Reportage !
Nos reporters ont enqueté pendant 5 ans pour monter ce reportage : une plongée déroutante dans l'univers d'Abaschvili , l'ile-prison de la F-U-A !
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La voie d'une journaliste : Tout commence ici au quai N°4 du port Sud-Ouest d'OrciCity , où une file de 10 prisonniers , reconnaissable à leurs uniformes rouge et blanc , attendent le brigantin qui va les emmener au pays d'où personne ne reviens ! Ils sont tous des prisonniers de droit commun condamnés à la prison à perpétuité mais nous ne dirons pas pourquoi . Où vont-ils ? A cet instant , ils ne le savent pas encore . Pourquoi y vont-ils ? Parceque le juge de la Cour Suprême , Azdak en a décidé ainsi .Comment y seront-ils ? C'est justement là que les choses se gâtent ...
Mais voilà que le brigantin s'amarre au quai , et les prisonniers entrent dans l'antichambre du néant : Trois jours et deux nuits de voyage les attendent , yeux bandés et oreilles bouchées , sans nourriture et à peine un bol d'eau pour tout le monde ! L'un d'entre eux ne le supportera pas : le malheureux meure durant la deuxième nuit de voyage ... D'un autre coté , c'est peut-être lui le plus chanceux des dix ... Au bout du voyage , ils sont débarqués comme du bétail ; avoir les yeux débandés ne les aident guère à reprendre leurs marques : ils sont entré dans un univers dément , où toutes les conventions sociales qu'ils connaissaient ont définitivement disparu . Un univers dément dans lequel il faudra s'intégrer pour ne pas perdre la raison et la vie . Un univers dans lequel s'intégrer pour garder sa raison et sa vie , signifie renoncer à cette même raison !
Ici , vous n’êtes plus vous-mêmes : il vous est attribué un numéro à 12 chiffres qui sera votre nouvelle identité ; un nombre démentiel qu'il vous faudra pourtant bien apprendre par cœur car ne pas le donner lorsqu'un supérieur vous adresse la parole ou ne pas répondre à l'appel parce-que vous n'avez pas compris que l'on s'adressait à vous coutera 40 coups de fouet ...
Ici , il y a plus d'un millier d'esclaves dont 70 % d'hommes pour servir 80 surveillants et militaires !
A peine arrivé vous êtes livrés à vous-mêmes : tout est fait pour vous déboussoler et vous faire craquer ! Il vous faudra comprendre seul qu'il faut aller au baraquement le plus proche pour se voir réattribuer un nouveau baraquement où on vous donnera votre nouvelle fonction ...
A ce jeu là , les femmes tirent leur épingle du jeu : les travaux en extérieur et/ou de nuit vous serons épargnés ! Les plus chanceuses finiront comme prostituées de luxe dans les Salon de Courtisanes pour les surveillants haut-gradés tandis que les autres échoueront dans les Maisons d'Abattage pour faire le tapin à échelle industrielle ...
Les hommes en revanche , ont le mauvais rôle : la plupart finiront dans les champs de cérales ou de canne à sucre pour produire de la bière ou du rhum qui sera revendu à des prix défiant toute concurrence ! Normal puisque la main-d'oeuvre ne coute à proprement parler rien ...
Et le travail est particulièrement pénible : levé à 5 H 30 tapante des baraquements , il faut d'abord passer par l'interminable supplice de l'appel ! Les surveillants recomptent tout depuis le début à la moindre erreur ; lorsque quelqu'un manque à l'appel , tout est recompté derechef !
L'appel dure parfois plus de 5 heures , durant lesquelles il faut se tenir droit comme un i , sans broncher car sinon c'est 30 COUPS DE FOUET !
Lorsque l'appel est terminé - en général vers 7 H du matin vous etes trainés ( car vous n'avez souvent plus la force de marcher après la torture de l'appel ) jusqu'à une cabane de distribution de nourriture où il vous est donné un bol de soupe au mais , du lard et un bout de fromage !
Et il vous faudra le savourer ce maigre repas , car une longue et dure journée de travail attend les malheureux ... Au fond c'est comme un jeu : le but étant de travailler sans interruption , sans repas à Midi , jusqu'à 21 H sans craquer ne serait-ce qu'une seule fois , sous un soleil de plombs avec nulle part pour s'abriter quand il fait 48°C à l'ombre et beaucoup plus au soleil !
Quand arrive le soir l'appel est recommencé , et ça peut s'éterniser jusqu'à plus de Minuit ! Une fois l'appel terminé vous êtes envoyés à la cabane de distribution pour un bol de soupe au mais et c'est tout ! Une courte nuit , et à 5 H30 le matin suivant c'est reparti !
Bien sur , comme cela pourrait vite lasser les prisonniers , tout ici est destiné à vous rappeler que la fuite est inutile ! Par exemple , la première évasion a échoué , celui qui a tenté le coup fut rattrapé et écopa de 100 coups de fouet ainsi que tout ceux de son baraquement ! Puis à la deuxième ce fut 200 coups de fouet ainsi que son baraquement et celui d'en face et ainsi de suite ! Du coup les prisonniers se contrôlent eux-mêmes car si un seul d'entre eux tente le coup , c'est tout le monde qui en pâtira ! Résultat , il n'y a plus eu de tentative d'évasion depuis plus de trente ans ! C'est pourquoi il n'y avait aucune information fiable sur cette île jusqu'à notre passage !
Et puis il y a l'ordre rappelé en permanence aux esclaves ! Partout il y a des canons , placés au sommet de la colline centrale de l’île , tout les champs en contre-bas sont sous surveillance : il n'y a aucun angle mort !
Des canon sont même placés sur les plages ; non pas vers l'extérieur mais vers l'intérieur des terres !
Le dispositif est renforcé par deux forteresses et 8 tours de garde , gardés jour et nuit ! A aucun endroit , à aucun moment vous n’êtes à l'abri : même dans les cabines d'urinoirs il y a des caméras ! Car il y en a plus de 200 000 disséminées sur le territoire ...
Et avec l'ordre vient la peur ! Un décor d'épouvante vous entoure où que vous soyez ! Partout il y a des cadavres pendus à des potences ! Partout des tas de véritables ossements humains ! Les surveillants peuvent tuer n'importe qui , n'importe quand pour toute raison qui leur plait et souvent même sans raison valable ! Le simple fait de sortir hors du baraquement vous menace de mort !
La seule et unique chance pour l'esclave de sortir d'ici et de payer une rançon qui dépend du travail que vous avez fourni et de votre degré de soumission : plus ces deux critères vous sont favorables et moins la rançon sera élevée ! La rançon la plus basse jamais atteinte est de 100 crédits et la plus élevée de 3 500 crédits , ce qui vous donne une image de ce à quoi les gens sont prêts pour sortir de l’île-prison ! Bien sur , il faut avoir un minimum de 5 ans de présence sur place et des amis haut-placés ! Mais bien peu de gens demandent le droit de partir tout simplement parceque ces 5 ans , il faut les prouver et au bout de cinq ans presque tout le monde a perdu le sens du temps ! Quand on vous disait au début qu'ici il fallait se battre contre les affres de la démence qui tôt ou tard , finissent par vous ronger !
Ici , à cause des journées de travail et des maigres rations , la faim est omniprésente et institutionnalisée ! Et vous ne devez pas être pris à voler de la nourriture car il vous en coûterai 50 coups de fouet ! La faim vous cerne et vous grignote , jour après jour ... Il ne se passe pas une semaine sans qu'il n'y ait des morts de faim pendant la nuit , qui seront remarqué à l'appel du matin suivant ... Heureusement pour compenser 10 nouveaux prisonniers arrivent chaque Mercredi soir pour reconstituer le stock d'esclaves !
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Notre enquêtrice a pris des risques considérables en se faisant embaucher comme gardienne et a failli à plusieurs reprises être démasquée ! Son courage et ce reportage hors du commun lui ont brisé sa carrière car elle ne pourra plus jamais pratiquer le journalisme ni même mettre le nez dehors de sa maison : sa tête est mise à prix par la F-U-A ! Elle vit désormais sous une nouvelle identité et est protégé 24H/24 par la Milice Fédérale ...
Bonne fin de nuit ,en espérant que ce reportage permettra de faire réfléchir les gens sur les dictatures et en particulier la F-U-A qui devra répondre de ses atrocités de l’île-prison d'Abaschvili !
