’éclater dis-donc… »
Telle fut ma première pensée en entrant dans cet espèce d’entrepôt qui devait avoir plus de volume de poussière que de cartons. Je m’assieds donc à la table et pris des feuilles de papier noires pour y découper des chauves-souris. Ca c’est de l’activité intéressante, pas comme faire des diagnostics différentiels ou encore mater un épisode de Lost…
Coupe à droite, à gauche, à gauche, à droite, à gauche. Et on recommence. Epanouissant., c’est le terme exact.
C’est alors que quelqu’un se mit à frapper à la porte. Logique implacable, moi aussi je frappe souvent à la porte de mon placard. Après deux « entrez » infructueux, je décidais de me lever de ma chaise pour ouvrir la porte. Le cauchemar commençait : en tirant la poignée, je me retrouvai nez à nez avec un zombie. Il avait la même démarche que moi, mais son haleine était plutôt celle que j’avais avant le café et sa peau plutôt… inexistante. Terrorisé, je restais interdit devant lui, totalement paralysé par la peur, la bouche grande ouverte. Il en profita pour me saisir par les épaules, avant de me souffler de toute sa puanteur :
« Julien, il faut partir. C’est l’heure. Julien ! JULIEN !!! »
J’ouvris les yeux dans un sursaut : Charles se tenait à coté de moi. Je m’étais endormi sur les chauves-souris, la trace des ciseaux probablement encore sur la joue.
« Hein ?! quoi ?… C’est quelle heure ?
- Il est 16h30, tu as fini ta… journée, si je puis dire. Il faut rentrer chez toi maintenant.
- Mais euh… j’ai rien fait de la journée… j’suis même en pleine forme maintenant. Laissez-moi finir les décos’ et j’y vais.
- Désolé, il faut que j’y aille, je ne peux pas rester plus longtemps.
- Bah… j’ai pas vraiment besoin de vous…
- Tu sais que je n’ai pas le droit de te laisser seul… enfin bon, pour une fois… je ne te note pas aux planning, fais toi discret et ne dit rien aux autres médecins, d’accord ? Et ne reste pas plus d’une heure, il paraît que le Rhône commence à monter avec cette averse.
- Ok, ça marche ! Merci. »
Une fois que le vieux eut quitté la pièce, je pus remettre mes idées en place. Plan : coller 3 chauves-souris, une vieille citrouille en papier orange et aller voir les schizos’, le vrai truc intéressant de ce stage pourri. Puis draguer 2 – 3 infirmières aussi, si possible. J’en avais d’ailleurs repéré une nouvelle, physiquement très intelligente, pendant ma pause de midi. Bonus : pas d’ancêtre pour m’empêcher de faire ce que je veux.
Cette heure sup’ s’annonçait donc très bien.
Finissant mes « amusements », j’eus la bonne surprise de croiser Guillaume qui finissait lui aussi son service. Il s’avança vers moi de sa démarche nonchalante :
« Bah alors, qu’est ce que tu fais encore ici ? Tu t’es découvert une vocation de décorateur ?
- En fait j’ai d’autres trucs à faire que cet atelier bricolage, Charlie est parti et il m’a laissé une heure de libre pour faire ce que j’voulais.
- Oui, je l’imagine bien te dire ça en ces mots.
- On appelle ça la libre interprétation… » Fis-je avec un sourire. « Et toi, tu devrais pas avoir fini ?
- Si si, mais comme je lèche les bottes de mon maître de stage, j’ai fait 10 minutes de plus.
- Chaud… Hey, tu viens voir les shizos’ avec moi ? Ca va être marrant…
- Bof, tu sais, j’en ai vu pas mal depuis le début déjà…
- Allez, après on ira draguer les infirmières !
- Hum… voilà, tu aurais du utiliser le bon argument tout de suite ! J’te suis… »
Ainsi donc, je venais d’embarquer la première victime du jour dans cette aventure… mortelle.
Direction le 9ème étage, psychotiques profonds.
Dans l’ascenseur, nous échangeâmes quelques mots sur nos programmes respectifs pour le week-end et sur le sens de cette fête d’halloween que nous dénigrions tous deux.
Il était presque 17h, l’heure de la sortie des « chambres ».
Sortant de l’ascenseur avant mon comparse, la première chose qui m’interpella fut l’absence totale de gardien. A ces étages, les plus élevés du bâtiment, l’hôpital ressemblait plus à une prison qu’à un lieu de soin. Les matons rodaient un peu de partout et l’ascenseur était évidemment surveillé presque 24h/24.
Je regardais Guillaume d’un air étonné, expression qu’il me renvoya tel un miroir. Un cri se fit alors entendre, suivit de protestations et de bruits mats. Nous figeâmes alors notre avancée, tendant l’oreille. Le bruit venait des espèces de cellules qui servaient de cachots aux malades les plus agressifs. Cet endroit était connu pour son aspect glauque, et même certains médecins rechignaient à y mettre les pieds. N’écoutant que mon courage, qui était en fait de la curiosité malsaine, je me dirigeai à pas feutrés vers la porte principale du couloir, laissant Guillaume sur place. Arrivé à l’objectif, je commençai à me hisser vers le hublot de la porte battante quand…
« Ouch, mon nez ! »
Je me retrouvai au sol, un colosse de gardien devant moi. Il venait de me faire allègrement claquer la porte dans la gueule, et sans s’excuser, nous fit :
« Vous ne devriez pas êtes partis les merdeux ? C’est pas un endroit pour vous ici, fichez-moi l’camp ou j’appelle vos tuteurs. »
Avant que je n’ai eu le temps de répliquer, Guillaume s’avança et s’excusa par milles formules avant de m’aider à me relever pour me rediriger vers l’ascenseur. Avant que la porte ne se referme, je fixai droit dans les yeux le geôlier qui en faisait de même.
« T’es con ou quoi ? On est pas sensé être ici j’te rappelle !
- Bien sur que si on a le droit, j’ai troqué ma présence ici contre mon autorisation à me faire défoncer la gueule. Je pense que l’hosto et moi-même sommes quittes à présent.
- Ouais ben recommence pas, j’veux pas avoir de problème moi.
- T’inquiète, tout va bien, même mon nez, merci de demander. Bon, on va où maintenant alors ?
- Bah comme prévu, au 7ème, direction les infirmières non ?
- Hum… t’sais Guigui, t’as beau être un faux-cul un peu chiant, j’t’aime bien au fond… »