Le 22 novembre 2020 à 19:07:14 :
Je viens de terminer le dernier tome, j'en ressors un peu mitigé. Finalement Liar Game est surtout une suite de jeux aux règles différentes, sans grosse connexion les uns avec autres. Il y a bien un fil rouge avec Akiyama qui souhaite découvrir qui est derrière l'organisation, mais finalement la question n'est jamais vraiment approfondie jusqu'au dernier chapitre, où là il s'agit surtout de conclure et de rafistoler la fin comme on peut. Mais globalement, ça aurait pu se terminer deux manches plus tôt ou plus tard, ça n'aurait rien changé. Il n'y a pas de sentiment de progression à ce niveau là.
Après, les jeux sont plutôt bien structurés, ça reste assez divertissant à suivre et globalement l'auteur ne triche pas avec le lecteur dans les retournements de situation, à l'exception d'une ou deux facilités.
Mais on sent que le mangaka est surtout intéressé par le fait d'écrire une (voire plusieurs) stratégies en béton totalement inattaquables, quitte à utiliser des bases parfois assez faciles pour arriver à ses fins. Je pense notamment à un personnage qui est un gourou de secte (no spoil on le présente comme ça), ce qui lui assure automatiquement 3 alliés incorruptibles puisque ce sont ses suiveurs dans la vraie vie... On sort un peu l'artillerie lourde juste pour faire comprendre que cette équipe ne pourra pas être divisée.
Du coup je veux bien l'accepter dans le cadre de la stratégie et du jeu, mais quand derrière on essaye de faire une critique sociale ça passe moins bien. Ça se ressent aussi au niveau des personnages, dont l'écriture passe vraiment au second plan. Kanzaki devient un peu moins naïve et fait preuve d'un peu d'astuce dans les derniers tomes, mais ça s'arrête là. Les autres concurrents sont un peu là en tant que masse. Bien qu'on situe leur tête et connaisse leur nom ils se distinguent pas vraiment, sauf l'antagoniste qui est un gros stéréotype qui est créé juste pour être détesté par le lecteur (au point de lire Mein Kampf quand même).
Du point de vue du dessin c'est quand même assez vilain dans les premiers tomes. Sans vouloir être méchant ça fait un peu "j'ai pas de style bien affirmé alors je mets des réactions disproportionnées pour compenser". Ça s'améliore au fil des tomes (suffit de voir la tête de Kanzaki sur le tome 1 et sur l'un des derniers, le jour et la nuit) mais ça s'arrête au correct, sans plus. L'intérêt est ailleurs je pense, principalement dans le rythme et les enchaînements sur lesquels je n'ai rien à redire.
J'ai soulevé des points négatifs mais globalement j'ai passé un moment sympathique avec Liar Game, je trouve simplement qu'il fonctionne mieux comme exercice de style que comme "oeuvre" à part entière. Un bon manga popcorn quoi 
J'en suis à une dizaine de tomes et j'accroche plutôt bien, mais je voudrais revenir sur quelques points.
Hitler n'a pas la même réputation au Japon qu'en Europe. Ca a certes une connotation négative évidente, mais c'est beaucoup moins inavouable que par chez nous. Il y avait même des oeuvres avec des personnages ouvertement nazi (brassard avec la croix-gammée) et qui était montré sous un jour neutre/favorable. (Tout comme l'occupation Japonaise en Corée ne nous évoque pas grand chose, alors que c'est un traumatisme pour les Coréens.) Dans le même ordre d'idée, on pourrait citer Napoléon dont le nom fait des vagues différentes en fonction de l'endroit où on le cite.
Après oui, antagoniste principal est assez détestable, mais je trouve que c'est une bonne personnification de la corruption. En soit, il ne fait rien de mal de lui-même. Ceux sont ceux qui cèdent à son argent, ses menaces, ses promesses qui font généralement le plus de mal. Et contrairement au gourou de la secte, ceux qui acceptent de tomber entre ses griffes ont leur libre arbitre et le retrouve une fois l'épreuve fini. Et le gourou évoque précisément un point abordé dans le manga "la confiance aveugle est mauvaise, le doute est bon".
Je ne suis pas vraiment d'accord avec le fait qu'un exercice de style ne soit pas une oeuvre à part entière (d'ailleurs je serais curieux d'avoir une définition). Un film choral est un exercice de style et c'est une oeuvre. Surtout que l'oeuvre à un propos exposé dès les premiers tomes, après oui, le reste est une extension de cette idée (c'est le défaut de cette industrie.) , mais ça n'enlève en rien au manga son caractère d'oeuvre.
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