Episode 23
Finefleur tournait en rond dans le vaste salon ultra moderne avec baie vitrée panoramique et terrasse donnant sur les immenses jardins paradisiaques, les lagons bleus et les aires de jeux du Palace Eden sur Love, l’une des quarante lunes artificielles gravitant autour de Saturne.
— Je suis total vénère là ! Dire que Blue est ici, avec cette petite pétasse, et il est pas encore venu me voir.
— Ben écoute, tenta de rassurer Fuchsia, il doit être très occupé pour la préparation de la course.
— Tu parles ! Arrête de me chanter la messe ! J’imagine quelle occupation il peut avoir ! Dire qu’avec moi il trouvait toujours un prétexte pour se défiler au moment de la galipette ! Et avec elle ça doit y aller non-stop dans toutes les positions ! Grrrrrrrr !
— Meuh non, Fifi, tu te fais un film là !
— Oui, et en panoramique technicolor, cette petite pisseuse de Barbierella à quatre pattes, miaulant comme une hystérique, Blue s’en donnant à cœur joie. Grrrrrrrrrrrrr !
— Mais arrête, Fifi, m’enfin, tu délires là ! Concentre-toi plutôt sur la course !
— T’inquiète, je suis en plein dedans, je risque pas de louper le parcours, je l’ai mémorisé comme cette sale petite merdeuse de Barbierella miss faucheuse de Terriens ! Mais elle perd rien pour attendre, je vais lui faire sa fête !
Fuchsia secoua la tête, souffla, mata l’écran télé géant 1666/999e et s’exclama soudain :
— Ça y est, y a les interviews qui passent ! Viens voir, ça te calmera !
Finefleur se tala sur le canapé et loucha Barnaby Metrotonic, le présentateur vedette de la channel Cosmosportax 677678, la chaîne sportive la plus regardée de toutes les galaxies.
Ourse apparut sur l’écran dans sa tenue de colonelle sidérale, Karl à ses côtés en scout avec le short, les cuisses lézardées par le martinet, une dizaine de hitis gesticulant autour d’eux pour attirer l’objectif de la caméra.
— Oui, caqueta Ourse, moi et mon équipe nous remporterons le course pour la gloire de l’empire Terrien.
— Wouah ! s’exclama Fuchsia, mais c’est le révérend Karl ! T’as vu le look ? Qu’est-ce qu’il fout là ?
Finefleur haussa les épaules, pas trop intéressée.
— Mais t’inquiète, la rassura Fuchsia, Blue a dû voir ton clip, tu étais merveilleuse, une vraie nymphe de l’espace. Il n’a pu que craquer.
Puis Persée et Jo occupèrent l’écran, cintrés dans des Bombers de la Space Navy, Robbie derrière eux, sa bouille en métal légèrement amochée, relatif à une chute à la sortie d’un bar, après un excès d’huile au schnaps.
— Affirmatif, crachota Persée, les zieufs à moitié dans le gaz, on va pulvériser tous les records.
— Je veux, appuya Jo, pas plus clair dans les prunelles, on va recorder toutes les pulvérisations. Hips !
Puis ce fut le tour de Chris et Mamie, resplendissantes dans leurs combinaisons spatiales Honj Lianloga (anagramme), les nichons surboostés à la Lara Croft dans Tomb Raider 3.
— Ça va chauffer, crapouilla Chris, visiblement un tantinet gazeuse dans les mirettes, le temps que les autres décollent on aura franchi le mur de la lumière.
Mamie fixa la caméra et sanglota presque :
— Poupi, mon petit Poupi chéri, reviens chez maman ! Y’a ton petit panier avec ta peluche de Lassie qui t’attend !
Reeko rayonnait dans son costume Bioman, les antennes de son casque clignotant disco.
— Je suis le dieu des jeux vidéo et je le prouverai une nouvelle fois en gagnant cette course. C’est juste un remake en 3D de « Flight Simulator 5 ». Et un petit message à mon admiratrice qui se reconnaîtra : Laisse tomber, baby, je suis bien trop fort pour toi ! Retourne laver tes petites culottes !
Poupi paradait devant la caméra, entre Dolly et Glady :
— Je compte bien gagner cette course pour lui prouver que je ne suis pas un clebs à sa mémère, juste bon à lui servir de coussin poilu pour chauffer ses orteils rabougris, mais un conquérant canin du futur ! Elle se reconnaîtra !
Dolly et Glady lui balancèrent des coups de langues sirupeux sur le museau et derrière les oreilles.
Finefleur s’impatienta :
— Ben alors, on passe quand ?
— T’énerve pas, souffla Fuchsia, on est pas les seules dans cette course.
Finefleur alluma une cigarette extra longue 20 cm au tabac mentholé de Saturne.
Quand elles apparurent enfin sur l’écran.
— C’est nous ! cria Fuchsia. Purée, on est trop belles là ! Fifi, t’es sublime ! Blue va devenir total dingue !
— Mouais, qu’elle maugréa en tirant une taffe.
Finefleur termina son speech devant le micro avec :
— Je suis toujours là pour toi, tu te reconnaîtras, le futur est grand, nous plongerons dedans main dans la main !
Fuchsia sauta de joie sur le canapé.
— Impec, Fifi ! Là je pense que Blue captera le message ! T’étais trop mimi super craquante avec ton décolleté et ta combi moulante ! T’as vu le Barnaby, il n’arrêtait pas de lorgner tes nichons !
— Mouais.
Finefleur tira soudain une longue taffe qui crama d’un coup les 10 cm de cigarette restant, quand Blue et Barbierella flashèrent sur l’écran.
— C’est Bluuue ! s’écria Fuchsia ! Purée, la tenue de la petite pouffe, je le crois pas !
Barbierella s’exhibait dans un shorty et une brassière hyper moulants, les tétines pointant durax sous le tissu sky synthé extra fin, le shorty taille ultra basse pas loin du string.
— Je voudrais pas voir le côté fesses, envoya Fuchsia, regrettant après-coup la remarque, vu le visage pas jouasse et plutôt crispé de Finefleur. Euh, Blue est super dans son uniforme d’officier…
— Mouais, crachouillota Finefleur, les sourcils taillés à la diabolique.
Barnaby speecha :
— Vous êtes le couple vedette favori de cette course. BBrella, on ne vous présente plus. Votre beauté légendaire et votre talent touchent au divin et enchantent les galaxies.
— Il est payé ou quoi ? s’indigna Fuchsia.
— Et vous Blue, continua Barnaby, vous avez étonné les plus grands pilotes de l’espace par vos prestations.
— C’est parce que j’ai le meilleur professeur qui soit, répondit Blue en regardant Barbierella, qui étira ses lèvres avec un sourire sensuel.
— Grrrrrrrr ! grogna Finefleur. Elle manque pas d’air !
Barbierella se colla contre Blue, passa ses bras autour de sa taille, posa sa tête sur sa poitrine et chanta :
— Je n’ai aucun mérite, Blue est un élève très appliqué. Il fait tout ce que je lui demande à la perfection.
— GRRRRRRRR ! GROGNA Finefleur. Je vais la tuer !
— Calme-toi, Fifi !
— T’as vu comme elle se colle à lui, tempêta Finefleur, et Blue semble apprécier.
— Mais écoute, Fifi, c’est pour la caméra.
— Ben je lui en foutrai, moi, des caméras.
Barbierella fixa soudain l’objectif et envoya d’une voix sèche :
— Je voudrais adresser un message à la blondasse qui harcèle Blue ! Elle se reconnaîtra ! Inutile de tourner des vidéos pornos pour essayer de le séduire ! Ça marche pas ! Blue ne donne pas dans le vulgaire ! En plus on a bien rigolé en la matant !
Finefleur bondit du canapé, les ongles sortis comme des griffes de louve-garou, les canines pointées en crocs de vampiresse, une bave acide d’alienette giclant sur l’écran.
— Je vais me la faire, cette petite pisseuse nympho ! Je vais l’étriper et lui faire bouffer son clito ! Et Blue va m’entendre !
Fuchsia préféra ne pas répondre, estimant qu’une remarque rassurante n’aurait contribué qu’à envenimer davantage la situation.
Debout dans le salon d’une suite de l’Eden Palace, face à l’écran télé, Mamie fulmina :
— Non mais tu as entendu ce petit merdeux de clébard ? Je m’abaisse presque à le supplier, et lui il m’aboie en pleine poire ! Attends que je mette la main sur lui, il va regretter de m’avoir manqué de politesse.
Ecrasée sur le canapé, un goulot de bouteille de Marssof entre les doigts (un alcool à 99° de mirabelles martiennes), Chris articula :
— Mais laisse tomber avec ton Poupi ! Trouve-toi un Jules de l’espace, y en a des tonnes ! T’as vu le nombre d’agence matrimoniales ? Et les Terriennes sont particulièrement recherchées, surtout boostées comme nous ! (Un œil loucha sur ses lolos maxi pulpeux.) Je dirais pas non avec un humanos d’Arctarus, z’ont deux knacks, t’imagines un peu la dolbite stéréo ?
— D’abord Poupi, crachota mauvais Mamie, après les galipettes !
Mélusine bouillonnait devant l’écran, dans son vaisseau en orbite géostationnaire autour de Love.
— Espèce de sale petit morveux ! Je t’en donnerai, moi, des petites culottes ! Tout compte fait, je vais aussi m’inscrire dans cette course, histoire de te donner une petite leçon !
Le vidéophone grésilla, et le visage de Finefleur se dessina dans le miroitement des pixels.
— Madame Mélusine ?
— Oui, c’est moi ! C’est pour quoi ?
— J’ai trouvé votre numéro dans une pub d’une bédé des « Killeuses du Cosmos ». Vous pourriez me ramener mon fiancé ? Il a été ensorcelé par la chanteuse Barbierella !
— Barbierellaaaa ! s’écria Mélusine. La petite branleuse qui se la pète ? Comptez sur moi, je vais vous le ramener !
Couché sur le dos sur le sol, les quatre pattes en l’air, Ralph miaulait sous les rafales orgasmiques, Foufounette à califourchon sur lui, twistant rythmique du derche, le pompon de sa queue agité frénétique.
En entendant la voix de Finefleur, il se redressa sur ses pattes dans un bond nerveux, Foufounette accrochée sous lui, loucha l’écran du vidéophone et aboya joyeux :
— Salut Fifi !
— Raaaalph ! s’exclama Finefleur. Grand canaillou ! Alors, qu’est-ce que tu deviens ?
— Wouarf, dit la tête de Foufounette en surgissant à l’envers entre les pattes avant de Ralph.
Je glandais dans la salle de bain quand des éclats de voix secouèrent le salon à côté. Je reconnus la voix de Finefleur. Elle avait dû voir l’interview et pas apprécié le message de Bbrella. Non, j’ai jamais rigolé en matant sa vidéo, c’est BBrella qui invente des trucs.
Finefleur : Espèce de petite pétasse nympho débile de la moule ! Tu crois que tu peux me piquer Blue comme ça ?
Barbierella : Nan mais, pour qui tu te prends, la blondasse décolorée ? Je comprends maintenant pourquoi Blue t’a larguée !
Finefleur : Il m’a pas larguée, espèce de vipère, tu l’as ensorcelé avec ta magie d’allumeuse du cosmos, mais je te ferai cracher ton venin !
Barbierella ! Nik ta race, espèce de Terrienne frigide !
J’entendis un bruit de claque, suivi par un bruit de lutte, et la voix de Fuchsia.
Fuchsia : Arrête, Fifi, elle en vaut pas la peine ! Bluue ? Bluuuuue ? Où tu es ?
Purée, là ça devenait chaud ! C’était pas le moment de traîner dans le coin. Je passai par la fenêtre, longeai la corniche au 8e étage, en bas l’eau turquoise des piscines brillait sous le soleil, euh peut-être un peu haut pour un plongeon, je préférai emprunter le balcon plus loin, traversai un salon où Persée et Jo cuvaient une beuverie dans des fauteuils, une flopée de canettes vides jonchant la moquette, au moment où Robbie déboulait en nuisette, et sprintai dans le couloir.
L’ascenseur me conduisit speed au sous-sol, et je remontai relaxe à la surface devant l’Eden Palace.
Oui, bon, mais dans certaines situations vaut mieux la jouer diplomate, discret, invisible.
Une heure plus tard, après avoir sifflé quelques drinks dans un bar voisin, estimant que l’ouragan était passé, je retournai à l’Eden Palace, et retrouvai une Barbierella furibarde, déchaînée, en train de défoncer le canapé à coups de bottes. Des coussins éventrés traînaient un peu partout. L’écran télé affichait un trou béant.
Euh, valait mieux s’éclipser en douce et revenir plus tard.
Cette année c´était carrément le feu d´artifice au-dessus des blocs de la cité, comme au 14 juillet, des fusées colorées, et un ramdam de pétards pas possible, heureusement du côté des blocs voisins, des rafales vrombissantes à gogo, à se demander s´ils en faisaient pas claquer 500 d´un coup, jusqu´à 1h du mat, le champe a dû couler à flot, le populo a dû copuler frénétique, et voilà, c´est reparti pour un autre tour dans la ronde infernale des galaxies, en vous souhaitant amour gloire et beauté, surtout à toi Fifi, avec plein de bisous, et toujours des bonnes canettes à descendre dans le gosier, spécialement pour Chris ! 
Blue, j´ai déjà la beauté et la gloire ... 
et je n´ai pas été malade 
pourtant ce n´est pas le nouvel an chinois 
Phantom, toujours excellent!
de 