Chapitre 18 – Convalescence difficile
Shubimaru et Hinode s’effondrèrent au sol, eux-aussi. Mais contrairement à la dépouille du général de Kiri, leur thorax se mouvait de haut en bas, à répétition. Kuma accourra pour vérifier l’état de ses trois coéquipiers comateux. L’état de Meyazu était surtout le plus alarmant…
Kuma entra à l’intérieur et fit signe aux employés du port que toute menace était écartée et qu’ils pouvaient faire voyager le Compte. Elle supervisa l’opération, pour être sûr qu’il ne se passe rien d’autre de fâcheux. En revanche, y aurait-il eu une autre attaque qu’elle ne l’aurait presque pas remarqué, trop distraite par l’état de Meyazu, trop préoccupée par la suite des choses et la préparation du voyage de retour, trop bousculée par tout l’enchaînement d’événements. Si son honneur de kunoichi ne l’avait pas emporté sur sa sensibilité émotionnelle féminine, elle aurait explosé en larmes.
Mais tout se passa bien et le bateau disparut lentement à l’horizon. La mission était complétée. Reprenant ses esprits, Kuma demanda l’aide et l’hospitalité des employés du port, qui lui offrirent avec grand plaisir une salle privée du bâtiment qui avait jusque là servit de décor. Puis, par l'intermédiaire d'un employé qui accepta de se rendre à un petit village, tout près, elle envoya un pigeon communiquer à Taki l’accomplissement de la mission et leur retour un peu tardif.
Shubimaru et Hinode semblaient seulement morts de fatigue, mais Meyazu n’était pas loin de la mort elle-même. Il respirait avec grande difficulté, par saccades, son poumon ayant été transpercé par la lame du Hirameku. Malheureusement, cette bribe d'espoir semblait vaine, son pouls ralentissant progressivement à mesure que le temps faisait courir chacune de ses secondes douloureuses.
Penchée sur son camarade agonisant, Kuma avait cédé à quelques larmes, comme si le robinet de ses yeux s'était quelque peu ouvert, puis avait appelé une aide d'urgence immédiate. Les employés du port avaient, une chance pour Meyazu, appelé des médecins du petit village voisin. Les spécialistes s’étaient empressés de venir changer son agonie pour un état qui n’en était pas moins critique, mais plus abordable.
Maintenant depuis déjà une heure qu'ils étaient partis en laissant la triste conclusion qu'ils ne pouvaient rien faire de plus, ayant déjà stabilisé sa santé. Selon eux, seul le temps pouvait dire si les choses s'amélioreraient ou se détérioreraient. Kuma ne savait plus que faire, gardant un silence morbide, agenouillée entre des corps étendus, retenant avec toujours plus de difficulté la rivière de larmes qui inondait sa tête.
« J'aurais dû les protéger, pensa-t-elle. J'aurais du faire quelque chose une fois que Shubimaru-sensei m'eut libéré. Je n'aurais même pas du me faire capturer de la sorte, j'ai été trop impudente. À cause de moi, Meyazu va mourir et je ne sais même pas ce qui va arriver de... À cause de moi...
- Ah… Kuma, murmura Hinode en ouvrant à peine les yeux, mais qu’est-ce que…Wo! »
Le jeune capitaine fut surpris par Kuma qui se jeta aussitôt sur lui en pleurant. On aurait dit que le barrage avait soudainement éclaté sous l'assaut de la voix de Hinode dans les oreilles de la kunoichi amoureuse. Le déluge qui trempa l'épaule et le dos de son capitaine était composé non seulement de sa joie de le voir réveillé, mais aussi de sa tristesse accumulée jusque là qui profitait de l'occasion pour évacuer. Hinode, sous l'emprise touchante de Kuma, versa lui aussi quelques larmes d’émotion.
« Oh… Hinode… Hinode… Tu es sauf…
- Oui, fais attention veux-tu ? Et calme toi, ça va, je suis là. »
Kuma relâcha son étreinte et lança un regard triste et désemparé vers les deux autres ninjas endormis.
« Shubimaru-sensei a utilisé beaucoup de chakra avec toutes ces techniques extrêmement exigeantes, dit Hinode comme pour justifier que le réveil du Jônin soit plus tardif que le sien.
- Il s’est bien battu, oui, confirma Kuma. Mais toi Hinode! Toi aussi, tu t’es merveilleusement battu! Et tu es le premier réveillé!
- Oh, pas autant que sensei!
- Non je te dis, tu as toujours eu une réserve de chakra assez considérable. Et c’est toi qui a donné le coup final!
- J’ai juste eu de la chance de tenir jusqu’à la fin, soupira Hinode en jetant un regard bas sur Meyazu.
- Il… ne va pas bien.
- Ah non ?
- Ça te fait de la peine ? demande Kuma, curieuse.
- Bien-sûr que ça me fait de la peine de perdre un… répondit Hinode, un peu irrité.
- Un coéquipier…
- Un ami.
- Je suis si contente que vous ayez réussi à vous entendre.
- Je ne sais pas quoi dire, dit Hinode.
- Alors ne dis rien. » répondit Kuma avec sourire.
Kuma s’approcha d’Hinode, un peu plus intimement. La tête tournée et penchée vers celle de Hinode, elle semblait attendre une réponse. Hinode n’avait plus les idées très claires et ce soudain rapprochement le déboussola un peu. Il s’éloigna brusquement. Kuma sembla mi-insultée, mi-déçue.
« On devrait peut-être récupérer le corps d’Hasami, dit Hinode, changeant volontairement de sujet. Ça pourrait être utile, surtout s’il renferme les secrets d’un jutsu héréditaire. »
- C’est déjà fait, répondit Kuma avec une certaine lassitude, il est là-bas sur la table. »
Hinode se leva et s’approcha d’une table d’opération où gisait le corps d’un homme qui lui avait causé tant de soucis. Il regarda ses traits figés dans la tristesse et eut, à son propre étonnement, de la compassion pour le pauvre homme qui apparemment, ne voulait que retrouver la force perdue de son clan. Il se souvenait de ses dernières paroles: « Je voulais seulement redorer notre ancienne gloire… » Et il se rappelait clairement de son expression lorsqu'il les avaient prononcées. Il ne pouvait sortir de son esprit le fait que Hasami Fushi était fondamentalement bon, qu'il se battait pour de bonnes raisons. Ses propres raisons, mais tout de même pour quelque chose, ne serait-ce que pour glorifier l'image de son clan.
À ce sujet, plusieurs questions naquirent dans l’esprit d’Hinode, réfléchissant au quart de tour.
FLASHBACK [ON]
« ...son clan est maudit.
- Maudit? marqua Kuma avec interrogation.
- Le clan Fushi possède une capacité bien étrange, mais extrêmement puissante, continua Shubimaru dont les explications ne cessaient plus. Le problème, c'est que si les Fushi constituaient un bon apport militaire, leur présence en société était un mal pour tout le village. Ils furent éliminés, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un frère et une sœur. Dû à leur importance au sein de l'administration du village, on les laissa en vie, croyant à l'extinction du clan à leur mort. Mais ils eurent, comble du malheur, un enfant ensemble, sans le consentement de la mère, dit-on. On ne sait plus trop ce qui advient maintenant de la dernière famille du clan Fushi, mais le père de celle-ci n'est nul autre que l'épéiste Hasami. »
FLASHBACK [OFF]
Quelle était l’histoire de ce clan? D’où venait cette fameuse capacité, le Hirameku, qu’on appelait autrefois les Milles Oiseaux? Pourquoi faisait-elle du clan une nuisance au village de Kirigakure no Sato, au point de l’éliminer dans sa presque totalité? Pourquoi cet homme avait-il enfanté sa sœur? Avait-il de bonnes raisons? Et où était donc cet enfant damné?
Hinode revint alors vers Kuma et la regarda d’un air décidé, qui lui dessina sur son joli visage féminin un sourire de faux espoir.
« Je veux connaître la vie et les souvenirs de cet homme, annonça solennellement Hinode. Nous allons l’amener aux services de décryptage de la mémoire, à Taki.
- Oh… dit Kuma, un peu déçue. Et pourquoi ?
- J’ai une intuition. De plus, si la guerre ouverte se prépare entre Kiri et Taki, les informations trouvées pourraient être primordiales à la sécurité du village.
- D’accords, nous ferons cela en arrivant. J’imagine que nos deux souffrants devraient se réveiller d’ici…
- Tu ne comprends pas, Kuma, l'interrompit Hinode. Ceci est de la plus haute importance!
- Ton intuition est importante?
Effectivement, l'argument de Hinode n'avait rien de très convainquant. Il avait beau être pressé de combler sa curiosité, leur équipe n'avait aucun réel besoin d'arriver le plus tôt possible à la Chute cachée.
« Imagine que, improvisa Hinode, un peu agacé... Un espion kirijin a déjà infiltré le village et que nous ne le savons même pas. Cet homme est chargé de la direction des attaques contre Taki. Et bien, Hasami le garde probablement en mémoire! Cette information doit nous être acquise le plus tôt possible, pour qu’une mission de paix soit mise en place le plus tôt possible.
- Une mission de paix ?
- Je ne m’y connais que peu en politique, mais si les cinq grandes nations se sont décidées à attaquer les petites, il ne faudrait pas qu’une guerre ouverte éclate avant que Takigakure aie conclut quelques ententes ou alliances! La guerre ouverte est à éviter totalement!
- Donc, tu proposes ?
Hinode se sentait maintenant rempli d’une énergie nouvelle. Si au début, sa simple curiosité de connaître l’histoire du clan Fushi le motivait, son excuse de politique qu’il avait improvisée s’était adonnée être un point très pertinent de l'affaire qui lui donnait effectivement raison; tellement raison qu’il était maintenant doublement motivé à l’idée de revenir à Takigakure no Sato.
- T’as le dos assez reposé pour porter quelqu’un? lui demanda Hinode, un peu amusé.
À venir: Chapitre 19 - Le rapport de mission : Situation critique !
