Voyage (partie 1) :
Jack rentra dans le bureau de Vincent, après avoir fait un tour dehors. Le ciel était parcouru d’aurores boréales rouges sang à l’allure funeste et la température avait chuté de plusieurs degrés.
-Quand un monde meurt, fit Vincent, ses effets néfastes se répercutent sur l’entremonde. Stade 1 : apparition d’aurores boréales et raréfaction des lucioles dehors. Stade 2 : Chute de température. Stade 3 : apparition de monstres dans les environs du manoir.
-Des monstres vont venir ?
-Oui, mais on a l’habitude. Ca arrive souvent ces temps-ci. De toute façon tu n’as pas à t’en occuper. J’ai une nouvelle mission pour toi, que tu effectueras quand tu te seras reposé bien entendu.
Vincent tendit une feuille à Jack. Celui-ci la lut.
-Ca se passe dans un univers où tu es déjà allé apparemment.
Jack hocha la tête.
-A toi de décider si tu veux y aller seul ou accompagné.
-J’y vais seul.
-Comme tu veux.
-Et je vais partir tout de suite.
-Tu es sûr ? Tu viens pourtant d’échapper à la mort et de…
-Non, non, c’est bon. J’ai l’habitude d’enchaîner mes missions à un rythme de folie, répondit Jack en souriant.
-Eh ben. Enfin bref, bonne chance.
Jack déchira la feuille qu’il tenait et sortit du bureau de Vincent.
Jack grimaça en sentant la sensation d’aspiration désagréable qui accompagnait chaque utilisation de portails. Puis, il ferma instinctivement les yeux.
Quand il sentit un courant d’air froid, il ouvrit les yeux et regarda autours de lui.
Il se trouvait dans une sorte de chemin de campagne, bordé d’un côté de petites maisons blanches style Normande et de l’autre de vastes champs s’étendant à perte de vue où travaillait des fermiers poussant des vaches où abattant leurs outils sur la terre.
Le ciel était gris mais il faisait bon.
L’ambiance faisait penser à la Bretagne. Jack sourit. Il aimait bien ces genres d’environnements.
Le porteur mit les mains dans ses poches et se mit à marcher.
Très vite, le chemin devint une route pavé de pierres. Et la circulation se fit plus dense.
Jack croisa des charrettes et des hommes montant des chevaux et portant des armures.
Puis, le silence de la nature fit place brusquement au brouhaha de la ville. Sans s’en rendre compte, Jack était arrivé jusqu’à une route donnant sur une grande cité médiévale entourée de remparts.
Des fermiers, des marchands, des guerriers et des passants en tous genres traversaient la route dans les deux sens. Le tonnerre gronda.
« Il ne va pas tarder à pleuvoir, pensa Jack avant de se fondre dans la foule »
A l’aide de ses coudes, il parvint à écarter les personnes autours de lui pour avancer plus aisément. Il dépassa deux tours de gardes en bois avant de passer les grandes portes ouvertes de la cité.
L’ambiance de la ville était très animée et contrastait avec le mauvais temps.
Le style était très médiéval mais en même temps, il y avait des airs de modernité.
A l’entrée de la ville se trouvaient des multiples étales où criaient des vendeurs de poissons ou d’armes. Une écurie à droite, plusieurs bâtiments en pierre et en bois à gauche, un pont passant au-dessus des douves devant, les portes de la ville derrière.
Jack marcha tranquillement dans les rues jusqu’à ce que les premières gouttes de pluie ne tombent.
Jack s’empressa de rejoindre une auberge.
Il referma la porte derrière lui.
L’intérieur était banal mais peuplé. La quasi-totalité des tables étaient occupées. Jack alla s’asseoir au comptoir.
A ses côtés, un homme vêtu comme un majordome sirotait une bière. Il avait les cheveux ras et blond et portait la moustache. Il tourna la tête vers Jack.
-Vous portez d’étranges vêtements. Vous êtes un majordome déchu mon brave ?
Jack sourit.
-Non, je ne suis pas un majordome. En fait je viens de loin.
-Très cher, j’ai beau avoir parcouru le continent de long en large et avoir voyagé par delà les mers au service de ma maîtresse, je n’ai jamais rencontré de personnes habillées de la sorte.
Jack ricana gentiment.
-Il faut dire que je viens de très très loin.
-Hum… Comment vous nommez-vous ?
-Jack Magerlan.
-Moi je m’appelle Devon. Je suis le majordome de Lydia Von Stappes, l’héritière de la noble famille Von Stappes. Je suis au service de cette famille depuis quinze ans. C’est fou ce que le temps passe vite.
Devon porta la choppe de bière à ses lèvres.
Jack sourit quand le barman lui tendit à lui-aussi une choppe.
-Et donc, que faites-vous dans notre belle ville qu’est Geleria, monsieur Magerlan ?
-Affaire privée, désolée monsieur.
-Appelez-moi Devon, je vous en prie. Vous voyagez ?
-Oui.
-Où ?
-Affaire privée, répété aimablement Jack.
-Très bien.
-Ce que je peux vous dire, c’est que je vais vers le Nord.
Devon se figea.
-Vers le Nord ?
-Oui, pourquoi ?
-Hum, non rien. C’est juste que c’est un endroit que les personnes évitent généralement. Seules les majordomes s’y rendent de temps en temps.
-Pourquoi ?
-C’est… Une région dangereuse. J’y suis déjà allé quelques fois mais je ne souhaites pas vraiment y revenir. Le climat est atroce, la population est plus que sauvage et c’est une des seules régions de ce continent qui n’est pas « sécurisée », comprenez par là qu’elle est peuplée de créatures monstrueuses et dangereuses.
-Ce ne sera pas la première fois que j’en affronte.
-Ah oui ?
-Je me suis déjà battu contre des Désosseurs, des Trolls et des Béhémots.
-Mon ami, j’ignore ce que sont les Désosseurs et les Béhémots mais j’ai déjà rencontré une horde de Troll lors d’une de mes pérégrinations dans le Sud. Croyez-moi, les monstres qui vivent dans le Nord sont autrement plus… féroces.
-Ca ne me fait pas peur.
-Et qui êtes-vous pour être si confiant ?
Jack fixa son interlocuteur.
-Je suis un porteur.
Aussitôt, il leva légèrement sa main et la recouvrit d’acier. Devon ne montra aucune surprise. Il leva sa main à son tour et celle-ci fut entourée d’électricité verte alors que ses iris devenaient lumineuses.
-Moi aussi, je suis porteur, comme la majorité des majordomes d’ailleurs. Ca n’empêche pas que j’ai peur des monstres du Nord. Suivez mon conseil jeune homme, ne vous écartez pas des chemins et restez le plus souvent entouré de personnes.
« Jeune homme, rit intérieurement Jack. Dire que je dois être deux ou trois fois plus vieux que lui. »
-Merci pour vos conseils.
Jack appréciait l’atmosphère du lieu. Chaleureuse, bruyante sans être insupportable, légèrement enfumée comme toute taverne doit-être… Et la bière était bonne.
-Mais, dit Jack, où est votre maîtresse ? Un majordome ne doit jamais se séparer de son employeur normalement.
-Ca dépend des maîtres. Effectivement, il y en a qui ne supportes pas de s’éloigner de leur majordome mais ma maîtresse est quelqu’un d’indépendant. Elle déteste que quelqu’un la suive constamment. Mais bon, je n’ai pas à me plaindre. Je peux faire ce que je veux de mes journées, je suis bien payé et ma maîtresse m’est sympathique. Elle est un peu la fille que je n’ai jamais eue.
Jack aimait bien Devon. Il parlait bien, s’intéressait à tout et répondait aux questions de Jack. La nuit tomba sans que Jack ne s’en aperçoive. Les deux hommes avaient discutés longtemps.
-Eh bien l’ami, fit Devon, en se levant, vous avez un endroit où passer la nuit ?
-Euh… Ici ?
-Oh, non ! Les auberges de cette cité sont atroces. Venez plutôt au manoir des Von Stappes.
-Mais votre maîtresse…
-Accueille très bien les voyageurs. Elle sera ravie de vous avoir à sa table ce soir et de vous offrir une chambre. De toute façon ce n’est pas ça qui manque chez les Von Stappes.
Devon sourit.
-Enfin, si vous supportez bien les mites, les lits misérables et l’odeur de pourriture, vous vous plairez bien dans cette auberge. Sinon, vous ne trouverez aucun autre lieu plus accueillant que le manoir Von Stappes.
Jack se leva avec entrain.
-Très bien, je me mettrais en route demain. Ce sera avec plaisir que je vais vous suivre Devon.
Il y'a moins de rencontre entre nos personnages je trouve. 
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