Bonsoir.
Avant d'aller plus loin, je tiens tout de même à préciser que le titre de cette fic n'est en fait qu'un sous titre, et que le titre entier est donc:
Une vie de criminel: Jusqu'en Oblivion.
Effectivement, cette troisième et dernière fic fait partie d'une trilogie, et fait donc directement suite à cette partie-ci:
https://www.jeuxvideo.com/forums/1-19348-1249948-1-0-1-0-fic-les-princes-du-neant.htm
Qui fait elle même suite à celle-là:
https://www.jeuxvideo.com/forums/1-19348-875286-1-0-1-0-fic-une-vie-de-criminel.htm
Comme d'habitude, si je refais un nouveau topic pour cette partie, c'est pour plus de lisibilité, mais aussi parce qu'il est normalement possible de prendre l'histoire en cours. Naturellement, vous passerez surement à côté de quelques éléments de l'intrigue, mais devriez pourtant pouvoir suivre sans trop de problème.
Bref, voici le premier chapitre:
Partie III:
Chapitre 1: Novum talentum.
Je m'en étais très longtemps voulue pour le meurtre d'Ormvard, ce Nordique que j'avais accidentellement tué autrefois, et dont la mort m'avait mené tout droit dans l'une des prisons les plus violentes et dangereuses de tout Tamriel.
J'avais alors renié ma magie, mon talent, mes principes et mon existence même, et était devenue une ombre, vide et insaisissable. Un être si profondément insignifiant que la vie elle même ne lui avait alors plus accordé aucun sens...
Bien sur, le meurtre de Neloth Neladren m'avait longtemps pourchassé lui aussi, car si la mort de Ormvard avait été accidentelle, celle du Cendrais avait quand à elle été perpétrée de sang froid pour mieux éviter ma propre exécution.
Après tout, et même si ils m'avaient obligés à le faire, j'avais moi même choisi et accepté cette terrible épreuve.
Oui, je m'en voulais tellement...
Et pourtant, ce troisième meurtre...
Il avait été planifié avec tant de soin, préparé avec tant de minutie que je ne me rappelais même plus qui était cet homme et pourquoi il devait mourir.
J'avais lu tant de livres, suivis tant d'entrainements, préparé et formé mon esprit à ce rituel macabre avec une telle rigueur que je ne voyais même plus ça comme un meurtre véritable désormais.
Tout juste allais-je conclure un contrat officiel.
Pourquoi ?
Parce qu'il le fallait, tout simplement...
Je ne devais pas savoir, je ne devais pas comprendre.
Je devais agir, exécuter, remplir ma mission sans chercher à en connaitre d'avantage.
C'était pour ça, et uniquement pour ça que j'avais été entrainée...
-Les exercices sont derrières toi. Cette fois-ci, c'est pour de vrai Nilvyn...Commenta calmement Miara alors que nous observions toutes deux l'auberge du Candelêtre de Vendeaume en cette soirée printanière.
-Ne pense pas, applique d'instinct tout ce que tu as appris...Maintenant que ton esprit y est préparé, ton corps suivra sans soucis, tu verras...
Je ne répondis rien, continuant mon observation silencieuse et mesurée des lieux.
-Je te regarderai...Conclut finalement la Dunmer en réponse à mon mutisme, avant de disparaitre lentement, regagnant en silence son propre monde, celui des morts.
Et dire que j'avais suivis pendant des mois entiers les enseignements d'une défunte que seule moi semblait capable de voir...
Mais de là à comprendre le pourquoi du comment...
Après une légère inspiration, j'entrepris finalement de quitter ma position statique et contemplatrice, traversant enfin la petite place déserte de Vendeaume pour mieux pénétrer le futur lieu du crime.
Je fus alors heurtée et enveloppée toute entière par une ambiance bien différente, beaucoup plus claire et chaleureuse que celle que j'avais connu jusqu'ici.
-Affaires ? Détente ? Bah on s'en fou ! Les peaux grises sont les bienvenues ce soir ! Amusez vous ! Me lança un garde complètement saoul lors de mon arrivée dans la taverne, m'évitant ainsi la première phase de l'opération, à savoir, le marchandage et la persuasion concernant mon entrée ici.
Oui, l'ambiance semblait être à la fête ce soir.
Des gens riaient, buvaient, dansaient, applaudissaient les bardes de tous côtés, donnant à la scène une convivialité et une chaleur humaine que j'eus bien du mal à ne pas dévorer du regard avec émerveillement, moi qui n'avait jamais connu tout ça.
Pourtant, je n'avais pas le loisir de m'arrêter en si bon chemin, car la cible elle, n'attendrait pas.
L'itinéraire, les postes de gardes, les rondes, les sorties de secours, les personnalités présentes, les armes de fortune à utiliser en cas de problème...
Tout avait été planifié, étudié et appris avec soin, et les rares éléments restés dans le flous étaient aussitôt calculés et pris en compte par mon esprit d'analyse.
Ainsi puis-je dire avec certitude par exemple, que le garde qui m'avait fait entrer faisait environ un mètre quatre-vingt, pesait dans les soixante-quinze kilos, était gaucher, et vu son gabarit, avait probablement avalé cinq ou six hydromels depuis le début de la soirée. Qu'il était également Impérial, avait environ trente-cinq ans, avait une deuxième dague cachée dans sa botte gauche et saurait probablement se défendre avec ferveur et agilité en cas de problème...
Mais comment savais-je tout ça déjà ? Comment étais-je capable de calculer toutes ces choses, tous ces détails à partir d'une simple observation et ce, sans même m'en rendre compte ?
A l'évidence, l'apprentissage avait été fructueux...
-Hey bobonne ! Remets une drache ! Beugla joyeusement un Nordique colossale à l'attention de l'aubergiste, avant d'être vigoureusement applaudis par toute une assemblée de poivrots.
-Ha ! Bonne idée ça ! On a soif !
-Qu'il est généreux notre Ulfgard !
-Ouai ! T'es un bon gars Ulfgard !
L'un des bardes se mit alors à jouer une mélodie de Bordeciel bien connue, déclenchant aussitôt un chant rauque et patriotique chez tous les fiers Nordiques de l'auberge.
-Eeeeeeeeennnffaaaaaaaannnts deeeee Borrrrrrdddeeeeeecieeeeeeeeeeeelllleeeeeeeuuuuuuuu
h
! Chaaaaaaaaannnnttttoooooooonnnnssss z'eeeeeennn coeeeuuuuuuuurrrrrr !
Coupant court à ma contemplation fascinée, j'entrepris finalement d'embrayer sans trainer sur la suite des opérations, profitant de l'inattention éphémère de l'une des sentinelles pour mieux traverser une porte interdite au public et ainsi gagner l'arrière cuisine de l'auberge.
D'ici, je pouvais alors aisément rejoindre les quartiers résidentiels de l’hôtel sans avoir à traverser la réception, et donc gagner un lieu bien plus calme, où les chants graves et tonitruants des Nordiques ne perçaient pas le silence ambiant.
Bien sur, la réception et ses aubergistes n'étaient pas loin, mais fort heureusement, je n'aurais pas à aller jusque là, car la chambre de ma cible était désormais toute proche...
Et dire que j'aurais autrefois trébuché dans le tapis, me serait accrochée à une lampe ou une chaise, ou aurait encore renversé la moitié du mobilier dans ma tentative d'approche...
Mais cette fois-ci, ce n'était plus l'adolescente maladroite et mal assurée qui approchait, oh non.
C'était une jeune femme déterminée, qui venait de pénétrer dans la chambre et de refermer la porte derrière elle sans provoquer le moindre son, laissant sa cible dans l'inattention la plus totale...
-Bordel d'anneau de mes deux ! Pas moyen de refoutre la main dessus ! Je vais être en retard bordel de merde ! Grogna le Nordique désigné tout retournant ses affaires avec agacement, alors que je l'observais désormais, silencieuse et immobile, à moitié masquée par la pénombre.
Hélas, Thorek de son nom, n'irait jamais à son rendez-vous, car la dague d'acier que j'avais préparé tout spécialement pour lui en avait d'ors et déjà décidé autrement.
Ce fut ainsi après un coup de lame bref et précis, une violente giclée de sang et un râle étouffé que le destin du Nordique fut définitivement scellé...
-L'entrainement est terminé Nilvyn. La mission est un franc succès. Commenta sans trainer une voix familière par dessus mon épaule, sans que son détenteur ne se montre toutefois.
Oui, la cible avait été neutralisée, la mission était réussie...
Abandonnant là, et comme prévu selon les entrainements, le cadavre sans laisser de trace de mon passage, j'entrepris aussitôt de regagner l'extérieur par une porte dérobée, et de me confronter de nouveau à la fraicheur de cette nuit de printemps.
Personne ne me suivait, personne ne m'accordait même le moindre regard en fait.
Non, cette fois-ci, tout allait bien...
-Bonne soirée peau grise. Commenta la sentinelle en faction devant les portes de la ville avec une politesse toute relative, alors que je quittais enfin la cité pour mieux regagner l'extérieur enneigé de Bordeciel.
Tiens...Le ciel...
Je ne l'avais même pas remarqué en quittant l'auberge...
C'était étrange parfois, comme la nature elle même semblait cerner la sérénité ambiante pour mieux la reporter dans l’atmosphère...
Tout était si calme ici. Tout était si paisible...
Des lacs gelés aux collines froides et enneigées, rien ne semblait pouvoir perturber ce spectacle silencieux figé dans l'éternité de cette nuit printanière...
Mais qu'importe le décors au fond.
J'avais fait ce que l'on attendait de moi, j'avais rempli ma mission, prouvé à tous, et même à ceux que je ne connaissais pas et ne voyais pas, qui j'étais réellement, et de quoi j'étais désormais capable.
Oui, cette fois-ci, et à partir de maintenant, c'était une toute nouvelle vie qui s'offrait à moi...