Salut !
Jamais un jeu n’aura tant flirté avec l’émotion des joueurs, rendant cette exceptionnelle expérience aussi forte qu’un film ou un livre. A ce niveau, nous pouvons même parler « d’art » tellement le projet Mass Effect est aboutit.
J’ai été comme beaucoup dérouté par la fin...Nous méritions un dénouement qui soit en adéquation avec nos choix moraux effectués depuis le premier épisode.
Mais pour moi la mort du Commandant Shepard n’intervient pas à la fin du jeu mais…au début.
J’ai lu beaucoup de messages d’internautes qui tentaient d’expliquer la fin de Mass Effect : déjà bravo à eux pour leur réflexions et leur analyses.
Bref, pourquoi cet épisode est très philosophique ? Parce que oui cet épisode est bourré de références philosophiques et de petits messages à décrypter.
Pour moi, à la base, il y a trois postulats : l’enfant, le dénouement, l’émotion/réaction.
L’ENFANT (qui représente le « soi même » c’est à dire Shepard)
Déjà, au tout début de l’épisode les réalisateurs nous montrent de manière subtile que le combat qui s’annonce est difficile et peut être même voué à l’échec. L’épisode de l’enfant n’est pas anecdotique ou superflu : il y a un vrai message.
Le commandant à cette vision de l’enfant. Que ce soit un vrai enfant, une vision personnelle (la solution la plus plausible tant la mise en scène nous pousse à ce constat), ou une vision envoyée par les moissonneurs (peu plausible mais pas irréaliste), finalement peu importe ! Le constat est le même.
L’enfant semble dire : Tu ne peut rien pour moi. Il refuse la main tendue. Message décrypté : tu ne peut rien pour l’humanité, et surtout tu ne te sauvera pas toi même.
L’enfant /vision, meurt, et les regards se croisent entre lui et le commandant, alors qu’autour d’eux le monde s’écroule. A noter que seul Shepard semble voir l’enfant !
Que représente l’enfant ?
1) En philosophie la vision d’un enfant représente « le soi même » (Shepard). Lorsque l’enfant refuse la main tendue de Shepard, cela veut dire que Shepard lui même ne peut pas se sauver. Lorsque l’enfant meurt, cela veut dire, au début du jeu, que la mort du commandant est inéluctable.
2) L’enfant représente aussi l’espoir. La mort de l’enfant représente la mort de tout espoir, d’ailleurs plus pour Shepard (de manière philosophique l’enfant c’est lui) que pour l’humanité. N’oublions pas que cette vision est très personnelle : seule Shepard voit l’enfant !
Les rêves récurrents : ils sont la pour doucement préparer les joueurs a la mort inéluctable du commandant Shepard. Il n’arrive pas a sauver l’enfant (lui même) des flammes et de la mort. Le dernier rêve est encore plus explicite : les deux sont ensembles, enfin réunis car ils ne font qu’un. Mais leur destin est irrémédiablement lié par la mort.
LE DÉNOUEMENT :
Je ne m’attarde pas aux trois choix moraux à la fin du jeu. Certains ont développer des thèses très complètes et très bien tournées.
L’assaut final :
Le faisceau destructeur du moissonneur touche le commandant, puis une lumière blanche l’assaillit : Inutile de rappeler ici les références eschatologiques : le faisceau de dieu, le bras armé de dieu, le paradis avec la lumière blanche : tout cela n’est pas nouveau et date de l’époque des Sumériens (créateurs de l’écriture, du concept de religion, et de la cité-Etat).
La suite ressemble à un rêve imbriqué dans un autre rêve (ça vous rappelle pas un film ?). Du coup, comme dans un rêve il y a des incohérences flagrantes. De nombreux joueurs ont notés ces erreurs. Je part du postulat que ces incohérences sont délibérées.
Mon idée : Shepard est mort lorsque ce faisceau meurtrier l’a atteint. D’ailleurs on annonce à la radio qu’il n’y a « aucun survivant ». Toute cette mise en scène avec Anderson, L’homme Trouble, et l’Enfant/moissonneur n’a jamais eu lieu…à part dans la tête de Shepard ! C’est l’esprit de Shepard qui divague avant la mort. C’est une dernière vision, il contemple l’objectif qu’il s’était fixé, la fin d’un combat déséquilibré : un échec cuisant.
Pour moi tout la phase de jeu qui se passe dans la citadelle (avec l’un des trois choix à la fin) est la seulement pour adoucir la mort brutale des joueurs et ne pas finir sur un Game Over qui serait aussi un The End.
Cela permet du coup aussi de créer un ME 4-5-etc, puisque finalement Shepard n’a pas réellement utilisé le Creuset. Les Dev’ peuvent partir sur une base neuve (et choisir une fin officielle à Mass Effect 3).
Cette phase dans la citadelle est bourrée d’incohérences. Certains ont donc parlé d’un endoctrinement du moissonneur. C’est pas bête du tout. C’est peut être possible. En tout cas ces gens pensent comme moi qu’il ne faut pas prendre cette fin au premier degrés.
Mais pour ma part rien ne résiste au rayon des moissonneurs. Ce rayon délivre la mort, détruit les blindés et encore plus facilement les chairs humaines. Et puis rappelez vous : l’endoctrinement est un processus qui peut être rapide mais qui prend dans le meilleurs des cas plusieurs jours !
Et je doit reconnaître que pour ceux qui sont partisans de l’endoctrinement, que le discours de l’enfant moissonneur/enfant est explicitement en notre défaveur : il veut nous pousser vers deux choix (le contrôler ou faire la synthèse : sur le long termes c’est la défaite de Shepard).
Mais n’oubliez pas que nous avons un troisième choix : les détruire (avec tout ce que cela implique).
Si Shepard était vraiment endoctriné il n’aurait pas ce choix ! Il irait automatiquement vers la synthèse (le vert au milieu).
Donc pour ma part, Shepard n’est pas endoctriné.
Du coup, les choix que Shepard fait : c’est dans sa tête ! Autour de lui le combat continu…
Ben sur il y a beaucoup de question en suspend : a quoi sert réellement le creuset, pourquoi les moissonneurs représentent « l’ordre », pourquoi on t’ils tant besoin de faire des moissons et de collecter notre ADN (apparemment pour résoudre le problème de l’énergie noire), etc etc Réponses dans ME4 !!!
L’EMOTION/REACTION
L’émotion est aussi forte que dans un film ou un bon livre. Les liens d’amours, d’amitiés, d’espoir, de sens de la vie, ont été développés comme jamais. C’est une vrai réussite.
Bravo Bioware ! Mass Effect marque un tournant.
On voit notre personnage tourmenté par ses cauchemars, en manque de sommeil, a bout de force. L’équipage, et les amis sont la pour nous réconforter : vivement que cette guerre finisse, qu’on aille boire une verre, que l’on puisse « vivre en paix », que l'on vive ensemble...
La narration avec la/le amoureuse (pour ma part Liara) se construit sur du solide, sur des projets, sur le futur.
Pour toute ces raisons, en arrivant sur une Terre dévastée l’espoir était encore vivace.
Du coup les joueurs pouvaient espérer un happy end !
L’émotion engendré par des séquences biens réalisées ont entraîner une réaction d’espoir.
Et c’est la qu’il y a eu le cruel coup de massue de Bioware : les développeurs ont marqués un gros coup avec la destruction physique de notre avatar créer depuis ME1 : visage tuméfié, corps carbonisé et déchiqueté, bref Shepard est en train de mourir.
Le second coup scénaristique fort c’est le sacrifice du commandant, qui débouche sur une mort.
Tout cela a entraîner beaucoup de réactions négatives sur une fin jugée « bidon, bâclée, et pleine d’incohérences ».
Bref malgré cette fin très philosophique, très recherché, elle a un défaut : d’être trop complexe, ou même peut être trop bâclé. Bioware nous laisse quelques petits messages a décoder, quelques indices, mais finalement chacun y va de sa théorie et il n’y a aucune réponse claire : nous méritions une réponse et une fin plus nette. Surtout que Masse Effect 3 est censé fermer la trilogie Shepard…Adieu Shepard...