Oh t'inquiète pas pour la descente en luge ... t'inquiète pas
Le soleil frappait impitoyablement de ses rayons le paysage. A cette heure de la journée, alors qu'il était à son point le plus haut, les endroits suffisamment ombragés pour offrir un répit à la créature forcée de sortir de son repaire étaient peu nombreux, et leur accessibilité réduite par le relief escarpé. Régnant en maître absolu, véritable seigneur impartial jugeant toutes les créatures avec cette cruauté impassible dont la nature seule avait le secret, il assaillait les flans offerts de la chaîne montagneuse de Lamegdoth. Sur la face nord du Mont Feb, éloignée d'une semaine à vol d'oiseau de la cité d'Osorineth, une scène nouvelle brisait la paix que vivaient les bêtes du coin dans leur ignorance de la guerre déchirant la région. Là, sur un promontoire rocheux où subsistaient quelques arbres et une herbe tenace, une scène de carnage se révélait à l'observateur curieux. Au centre du théâtre de l'affrontement, le souffle court, appuyé sur un conifère marqué par les traces de la bataille, un nain se tenait au milieu de cadavres de gobelins. Il était vêtu tel un voyageur vétéran ; ses habits paraissaient robustes et usés, de cette usure provoquée par l'utilisation répétée d'un outil plutôt que par sa négligence. Son manteau était de qualité, et bien qu'il eut été déchiré par un coup ayant surpris son porteur, il couvrait généreusement le nain, dont le visage demeurait invisible sous l'épais capuchon qu'il portait. Pour l'heure, le voyageur ne se souciait guère de l'état de ses possessions. Se relevant légèrement pour abandonner le soutien de l'arbre, il examinait une blessure à son bras. Une longue balafre couvrait le membre du coude au début du poignet, où la peau ainsi qu'une partie du muscle avait été entaillés par la lame habile d'un adversaire maintenant sans vie. Les lèvres de la plaie bougeaient et s'ouvraient un peu plus avec chacun de ses mouvements, et la sensation du mélange de sang et de sueur poissant sa manche écœurait légèrement le nain. Réprimant un soupir, celui-ci promena lentement son regard sur ses environs, observant sans vaciller les cadavres à la recherche d'un objet bien particulier.
Il le trouva enfin, posé sur la rocaille à quelques mètres de sa position, là où le chemin complexe qu'il avait suivit disparaissait dans le flanc de la montagne, et où le premier gobelin lui avait sauté dessus alors qu'il grimaçait devant la lumière vive de ce début d'après-midi. Avec un soupir de ce qui s'apparentait à du soulagement, il marcha vers le sac de voyage et s'agenouilla en marmonnant une bordée de jurons à l'attention des peaux vertes en général et de ceux l'ayant attaqué en particulier. Suivant une rigueur toute naine, il prenait le soin d'étendre ses malédictions à leurs familles quand ses mains touchèrent un morceau de tissu blanc. Il adopta alors une attitude plus posée et entreprit de bander sa blessure. Cela lui prit une bonne minute, puis il fourra les bandages restant dans le sac qu'il sangla à sa ceinture. Alors, il se releva.
Il regretta tout de suite ce mouvement brusque. Que ce fut du fait de la fatigue ou le résultat de l'altitude, il chancela et manqua de chuter. Il parvint au prix d'un certain effort à garder son équilibre, et sa fierté piquée, se tint aussi droit qu'un garde à la revue. L'adrénaline se dissipant alors que sa vie n'était plus en danger, il reprenait peu à peu le loisir de penser clairement. D'une voix rauque qui aurait été à peine audible si quelqu'un avait été présent pour s'essayer à l'entendre, il parla dans la solitude du versant, brisant le silence auparavant complet.
"Ker, fameux imbécile, comment t'es-tu laissé surprendre par ce type ?"
Mécontent de lui-même, le maître-espion du roi Dakon Ier rajusta machinalement son capuchon. Bien qu'il fut en pleine nature et que la probabilité de croiser quelqu'un capable de le reconnaître pour autre chose qu'un voyageur perdu soit presque nulle, dissimuler tout indice sur son identité lorsqu'il n'en arborait pas une factice lui était devenu aussi naturel que de respirer ou envisager les multiples façons dont un noble pouvait périr sans attirer l'attention. De telles précautions étaient par moment jugées inutiles ; Ker savait qu'il leur devait la vie. Et pourtant, il s'était justement montré imprudent. Repassant les dernières minutes dans son esprit, il se dit qu'il avait mérité sa blessure. Il avait évidemment sous-estimé les gobelins, ou alors sa capacité à réagir à une embuscade au pire moment. Ses membres étaient encore agités de léger tremblements, signes qu'il avait trop poussé ses limites. Et en effet, le nain ne s'était pas ménagé durant la semaine passée. Soucieux de ne pas se faire remarquer, il avait quitté Osorineth non à la faveur de l'obscurité mais en plein jour et sous une identité quelconque, profitant du chaos causé par le déplacement des populations du nord de la Roue d'Argent vers sa capitale suite à la décision du Roi de trouver refuge à Keladril, décision qui ne devait pas encore être connue du peuple rotargentais, dont la connaissance devait se limiter à l'assurance de la solidité des murs d'Osorineth et à l'invincibilité de la Garde d'Argent. Deux arguments qui, se dit-il, étaient d'ordinaire extrêmement vrais. Même maintenant, alors que leurs armées reculaient lentement devant la pression d'une horde menée par une créature sortie de leurs légendes, il était difficile de croire que la situation avait atteint un point où une charge du corps d'élite et de son Capitaine ne saurait résoudre leurs problèmes. S'il était honnête avec lui-même, Ker devait avouer qu'il aurait parié sur Becaro si ce dernier avait dû affronter les dieux eux-mêmes.
Penser à l'elfe rappela douloureusement à Ker sa piètre performance lors de l'affrontement qui venait de se conclure. Il n'était pas vraiment fier de sa réaction, trop lente et bien trop pataude pour être excusée par la fatigue ou la surprise. D'ailleurs, ce dernier point résumait tout ce que le maître-espion avait à se reprocher dans ce combat. Surpris, lui d'entre tous les nains ! C'était là une véritable offense à sa profession qu'il n'avait pas laissée impunie.
Ressassant les évènements récents, il se rejoua le cours de l'affrontement. Il avait marché sans répit depuis son départ d'Osorineth, franchissant les défenses de chacune des forteresses au nord de la capitale jusqu'à parvenir à la plus septentrionale d'entre elles, où une de leurs armées résistait depuis plusieurs semaines au tentatives des peaux-vertes de renverser leurs remparts. Là, il avait emprunté un tunnels dont l'existence était supposée secrète et qui devait le mener derrière les campements dressés par l'ennemi. Et c'était alors qu'il quittait l'obscurité tranquille des souterrains qu'il avait été surpris par une patrouille gobeline rôdant aux alentours de son point de sortie. Un premier peaux-verte s'était jeté sur lui avant qu'il ait pu s'habituer à la lumière, et le bruit de leur affrontement avait alerté les autres. S'en était ensuivi une bataille confuse et sans pitié qui avait duré quelques minutes, puis Ker s'était finalement trouvé seul au milieu de gobelins morts ou mourant, à tenir en respect le dernier tenant encore debout. La créature s'était rendue en voyant ce qu'il était arrivé à ses camarades, et le nain l'avait gardée pour l'interroger.
Ker interrompit ses pensées pour constater que les tremblements de ses membres ne se calmaient pas. Épuisé au-delà des mots – il ne se souvenait plus de la dernière occasion où il avait pu profiter d'un sommeil de plus de deux heures –, il se sentait trop comateux pour réfléchir clairement à la suite de ses actions. Et pourtant, se fit-il remarquer, il n'avait pas le loisir de s'accorder du repos. Pas maintenant, alors qu'il se trouvait sur le flanc d'une montagne, exposé au moindre éclaireur juché sur une de ces bêtes volantes que leur ennemi employait. Avec un soupir, il fouilla dans une besace accrochée à sa ceinture et en sortit une graine brune qu'il se fourra dans la bouche. Il mâcha quelques minutes, et fut empli d'un soulagement immense alors que sa lassitude refluait et qu'il sentait une énergie nouvelle l'animer. Il rangea dans un coin de son esprit l'état qui serait le sien lorsque l'effet de la plante se serait dissipé pour continuer à réfléchir.
Le gobelin avait au début refusé de parler, ce qui n'avait pas manqué d'étonner Ker, car leur race était plus connue pour son égoïsme que pour sa loyauté envers un dirigeant qui n'était pas en mesure de les aider. Perspicace, le nain s'était fait la remarque qu'un des points sur lesquels les récits des soldats nains s'accordaient était le fanatisme malsain avec lequel les troupes gobelines se jetaient au-devant de leurs armes, comme si pas même la mort ne parvenait à instiller en eux le moindre soupçon de doute. Il ne savait pour l'instant pas que faire de cette information, mais le maître-espion s'était promis de ne pas l'oublier. Naturellement et bien que le seul refus du gobelin lui en ait appris beaucoup, il s'entendait pas laisser son interlocuteur sans en apprendre plus. Par bonheur pour le soldat, Ker manquait du matériel et du temps nécessaires pour extirper les secrets du gobelin par une méthode traditionnelle, qu'il rechignait par ailleurs à employer bien qu'il n'eut pas toujours le choix. Il s'était donc rabattu sur l'utilisation d'une drogue bien connu des nains, la sève de tube-tunnel, qui déliait la langue des plus récalcitrant et pliait leur esprit aux désirs de ceux présents pour leur donner des ordres. Cette drogue avait cependant des effets secondaires assez puissants, et de vieux manuscrits de ses prédécesseurs avertissaient contre son emploi comme sérum de vérité lorsque administré à des races autres que les nains. Peu concerné par la survie d'un gobelin qu'il n'avais jamais pensé épargné, Ker l'avait forcé à avaler une dose de ce sérum et avait commencé à poser des questions.
Il avait rapidement pu constater le bien-fondé de ces avertissements ; le gobelin avait très vite été pris de tremblements violent, puis s'était plaint de terribles douleurs abdominales. Peu après, il s'était effondré devant un Ker impuissant, du sang perlant des orifices de son visage tordu dans une grimace qui avait généré un fugace sentiment de pitié dans l'esprit du maître-espion. Cette émotion n'avait pas duré, remplacée par une frustration née des renseignements incomplets qu'il était parvenu à récolter. Le gobelin était un simple fantassin, il se trouvait au plus bas de la hiérarchie, à un niveau où deux chiens à bec et avaient une plus grande valeur que lui. Il avait beaucoup parlé sur des sujets auquel Ker n'accordait aucun intérêt, avait confirmé quelques-uns de ses propres renseignements, mais n'avait finalement pas été d'un grand recours. Pensif, le nain s'était dit dans un ricanement sans joie que lui-même en savait probablement plus sur la position et la composition des armées gobelines que la plupart des soldats en faisant partie. De cette interrogation improvisée, il n'avait en fin de compte tiré que deux noms, et encore n'était-il même pas certain de ce qu'ils qualifiaient.
Le premier, Êngan, semblait le plus important des deux. A de multiples reprises lors de ses diatribes, le gobelin avait gémit ne pas vouloir trahir un "Seigneur Êngan", allant jusqu'à refuser de répondre aux questions directes du nain, qui ne serait jamais attendu à une telle volonté chez un spécimen autrement typique de la race gobeline. Le second nom avait été prononcé telle une menace alors que Ker vocalisait le peu de cas qu'il faisait du seigneur précité et l'importance qu'il accordait aux réponses qu'il exigeait. Le maître-espion ignorait ce que pouvait bien être les Ozlumaktok, mais le Seigneur Êngan en possédait neuf et le nain était supposé les craindre. Si les menaces d'un moribond n'effrayaient guère le nain endurci, il était dans sa nature de se soucier de l'inconnu et du danger et de s'assurer que le premier soit étudié et le second éliminé ; debout sous le soleil accablant, Ker enregistrait et classait ces nouveaux éléments comme tant de pièces sur un jeu dont lui seul aurait les règles. Quand il fut certain qu'il n'oublierait rien, il se permit de cesser sa réflexion et de se tourner vers la suite de son voyage.
Il se trouvait sur le flanc nord du Mont Feb, relativement loin du front quoique visiblement pas suffisamment pour éviter toutes les patrouilles. Il avait progressé à une vitesse satisfaisante ces derniers jours, mais c'était parce qu'il voyageait selon des routes familières et très bien entretenues. Désormais, il se trouvait dans les territoires conquis par les gobelins. Utiliser les routes ou voyager à découvert était hors de question, et il y avait fort à parier qu'il passerait les prochaines semaines, si ce n'étaient des mois, à jouer à un jeu mortel avec les patrouilles peaux-vertes. Il avait certes l'avantage, se dit-il avec un rictus canin, d'être au courant de leur existence.
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La journée de travail touchait à sa fin pour les artisans captifs de Cornedebouc, et alors que les derniers bruits résonnaient dans les ateliers et que les gardes étaient relevés par l'équipe de nuit, un groupe de nains se dirigeait vers la salle commune de cette aile qui leur avait été attribuée avec la ferme intention de profiter de leur séjour forcé au Palais pour consommer leur ration quotidienne d'alcool sans payer la moindre chope. Au huit forgerons de la ville s'ajoutaient un maître charpentier ainsi que le joaillier Vncvd, et les dix compères marchaient d'un pas presque joyeux vers la promesse d'un repas consistant et de rafraîchissements tirés des réserves consulaires. Échangeant des plaisanteries dont les thèmes principaux étaient les tâches leur étant demandées ainsi que les réactions des gardes les surveillant, ils arrivèrent devant le comptoir tenu par un nain du nom d'Udir Novalkiror, un grand gaillard un peu gras qui aurait aussi bien pu avoir le mot "tavernier" écrit sur le front tant sa profession était visible dans tout son être. Il accueillit le groupe d'une voix puissante et leur demanda ce qu'ils désiraient. Chacun des membres du groupe se fit servir l'alcool de son choix, encouragé par Udir dont la voix avinée laissait entendre qu'il parlait d'expérience lorsqu'il vantait la qualité d'un breuvage, puis la compagnie partit s'installer à une des tables de l'auberge de fortune dans l'attente du plat du jour, qui ne tarda pas à arriver, amené par le tavernier et deux commis.
Ce dernier était un exemple typique de cuisine naine. Sur chaque assiette était posée un énorme morceau de viande grillée baignant dans une quantité impressionnante de graisse fondue. Devant les yeux émerveillés des convives, Udir ajouta deux livres d'un fromage qui fondit sur le champ, puis un litre et demi de bière de queue de cochon. Proches de l'extase, les nains contemplaient avec une fascination toute naturelle le liquide se mêler au tout et parfaire ce plat dont tous pouvaient attester qu'il était divin. A quelques mètres de là, un garde trompois lança à la tablée un regard circonspect.
Leur repas fut splendide. Rejoints dans la salle commune par les autres artisans présents au palais, ils eurent ce qu'il n'était que juste d'appeler un festin. La pièce résonnait de leurs exclamations hilares et de leurs rires, et l'alcool aidant, tout le monde se sentit comblé, heureux détenteur des deux éléments indispensables à la vie d'un nain, l'alcool et l'alcool.
La soirée toucha finalement à sa fin. Certains des artisans étaient déjà retournés dans leurs quartiers, d'autres demeuraient et échangeaient des récits entre deux gorgées. La table la plus bruyante était celle des forgerons. De multiples discussions s'y déroulaient en parallèle, parfois menées par le même nain titubant, tandis que des gardes fatigués tentaient vainement de comprendre ce qu'il s'y disait. Assis sur un des bancs, Istam participait à un débat aussi mouvementé que confus auquel se prêtaient certains de ses collègues et Urist Vncvd. Sa vivacité quelque peu entamée par la fatigue, il suivait de son mieux. Pour autant, il ne comprit jamais vraiment comment ce débat lancé par une remarque sur les expressions exotiques employées par les ressortissants obserochois en vint à un échange de récit portant sur les meilleures pièces jamais sorties des forges naines. Malgré tout, c'était bien de ce qu'il considérait comme la plus belle lance jamais forgée que parlait Unil le Marteau, détenteur du contesté titre de Premier Forgeron de Cornedebouc.
"- Je vous dis, une lance, d'un bronze si poli qu'on dirait de l'or, quatre pieds de long, au manche serti des plus beaux joyeux que j'ai jamais vu. La voir maniée était comme contempler … le truc le plus beau que vous avez jamais vu, acheva avec courage le nain dont l'éloquence avait été volée par l'alcool.
- Ouais, c'est pas trop mal, répondit un autre, mais c'est plus joli qu'utile. Du bronze ? Pff ! Et pourquoi pas du cuivre pendant qu'on y est ? J'srais le nain qui a fait ça, je balancerais l'arme dans le premier trou venu et je retournerais à ma forge pour faire une vraie arme, pas un jouet.
- Bah ! , s'exclama Unil, et quelle est cette vraie arme, alors ?
- Laisse-moi réfléchir, fit l'autre, j'crois que c'srait la fameuse épée de sel, brandie par le grand Urist Uristurist lors de la bataille du Kobold Volant. C'tait pas du vrai sel, 'videmment, sinon le type aurait été un peu con, à manier ça sous la pluie. J'sais plus vraiment c'que c'était, en fait, mais l'a tué un sacré paquet d'peaux-vertes avec, alors ça devait être d'la qualité.
- Mais du coup, l'interrompit Istam, ça compte pas si on ne sait pas en quoi c'est fait, si ?
- Euh... ouais, pas faux, acquiesça le conteur d'un air gêné avant d'avouer : J'ai pas trop d'idées en fait.
- Alors laissez-moi exposer la mienne !, brailla un Vncvd ivre mort et outré que personne ne l'ait laissé s'exprimer avant ce moment. Je suis pas un expert comme vous tous, mais je crois que vous avez tous oublié quelque chose chose de vraiment important. Si, si, vraiment important, s'exclama-t-il voyant que les autres doutaient de ses paroles. Vous voyez, le plus important dans une arme, c'est pas son efficacité. C'est pas la technique.
- Mais quoi, alors ? Demanda Unil.
- Laisse-moi parler et tu le sauras. Voilà, comme ça, et cesse de tourner aussi, ça me donne le vertige. Vncvd s'arrêta un instant pour se lever. Il tituba, à peine conscient, et reprit : Voilà. Voilà. Donc … Ah oui ! C'est pas la technique, l'important, c'est l'''âme'', parce que, vous voyez, vous voyez, il y a ce truc … là, le … Ah. Sur cette ultime parole, Vncvd s'effondra et se mit à produire un ronflement puissant.
- …
- … Donc, qui prend la suite ? S'enquit Unil.
- Allez, décida Istam, je me lance. Il attendit un instant que tout le monde l'écoute, mais la moitié des nains présents ne tenaient debout que par refus de s'écrouler devant un humain, et il n'eut d'autre choix que de commencer son récit avec pour tout auditoire deux forgerons ivres et un garde impassible. Pour moi, c'est Midorang. Une hache, maniée à une main. Couleur sang, dénuée d'ornements, aussi simple que mortelle. Sur la lame, le symbole de mon pays. Forgée par les Pères en personne, et offerte aux Nikuznil pour qu'ils nous mènent à la gloire. Tranche tout, c'est aussi simple que ça. Une fois, le roi … Il s'arrêta un instant, embarrassé, puis reprit. J'ai oublié son nom. Bah. On dit qu'il a voulu tester le tranchant de la lame, alors il a tendu sa main et l'a appuyée contre le métal. Il a dû appuyer trop fort, parce qu'il l'a perdue, sa main, et le trône avec quand il a voulu détruire la hache pour se venger. Pas qu'il aurait pu, remarquez, elle est plus solide que n'importe quel métal connu.
- Eh, fit Unil sans paraître impressionné par le récit, plus solide que Kodorùtost ? Parce que ça c'est une vraie hache !
- Je sais pas, répondit Istam pensif, aucune idée. Peut-être. Peut-être pas. J'ai trop bu.
- Moi aussi, acquiesça gravement Unil, je crois qu'on devrait s'arrêter là avant que l'autre garde nous mette dehors."
Ces paroles sages furent entendues par tous les nains encore conscients, et ils quittèrent la pièce un à un, titubant courageusement en direction de la chambre qui leur avait été assignée tout en laissant ceux qui s'étaient effondrés sur le sol à leurs rêves avinés.
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Alors que les festivités se terminaient, dans l'immense campement bâti par les humains autours des portes de la ville, entre deux tentes d'où sortaient des bruits de fête, le soldat Islas Shinnen vomissait à s'en vider l'estomac. Il n'avait guère plus à rendre, et de ses lèvres entrouvertes seule sortait une bile rougeâtre, si liquide que l'homme s'en serait inquiété s'il n'avait pas mobilisé toutes ses forces pour s'agripper à un pilier de tente. Entre deux éructations, il jetait un regard alentours pour s'assurer que personne ne le surprenait dans cet état. Il était malade à en crever depuis deux jours déjà, et il ne se sentait plus capable de maintenir la farce bien longtemps. Il viendrait forcément, se disait-il avec désespoir, un moment où il ne serait plus capable de s'isoler avant de rendre le peu qu'il parvenait à avaler. Il n'était pas certain de ce qui arriverait alors. Il cesserait probablement de se présenter à ses assignations, et survivrait de son mieux jusqu'à ce que son mal passe.
Et que mal, se disait le soldat. La migraine qu'il ressentait depuis plusieurs jours avaient empiré jusqu'à le rendre presque aveugle, il ne parvenait pas à garder ce qu'il consommait plus de quelques heures, et par une ironie cruelle souffrait d'une faim lui qui lui remuait les entrailles et le laissait haletant et l'écume aux lèvres lorsqu'il passait devant les cuisines de la ville. Il n'avait jamais entendu parler d'une maladie semblable, et dans ses moments de lucidité trouvait tout à fait injuste qu'il fut le seul à en être victime.
Ses pensées furent interrompues par une douleur vive dominant le maelstrom hurlant qu'étaient ses émotions. Râlant tel un moribond, il se pencha à nouveau pour crachoter quelques gouttes écarlates. Il soupira, certain que cette nuit serait très longue.
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Pour ceux qui l'aurait oublié, Ker est le maître-espion de la Roue d'Argent. Il avait annoncé prévoir un voyage lors de sa dernière apparition, et le voilà parti. Cela se passe dans le mois suivant le départ de la garde envoyée au Pilier Pointu.
Quant à la seconde partie, la vie est assez détendue pour les seuls nains utiles de Cornedebouc.
First
Le maître-espion ignorait ce que pouvait bien être les Ozlumaktok, mais le Seigneur Êngan en possédait neuf
la bouffe
J'ai faim.
Bon, je retourne à mon chapitre, moi.
Ker.
Ok, ce nain est classe. Je ne regrette pas d'avoir attendu si longtemps pour le revoir.
Ozlumaktok
Suis sur portable, on peut traduire pour moi par MP please?
Istam
Ce débat!
Ça fait bizarre de voir Istam bourré et parler normalement, et pas avec des phrases ultra solennelles.
Pour autant, il ne comprit jamais vraiment comment ce débat lancé par une remarque sur les expressions exotiques employées par les ressortissants obserochois en vint à un échange de récit portant sur les meilleures pièces jamais sorties des forges naines.
Des menaces, toujours des menaces...
Urist Uristurist lors de la bataille du Kobold Volant
Un grand nain, et une bataille probablement épique.
C'est pas toi qui disait passer des heures à chercher des noms pour tes personnages?
Ce dernier était un exemple typique de cuisine naine. Sur chaque assiette était posée un énorme morceau de viande grillée baignant dans une quantité impressionnante de graisse fondue. Devant les yeux émerveillés des convives, Udir ajouta deux livres d'un fromage qui fondit sur le champ, puis un litre et demi de bière de queue de cochon.
Je te hais.
Une fois, le roi … Il s'arrêta un instant, embarrassé, puis reprit. J'ai oublié son nom.
Honte sur lui.
Islas
Dis lui de passer au Marcassin Hurleur, Kogan lui donnera un remède et un peu de bon temps.
Ho et j'espérais en apprendre plus sur la raison de ce mal.
les seuls nains utiles de Cornedebouc.
Il faut vraiment que je calme ce forgeron.
Très bon chapitre qui réunit trois choses dont j'attendais des nouvelles. J'aime particulièrement l'écriture du passage de Ker, on ressent que le combat a été âpre.
Par contre, on ne m'ôtera pas de l'idée que votre manière de rédiger les dialogues est confuse.
Suis sur portable, on peut traduire pour moi par MP please?
RACE | LOST | MEMORY
Je te laisse agencer tout ça comme tu veux, mais ça fait référence à un des récits d'Istam.
Un grand nain, et une bataille probablement épique.
Au moins autant que l'épopée des bonnes rategens, j'en suis sûr.
Dis lui de passer au Marcassin Hurleur, Kogan lui donnera un remède et un peu de bon temps.
A mon avis, Kogan l'abattra s'il le voit traîner chez lui. A moins qu'il n'ose pas le toucher de peur de précipiter sa propre mort.
Ho et j'espérais en apprendre plus sur la raison de ce mal.
J'ai essayé de sous-entendre légèrement cette raison dans les passages où il figure. Elle sera probablement évidente la prochaine fois que j'en parlerai.
Je te laisse agencer tout ça comme tu veux, mais ça fait référence à un des récits d'Istam.
Merde va falloir que je les lise finalement.
A mon avis, Kogan l'abattra s'il le voit traîner chez lui.
"Sortez d'ma propriété! "
A moins qu'il n'ose pas le toucher de peur de précipiter sa propre mort.
Kogan est l'une des rares personnes à être au courant des causes de cette maladie, donc ça ne risque pas d'arriver.
J'ai essayé de sous-entendre légèrement cette raison dans les passages où il figure. Elle sera probablement évidente la prochaine fois que j'en parlerai.
Tu as sous-entendu trop légèrement parce que j'ai plusieurs hypothèses et qu'elles me semblent assez tarabiscottées.
Kogan est l'une des rares personnes à être au courant des causes de cette maladie, donc ça ne risque pas d'arriver.
Il ne voudra peut-être pas risquer d'en attraper une autre, qui semble d'ailleurs agir plus rapidement.
Tu as sous-entendu trop légèrement parce que j'ai plusieurs hypothèses et qu'elles me semblent assez tarabiscottées.
Bien, bien.
Il ne voudra peut-être pas risquer d'en attraper une autre, qui semble d'ailleurs agir plus rapidement.
Je sais donc que c'est contagieux.
Ou que Kogan, en tant que personne relativement normale, serait parcouru d'un sentiment de répulsion à la vision de cet humain à moitié mort et refuserait de s'en approcher par crainte que ce soit justement contagieux.
Bien tenté, mais trop tard.
en tant que personne relativement normale
"relativement"
...j'ai comme l'impression que ce chapitre a été posté dans une certaine précipitation. Il contient plus de fautes d'inattention que ce à quoi tu nous a habitués, Usul.
Il avait certes l'avantage, se dit-il avec un rictus canin, d'être au courant de leur existence.
Cette phrase est d'une badasserie colossale.
Proches de l'extase, les nains contemplaient avec une fascination toute naturelle le liquide se mêler au tout et parfaire ce plat dont tous pouvaient attester qu'il était divin. A quelques mètres de là, un garde trompois lança à la tablée un regard circonspect.
un "Seigneur Êngan",
Avec un nom pareil, c'est forcément lui le chef suprême.
Ozlumaktok
J'ai un moment cru deviner ce qu'étaient ce genre de bêtes, mais j'ai oublié.
Urist Uristurist
"Se nom sone kom 1 kou de pouaniar."
-Zat Zatzat
débat alcoolisé
Comment caser des infos utiles avec humour.
Une fois, le roi … Il s'arrêta un instant, embarrassé, puis reprit. J'ai oublié son nom.
On a retrouvé Ducim VIII "l'Historiquement Négligeable".
Cody a écrit :
Soldat qui se sent mal.
Ca me semblait pourtant évident dès le chapitre où ça a été mentionné. A moins qu'Usul opte exprès pour un rebondissement inattendu. Je me sens moins sûr, tout à coup.
Cody a écrit :
C'est pas toi qui disait passer des heures à chercher des noms pour tes personnages?
Je suppose qu'il y a des fois où... En ce qui me concerne j'avais nommé un elfe "Pomme DatteOrange" et un humain "Gem SlapBalls" ("gemme enbatlescouilles" avec un léger esprit de déduction) dans mon dernier chapitre. Comme quoi...
Il contient de fautes d'inattention que ce à quoi tu nous a habitué, Usul.
J'ai l'impression que cette phrase a été posté dans la précipitation.
Là c'est le moment où Alex fait usage de toute sa mauvaise foi pour affirmer que c'était parfaitement volontaire et que c'était pour se moquer d'Usul.
EDIT: Il a corrigé la canaille.
gros pavé
Moi depuis que j'ai repris on me fait plus jamais des gros pavés comme ça pour me dire que cé b1.
Je playsante, je man vay
Il a corrigé la canaille.
Corrigé avant que tu le fasses remarquer, tu noteras. Je relis généralement mes messages après les avoir postés. Ce n'est pas nécessairement la meilleure méthode, en effet.
Moi depuis que j'ai repris on me fait plus jamais des gros pavés comme ça pour me dire que cé b1.
Plu le maisage é peti, moin ya de chans kil kontiaine un truc ki te fass aksédé à ta form final : le tairrible Rage-Kait
...j'ai comme l'impression que ce chapitre a été posté dans une certaine précipitation. Il contient de fautes d'inattention que ce à quoi tu nous a habitué, Usul.
J'ai eu le malheur de l'écrire hier soir et ce matin, et de le relire ce matin en me levant. J'envisageais justement de le reposter.
Notons la faute d'inattention dans ta phrase m'en reprochant.
Avec un nom pareil, c'est forcément lui le chef suprême.
Son nom est important ... du point de vue de la Roue d'Argent, évidemment. Moins de celui de Cornedebouc, mais un peu quand même, de la même manière que connaître la raison ayant emmené Icar-Deng en ville le serait. Pas trop important, du coup.
J'ai un moment cru deviner ce qu'étaient ce genre de bêtes, mais j'ai oublié.
Malheureusement non.
Ne me dis pas que tu n'as pas compris ce dont il s'agissait. Je serais déçu.
Comment caser des infos utiles avec humour.
La discussion était à l'origine supposée être sérieuse, mais les nains ont refusé de l'être après un tel festin.
Ca me semblait pourtant évident dès le chapitre où ça a été mentionné. A moins qu'Usul opte exprès pour un rebondissement inattendu. Je me sens moins sûr, tout à coup.
Ce n'est pas supposé être un de ces trucs que l'on ne devine qu'au dernier moment, en effet. Ce sera carrément évident après mon prochain chapitre.
"Gem SlapBalls" ("gemme enbatlescouilles" avec un léger esprit de déduction
Je ne serai jamais allé jusqu'à la traduction en français. J'ai aussi tendance à ne vérifier la signification d'un nom que lorsqu'il semble important. Je dois rater des choses.
Malheureusement non.
Je faisais référence à la fois où je t'avais demandé s'il ne s'agissait pas de bêtes oubliées. Je ne me souviens plus si c'était sur le topic ou via MP, cependant.
Ne me dis pas que tu n'as pas compris ce dont il s'agissait. Je serais déçu.
J'ai promis de ne plus faire d'hypothèses sur tes chapitres pour éviter de deviner accidentellement tes plans, voyons.
J'ai aussi tendance à ne vérifier la signification d'un que lorsqu'il semble important.
Et c'est justement pour ça que les figurants se retrouvent avec des noms pareils.
Plu le maisage é peti, moin ya de chans kil kontiaine un truc ki te fass aksédé à ta form final le tairrible Rage-Kait
Mais c'est qu'il se fout de ma gueule en plus, CE PUTAIN DE FILS DE POULPE !
Le Tourette-Kait est tout aussi terrible.
C'est marrant parce que Kait est en train de devenir un gary-stu de Morul.
Je faisais référence à la fois où je t'avais demandé s'il ne s'agissait pas de bêtes oubliées. Je ne me souviens plus si c'était sur le topic ou via MP, cependant.
Oh, ça m'était complètement sorti de l'esprit. C'était en MP.