Chapitre 106: Cataclysme.
Le combat se poursuivit aussitôt, alors que nous nous trouvions désormais dans ce qui ressemblait à une immense caverne dans laquelle trônait une étrange machine, entourée d'un véritable armada de mages et d'ordonnateurs.
Le ministère de la vérité, trente cinq ans plus tard, en 4E40...
Je ne savais pas d'où me venait cette certitude, mais je le savais, j'en avais la conviction profonde...
Nous avions atterri dans l'immense météore, qui servait alors de prison où l'on sacrifiait les vies et les âmes des détenus pour permettre au ministère de rester en l'air au dessus de Vivec, et de retarder l'heure de sa chute.
Bien entendu, la disparition du dieu Vivec lui même oblige, ce procédé était désormais le seul qui permette à l'immense rocher de ne pas reprendre subitement sa course en détruisant tout l'archipel au passage...
Visiblement, nous arrivions à l'heure critique, celle où le météore reprendrait finalement sa course, du moins selon les prophéties...
Mais pourquoi maintenant, alors que tout semblait se dérouler pour le mieux du côté des mages ?
Je n'eus pas vraiment le temps d'y penser d'avantage, car les attaques à mains nues de Eno Hlaalu, bien que blessé, se montraient de plus en plus menaçantes.
Cessant finalement l'observation de l'intérieur du ministère, je saisis aussitôt une épée sur l'un des nombreux râteliers présent dans la pièce, et entrepris de continuer le combat, bientôt imitée par le grand maitre qui attrapa lui aussi une lame longue.
-Hey ! Lança soudain un Ordonnateur en nous apercevant.
-Laissez les ! Tonna aussitôt un mage. Reportez votre attention sur l'Ingenium ! Il ne faut pas couper la machine dans son processus !
Nous traversâmes rapidement la salle, alors que j'avais cette fois-ci repris l'avantage, noyant mon adversaire dans un monstrueux déluge d'attaques, sous une véritable cacophonie de chocs métalliques.
De fait, Eno Hlaalu reculait constamment, absorbant ainsi la majorité de mes assauts, ce qui avait le don de me frustrer au plus haut point, ne parvenant pas à trouver une faille dans la défense du grand maitre.
-Raaaah !
-Humpf !
-Maitre ! Ils vont...Recommença l'un des Ordonnateurs.
-L'Ingenium j'ai dit ! Si nous stoppons le processus, c'est Vvardenfell toute entière qui sera réduite en cendres, alors ne vous occupez pas d'eux ! Siffla le mage dans une réplique désespérée, visiblement paniqué à l'idée que l'un de ses collègues ne finisse par se laisser distraire par notre combat.
Nous continuâmes ainsi durant de longues minutes, nous échangeant des coups d'une extrême violence sans toutefois parvenir à prendre l'ascendant l'un sur l'autre.
C'était peut-être pour ça finalement, que mes rêves m'avaient si longtemps mis en garde contre ce combat...
C'était peut-être parce qu'aucun de nous deux ne parviendrait à prendre l'avantage, tant nos niveaux semblaient parfaitement équivalents...
Le grand maitre me colla soudain un coup de genou, me faisant lâcher mon arme par la même occasion.
Prise de cours, et désormais sans défense face à mon adversaire, je saisis alors un marteau de forgeron sur la tale située juste à côté de moi, et le lançait violemment en direction du Dunmer, qui esquiva néanmoins le jet, et se précipita sur moi.
Le marteau, entrainé dans son élan, atterri plusieurs mètres derrière le grand maitre, fracassant la serrure de l'une des nombreuses cellules de détenus dans sa chute, alors que j'avais entre temps saisi une lame courte sur l'un des râteliers.
-Ilzheven ! Ilzheven mon amour ! Lança soudain le vieux Dunmer prisonnier de la cellule en question en se précipitant sans délais en dehors de celle-ci, se jetant visiblement au secours d'un être proche prêt à être sacrifié sur l'Ingenium.
-Non ! Attrapez le ! Il ne faut pas qu'il approche la machine ! Beugla l'un des mages alors que plusieurs Ordonnateurs quittaient déjà leur poste pour se ruer sur le prisonnier avant qu'il ne commette l'irréparable.
Je n'eus même pas besoin de jeter un oeil en direction de l'altercation pour comprendre que la tentative des gardes avait échoué, car le ministère de la vérité roula soudain sur lui même dans une série de tremblements particulièrement violents.
Le mobilier, les outils, les armes et les personnes présentes dans la pièce furent aussitôt projetée dans tous les sens alors que je me rattrapais de justesse aux barreaux de l'une des cellules.
Des cris paniqués fusèrent, bientôt suivis par des jurons de douleurs et d'indignation alors que le météore s’ébranlait littéralement, menaçant de chuter d'un instant à l'autre.
Et alors que tout semblait perdu, je me concentrai soudain de toute mes forces sur le présent, sur Vivec, sur la cinquième année de la quatrième ère, celle là même d'où je provenais quelques instants plus tôt.
Je fus aussitôt aspirée, arrachée de force au futur pour revenir immédiatement dans le présent alors que Eno Hlaalu m'agrippait la cheville de justesse.
-Oh non ! Pas question de te laisser partir seule !
Nous atterrîmes enfin dans le présent, de retour sur la grande place du palais de Vivec sous le soleil de midi.
Et alors même que j'étais déjà prête à reprendre le combat, un bruit inquiétant raisonna soudain au dessus de ma tête, m'indiquant aussitôt que quelque chose d'étrange venait de se produire dans notre retour au moment présent.
-Par Méphala...Commenta Eno Hlaalu en jetant un regard atterré dans le ciel, avant que je ne l'imite bientôt, intriguée.
Je compris alors ce qui venait de se passer, et fut aussitôt assaillie d'un fulgurant sentiment de détresse.
Ainsi, dans notre fuite, le futur et le présent venaient de se télescoper, transportant les événements que nous venions de vivre à l'instant même, dans le présent, avec nous, en 4E5...
Ainsi donc, et alors que je m'étais enfin crue hors de danger, le ministère de la vérité, situé juste au dessus de notre tête, menaçait désormais de chuter d'une seconde à l'autre...
