Aujourd'hui, c'est l'OL de demain
L'équipe de départ ne sera pas si jeune. Mais la feuille de match annonce le Lyon des années à venir. Tour d'horizon.
PENDANT QUE DIX TITULAIRES sont restés s'entraîner à Lyon (*), l'OL va lancer ou relancer quelques jeunes, ce soir, à Odessa. Trois ou quatre d'entre eux seront titulaires et, pour les remplaçants, l'affaire est claire : âgés de dix-huit à vingt-deux ans, ils sortent tous du centre de formation. Avant un match à fort enjeu, qui les contraindra à assumer des responsabilités plus élevées qu'à l'habitude, l'occasion est intéressante d'en apprendre un peu plus sur eux.
(*) Anthony et Miguel Lopes, Umtiti, Bedimo, Gonalons, Fofana, Grenier, Gourcuff, Gomis, Lacazette.
Mehdi Zeffane
21 ANS
Défenseur latéral
14 matches pros, dont 6 cette saison (5 titularisations).
Sous contrat jusqu'en 2015.
LES BLESSURES de Miguel Lopes et de Dabo, ainsi que les limites des non-spécialistes (Ferri, Fofana), lui ont permis de se montrer, à droite comme à gauche. Question endurance, l'enfant de Sainte-Foy-lès-Lyon est le plus gros moteur du groupe. Il avait été le meilleur Lyonnais à Guimaraes (2-1, le 12 décembre), en jouant sur le côté gauche, qui lui permet de rentrer sur son pied droit et de faire valoir une frappe intéressante. Il a encore des absences. Il reconnaissait lui-même, à l'automne, qu'il avait besoin de franchir un palier dans l'agressivité et la concentration.
Naby Sarr
20 ans
Défenseur central
2 matches pros, dont 1 cette saison en L 1 (1 titularisation),
1 but.
Sous contrat jusqu'en 2016.
LE FILS DE BOUBACAR, l'ancien buteur de l'OM et du PSG, est une montagne de 1,96 m. Il a inscrit un but lors de son premier match professionnel, en C 3, à Shmona, en Israël (4-3, le 4 octobre 2012). C'est un gaucher qui peut progresser techniquement et n'aime guère être pressé, mais il est fiable sur les gestes défensifs de base. Titulaire en finale du Championnat du monde des moins de 20 ans, l'été dernier, il a régulièrement réfléchi à partir pour jouer et engranger l'expérience qui lui manque.
Clinton Njie
20 ans
Attaquant
5 matches pros, aucun cette saison en L 1.
Sous contrat jusqu'en 2016.
IL A SUIVI la post-formation à l'OL, plus que la formation : il avait dix-sept ans quand il est arrivé des Brasseurs du Cameroun. Sa vitesse donne toujours l'impression qu'il peut faire la différence à tout moment, mais la finition est parfois confuse. Il a seulement joué dix-sept minutes cette saison, en Ligue Europa, d'ailleurs. Il devra peut-être être prêté pour jouer.
Fares Bahlouli
18 ans
Attaquant
4 matches pros, tous cette saison (1 titularisation).
Sous contrat jusqu'en 2017.
ARRIVÉ DU MÊME CLUB de quartier que Lacazette, l'Élan du 8e, il est à l'OL depuis l'âge de neuf ans. Un énorme talent qui, pour l'instant, est surtout un joueur d'entraînement, où ses dribbles et ses frappes des deux pieds impressionnent.
En pros, il n'a pas encore trouvé le ton juste, et il a été renvoyé en CFA avec Benzia pour un comportement jugé un peu « léger » après la défaite face à l'Évian-TG (1-2, le 31 août). Mais il n'a que dix-huit ans, et vu ce qu'il a fait récemment en CFA, cela semble imminent.
Corentin Tolisso
19 ans
Milieu de terrain
8 matches pros, dont 2 cette saison en L 1 (0 titularisation).
Sous contrat jusqu'en 2017.
IL N'AURA PAS l'image de ses débuts pros : alors qu'il remplaçait Mvuemba dans le temps additionnel de Lyon-Nice (4-0), le 11 août dernier, la télé passait au ralenti le coup franc victorieux de Gourcuff, quelques secondes plus tôt. Depuis, on a vu régulièrement ce jeune bachelier ES originaire de Tarare qui, après avoir commencé à Amplepuis, a joué à l'Arbresle, le village natal de son président et de son entraîneur. « C'est un joueur polyvalent, capable de jouer à tous les postes du milieu, avec des qualités de percussion et de frappe », décrivait l'ancien Lyonnais Florian Maurice lors de la signature de son premier contrat pro en octobre. Pour l'instant, il joue défenseur central en CFA et latéral avec les pros : cela fait partie de la formation.
Et aussi
Parmi les sept joueurs formés au club qui seront sur le banc ce soir, on verra pour la première fois de la saison Rachid GHEZZAL (21 ans), touché au dos depuis la fin de la saison dernière, Nabil FEKIR (20 ans), aperçu à son avantage lors des barrages de Ligue des champions contre la Real Sociedad (0-2, 0-2), ou le gardien Mathieu GORGELIN (23 ans), vainqueur du derby à Saint-Étienne (2-1, 10 novembre). Deux jeunes n'ont pas connu leur baptême du jeu : le défenseur central Romaric NGOUMA (19 ans) et le milieu de terrain suisse Massivi TSIMBA (19 ans).
42 : Le nombre de matchesque l'OL aura disputés cette saison après celui de ce soir. Si les Lyonnais vont au bout des trois compétitions dans lesquelles ils sont encore engagés (L 1, Coupe de la Ligue, C 3), ils en auront disputé 64 !
Garde et le"faux procès"
Même s'il fait tourner son effectif, l'entraîneur lyonnais se défend de négliger la Ligue Europa.
LES PREMIÈRES QUESTIONS de la conférence de presse, hier, à Odessa, étaient pour les circonstances ukrainiennes douloureuses, pour un match organisé un jour de deuil national (voir par ailleurs). « Nous penserons aux victimes des événements, nous n'oublierons pas que c'est un jour de deuil, soulignait Rémi Garde. Mais si le match se déroule normalement, notre rôle sera de nous concentrer sur notre jeu, comme le fera l'équipe d'Odessa. »
L'entraîneur lyonnais est bien obligé de préparer ce match : la culture européenne de Lyon implique d'envisager la Ligue Europa comme un trophée à conquérir. L'a-t-il perdu de vue en laissant une dizaine de joueurs à Lyon ? Si l'on étudie l'affaire de près, c'est plutôt non. L'OL était fatigué depuis deux semaines, les adducteurs commencent à siffler et les coups laissent des traces. D'autre part, en dehors de Bordeaux, la saison dernière, personne n'a fait autant d'efforts en Ligue Europa pour l'indice UEFA de la France.
Sur le sujet, l'entraîneur lyonnais s'est d'ailleurs montré assez chatouilleux, hier : « On m'intente un faux procès. Je pense être l'entraîneur français qui a remporté le plus de matches de Ligue Europa depuis trois ans. J'en ai perdu un seul, sur deux frappes d'un joueur qui a été vendu 100 millions d'euros (*). Avant les matches, quand je fais tourner, on m'en fait la remarque mais, après, quand cela se passe bien, jamais personne ne vient me dire que c'était la bonne solution, même si on gagne le match de Championnat qui suit… »
De fait, seize des dix-huit Lyonnais ont déjà joué un match européen, et huit titulaires en ont disputé huit et plus, jusqu'à 62 pour Steed Malbranque. « Quelle que soit l'équipe, nous avons la même envie de gagner » , résume Rémi Garde. Ou de conserver de bonnes chances de qualification, dans une semaine, face à une équipe très défensive et rapide en contre. Il sera bien temps pour lui de décider de ceux qui reviendront, ou non, en deuxième semaine.
(*) Allusion aux buts décisifs de Gareth Bale, la saison dernière, lors du seizième de finale Tottenham-OL (2-1, 1-1). Le joueur a été transféré pour environ 100 M€ au Real Madrid.
La fiche du match
TCHERNOMORETS ODESSA (UKR) – LYON 19:00
Stade Tchernomorets, 20 heures, heure locale, en direct sur beIN Sports 1. Arbitre : M. Thomson (ECO).
TCHERNOMORETS ODESSA : Bezotosny – Berger, Fontanello, Anderson Mineiro, Zubeïko – Leo Matos, Gai, K. Kovaltchouk – Rebenok, Antonov, F. Dja Djédjé . Remplaçants : Past (g.), Kutas, P. Kovaltchouk, Bobko , Arjanov, Didenko, . Entraîneur : R. Grigortchouk.
LYON : Vercoutre – Tolisso, B. Koné, Bisevac (cap.), Zeffane – Ferri, Mvuemba, Malbranque – Bahlouli ou Fékir, Briand, Danic. Remplaçants : Gorgelin (g.), Njie, Ngouma, Tsimba, Ghezzal, Sarr, Fékir ou Bahlouli. Entraîneur : R. Garde.
L'UEFA insiste pour jouer
Malgré le jour de deuil national décrété en Ukraine, l'UEFA souhaite maintenir la rencontre.
À 450 KILOMÈTRES au sud de Kiev, au bord de la mer Noire, les rues d'Odessa sont calmes de chaque côté de l'escalier du Potemkine. S'il y a eu un affrontement d'une à deux minutes, hier, provoqué par une cinquantaine de manifestants casqués et armés de battes de baseball, ce n'était qu'un écho isolé des événements de Kiev, qui ont fait au moins vingt-six morts et plus de deux cents blessés dans la nuit de mardi à mercredi.
Très prosaïquement, les conditions de sécurité semblent réunies pour que le seizième de finale aller entre le Tchernomorets et l'OL se déroule normalement. Ni le club ukrainien, ni le club lyonnais, ni l'UEFA n'ont la moindre intention de demander le report du match. Hier soir, l'instance européenne avait décidé de ne rien décider et de le maintenir.
Ce qui pourrait remettre en cause son déroulement n'est pas une affaire de sécurité, mais de loi intérieure : le gouvernement ukrainien a décrété, hier, que ce jeudi serait un jour de deuil national et que tout rassemblement et toute manifestation étaient interdits. L'UEFA, de son côté, estime que cela ne s'applique pas aux rencontres internationales. Elle a, en tout cas, décidé tardivement de délocaliser Dynamo Kiev - Valence à Nicosie (Chypre), mais estime qu'une accalmie dans la capitale lui permettrait de maintenir le match de Lyon à Odessa.
L'UEFA a d'ores et déjà accepté la demande ukrainienne d'une minute de silence, avant le coup d'envoi, alors que les deux équipes devraient porter un brassard noir en hommage aux victimes. Le club de Tchernomorets, lui, a demandé à ses supporters de ne pas utiliser ce match pour faire passer un message politique.
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