Mission :
Ceglan Varl
Chapitre 1
Le commencement
2 Février 1514, Bastia.
Le bar était bondé, rempli d'individus visiblement décidés à repousser ensemble les limites du volume sonore qu'un homme pouvait supporter. L'odeur n'était guère meilleure, l'air du misérable bouge étant principalement constitué de l'haleine chargée d'alcool de ces citoyens venus ici pour quelque obscure raison.
Cela ne dérangeât pourtant pas le nouveau venu, qui afficha seulement une mine de morne résignation en passant la porte qui pendait sur ses gonds.
Jaugeant de son regard pénétrant l'assemblée qui s'était braquée dans sa direction, il s'autorisa finalement un demi-sourire. Peut-être celle-ci serait plus intéressante que les précédentes.
- Qu'est-ce que tu gnn... gnn... viens faire là, toi ? l'apostropha un homme à la gueule cassée, manifestement un pilier de ce bar.
Toutes les rumeurs s'étaient stoppées nets à l'intervention, et l'étranger leva un sourcil. Ce serait définitivement plus intéressant, cette fois.
- Je me nomme Ceglan, dit-il d'une voix forte, et j'appartiens à l'ordre des assassins, puisse-t-il connaitre gloire et longévité !
Pendant un moment, personne ne parla, la déclaration étant largement hors de portée pour la plupart des ivrognes dont l'esprit était déjà parti.
Puis la gueule cassée rit aux éclats, suivit de tout le bar, emporté dans un élan d'hilarité.
- Abruti ! Tu gnn... gnn... te fous de moi, c'est ça ?
Puis il chargea, balayant la table à laquelle il était assis, renversant ses voisins et déclenchant l'émeute tant attendue.
Pour tout éméché qu'il fut, il ne restait pas moins dangereux, pensa Varl en tournant sur lui-même pour esquiver l'homme qui allât finir sa course dans la porte, finissant de la décrocher de son support.
Le bar était en pleine ébullition à présent, une dizaine de bagarres s'étant déclarées au même moment dans tout le bâtiment.
Varl courut vers le comptoir, laissant tomber l'imperméable mité dont il s'était jusque là vêtu pour découvrir un plastron étincelant, qui couvrait une tenue blanche reconnaissable entre milles.
L'assassin esquiva une chaise qui alla s'écraser dans le ventre d'un autre moins chanceux que lui, et coucha d'un crochet du droit un homme complètement saoul qui essayait de l'agripper par son plastron. Une douleur cuisante le prit au niveau de l'épaule, et il se retourna à temps pour éviter le retour de la bouteille brisée qui lui avait entamée la chair. Il agrippa le poignet de l'homme et lui fit lâcher l'arme improvisée, avant de le pousser en direction d'un combat particulièrement violent, auquel il s'adapta sans effort.
Après avoir repoussé une demi-douzaine d'ivrognes, il arriva enfin au comptoir, sur lequel il grimpa en repoussant le barman fou furieux d'un coup de pied en plein visage.
- STOP ! hurla Varl.
La foule se tourna vers lui, certains des combats ne s'arrêtant qu'après un long moment, mais la vue de l'uniforme blanc immaculé et de l'armure rutilante le couvrant frappant chacun des combattants jusqu'à ce que les seuls bruits traversant le bouge furent les respirations haletantes de ses occupants.
- Rappelez-vous que nous autres, assassins, sommes toujours présents, et que jamais nous n'oublierons notre peuple, votre peuple ! Nous versons notre sang ensemble, comme ce soir !
A ces mots, il leva son bras blessé, dont la blessure à l'épaule faisait dégouliner le sang jusqu'à sa main, qu'il brandit en l'air de façon triomphante.
Et tout le bar retentit d'une acclamation rugissante.
La lune était pleine ce soir-là, et l'air du soir d'un frais plus que bienvenu pour Varl.
En rentrant à sa maison perchée à l'ombre d'une colline, à la périphérie de la ville, il repensa à cette soirée, la plaie de son épaule ainsi qu'une demi-douzaine d'autres contusions le lançant douloureusement au souvenir du dernier rade.
A bien y réfléchir, Varl ne voyait pas d'erreur dans ses actes, bien qu'une personne plus réfléchie aurait certainement été plus diplomatique dans son argumentation. Il savait s'être fait des ennemis dans le peuple, et par là-même des ennemis pour la confrérie, mais sa mission n'était-elle pas de faire savoir que les assassins opéraient toujours dans Bastia ?
Il avait également noué des contacts avec les premiers bouges, autrement plus distingués que le dernier visité, et les gérants et servants de ces quelques établissements pourraient peut-être les aider, en échange de quelques menus travaux pour eux.
Mais ce ne serait certainement plus lui qui s'en chargerait !
Varl se rembrunit au souvenir de son élévation en apprenti assassin. Il avait été si heureux ! Marcher dans les traces de ses ancêtres, combattre pour une cause aussi noble !
Recevoir sa première lettre de mission des mains de son père et mentor avait été un moment d'euphorie pour lui, jusqu'à ce qu'il en découvre le contenu.
Au moins avait-il pu en tirer quelques compensations, sourit-il en tirant la paire de bouteilles pleines qui tintaient dans ses poches intérieures.
L'interdiction de boire n'était que pendant la mission, après tout !
Compétences :
Force : 1
Résistance : 1
Déviation : 1
Vitesse : 1
Escalade : 1
Discrétion : 1
Armes à distance : 1
Ruse : 1
Argent : 0
![[Laflamme]](https://image.jeuxvideo.com/avatar-sm/default.jpg){kind=avatar}
) : 2