Titre : Samouraï
Titre original : Samurai
Réalisateur : Kihachi Okamoto
Pays d'origine : Japon
Année de sortie : 1965
Genre : Chanbara
Durée : 122 minutes
Synopsis : 1860. Le bakufu Tokugawa qui dirige le Japon depuis le début du XVIIe, est affaibli par la pression étrangère (qui tente de forcer l'ouverture du pays), le jeune âge du nouveau shogun et la multiplication de factions se dressant les unes contre les autres. L'une d'elles souhaite se venger d'Ii Naosuke, l'homme fort en place à Edo, qui a accepté de négocier avec les “ barbares ” dans l'espoir de sauver le système féodal.
Mon avis Si le début du film ne m'a pas immédiatement scotché, à cause notamment d'une narration un peu pesante au début, Samouraï est un film qui se bonifie à mesure que l'intrigue avance et se précise.
Il y a ce formidable personnage, incarné avec brio par Mifune, maître au maniement du sabre, mais alcoolique et à l'avenir incertain, qui pourtant a un idéal, celui de devenir Samouraï. J'adore comme on découvre le personnage au fur et à mesure dans la première partie du récit, et comment cet idéal en apparence très simple se complexifie. Et il y a ce groupe d'assassins dont on imagine au début que les intentions sont nobles, mais à mesure que le film progresse, leurs méthodes laissent de plus en plus dubitatif tandis que le bienfondé de leur cause n'est plus aussi clair qu'auparavant. J'adore leur chef avec sa gueule bien déformée, il a un putain de charisme
On a donc une trame vraiment intelligente, avec une progression, et on sombre lentement vers le tragique avec un final relevant presque de la tragédie grecque. Sans oublier des flashbacks judicieusement insérés. J'aime tout ce rapport à l'histoire écrite, comment elle diffère de ce qui arrive vraiment, justement c'est là que le jeu avec la narration devient intéressant. Et il y a cette longue bataille finale, viscérale, je pense qu'il y a un commentaire bien négatif à en tirer sur la guerre, on est loin de l'héroïsation.
Je parlerais volontiers de la mise en scène d'une manière plus générale, très léchée, avec de vraies bonnes idées. formelle, elle illustre à merveille le récit. Mais je dois également mentionner le montage, très brutal avec pas mal de cuts très brefs, pas toujours là où on les attend. Ça contribue vraiment à la violence du propos, à ce sentiment que quelque chose ne va pas. Et la musique a une utilisation précise et parcimonieuse, ça fait du bien.
Une bien belle découverte en tout cas, un film bien plus intéressant qu'il n'y parait au premier abord, très maîtrisé, avec de grands acteurs et de magnifiques scènes.
C'est vrai qu'il est bon celui-là !
Et le film qu'il a fait après est encore meilleur !
Ce qui a de bien dans celui-là, en plus de l'utilisation du temps (météo) comme la neige, c'est le fait que, bien que le film se place dans un contexte historique, et important, il retrace la vie dun personnage inventé. Un peu comme si on voulait montrer que l'histoire ce n'est pas seulement ce que l'on en sait, ce que l'on a appris.
Dans Samourai, Okamoto écrit entre les lignes de l'histoire japonaise, façon chef d'oeuvre épique du Bushido. Comme dans Le Sabre du Mal, et avec plus de virtuosité dans le mélange des tonalités, de la romance sobre au mélodrame, on ressent tout le cynisme du cinéaste, la désolation qu'il se fait de l'humanité, enfermé dans la violence de ses structures et de ses valeurs sociales, ici celle du samouraï, les fissures de la voie du sabre.
Okamoto nous la fait encore plus pessimiste que Harakiri ou Rébellion, deux autres grands chambara. Car là où la révolte contre les dogmes offrait au moins de mourir dignement chez Kobayashi, Kihachi Okamoto fait au contraire peser sur ses personnages un fardeau déterministe inébranlable, et le fatalisme d'une tragédie grecque, avec l'icône sublime du genre, le génial Toshiro Mifûne.
Un des films qui fait que Okamoto se place parmi les maîtres du chambara.
Comme l'a très bien expliqué Masterchief40k, le film peine à démarrer mais ce bonifie au fil du temps.
Le final m'a laissé bouche bée, quelle tragédie...
Okamoto m'avait déjà prouvé avec l'excellentissime Sabre du mal qu'il avait un talent fou raconter des histoires tragiques d'hommes talentueux brisés par le destin sur fond d'ultraviolence déchaînée, et ce Samorai n'y déroge pas. Ici il est bien plus dans la tragédie classique cependant, ce qui je trouve rend le film moins mémorable, même si ça reste globalement brillamment raconté, et que Mifune est comme d'habitude plutôt génial. Mais il y a des choix auxquels j'ai du mal à accrocher, genre le fait de constamment tout expliciter par le biais des rapports du jeune informateur, ce qui a sans doute pour but d'encrer cet espèce de mythe dans son époque, fort propice à ce genre d'histoires (la fin des samourais), mais je trouve que ça retire beaucoup de la poésie de certains moments, où j'aurais aimé juste pouvoir digérer ce que je venais de voir en silence. Il y a des moments où ça marche très bien cependant, notamment quand c'est utilisé comme prétexte pour raconter l'histoire du protagoniste. Enfin ça reste personnel comme appréciation, on est évidemment devant un très bon film là.
Le 16 avril 2014 à 22:40:08 :
C'est vrai qu'il est bon celui-là !
Ha bon, tu peux nous en dire plus ?