Je suis allé lire ce titre plébiscité ici, et je n'ai pas du tout été séduit. Le seul point positif que je retire du titre est le coup de crayon de l'auteur, il faut avouer que ses dessins sont propres, les décors rendent bien, particulièrement les coins urbains assez froids et un peu déprimants. Bref il rend ça très bien, et c'est tant mieux. Enfin j'ai toutefois apprécié dans une certaine limite, puisqu'il met ses dessins au service du délire mis en place dans son oeuvre, par exemple les moult distorsions des personnages dans les passages censés être décalés ou humoristiques, et là ça fâche.
Bon, le premier point qui choque à la lecture est le personnage principal, on ne peut qu'être interloqué devant cet oiseau étrange, ainsi que sa tous les membres de sa famille représentés ainsi, en plus de leurs noms étranges. Je trouve ça super moche, ça casse le dessin, mais toutefois je poursuis la lecture en me disant qu'une raison justifie probablement cela, après tout le point de vue du narrateur est celui d'un enfant de 9-10 ans, donc esprit tordu, visions enfantines, volonté de rendre anonyme cette famille, on ne sait pas, mais je poursuis, confiant. Sauf que cet état de fait conduit à deux désillusions :
- Premièrement cette représentation de la famille par des volatiles même si elle a surement lieu dans le cadre d'une vision enfantine, annihile ou tout au moins atténue tout l'aspect dramatique des scènes qui peuvent avoir ce sens. En effet, les violences conjugales ou la manifestation de l'indifférence d'une mère peu affectueuse sont ridicules quand elles sont jouées par des représentations de piafs grotesques, du moins cela a provoqué cette réaction chez moi. Peut-être est ce voulu, mais dans ce cas c'est se priver d'un éclairage très intéressant sur ces évènements et ne contrebalancer avec rien de positif.
- Deuxièmement alors qu'on croyait que cette représentation avait un sens, on finit par se rendre compte qu'elle n'en a aucun. Ce punpun voit sa famille en oiseaux quand il a 9 ans, mais cela continue quand il en a 11 ! Là il y a un problème, l'enfance ça va un moment mais ça ne dure pas éternellement, ou alors on suit un gamin fou, mais il est sacrément chiant pour un aliéné. Puis en fait non, le reste de l'univers nous indique que cet enfant ne semble pas être fou, ou du moins le problème est ailleurs.
Vous pensiez ouvrir un manga appartenant au genre slice of life et comédie avec Bonne nuit Punpun ? Détrompez vous, il n'y a rien de drôle, et c'est une oeuvre fantastique, soit du pur fantastique, soit du slice of life fantastique, ou que sais-je d'autre encore, mais ce qui est certain, c'est que le terme fantastique intervient là-dedans. Les piafs donnaient déjà le ton, mais c'est loin d'être la seule bizarrerie de l'histoire. Des membres de l'administration de l'école qui jouent à cache-cache en faisant des têtes de chtarbés; un professeur qui menace de tuer ses élèves en blaguant et feint des crises de folie; un père alcoolique qui obéit aux ordres de son enfant; un avocat aux mimiques permanentes de tueur psychopathe; une gosse de neuf ans qui menace son amoureux de le buter; des garçons de neuf-dix ans qui pensent au porno toute la journée; tout ça commence à faire beaucoup.
Alors je ne sais pas ce qui se passe dans cette ville, si l'eau est contaminée à l'uranium, s'ils sont tous sous ecstasy et LSD, s'ils ont fait une omelette géante aux champignons hallucinogènes, mais moi les univers qui partent en freestyle total dès le premier tome alors que tout devait être normal, ça me prend vraiment la tête. C'est même pire que Soil qui plaçait déjà la barre haut, et dont c'était le genre ! C'est dire !
Puis pour revenir aux dessins, outre la participation dans les éléments démentiels que j'ai cité ci-dessus, on a fréquemment droit à des délires psychédéliques de Punpun qui a l'imagination vraiment débordante, ou le cerveau sacrément fracassé, au choix. Il voit des choses comme Dieu, ses rêves ressemblent à de mauvais trips, ses expressions sont parfois représentées par des orgies de symboles ou débordements graphiques intempestifs et exagérés. Et je ne parle même pas des quelques discours ou réactions des personnages complètement à côté de la plaque qui participent à cet univers décrit plus haut.
En conclusion, je n'ai pas accroché du tout pour les raisons citées ci-dessus, et plus simplement parce que je n'ai trouvé aucun intérêt à ce manga. Alors j'avoue que je pense être très peu réceptif au genre slice of life, mais là je suis désolé ce titre n'en fait que très partiellement partie. En ouvrant un livre de ce registre, j'aimerais trouver soit des situations plutôt banales mais tellement bien racontées et mises en scène que les émotions passent du papier au lecteur, soit des descriptions de vie plus exotiques comme Bride stories que j'ai trouvé très bon. Ici le titre ne fait ni l'un ni l'autre, et au bout du compte je trouve ça complètement foiré. Faudrait que je me penche sur ses autres oeuvres, il doit bien y avoir quelque chose de plus terre à terre, mais hors de question de continuer celui-là.