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Cinéma

Sujet : Théorème - Pasolini
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Niveau 27
15 mars 2010 à 22:45:38

Théorème de Pasolini

Date de sortie cinéma 25 janvier 1969
Date de reprise cinéma : 27 janvier 2010
Film déjà disponible en DVD depuis le : 24 octobre 2006

Réalisé par Pier Paolo Pasolini
Avec Terence Stamp, Silvana Mangano, Massimo Girotti

Titre original : Teorema
Interdit aux moins de 16 ans
Long-métrage italien. Genre Drame
Durée 1h40 min Année de production : 1968

Synopsis : Un jeune homme d'une étrange beauté s'introduit dans une famille bourgeoise. Le père, la mère, le fils et la fille succombent à son charme. Son départ impromptu ébranle tous les membres de la famille...

:pacg: Mon avis :pacd:

J'ai donc revu ce film au cinéma après l'avoir adoré chez moi, et c'est dans ce cinéma que le film prend toute son ampleur, là où chez moi il était juste dérangeant là au cinéma, avec cette lenteur, cette obligation de silence (on ne peut pas parler pour se rassurer, grignoter), on sait maintenant quel est le film qu'Alexandre DeLarge a dû regarder pour la méthode Ludovico.

Chez soit Théorème c'est juste s'enfoncer une aiguille dans le bras, au cinéma, c'est comme si Pasolini venait avec une rappe à fromage et frottait sur le visage pendant 1h40, enfin 1h40 sans parler du traumatisme post visionnage.
Pasolini n'épargne rien à son spectateur il rappe, rappe, jusqu'à qu'il ne reste plus rien de notre carcasse.

Là où chez moi j'avais pas forcément essayé de comprendre, ici des solutions se sont imposées à moi comme évidentes, des solutions politiques sur le capitalisme et sa destruction (hé oui Pasolini est un bon communiste il faut s'en souvenir).

Mais je ne pense pas que ça ça qui soit important, ça l'est, mais il y a tellement de choses plus remarquables dans ce film.
La première est l'absence de beauté, le film n'est pas beau, envoûtant, mais pas beau, l'image a vieilli, ça semble plus vrai que nature, et toujours comme dans l'évangile, le décaméron, médée etc (dans toute son oeuvre) les acteurs sont excellents, mais ils en font trop, ça n'est pas comme ça qu'on agit dans la réalité, ils sont sur/sous-expressifs d'où un malaise supplémentaire.

Intriguant de bout en bout, une musique parfaitement bien utilisée : Mozart et Morricone le meilleur de la musique combiné au meilleur compositeur pour le cinéma.
Les longs silences, l'incompréhension, l'étrange… Thérorème c'est un peu tout ça à la fois.

Si le film montre moins que le Décaméron, Salo etc il n'en a pas moins été décrié, Pasolini a eut un procès pour ce film et le juge a, dans sa grande intelligence, salué le film.

Théorème est un film littéralement éprouvant en ressortir indemne c'est passé à côté d'une des plus grandes expériences de sa vie que de se faire rapper le visage par Pasolini. Le film laisse des stigmates, des cicatrices qui ne guériront jamais vraiment.

Le film parle d'art, d'amour, de riches, de pauvres, de foi, de beauté, de politique… C'est une oeuvre totalement complète, qui ne délivre pas ses secrets à n'importe qui. C'est pas un film qui se regarde, ça se vie, on est à la place du Christ sur la croix pendant qu'il se fait clouer les mains… Une véritable horreur. Le côté très vrai du film dans la manière de filmer, abandonnant presque la recherche de l'esthétisme, on est pas dans l'évangile avec les plans magnifiques sur le désert, les plans fixes frontaux… On est ici dans un cinéma plus en mouvement, qui peut paraître plus brouillon (en même temps face à l'évangile s'est pas dur) et ce même côté "brouillon" vient et revient en rappant sur le visage… Ce film n'est pas un abandon à la maîtrise, c'est un abandon à la vérité, comme si la mise en scène n'existait que pour nous faire souffrir, nous retourner le couteau dans la plaie pendant plus d'une heure trente… Nous laissant perplexe sur notre pauvre siège…

Et tout dans le film est là pour redonner cette impression de malaise, du jeu des acteurs, à la mise en scène, aux rares dialogues, à la musique, à l'action… Aux flash désertiques incompréhensible à la première vision…

Pasolini est un très grand monsieur, un monsieur de cinéma qui rend le cinéma totalement expérimental pour le spectateur, on ne regarde pas un film, on est sur une croix entrain de se faire crucifier…

Conseiller ce film ça serait presque souhaiter la souffrance ad vitam eternam de la personne à qui on le conseille. Mais vivre sans cette souffrance procurée par ce film c'est comme n'avoir jamais connu l'amour et la douleur de la fin de cet amour… Il y a un côté tellement enrichissant dans ce film.

Ce film possède des moments magnifiques, je pense aux étreintes au moment du départ du visiteur avec la jeune fille, ou bien avec la bonne… Le tout dans un quasi silence, on sent un réel amour, un réel intérêt… Ce qui connaissant le film et la fin rend le tout encore plus horrible

La richesse de ce film semble ne pouvoir se tarir.

:spoiler:

Je donne tout de même mon interprétation, peut-être fausse, pour les rares qui ont déjà tenté l'expérience.

C'est un film politique, le visiteur est une sorte de dieu vengeur, un dieu qui pour le bien de l'humanité va détruire psychologiquement cette famille bourgeoise pour leur faire comprendre que malgré tout leur argent, ils n'ont rien, ils n'ont jamais aimé, ils n'ont jamais pu aimer, ils sont seuls…
On ne connaît pas l'amour lorsqu'on est marié, pas lorsqu'un garçon tourne autour d'une jeune fille…
La seule personne qui sera "sauvée" est la gouvernante de la maison, elle deviendra la source des pauvres, la source qui étanchera la soif des pauvres… pendant que le riche patron se trouvera obligé de donner son usine aux pauvres, à ses ouvriers, ce dieu/visiteur est le dieu du communisme, il est là pour même s'il fait du mal, il le fait pour le bien des autres, il ne prend pas plaisir à le faire… Il est même triste de le faire, mais ainsi cette "famille" vaincu, le monde pourra devenir meilleur maintenant que les bourgeois auront compris que l'argent qui leur était si cher ne les aide pas dans la vie, un vide sera créé en eux…
D'ailleurs leur vie n'avait pas de sens avant que ce visiteur ne soit là, en témoigne le début du film en noir et blanc et muet…

:spoiler:

DarkToonLink
Niveau 10
15 mars 2010 à 22:55:35

Note sur 10 ? :hap:

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Niveau 27
15 mars 2010 à 23:24:02

Tout ce pavé pour ça :hap:
Réduire un film a une expression mathématiques :snif:

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Niveau 27
15 mars 2010 à 23:32:14

Mais vu que ça t'intéresse je dirai 10/10 et je place ce film en second dans mon top.

Andalouse
Niveau 10
15 mars 2010 à 23:36:59

Je le vois demain. :hap:

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Niveau 27
15 mars 2010 à 23:38:13

Si tu aimes pas je vais au Maroc et j'emporte la rappe à fromage et je te rappe :hap:

Sinon des avis sur mon pavé :hap:

Il n'y a pas de spoiler.

lanc
Niveau 10
15 mars 2010 à 23:38:53

Je lis jamais les critiques quand j'ai pas vu le film, désolé :-(

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Niveau 27
15 mars 2010 à 23:41:34

Bon tant pis :hap:

Andalouse
Niveau 10
15 mars 2010 à 23:48:39

T'inquiète pas, je vais lire tout ça demain et je vais essayer de faire une bonne critique. :hap:

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Niveau 27
15 mars 2010 à 23:49:51

Je tiens à rajouter que Pasolini avec Salo, Théorème, Oedipe Roi, Médée est vraiment un cinéaste de l'épreuve…

blazcowicz
Niveau 10
16 mars 2010 à 00:08:53

Je trouve que t'en rajoute un peu sur la violence quasi physique infligée au spectateur, mais tout de même ayant vu le film au cinéma j'ai pris une bonne claque :snif:

J'avais été totalement incapable d'en écrire une critique, c'était du pur ressenti et je n'aurais pas su quoi dire...

A voir absolument en tout cas :bave:

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Niveau 27
16 mars 2010 à 00:18:11

Ben au cinéma c'était vraiment ça, de la violence…
Chez moi j'avais trouvé ça infiniment plus soft.

blazcowicz
Niveau 10
16 mars 2010 à 00:19:16

Comme je te dis je l'ai découvert au cinéma (merci l'Utopia :snif: ), et c'est vrai qu'en sortant j'étais assez troublé...

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Niveau 27
16 mars 2010 à 00:39:43

Chacun doit sentir ça différemment.

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Niveau 27
16 mars 2010 à 01:00:09

Et je rajouterai que c'est ça qui fait la force des très très grands films, personne ne peut vivre la même expérience que d'autres.

blazcowicz
Niveau 10
16 mars 2010 à 01:03:57

En tout cas ce qui m'avait étonné c'est qu'à peine quelques jours après j'avais envie de le revoir ^^

The_Go-Between
Niveau 10
16 mars 2010 à 01:06:22

Comme pour Valhallalaala rising ? :hap:

The_Go-Between
Niveau 10
16 mars 2010 à 01:06:53

ça veut dire que tu t'es aussi endormi pendant avoue.

blazcowicz
Niveau 10
16 mars 2010 à 01:08:59

Ah ok le lien à deux balles :hap:

J'ai pas dormi pendant le Refn, j'ai fermé les yeux un peu plus longtemps que prévu par moments c'est tout.

The_Go-Between
Niveau 10
16 mars 2010 à 01:13:27

Tu clignais longuement c'est ça ? :hap:

Sujet : Théorème - Pasolini
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