près la cécité de Blindness, l’aveuglement des Trois singes, le nouveau film du Turc Nuri Bilge Ceylan (Uzak, Les Climats) présenté en compétition officielle. Ici, il n’est pas question de pathologie, d’épidémie, tout est affaire de symboles, les trois primates du titre renvoyant aux singes de la sagesse. Comme dans cette croyance populaire asiatique, les héros du film s’empêchent volontairement de voir, de parler ou d’entendre ce qu’ils ne sont pas censés (ou ce qu’ils se refusent à) voir, dire ou entendre. Mais rassurez-vous, le cinéaste dépasse rapidement le symbole pour se concentrer sur l’humain. En l’occurrence, une famille sur le point d’exploser. Tout commence comme un film noir, dans le fond comme dans la forme (ambiance nocturne, quelques plans saisissants), avec un pacte conclu entre un patron et son chauffeur, qui accepte d’endosser la responsabilité, moyennant finances, d’un homicide involontaire. Son chef incarcéré, la famille va lentement se déliter…
Comme à son habitude, Ceylan choisit le sublime, tant dans le cadrage que dans la photo, et le sensuel (à ce titre, la bande-son est une splendeur) pour évoquer des personnages reclus dans le déni et le silence. La beauté sidérante de l’ensemble, loin d’être vaine, sert le propos, et, lentement s’installe l’émotion, le cinéaste laissant opportunément la vie s’immiscer au départ d’un plan. Œuvre exigeante et inspirée, Les Trois singes est le choc esthétique de ce début de festival.
Vinz
http://festivaldecannes.allocine.fr/festivaldecannes-167998-les_trois_singes.htm
J'ai lu le blog de Serge Kaganski.Il dit que Ceylan est plus un metteur en scène qu'un véritable cinéaste.Perso si le type filme juste pour filmer ça peut m'embêter(pour rester poli),mais bon Kaganski je fais pas toujours confiance.
Ceci dit j'ai très envie de découvrir Les Climats.
Un chef d'oeuvre...
Voici ma critique :
http://www.dvdrama.com/news-26664-cine-les-trois-singes.php
J'ai plutôt aimé ce film très noir. Les personnages, le scénario (un homme accepte de purger la peine de prison de son patron en échange d'une grosse somme d'argent mais délaisse ainsi sa famille) et surtout la photographie, magnifique.
Juste un peu déçu par la fin, j'aurais trouvé très beau que l'homme accepte d'aller deux fois en prison pour quelque chose qu'il n'a pas fait.
Depuis le temps que je voulais voir un Nuri Bilge Ceylan c'est enfin fait, et c'était plutôt pas mal
C'est celui qui a fait les Climats c'est ça. J'ai détesté ce film, creux, vide, très prétentieux sur la forme.
Les trois singes, il me semble avoir arrêté au bout de 20 minutes, par pitié plus que par dégout, envers ce cinéma.
(c'est mon avis, pas taper)
Mate Les Climats Disque, ce film est merveilleux
C'est la version réussie et non-chiante du Mépris de Godard
"C'est la version réussie et non-chiante du Mépris de Godard "
Perle
Ça a l'air de se ressembler beaucoup dans la forme.
C'est pas parcequ'il y a une recherche au niveau formel que c'est prétentieux. Sinon Wonk Kar-wai, c'est quoi ?
Attention, là tu compares quand même le grand Wonk Kar-Wai et Ceyla. Wonk Kar-Wai c'est un modèle de maitrise formelle, de l'instant. C'est l'image qui remplace la parole, pour le coup c'est du vrai grand et beau cinéma contemplatif.
Alors que Ceyla, je comprend pas quoi. C'est très lourd, très prétentieux de part le volonté de soigné la forme sans aucune recherche cinématographique derrière.
Je suis d'accord avec toi pour dire que WKW est bien meilleur que Ceylan. Mais je trouve que tous les deux ils essaient de mettre en place une certaines esthétique et que de ce point de vu c'est difficile de dire que Ceylan le fait par prétentieux mais pas WKW.
Je sais pas, tu as peut être raison. Mais moi quand je regarde In the mood for love (son film le plus accompli parmi les quatre que j'ai vu - les cendres du temps, 2046 et my blueberry night), je vois un réalisateur qui sait exactement ce qu'il fait, qui sait où il va, pourquoi il fait cela. Toute sa mise en scène est un cadeau au cinéma.
Alors que Ceylan j'ai vraiment l'impression qu'il se force à soigner ses cadres, sans aucune réflexion - et c'est là que je le trouve prétentieux. Ce qui rend le film très très pesant, au contraire d'un Wong Kar Wai où le tout rend quelque chose de parfaitement fluide.
Alors disons qu'ils ont la même démarche, mais le résultat opposé
Je n'aurais pas dit mieux
" Ceylan cinéaste pesant, sans aucune réflexion ".
Non.
Grand film donc. Une simplicité de l'histoire, mais derrière, une mise en scène qui scrute la complexité de ses personnages, qui ne fait que stimuler l'intellect du spectateur de par ses propositions. Ceylan pourrait très bien passer pour un poseur à cause de ses cadres absolument sublimes, qui pourraient être l'aveu d'un manque de profondeur plus théorique. Mais ne retenir que la beauté plastique du film et la faire passer pour de la pure vacuité serait occulter son intelligence et celle de son metteur en scène. Rien d'alambiqué ou de faussement complexe ici, mais une simplicité dans l'écriture et le montage. On pense par exemple à ces scènes du début qui opposent le fils et le père, montrant la liberté du premier pour mieux déjà condamner le second. A partir d'un mensonge, tout éclate, et les personnages s'enferment progressivement et inexorablement dans une mécanique infernale dont il sera difficile de s'extirper. Par manque de communication ? Sûrement, d'ailleurs on parle très peu chez Ceylan, et quand on parle, c'est souvent pour se gueuler dessus. Mais le film porte en lui un élément inédit chez le cinéaste turc : l'onirisme, qui va lui aussi permettre d'expliquer les dysfonctionnements du cercle familial, grâce à ces scènes un peu à part, hors du récit, preuves d'un traumatisme lointain dont le deuil est impossible à faire. C'est une oeuvre extrêmement pessimiste, qu'il s'agisse de reprendre espoir après la chute, ou quand elle analyse les rapports humains. Elle est lucide aussi, dans la mesure où elle dépeint un monde régi par l'argent, souverain absolu face à la morale, un monde qui perd totalement pied à cause de la réaction humaine typique, pavlovienne - c'est dire combien le monde va mal - qui consiste à se déresponsabiliser de tout. Ici personne n'est adulte puisque tout le monde semble fuir en permanence et ne jamais assumer ses actes.
La mise en scène de Ceylan est plus que jamais bergmano-antonionienne, par la durée des plans, par l'importance que le réalisateur accorde aux visages qu'il filme durablement, par l'esthétique sublime qui transcende corps et décors ( voir cette fin, hallucinante et hypnotique ). L'intelligence des procédés réside donc dans leur simplicité, dans la manière de faire dialoguer physiquement les personnages ( le retour du père, filmé au loin, s'approchant, rejoignant le fils ). Le Prix de la mise en scène à Cannes est loin d'être volé. On atteint même avec ce film à l'essence de la mise en scène puisque beaucoup de choses passent par elle plutôt que par le dialogue. Rien de plus stimulant et de plaisant pour le spectateur que de saisir les états d'âme et les sentiments complexes des personnages grâce, essentiellement, à l'image. Nuri Bilge Ceylan nous hypnotise de manière originale, nous fascinant totalement, laissant le spectateur en transe devant le spectacle qui s'offre à lui, mais en même temps il n'est jamais totalement dominé et incapable d'agir intellectuellement. Non, le spectateur de Ceylan pense en même temps qu'il jouit, expérience rare convoquant à la fois le mental et le physique, dans la droite lignée d'un Antonioni dont le cinéaste turc est assurément un digne et génial héritier.
Comme pour les précédents films de Ceylan, difficile pour moi d'en dire plus - et mieux. Excellent prétexte pour revoir ses trois derniers films et chef d'oeuvres.
5/5
J'avais trouvé ça pas mal du tout. D'ailleurs ce film n'a rien à voir avec le cinéma de WKW. C'est très sobre, très psychologique. Pas du tout esthétisant et maniériste comme un In the mood...
Alors après effectivement la mise en scène est pesante mais c'est là tout son intérêt. C'est un film étouffant, un peu comme le Bergman de Saraband.
ça manque un peu de grâce et de poésie peut être. Le langage est un brin rigide.
J'avais trouvé ça chiant et vide
Boarf. Bon film mais le moins bon des Ceylan (ca relativise Il Etait une Fois en Anatolie).
Y'a pas ce petit quelque chose de formel et de naturel dedans, le scénar va un peu partout et raconte pas grand chose. Et en plus le cadrage est bizzare ! Ceylan c'est quoi ça ! T'as plus les Reflex ou bien !
Le plus court, qui plus est...mais c'est l'un des premiers, qui sont tous "courts" je viens de voir.
+1 aux acteurs, mais c'est tout.
"Au moins il reste la Véhèffe. Avec Homer Simpson, Scotty !"
Road to Les Climats.
Les Trois Malabars.